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L'Annibal (1779)

L’Annibal est un vaisseau de 74 canons de la Marine royale française. C'est un vaisseau de force construit selon les normes définies dans les années 1740 par les constructeurs français pour obtenir un bon rapport coût/manœuvrabilité/armement afin de pouvoir tenir tête à la marine anglaise qui dispose de beaucoup plus de navires[2]. Dessiné et conçu par Jacques-Noël Sané, il fait partie de ses premiers grands ouvrages. C'est un navire qui n'est pas doublé de cuivre, mais simplement mailleté. Construit à Brest en 1778, il est lancé cette même année pendant la mobilisation navale qui correspond à l'entrée de la France dans la guerre d'Indépendance Américaine. Lors de ce conflit, il sert aux Antilles puis dans l'océan Indien. Il change de nom en 1786. Devenu l’Achille, il est capturé en 1794 par la Royal Navy.

Annibal
illustration de L'Annibal (1779)
L'Achille (à gauche) démâté par le HMS Brunswick lors de la bataille de Prairial.

Autres noms Achille (1786), HMS Achille (1794)
Type Troisième rang
Histoire
A servi dans Pavillon de la marine royale française Marine royale française
Pavillon de la Marine de la République française Marine de la République
Royal Navy
Chantier naval Brest
Lancement 1778
Statut Démantelé en 1796
Équipage
Équipage 740 hommes environ[1]
Caractéristiques techniques
Longueur 54,7 mètres
Maître-bau 14,3 mètres
Tirant d'eau 7,2 mètres
Tonnage 1 500 tonnes
Propulsion Voiles
Caractéristiques militaires
Armement 74 canons
Carrière
Port d'attache Brest

La carrière du vaisseau

Sous les ordres de La Motte-Picquet, l'Annibal, s'illustre particulièrement au combat de la Martinique (1779).
Les vaisseaux français capturés lors du combat de Prairial en 1794. L’Achille, ex Annibal en fait partie.

En avril 1779, il prend la mer en direction des Indes occidentales françaises sous les ordres de La Motte-Picquet et escorte, en compagnie de quatre autres vaisseaux, un gros convoi de quatre-vingts navires. Il rejoint ensuite l'armée navale du vice-amiral d'Estaing et participe à la bataille de la Grenade (6 juillet 1779) où il est le dernier vaisseau de la ligne française. Au combat de la Martinique (18 décembre) il soutient un combat très violent contre plusieurs vaisseaux anglais pour protéger l'arrivée d'un convoi arrivant de France[3] - [4]. En 1780, l'Annibal reste présent aux Antilles et participe à diverses croisières contre le commerce anglais ou à des missions d'escorte des convois. Il rentre ensuite à Brest.

En 1781 il est intégré aux forces de bailli de Suffren chargé d'apporter des secours au Cap et de porter la guerre dans les Indes orientales (océan Indien). Cette mission va durer plus de deux ans, ce qui va lui donner l'occasion de prendre part à de nombreux combats : Porto Praya (1781), Sadras (1782), Provédien, Negapatam, Trinquemalay et Gondelour (1783).

Au combat de Porto Praya (16 avril 1781), il suit le navire de Suffren jusqu'au cœur du dispositif anglais, mais son commandant, M. de Trémignon, n'a pas fait son branle-bas car il pensait que Suffren n'oserait pas attaquer dans les eaux neutres portugaises. Il est tué au début de l'engagement, puis le navire est totalement démâté[5]. L’Annibal est tiré d'affaire par Suffren qui le prend en remorque avec son vaisseau, le Héros[6]. Au Cap, il est réparé avec des éléments de mâture pris sur des navires de transport, puis gagne l'océan Indien[7]. À l’île de France, il est au centre d'une querelle opposant Suffren à un groupe d'officiers stationnant dans l'île et qui en réclame le commandement au nom de l'ancienneté en grade. L'Annibal reçoit alors pour commandant Bernard de Tromelin en lieu et place du jeune Morard de Galles[8]. Le vaisseau fait partie des trois « 74 canons » dont dispose Suffren dans les onze bâtiments de son escadre pour aller attaquer les Indes anglaises[9].

À Sadras (17 février 1782), il dirige l'arrière-garde, mais il ne participe pas au combat car Tromelin, qui n'aime pas Suffren, lui désobéit ouvertement et bloque même plusieurs autres vaisseaux dans la manœuvre d'enveloppement de l'escadre anglaise[10]. À Provédien (12 avril), il est aussi sur l'arrière-garde, mais tarde à entrer dans le combat et ne s'illustre guère[11]. À Negapatam (6 juillet), il est cette fois placé sur l'avant-garde. La bataille est confuse, mais le navire y participe cette fois pleinement et ses pertes sont même supérieures à celle de son chef sur le Héros[12]. Le vaisseau participe ensuite au débarquement organisé par Suffren pour prendre Trinquemalay, sur la côte est de Ceylan (26-31 août)[13]. À la bataille navale qui s'ensuit devant le port (3 septembre), il reçoit de nouveau le commandement de l'arrière-garde mais ne prend pratiquement pas part au combat, à la grande colère de Suffren. Son commandant, Tromelin, démissionne et rentre en France[14]. L’Annibal part ensuite hiverner à Sumatra avec toute l'escadre pour se mettre à l'abri de la mousson d'hiver (novembre-décembre). À Gondelour (20 juin 1783) il est engagé sur l'arrière-garde. Pendant le combat, par suite du désordre dans la ligne, il aborde le Vengeur (64 canons), mais sans gravité[15].

La paix revenue, il rejoint l'escadre de Brest puis est rebaptisé l’Achille en 1786. En 1793, la guerre avec l'Angleterre reprend. En 1794, il fait partie de l'escadre dont dispose Villaret de Joyeuse pour protéger un grand convoi de blé qui arrive d'Amérique[16]. Les Anglais tentent d'intercepter le convoi, ce qui donne lieu à un grand combat au large d'Ouessant (en anglais Glorious First of June, du 28 mai au ). La ligne française est tronçonnée en plusieurs points, ce qui permet aux Anglais de prendre en enfilade de nombreux vaisseaux français. Un bâtiment coule, six autres sont capturés[16]. Parmi eux se trouve l'Achille. Il est intégré dans la Royal Navy comme vaisseau de troisième rang, sous le nom de HMS Achille, conservant l'orthographe française du nom. Cependant, en raison de son état de délabrement avancé, le vaisseau est démantelé à Plymouth en 1796, seulement deux ans après sa capture.

Notes et références

  1. Le ratio habituel, sur tous les types de vaisseau de guerre au XVIIIe siècle est d'en moyenne 10 hommes par canon, quelle que soit la fonction de chacun à bord. C'est ainsi qu'un 100 canons emporte 1 000 hommes d'équipage, un 80 canons 800 hommes, un 74 canons 740, un 64 canons 640, etc. L'état-major est en sus. Cet effectif réglementaire peut cependant varier considérablement en cas d'épidémie, de perte au combat ou de manque de matelots à l'embarquement. Acerra et Zysberg 1997, p. 220.
  2. Meyer et Acerra 1994, p. 90-91.
  3. Castex 2004, p. 35-36.
  4. Le Moing 2011, p. 328.
  5. Monaque 2009, p. 187-190.
  6. Meyer et Acerra 1994, p. 126.
  7. Monaque 2009, p. 200.
  8. Monaque 2009, p. 204.
  9. Monaque 2009, p. 207.
  10. Monaque 2009, p. 226.
  11. Monaque 2009, p. 233.
  12. Monaque 2009, p. 249-252.
  13. Monaque 2009, p. 264.
  14. Monaque 2009, p. 275.
  15. Monaque 2009, p. 312-314.
  16. Le Moing 2011, p. 364-368

Annexes

Sources et bibliographie

  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines Ă  nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
  • RĂ©mi Monaque, Suffren : un destin inachevĂ©, Ă©dition Tallandier, , 494 p. (ISBN 978-2-84734-333-5 et 2-84734-333-4)
  • Martine Acerra et AndrĂ© Zysberg, L'essor des marines de guerre europĂ©ennes : vers 1680-1790, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire » (no 119), , 298 p. [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 2-7181-9515-0, BNF 36697883)
  • Michel VergĂ©-Franceschi, La Marine française au XVIIIe siècle : guerres, administration, exploration, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire », , 451 p. (ISBN 2-7181-9503-7)
  • Michel VergĂ©-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, Paris, Ă©ditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0)
  • Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Rennes, Marines Éditions, , 620 p. (ISBN 978-2-35743-077-8)
  • Jean-Claude Castex, Dictionnaire des batailles navales franco-anglaises, Laval, (Canada), Les Presses de l’UniversitĂ© de Laval, , 418 p. (ISBN 978-2-7637-8061-0, lire en ligne)
  • Jean-Michel Roche, Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert Ă  nos jours (1671-1870), Toulon, auto-Ă©ditĂ©, (ISBN 978-2-9525917-0-6, OCLC 165892922)
  • Alain Demerliac, La Marine de Louis XVI : nomenclature des navires français de 1774 Ă  1792, Nice, Omega, , 238 p. (ISBN 2-906381-23-3).
  • OnĂ©sime Troude, Batailles navales de la France, t. 2, Paris, Challamel aĂ®nĂ©, , 469 p. (lire en ligne)
  • Georges Lacour-Gayet, La Marine militaire de France sous le règne de Louis XVI, Paris, HonorĂ© Champion, , 719 p. (BNF 30709972, lire en ligne)
  • (en) George Alexander Ballard, « The last Battlefleet struggle in the bay of Bengal », The Mariner's Mirror, vol. 13,‎

Articles connexes


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