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La Lumière du monde (Boucher)

La Lumière du monde de François Boucher est une huile sur toile, peinte en 1750.

La Lumière du monde
Le tableau au musée des beaux-arts de Lyon
Artiste
Date
1750
Type
type de l’œuvre (exemple : portrait, paysage)
Technique
huile sur toile
Dimensions (H Ă— L)
175 Ă— 130 cm
No d’inventaire
1955-106, MNR 823, MNR 823, 3334, 4847
Localisation
Protection

Cette œuvre, d'abord appelée L'adoration des bergers, fut commandée par Madame de Pompadour et est conservée au musée des Beaux-Arts de Lyon[1].

Le sujet représenté n'est pas exactement une Adoration des bergers par l'absence des moutons, ni une Nativité à cause de la présence des étrangers et l'absence de l'âne. Le véritable sujet est donc La Lumière du monde, qui devient par la suite le titre de l’œuvre.

Historique de l'Ĺ“uvre

Ce tableau, initialement intitulé L'Adoration des bergers fut commandé a François Boucher par Madame de Pompadour, favorite et amie du roi. Il s'agit de la première commande que Madame de Pompadour fit au peintre, mais, plus important encore, la première œuvre religieuse de grand format réalisée par ce dernier, qui en réalisera cinq au total.

Le tableau fut exposé en 1750 au Salon, ce qui constitue un tournant dans la carrière de François Boucher, puisqu'il obtient grâce à ce tableau un logement au Palais du Louvre ainsi que la charge de premier peintre du roi. Le tableau achevé, il orna l'autel placé dans le placard de l'une des antichambres du Château de Bellevue (Meudon). En effet, une chapelle était nécessaire au prestige de ce château. Une gravure de ce tableau fut faite en 1761, par Étienne Fessard , qui lui donna son titre actuel, La Lumière du monde.

Bien que l'usage initialement privé permit a François Boucher de sortir quelque peu des codes traditionnels, le tableau ne convint pas a tous, comme le prouve son retrait du Château de Bellevue (Meudon) entre 1762 et 1764, à la suite de la vente de ce château au roi. À partir de cette date, il passa de collections en collections, au gré des ventes et mises aux enchères, avant d’être attribué au Musée du Louvre par l'Office des biens et Intérêts privé en 1951 et enfin déposé au musée des Beaux-Arts de Lyon, en 1955, où il est enregistré sous le numéro 1955-106. Le cadre est quant à lui daté du XVIIIe siècle, référencé au numéro 1956-30, comme conçu par la maison Lebrun.

Description et analyse

Comme dans d’autres tableaux sur la Nativité, l’enfant Jésus au centre est profondément endormi dans des linges blancs. Mais sa mère qui est assise à côté de lui se penche pour l’entourer de ses bras, lui faisant ainsi une sorte de berceau douillet, à la fois pour le protéger et pour le présenter à un jeune enfant.

Jésus est adoré non pas par le traditionnel groupe de bergers, mais par une famille de bergers : une femme âgée vêtue de gris, un homme en rouge, une toute jeune femme assise qui tient deux petits enfants. Leurs présents sont posés sur le sol, deux coqs morts et deux œufs. Cependant il est difficile de savoir s’ils comportent une résonance symbolique – la lumière naissante et la résurrection – ou si François Boucher les utilise simplement pour souligner la rusticité de la naissance dans l’étable, renforcée par la berthe sur laquelle s’appuie la vieille femme. L’enfant le plus jeune offre au petit Jésus une colombe, signe de paix.

En face du groupe des bergers, au-dessus de Jésus et de Marie, Joseph (Nouveau Testament) les regarde un peu à distance. Il feuillette un très grand livre curieusement appuyé sur la tête d’un bœuf qui lui sert de lutrin. C’est le bœuf de la crèche, comme nous le voyons dans presque toutes les Nativités. Mais le bœuf, ou le taureau, est aussi le symbole de Luc (évangéliste), l’évangéliste qui nous donne le récit de Noël.

Tout en haut du tableau, une nuée d’angelots, dont on ne voit que la tête et les deux ailes, repoussent les nuages sombres pour laisser pénétrer la clarté du ciel. C’est cette lumière venue d’en haut qui éclaire l’enfant Jésus.

François Boucher a construit son tableau principalement sur des courbes : celle qui va de la tĂŞte de Joseph au berger, en passant par les bras des femmes et des enfants, et les nombreuses formes arrondies : visages, bras, objets…

À la fois par des moyens picturaux – la lumière qui rayonne de l’Enfant Jésus – et par le choix des personnages, le tableau montre la lumière que la naissance du Christ apporte à l’humanité tout entière.

Le vieil homme Ă  droite reprĂ©sente bien Joseph. Mais le fait qu’il tienne un livre ressemblant aux Saintes Ecritures, ainsi que la prĂ©sence de la vieille femme aux mains jointes dans un geste d’adoration et celle de la colombe retenue par le jeune garçon, Ă©voquent l’iconographie de la P, t. II,n0°urification, quand Anne et SimĂ©on, les premiers Ă  reconnaĂ®tre la divinitĂ© du Christ, dĂ©clarèrent qu’il serait « lumière pour la rĂ©vĂ©lation aux paĂŻens, et gloire d’IsraĂ«l ton peuple Â» (Saint-Luc, 11, 32).

Ă€ la suite du Salon de 1750, Louis-Guillaume Ballet de Saint-Julien livre les observations suivantes : « Son tableau de dĂ©votion, qui est une NativitĂ©, est traitĂ© de la manière du monde la plus intĂ©ressante. On n’y voit que ce qu’on a coutume d’y employer ordinairement ; mais ce sujet quoique si souvent remaniĂ© paraĂ®t ici absolument neuf […]. Tout est remarquable dans cet ouvrage : l’air fin et sĂ©duisant de la plupart des figures, l’élĂ©gante naĂŻvetĂ© de leurs attitudes, et la singulière variĂ©tĂ© de leurs caractères. Sa couleur semble le disputer Ă  son dessin, et achève d’en faire un tout parfait et l’entente qu’on y remarque. Le fond en est occupĂ© par une Gloire vague et lĂ©gère, ce qui convient merveilleusement Ă  son sujet : elle semble reprĂ©senter l’Aurore qui dut annoncer le Sauveur du monde ; c’est la lumière pure d’un soleil naissant Â».

Contextes

Le XVIIIe siècle, souvent appelĂ© « siècle des Lumières Â» est très riche aussi bien sur le plan intellectuel que scientifique ou culturel. Ce mouvement des « Lumières Â» regroupe diffĂ©rents artistes (Ă©crivains, peintres etc.). Le siècle des Lumières correspond, en art plastique, Ă  la transition entre les pĂ©riodes classique et nĂ©o-classique ; et en musique Ă  celle entre la pĂ©riode baroque et la pĂ©riode classique (incluant style galant et rococo).

En peinture le néo-classicisme apparaît au début des années 1760 et s'inscrit dans un mouvement de réaction contre le style ornementé du rococo, en prônant un retour à la simplicité qui caractérisait, le style antique. Du fait de la date de production de l'œuvre, l'artiste serait donc l'un des précurseurs du néo-classicisme.

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • A. Ananof, François Boucher, Lausanne-Paris
  • C. Jeannerat, L'Adoration des bergers de F. Boucher
  • P. Durey, Le MusĂ©e des Beaux Arts de Lyon, Paris, 1988, n°3, repr.
  • Bulletin de la SociĂ©tĂ© de l'Histoire de l'Art français, 1932, p. 75-82.
  • Martin Schieder: Between Grâce and VoluptĂ©. Boucher and Religious Painting, in: Melissa Hyde et Mark Ledbury (Ă©ds.): Rethinking Boucher, Los Angeles 2006, p. 61–87 et 186–188.
  • Martin Schieder: Au-delĂ  des Lumières. La peinture religieuse Ă  la fin de l'Ancien RĂ©gime, Paris 2015, p. 262-270

Articles connexes

Liens externes

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