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L'Avenir national

L'Avenir national est le journal d'Alphonse Peyrat. Il parut de 1865 au .

L’Avenir national
Langue français
Périodicité quotidien
Fondateur Alphonse Peyrat
Date de fondation 1865
Date du dernier numéro

Présentation et historique

L'Avenir national est un quotidien fondĂ© en 1865 par le journaliste Alphonse Peyrat. Cet homme a dĂ©jĂ  une grande expĂ©rience dans la presse avant de fonder son propre journal puisqu'il a dĂ©jĂ  collaborĂ© aux diffĂ©rents journaux que sont Le National ainsi que La Tribune et Ă©galement La Presse dont il a Ă©galement assurĂ© la rĂ©daction en chef. L'Avenir national Ă  une ligne Ă©ditoriale se fondant sur le rĂ©publicanisme ainsi que sur un profond anticlĂ©ricalisme ainsi qu'une sympathie clairement affichĂ©e pour les idĂ©es socialistes. Ce penchant pour les idĂ©es socialistes fut remarquĂ© par les ouvriers proudhoniens si bien que durant la rĂ©volte de ces derniers en 1865, lorsqu'ils dĂ©cidèrent de faire connaĂ®tre leurs idĂ©es essentielles au public c'est Ă  L'Avenir national qu'ils s'adressèrent. L'Avenir national fait partie de ces quotidiens tout comme L'Époque qui n'ont jamais eu un gros tirage ; en effet lorsqu'en dĂ©but de l'annĂ©e 1866 L'Époque tire 2 460 exemplaires par an L'Avenir national lui tire quelques exemplaires de plus avec 6 750 exemplaires par an. En revanche au dĂ©but de l'annĂ©e 1867 si on peut noter une lĂ©gère hausse du tirage de L'Avenir national qui tire maintenant 11 200 exemplaires cette hausse est des plus risibles comparĂ©e aux tirages de journaux comme La LibertĂ© qui tire fin 1866 plus de 60 000 exemplaires et si ce fulgurant tirage est Ă  relativiser quant Ă  sa nette baisse en due principalement Ă  la fin du conflit austro-prussien et Ă  un retard de parution Ă  Paris, ce journal rĂ©ussit Ă  se maintenir en 1867 sur une constante entre 21 000 et 21 200 tirages.

L'Avenir national s'est illustrĂ© plusieurs fois avec ses comparses de la presse libĂ©rale dans une vĂ©ritable opposition face Ă  la presse conservatrice par exemple quand il s'agit de l'achèvement de l'unitĂ© italienne et si les conservateurs veulent que la mainmise sur Rome persiste les libĂ©raux eux sont persuadĂ©s que la France se doit de quitter Rome[1]. Si L'Avenir national a pour habitude de s'afficher contre les positions impĂ©riales il est aussi dans son habitude d'afficher son profond anticlĂ©ricalisme. Dans ce domaine on pourrait mĂŞme considĂ©rer L'Avenir national comme une sorte de visionnaire. En effet le le quotidien par la voix de son crĂ©ateur Alphonse Peyrat propose la sĂ©paration de l'Église et de l'État auquel tant de rĂ©publicains aspirent ; il remet Ă©galement en cause les gloires consacrĂ©es du catholicisme [2]. Le journal de Peyrat s'illustra Ă©galement dans son soutien au journal le Siècle dans sa volontĂ© d’ériger une statue au maĂ®tre de la libre pensĂ©e [2]. L'Avenir national est financĂ© par la SociĂ©tĂ© gĂ©nĂ©rale des annonces, Lagrange Cerf et Cie[3]. En 1869, L'Avenir national est en net recul sur ses ventes et n'est plus tirĂ© qu'Ă  4 380 exemplaires[4]. Lors du plĂ©biscite du 8 mai 1870 L'avenir National se montre une fois de plus contre l'empire et ouvre une souscription anti-plĂ©biscitaire dans ses bureaux[5]. Lorsque la Commune de Paris Ă©clate le contrairement Ă  ce que l'on peut penser L'Avenir national montre une position virulente envers les Communards. Pour lui, les Communards pensent dĂ©fendre la RĂ©publique alors qu'il n'en est rien ; ils lui portent un coup mortel. Ă€ la suite de plusieurs positionnements allant Ă  l'encontre de la Commune, L'Avenir national se verra supprimĂ© le [6].

Un contexte favorable

Des avancées technologiques et culturelles favorisant une démocratisation de la presse

Les progrès techniques qu'a connus le XIXe siècle en matière d'imprimerie font partie des Ă©lĂ©ments fondateurs de la dĂ©mocratisation de la presse qui s'ensuivit. Le progrès technique a permis d'assurer la croissance des journaux c'est-Ă -dire leurs tirages tout en rĂ©duisant leurs coĂ»ts. En effet, après 1865, la mise au point des rotatives par Hippolyte Auguste Marinoni pour Le Petit Journal et Derriey pour La Petite Presse permit d'atteindre un tirage alors inĂ©dit s'Ă©levant Ă  plus de 35 000 exemplaires Ă  l'heure ce qui permit d’alimenter la clientèle croissante de cette nouvelle presse Ă  un sou. La baisse du coĂ»t et par consĂ©quent l'Ă©mergence grandissante des nouvelles feuilles Ă  un sou fut permise par diffĂ©rentes baisses des coĂ»ts de production. Par exemple la mise au point des plans en carton de Claude Genoux datant de 1846 fut amĂ©liorĂ©e en 1852 par Nicolas Serrières pour La Presse d'Émile de Girardin en allĂ©geant grâce au dichage la charge de la composition des formes imprimantes. Les coĂ»ts de production d'un journal s'abaissèrent encore une fois en 1867 par le remplacement progressif du papier de chiffon par celui de fibre de bois moins coĂ»teux. Pour accĂ©der Ă  une plus large diffusion les quotidiens pouvaient dĂ©sormais compter sur le dĂ©veloppement des lignes ferroviaires pour leurs diffusions en provinces (2 100 km de voies en 1850, 18 000 km en 1870), l’amĂ©lioration des services postaux Ă  la suite de la rĂ©forme de 1849 eut Ă©galement son rĂ´le Ă  jouer (145 millions de lettres servies en 1850, pour 313 millions de lettres servies en 1869) puisque la presse s'en servit pour sa collecte d'informations mais Ă©galement Ă  une meilleure diffusion en province. D'un point de vue culturel la baisse croissante du nombre d’analphabètes en France grâce aux politiques respectives d'alphabĂ©tisation de Guizot sous la monarchie de juillet et de Victor Duruy sous le Second Empire agrandit considĂ©rablement le nombre de lecteurs potentiels (53 % d'analphabètes en 1832, 38 % en 1852, 22,55 % en 1872).

Enfin l'instauration du suffrage universel de 1848 stimula la population et développa son intérêt pour la chose politique ce qui fut profitable pour la presse sachant que cette dernière est la seule tribune politique jusqu'en 1868 les réunions politiques étant interdites.

Un subtil contrĂ´le de la presse

Le contrôle de la presse a été durant une très longue période une question politique majeure jusqu'à la loi libératrice du . Cette question de la liberté de la presse a tellement obsédé les différents régimes politiques qui se sont succédé durant le XIXe siècle que plus de 50 lois sur la presse ont été faites de 1789 à 1881. D'ailleurs les lois qu'établissait un gouvernement sur la presse étaient un bon indicateur du degré de libéralisme d'un gouvernement. Pour comprendre pourquoi la période 1860-1870, période dans laquelle L'Avenir national est né, est une période de réel changement pour la presse, il faut d'abord s'intéresser à la période la précédant c'est-à-dire celle allant de 1851 à 1860.

1852 1860 : une presse très surveillée

Durant cette pĂ©riode plusieurs lois rĂ©pressives contre la presse ont vu le jour. Tout d'abord la loi du sur la surveillance du colportage et de la vente sur voie publique des imprimĂ©s non pĂ©riodiques est renforcĂ©e par l'instauration de la commission du colportage. Tous les pĂ©riodiques doivent ĂŞtre cautionnĂ©s par cette commission ; de plus elle exige pour toute publication pĂ©riodique traitant d'Ă©conomie, de politique ou de sociĂ©tĂ©, une augmentation des tarifs. Cette augmentation fut Ă©largie Ă  un grand nombre de feuilles d'annonces et de vulgarisation. Le Timbre imposĂ© Ă  tous les quotidiens cautionnĂ©s par la commission du colportage est augmentĂ© de 4 Ă  6 centimes par feuille. Cette mesure en accroissant le prix de vente des journaux a pour but de limiter leurs diffusions. Le prix du timbre est une très grosse dĂ©pense pour un journal par exemple en 1869 le paiement du timbre reprĂ©sente 40 % des dĂ©penses du quotidien Le Rappel[7].

S'ensuit le la promulgation d'un décret qui rétablit la demande d'autorisation qui devient indispensable à la création de tout nouveau journal[7]. Ce décret interdit également tout compte rendu des séquences du corps législatif ou des séances du Sénat autrement qu'au travers de résumé officiel[7]. De plus ce décret met en place une procédure intelligente pour contrôler les journaux avec l'avertissement. L'avertissement est mis en place de façon arbitraire aux journaux qui mécontentent le pouvoir. L'avertissement comporte trois phases[7] :

  1. le premier avertissement fait office de rappel Ă  l'ordre ;
  2. le second avertissement peut entraĂ®ner une suspension temporaire du quotidien ayant mĂ©contentĂ© le pouvoir ;
  3. le troisième avertissement entraîne la suspension définitive.

1860 1870 : un contrôle de la presse plus lâche

À la suite de la campagne d'Italie dont Napoléon III est ressorti victorieux, ce dernier est mis en confiance et se met à promulguer des lois plus libérales pour la presse.

Le le système prĂ©ventif de l'avertissement est abandonnĂ© pour un système plus rĂ©pressif[7]. En revanche le contrĂ´le arbitraire de la sanction de dĂ©lit de presse n'est plus appliquĂ© par l'administration impĂ©riale mais par la justice, les avertissements sont par consĂ©quent abolis[7]. Le système mis en place par le dĂ©cret visant Ă  rendre obligatoire la demande d'une autorisation pour la crĂ©ation et la parution d'un nouveau journal est dĂ©mantelĂ© et remplacĂ© par une simple dĂ©claration[7]. Le prix du timbre Ă  payer pour les journaux traitant de politique d'Ă©conomie ou de sociĂ©tĂ© ainsi que pour les feuilles de vulgarisation est abaissĂ© Ă  5 centimes au lieu des 6 Ă  payer jusqu’alors[7].

Bibliographie

  • Histoire gĂ©nĂ©rale de la presse française, vol. 2 (1851-1871), Paris, PUF, 1969.
  • Jean Tulard et Luce Abelès, Dictionnaire du Second Empire, Paris, Fayard, 1995.
  • Christophe Charle, Le Siècle de la presse, 1830-1930, Paris, La DĂ©couverte, 2001.
  • Pierre Albert, Histoire de la presse, Paris, PUF (« Que sais-je ? Â»), 1970.
  • Jean-Claude Yon, Le Second Empire, politique, sociĂ©tĂ©, culture, Paris, Armand Colin (U), 2004, 256 p.
  • RenĂ© Remond, L’AnticlĂ©ricalisme en France, Paris, Complexe, 1985.

Références

  1. Histoire générale de la presse française, tome 2 p. 335.
  2. Histoire générale de la presse française, tome 2 p. 337.
  3. Histoire générale de la presse française, tome 2 p. 341.
  4. Histoire générale de la presse française, tome 2 p. 356.
  5. Histoire générale de la presse française, tome 2 p. 361.
  6. Histoire générale de la presse française, t. 2, p. 373 et 375.
  7. Jean Tulard, Luce Abelès, Dictionnaire du Second Empire, Paris, Fayard, 1995, p. 1058.
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