Accueil🇫🇷Chercher

La Monomane de l'envie

La Monomane de l’envie dit aussi La Hyène de la Salpêtrière est un tableau de Théodore Géricault datant des années 1819-1822[2] et appartenant à la série des cinq portraits de fous (les monomanes) qu’il a réalisés pendant ces années. Ce portrait se trouve dans les collections du musée des Beaux-Arts de Lyon qui l’a acquis en 1908.

La Monomane de l’envie
Artiste
Date
Type
Technique
Dimensions (H Ă— L)
72.1 Ă— 58.5 cm
No d’inventaire
Inv. B 825
Localisation

Géricault et la série des monomanes


Selon le critique d’art Louis Viardot, le tableau de Lyon, dans la série des monomanes de Géricault, représenterait L’Envie, les quatre autres portraits représentant, quant à eux, le Vol d’enfants (Springfield Museum of Fine Arts), le Commandement militaire (musée Oskar Reinhart, Winterthur), Le Vol (musée des Beaux-Arts de Gand) et Le Jeu (musée du Louvre). Néanmoins, à part le lien évident entre ces cinq œuvres, rien n’est connu de leur origine. Contrairement à ce qu’a affirmé Viardot, on ne sait pas si elles ont été commandées par le docteur Étienne-Jean Georget, médecin chef à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris.

Les noms de ces peintures Ă©voquent la classification des diffĂ©rents types de folie mise en place par les mĂ©decins au temps de GĂ©ricault. Les folies Ă©taient dĂ©signĂ©es sous le terme de « manies » ou de « monomanies », elles Ă©taient considĂ©rĂ©es comme des « fixation(s) psychique(s) et obsĂ©dante(s) d'un malade sur un objet unique Â»[3]. Cette classification devint obsolète dès la seconde moitiĂ© du XIXe siècle et laissa place Ă  d'autres dĂ©nominations comme « dĂ©lire de persĂ©cution », « folie des grandeurs » ou « dĂ©lire de jalousie ».

La folie, l’aliénation et l’irrationalité, en tout cas, n’ont pas manqué de constituer une source d’inspiration pour Géricault, qui comme d’autres artistes de la même époque (Goya fut le premier) se place à l’opposé du rationalisme des Lumières. La peinture dans ce tableau devient introspective : Géricault examine l’influence de l’état mental sur le visage, car c’est à travers celui-ci que transparaît la personnalité réelle d’un être. Le visage révèle la nature de la folie, ici l’envie. Au cours de sa vie, Géricault a ainsi réalisé de nombreuses études d’aliénés internés en se rendant dans les différents hôpitaux et institutions de Paris où ils étaient enfermés. Il s'est intéressé à tous les individus relégués au bas de l'échelle sociale et, outre les aliénés, il a consacré une partie de son travail aux criminels, notamment à l'étude des têtes des guillotinés (on connaît de lui plusieurs peintures représentant criminels et membres humains coupés).


Description

Le portrait est d'un réalisme sans concession, d’une précision absolue dans la description des détails du visage, et c’est presque une étude clinique qui est faite de cette folle. Toute l’attention est portée sur les éléments physiques, sur ce visage qui dénote le trouble psychologique de la femme : Géricault insiste sur la tension qui le traverse et en fait une mimique, sur la crispation de la bouche, la fixité du regard exorbité mais aussi sur la coiffe de la vieille femme.

Notes et références

  1. Page consacrée au tableau sur le site du musée des Beaux-Arts de Lyon.
  2. La datation de ce tableau ainsi que des quatre autres appartenant à la même série a toujours posé problème : certains, comme Nadine Fattouh-Malvaud, proposent la date de 1820, avant le voyage de Géricault en Angleterre, d'autres évoquent même 1819 (hypothèse suivie par Gérard Denizeau) ou bien une date plus tardive comme 1821. Le musée des Beaux-Arts de Lyon donne une fourchette plus large : 1819-1822[1].
  3. Nadine Fattouh-Malvaud, Regard sur la folie, L’Histoire par l’image, site édité par le Grand Palais et la direction générale des patrimoines, consulté en juin 2011.
  4. Monomane du Vol, Gand
  5. Monomane du jeu, Louvre
  6. Monomane du commandement, Winterthour
  7. Monomane du vol d'enfants, Springfield

Annexes

Bibliographie

  • G. Bazin, ThĂ©odore GĂ©ricault, Etude critique, documents et catalogue raisonnĂ©, tome IV, « GĂ©nie et Folie, Le Radeau de la MĂ©duse et les Monomanes », Paris, Wildenstein Institute, 1994.
  • Collectif, L’Ame au corps, arts et sciences, 1893-1993, catalogue de l’exposition Ă  Paris, Paris, RMN, 1993.

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.