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Kiringul

Le site du Kiringul (hangeul : 기린굴 ; « grotte du kirin Â») est une cavitĂ© qui aurait servi de tanière au kirin, une bĂŞte chimĂ©rique mythologique qui avait pour cavalier le roi Jumong au Ier siècle av. J.-C. En , l'agence centrale de presse nord-corĂ©enne rapporte que le site aurait Ă©tĂ© dĂ©couvert Ă  la colline Moran (en) près de la capitale nord-corĂ©enne Pyongyang. Le gouvernement de la CorĂ©e du Nord affirme que cette dĂ©couverte confirme le statut de Pyongyang comme capitale historique de la CorĂ©e. Les analystes Ă©trangers doutent cependant que cette annonce ne fasse partie des multiples tentatives de la CorĂ©e du Nord de relier le rĂ©gime du pays aux anciens rois corĂ©ens et d'en faire l'hĂ©ritier lĂ©gitime de l'ancien royaume du Koguryo.

DĂ©couverte

Le , l'agence centrale de presse nord-corĂ©enne rapporte que des archĂ©ologues « ont rĂ©cemment reconfirmĂ© la dĂ©couverte de la tanière de la licorne montĂ©e par le roi Tongmyong, le fondateur du royaume Koguryo (37 av. J.C-668)[1] - [2] ». La dĂ©couverte aurait Ă©tĂ© faite par l'Institut d'histoire de l'AcadĂ©mie des sciences sociales de la CorĂ©e du Nord Ă  la colline Moran Ă  Pyongyang Ă  seulement 200 mètres du temple Yongmyong[1] - [3]. Selon l'article, les mots « tanière de licorne Â» auraient Ă©tĂ© trouvĂ©s gravĂ©s sur un rocher dans le site[2]. L'inscription est censĂ©e remonter Ă  la pĂ©riode du royaume de Goryeo (918-1392)[1]. L'article indique Ă©galement que cette dĂ©couverte « prouve que Pyongyang Ă©tait une capitale de la CorĂ©e ancienne[3] Â».

RĂ©actions et analyses

Un kirin Ă  PĂ©kin – une crĂ©ature mythologique qui est souvent considĂ©rĂ©e comme la « licorne chinoise Â».

L'article attire l'attention internationale en raison de la revendication assez inhabituelle de la dĂ©couverte d'une « tanière de licorne », mais des articles suivants suggèrent que les termes corĂ©ens ont Ă©tĂ© mal traduits. L'article original en corĂ©en ne se rĂ©fère pas Ă  une licorne, mais Ă  un kirin (ou qilin), une bĂŞte mythologique chimĂ©rique ayant le « corps d'un cerf, la queue d'une vache, des sabots et une crinière Â», ainsi qu'une corne unique sur sa tĂŞte. La crĂ©ature aurait Ă©tĂ© le moyen de transport prĂ©fĂ©rĂ© du roi Tongmyong. L'endroit en question s'appelle Kiringul (« grotte du kirin Â»). MalgrĂ© ce nom, il n'Ă©tait pas littĂ©ralement censĂ© exister un endroit oĂą vivaient les kirins : il s'agit plutĂ´t un nom mythique similaire Ă  celui de la ChaussĂ©e des GĂ©ants en Irlande du Nord[4].

Un article publiĂ© sur le site Io9 note que le site Kiringul n'a en fait jamais Ă©tĂ© rĂ©ellement laissĂ© Ă  l'abandon durant son histoire. Le chercheur Jeon Kwan Su dĂ©crit un tunnel artificiel Ă  Pyongyang dans un article de 2009 intitulĂ© Kiringul sinhwa yĹŹngu (« Ă‰tude du mythe du Kiringul Â»), publiĂ© dans le journal sud-corĂ©en Tongpang Hakji. L'article nord-corĂ©en de 2012 est ambigu sur le fait que la « dĂ©couverte » est celle de la grotte elle-mĂŞme, d'une inscription ancienne marquant son emplacement ou simplement du site dĂ©crit prĂ©cĂ©demment comme Ă©tant celui du Kiringul. Il n'est mĂŞme pas certain que l'ancienne capitale du Koguryo Ă©tait situĂ©e Ă  Pyongyang en premier lieu[5].

Les commentateurs soulignent qu'il y a un aspect important de propagande dans l'annonce nord-corĂ©enne. Comme le rapporte le chercheur corĂ©en Sixiang Wang : « Les Kirins sont censĂ©s paraĂ®tre comme des dirigeants sages. Les dirigeants nord-corĂ©ens ont peut-ĂŞtre espĂ©rĂ© assurer un lien entre Pyongyang et l'ancien royaume du Koguryo tout en crĂ©ant une association entre leur propre prĂ©sident Kim Jong-un et les lĂ©gendaires anciens rois[4] Â». Un spĂ©cialiste de la CorĂ©e de l'universitĂ© Tufts considère la dĂ©couverte comme « symbolique », et dĂ©clare que le peuple nord-corĂ©en pourrait la percevoir davantage comme un « coup de fouet pour son moral ». L'association entre son nouveau dirigeant Kim Jong-un et l'ancien royaume lui donnerait une « lĂ©gitimitĂ© qui lui manque[6] Â».

Le magazine Foreign Policy fait également remarquer les efforts du régime nord-coréen pour associer ses dirigeants aux anciens rois coréens, tels que la reconstruction du mausolée du roi Tongmyong et la tenue de récits de propagande reliant Kim Jong-un aux traditions du Koguryo. Le gouvernement nord-coréen utilise également ses revendications de propagande sur l'héritage du Koguryo pour marquer des points contre la Chine et le Japon, ses rivaux traditionnels, dans les conflits territoriaux et politiques qu'il a avec ces pays[7].

Voir aussi

Notes et références

  1. (en) « Lair of King Tongmyong's Unicorn Reconfirmed in DPRK »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Lair of King Tongmyong's Unicorn Reconfirmed in DPRK, Korea News Service, (consulté le )
  2. (en) Ben Quinn, « Unicorn lair 'discovered' in North Korea », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Jason Koebler, « North Korea Says It's Found a 'Unicorn Lair' », US News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Helen Pidd, « Unicorn lair 'discovery' blamed partly on mistranslation », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  5. (en) Lauren Davis, « No, the North Korean government did not claim it found evidence of unicorns », io9,‎ (lire en ligne)
  6. (en) Staphanie Pappas, « The real story of North Korea's unicorn lair », Fox News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Isaac Stone Fish et Adam Cathcart, « North Korea Does Not Believe in Unicorns », Foreign Policy,‎ (lire en ligne)
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