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Kulning

Le kulning, kauking, kaukning, kulokker, kyrlokker ou encore lockrop est un type de chant scandinave ancien. Bien que la tradition soit toujours vivante aujourd'hui, elle se trouve en déclin.

Comme le yodel, le kulning est un style de chant développé en utilisant la propagation du son à longue distance, pouvant ainsi se faire entendre sur plusieurs kilomÚtres.

Ce chant n'a généralement pas de paroles et se compose de syllabes lourdes de voyelles[1].

MalgrĂ© une majoritĂ© d’utilisatrices de cette technique vocale, il existe Ă©galement des enregistrements rĂ©alisĂ©s par des hommes.

Fonctions et particularités

Similairement au briolage français, le kulning est souvent utilisé pour appeler le bétail dans les pùturages. Lorsqu'un appel est fait dans une vallée, il sonne et résonne contre les montagnes.

Des vaches de race Fjall en pĂąture dans une forĂȘt suĂ©doise et dont le regroupement par l'Ă©leveur pourrait se faire avec un kulning.

Ce chant pourrait également effrayer les prédateurs (par exemple des loups) mais ce n'est pas son utilité principale.

De maniùre secondaire ou anecdotique, il pourrait aussi servir comme moyen de communication pour passer des salutations ou des messages courts à d’autres bergers/bergùres.

Les chants peuvent appartenir Ă  un individu ou Ă  une famille et sont alors transmis aux gĂ©nĂ©rations suivantes pour que le bĂ©tail de la famille en question se reconnaisse. Avec le mĂȘme principe, on retrouve des chants diffĂ©rents selon les types d’animaux : pour les chĂšvres, les moutons, les vaches, etc[2].

Un certain nombre d'appels contiennent des noms d'animaux dont ceux des leaders de troupeaux, car ces derniers ne sont pas trĂšs grands.

Historiquement

Il existe des hypothÚses selon lesquelles cette technique de chant a été l'une des premiÚres façons d'apprivoiser puis domestiquer les animaux dans les troupeaux en Scandinavie et dans l'Oural, dÚs l'époque préhistorique.

Historiquement, le kulning Ă©tĂ© utilisĂ© par les bergers, ou plus prĂ©cisĂ©ment par les bergĂšres Ă©tant donnĂ© que c’était majoritairement aux femmes de surveiller les troupeaux l’étĂ© dans les faböds.

Les faböds Ă©taient des lieux oĂč l’on retrouvait des chalets, des petites laiteries et des fermes qui pouvaient se situer quelque part entre les forĂȘts suĂ©doises et les montagnes norvĂ©giennes.

À l’époque, il n’était pas possible de nourrir les bĂ©tails et les humains si les deux se trouvaient sur les mĂȘmes terres, c’est ainsi que le systĂšme des faböds a Ă©tĂ© crĂ©Ă©: la solution Ă©tait de dĂ©placer les troupeaux en Ă©tĂ© lĂ  oĂč l’herbe mĂ»rissait tĂŽt.

Cette tradition et cette nĂ©cessitĂ© de vivre dans les faböds l’étĂ© ont perdu de leur souffle au dĂ©but des annĂ©es 1900 avec les rĂ©formes agricoles et l’industrialisation qui n’imposaient plus le dĂ©placement des troupeaux vers les alpages pour nourrir tout le monde.

Aujourd’hui, il existe entre 200 et 250 faböds en SuĂšde contre 3000 ou plus au milieu du XIXe siĂšcle[3].

Caractéristiques acoustiques

Cette technique vocale utilise un son aigu (et sans vibrato) en voix de tĂȘte permettant de communiquer sur de longues distances. Les cris aigus se trouvent gĂ©nĂ©ralement entre 780 et 1568 Hz et Ă  titre de comparaison, la frĂ©quence de la voix parlĂ©e d’une femme adulte moyenne se situe entre 165 et 255 Hz.

Le kulning a un timbre fascinant et envoûtant, véhiculant souvent un sentiment de tristesse, en grande partie car les lokks utilisent souvent des demis et des quarts de tons typiques (note bleue) caractéristiques de la musique de cette région.

Kulning et musique

Le compositeur norvégien Edvard Grieg a basé quelques-unes de ses compositions de musique classique pour piano et pour orchestre sur le kulokker qu'il avait entendu.

Nous savons aussi qu’un ancien opĂ©ra norvĂ©gien comprenait un air de soprano qui Ă©tait moitiĂ© air et moitiĂ© kulning.

Ces chants figurent Ă©galement dans la musique de certains groupes folkloriques scandinaves comme avec Gjallarhorn et Frifot.

Jonna Jinton, photographe et artiste suĂ©doise, tente de remettre au goĂ»t du jour cette technique vocale sur YouTube dans l’espoir de faire perdurer la tradition et l’histoire de son pays.

Kulning et multimédias

Ce chant scandinave apparaĂźt dans plusieurs multimĂ©dias modernes. On peut le retrouver dans le film « Le Sacrifice Â» (aussi nommĂ© « Offret ») sorti en 1986 et rĂ©alisĂ© par Andrei Tarkovsky.

Dans la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e « Vikings Â» (2013–2020), il est possible d’entendre des kulnings agressifs pendant certaines scĂšnes de bataille.

Le jeu vidĂ©o « Brothers : A Tale of Two Sons Â» sorti en 2013 prĂ©sente ce chant ancien dans sa bande originale[4].

Et dans le film d'animation « La reine des neiges Â» de Disney sorti en 2013, la chanteuse Christine Hals[5] prĂ©sente le kulning norvĂ©gien traditionnel dans sa bande originale (nous pouvons l’entendre lors du passage oĂč Elsa dĂ©couvre sa force intĂ©rieure et le vĂ©ritable pouvoir de sa magie de glace).

Dans la suite de l’Ɠuvre (« La reine des neiges 2 Â») on retrouve des interprĂ©tations de ce chant par la chanteuse norvĂ©gienne AURORA.

Références

Notes

  1. (en) Eklund, Robert & Anita McAllister, « AN ACOUSTIC ANALYS OF ‘KULNING’ (CATTLE CALLS) RECORDED IN AN OUTDOOR SETTING ON LOCATION IN DALARNA (SWEDEN) », Proceedings of ICPhS 2015, 18th Congress of Phonetic Sciences,‎ 10-14 aoĂ»t 2015, P7.37 (lire en ligne)
  2. (en) Justin Calderon, « 'Kulning': A hypnotic Swedish singing tradition », sur www.bbc.com (consulté le )
  3. (en-US) September 2 et 2020 | Jennie Tiderman-Österberg | Comments, « Kulning: The Swedish Herding Calls of the North », sur Smithsonian Center for Folklife and Cultural Heritage (consultĂ© le )
  4. « Brothers: A Tale of Two Sons - Official Soundtrack, by Gustaf Grefberg », sur OVERKILL Soundtracks (consulté le )
  5. « Christine Hals », sur IMDb (consulté le )

Autre(s)

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