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La Nuit de Valognes

La Nuit de Valognes est une pièce de théâtre de l'auteur français Éric-Emmanuel Schmitt. Cette pièce est la première qu'a écrite Schmitt, en 1991. Elle a été créée en septembre 1991 à l'Espace 44 à Nantes puis jouée au théâtre de Paris. Cette pièce est constamment jouée par les compagnies de théâtre professionnelles et amateurs depuis sa création. Elle a pour personnages Don Juan, Sganarelle, la Duchesse, la Comtesse, Madame Cassin, Mademoiselle de la Tringle, la Religieuse, le Chevalier de Chiffreville, Angélique (la sœur du Chevalier et filleule de la Duchesse), Marion (la servante de la Duchesse).

La Nuit de Valognes
Auteur Éric-Emmanuel Schmitt
Pays France
Genre Pièce de théâtre
Éditeur Actes Sud
Lieu de parution Paris
Date de parution
Nombre de pages 87
ISBN 2-86943-328-X
Chronologie

Dans le château de Valognes, dans la campagne normande, cinq femmes anciennes amantes du séducteur Don Juan veulent instruire son procès pour le forcer à épouser la dernière demoiselle qu'il a séduite. À la surprise de ces dames, Don Juan accepte. Elles refusent cette étonnante réponse et vont chercher à en connaître les motifs.

Cette pièce est une réflexion sur le personnage de Don Juan qui, d'après Schmitt, ne vit que par la sexualité sans l'avoir comprise et qui souhaiterait que quelqu'un l'arrête dans cette quête sans fin du désir avec des partenaires différentes. Il s'agit d'une réécriture du mythe de Don Juan, qui donne notamment un nouveau souffle à Don Juan, personnage censé mourir au dénouement de Don Juan.

Résumé

L'action se déroule au milieu du XVIIIe siècle. Un soir, quatre femmes arrivent les unes après les autres dans un château de Normandie (à Valognes) qui paraît abandonné. Ce sont d'anciennes victimes de Don Juan. Elles ont été convoquées et sont réunies par la duchesse de Vaubricourt qui souhaite organiser le procès du séducteur. Elle a prévu son châtiment : il devra épouser sa dernière victime, une jeune fille prénommée Angélique et filleule de la duchesse. Don Juan arrive. Un échange de questions et de réponses a lieu avec les femmes qui, dans un premier temps, nient toutes avoir été des victimes du séducteur. Ce dernier est très cinglant avec elles, mais en entendant le nom de sa dernière victime, il change de ton et accepte le procès et la réparation.

Le procès se prépare. Don Juan s'interroge sur lui-même et son valet Sganarelle joue le rôle de sa conscience. Il est étonné par la sanction prévue pour son maître. Au cours d'une discussion mouvementée avec Angélique, Don Juan lui annonce qu'il accepte de l'épouser mais il affirme aussi qu'il ne l'aime pas. Pour lui plaisir et engagement n'ont rien en commun. Comprenant que le mariage est pour Don Juan sans importance, Angélique tente de le faire changer d'avis en lui donnant une définition de l'amour et en expliquant ses bénéfices pour les êtres qui s'aiment. Il éprouve de l'émotion. Il quitte la pièce. La duchesse, cachée, a tout entendu et annonce aux autres femmes l'abandon du procès qui n'a plus lieu d'être.

Don Juan survient, vieilli, transformé et méconnaissable. Le procès aura lieu mais il change de chef d'accusation : on jugera le traître lui-même! Sganarelle prend la parole pour démontrer que ce changement est une ruse pour échapper au mariage. Don Juan doit s'expliquer. Un retour en arrière se produit et fait assister les spectateurs à l'étrange rencontre de Don Juan et du chevalier, frère d'Angélique. Don Juan l'a d'abord pris pour une statue, puis ils se sont parlé et une amitié est née entre eux. Mais un jour, le chevalier disparaît. Il semble être devenu fou et se montre avec une prostituée. Angélique vient l'apprendre à Don Juan qui en profite pour la séduire. Elle lutte puis cède. Elle se croît aimée. Le chevalier retrouve Don Juan pour se battre en duel : ce n'est pas un acte de vengeance comme on pourrait le croire mais un suicide déguisé. Il se jette sur l'épée de Don Juan et mourra dans ses bras après que les deux hommes se sont déclaré leur amour.

Transformé par cette expérience qui l'a ouvert à l'autre, Don Juan souhaite faire le bonheur d'Angélique. Elle refuse car c'est l'autre Don Juan qu'elle aimait, le "vrai". Tandis que les femmes réalisent ce qui s'est passé, Don Juan part pour mener une vie nouvelle.

Citations

  • La Duchesse : « Car au fond qu'est-ce qu'un poète ? C'est un gâteux prĂ©maturĂ©. Moi je n'ai jamais eu de vocation : j'ai toujours tout fait en mĂŞme temps que tout le monde » (acte III, scène 3).
  • La Religieuse : « Comme sĂ©ducteur, il nous restera toujours Dieu : celui-lĂ , on ne sait jamais ce qu'il pense » (acte III, scène 3).
  • Don Juan : « DĂ©cidĂ©ment j'appartiens Ă  tout le monde, sauf Ă  moi » (acte III, scène 3).
  • Don Juan : « J'ai remarquĂ©, Sganarelle, que selon les Ă©poques, les mystiques aperçoivent le Christ nu sur la croix ou bien couvert jusqu'au nombril. Au fond c'est pour cela qu'on devrait vous croire, vous autres, les inspirĂ©s : vous ĂŞtes incapables d'inventer quoi que ce soit ! » (acte III, scène 4).
  • Don Juan : « On aime toujours trop quand on aime vraiment. L'excès est de rigueur » (acte III, scène 4).
  • La Petite : « Les ĂŞtres humains ne sont pas des pommes que l'on cueille sur la branche. Quand on les croque, ça leur fait mal. Si vous Ă©tiez fidèle... »
Don Juan : « Fidèle ! La liberté dans une petite cage : on appelle cela la fidélité. [...] Il n'y a pas de traîtrise, il y a marché : le traître, c'est celui qui fait semblant de l'ignorer » (acte II, scène 3).
  • Mademoiselle de la Tringle : « Mais ne voyez-vous donc pas qu'il vous manĹ“uvre ? Plus vous vous torturez, plus il triomphe ! » (acte I, scène 6).

Éditions

Édition imprimée originale
Édition imprimée
Édition imprimée au format de poche
Édition scolaire annotée
  • La Nuit de Valognes, Paris, Magnard, coll. « Classiques & Contemporains » (no 61), , 150 p., 18 cm (ISBN 2-210-75471-2, OCLC 1041394411).
    Présentation, notes, questions, après-texte et interview établis par Claudia Jullien et Pierre Brunel.

Traductions

La pièce a été traduite et jouée en anglais, bulgare, catalan, espagnol, estonien, japonais, grec, polonais et russe[1].

Références

  1. Page « La Nuit de Valognes », sur le site d'Éric-Emmanuel Schmitt, consultée le 6 juin 2017.
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