Khanat de Kouba
Le khanat du Kouba est un Khanats d'Azerbaïdjan[1] semi-indépendant dont le territoire se trouve situé dans l'Azerbaïdjan actuel et dans le sud du Daghestan, et qui s'est constitué le long de la mer Caspienne dans la partie maritime de l'ancien domaine des Chirvanchahs annexé par les Séfévides au XVIe siècle. Pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle Kouba est un moment le khanat le plus puissant de la région.
Historique
Sous le règne du Chah séfévide Sulayman Ier, Husayn Khan, un membre du clan Kaytak du Daghestan chassé de ses domaines par des rivaux, se rend à Ispahan où il se convertit au chiisme. Il gagne la confiance du Chah qui le nomme khan de Kuba et de Saliyan. Husayn bâtit la citadelle de Khudad dont il fait sa capitale[2].
Son petit fils Husayn Ali Khan, avec l'aide de Pierre le Grand, regagne le territoire perdu au Daghestan mais sa position est fragilisée par l'alliance de Sûrhay Chamkhal de Qazi-Qumuq et de Hadji Dawud, un chef religieux, qui contrôlent la plus grande partie du Daguestan sous la suzeraineté de l'Empire ottoman depuis 1712. Nâdir Shâh rend Saliyan à Husayn Ali mais l'effondrement de la puissance de l'Iran après la mort de Nâdir suscite l'ambition des dynaste locaux[3].
Husayn Ali transfère sa capitale de Khudad à Kouba et annexe Shabaran et Kulban avant de mourir en 1758. Son fils Feth Ali Khan recherche l'appui de Catherine II de Russie qui envoie une expédition à Derbent en 1775 sous le prétexte de venger la mort en captivité l'année précédente d'un académicien nommé Samuel Gottlieb Gmelin. Avec l'aide des Russes, Fath Ali Khan établit son autorité sur ce qu'il estime être son patrimoine héréditaire du Daghestan, de Kouba et de Saliyan. Il s'était emparé également de Derbent en 1766, du khanat de Chirvan (1767) et contrôlait le khanat de Bakou (1768-1772).
Fath Ali tente d'étendre son influence au-delà du Chirvan ; en 1778, il dépêche 9 000 hommes au Gilan pour restaurer Hidayat Khan, chassé par les Qadjars. En 1788, il se saisit d'Ardabil où les « Chahsevan »[4] reconnaissent son autorité pendant que les khanats du Karabagh et de Tabriz recherchent son alliance. Fath Ali est finalement repoussé dans ses domaines par Agha Mohammad Shah lorsqu'il meurt de maladie en 1789[5].
Après le bref règne de son frère aîné, Sheik Ali Agha monte sur le trône en 1791. Le khanat de Kouba est une première fois occupé par les Russes pendant l'expédition russe en Perse de 1796. Le général Valérien Zoubov capture le khan et sa famille et donne Derbent conjointement à son frère Hassan et à sa sœur Peri Djahan Khanun. Sheik Ali réussit à s'échapper. L'arrivée au pouvoir de Paul Ier de Russie entraîne le retrait des troupes russes et le khan recouvre Derbent après la mort d'Hassan[6].
En 1801, les khans du Caucase du Sud envoient une délégation au nouveau tsar Alexandre Ier pour faire des propositions de paix. Mais à la suite d'une nouvelle expédition en 1806, Sheik Ali Agha doit accepter la suzeraineté russe, qui entraîne l'annexion de Derbent, avant d'être déposé en 1808 pour sa compromission dans le meurtre du général Paul Tsitsianov. Il est remplacé par des obligés du pouvoir russe. La situation est confirmée par le traité de Golestan de 1813. Bien que l'ancien khan crée des troubles jusqu'à sa mort en 1811, Kouba est définitivement annexée en 1816.
Khans de Kouba
- Avant 1700 : Husayn Khan ;
- avant 1721 : Sultan Ahmad Khan, son fils ;
- 1722-1758 : Husayn Ali Khan, son fils ;
- 1758-1789 : Fath Ali Khan, son fils ;
- 1789-1791 : Ahmad Khan, son fils ;
- 1791-1808 : Sheik Ali Agha, son frère mort en 1811 ;
- 1809-1810 : Mirza Muhammad II, khan de Bakou (1783-1791 et 1797-1801) ;
- 1810-1816 : Hasan Khan.
Notes et références
- Firouzeh Mostashari. On the religious frontier: Tsarist Russia and Islam in the Caucasus. I.B. Tauris; New York, 2006. (ISBN 1-85043-771-8).
The Caucasian Campaigns and the Azerbaijani Khanates The success of the Russian campaigns in annexing the Transcaucasian territories was not solely due to the resolve of the generals and their troops, or even their superiority over the Persian military. The independent khanates, themselves, were disintegrating from within, helplessly weakening one another with their internal rivalries.
- (en) M. Th. Houtsma, E.J. Brill's first encyclopedia of Islam, 1913-1936, p. 1088.
- (en) Rudi Matthee, Persia in Crisis: Safavid Decline and the Fall of Isfahan, I. B. Tauris & Co, Londres et New-York, 2012 (ISBN 9781845117450).
- Littéralement les « amis du Chah », des clans turcomans originaires d'Anatolie qui s'étaient installés dans le nord-ouest de l'Iran lors de l'accession au trône des Séfévides.
- Antoine Constant, L’Azerbaïdjan, Karthala, 2002 (ISBN 2845861443), p. 164-167.
- Eyriès A. de Humboldt, Larenaudière, Aug. de Saint-Hilaire..., Nouvelles annales des voyages et des sciences géographiques, Librairie de Gide, Paris, 1839, p. 300-301.
Bibliographie
- Antoine Constant, L’Azerbaïdjan, Karthala, 2002 (ISBN 2845861443).
- (en) Firouzeh Mostashari, On the religious frontier: Tsarist Russia and Islam in the Caucassus, I. B. Tauris, 2006 (ISBN 1850437718).
- (en) Richard Tapper, Frontier nomads of Iran: A political and social history of the Shahsevan, Cambridge University Press, 1997 (ISBN 0521583365).
- Eyriès A. de Humboldt, Larenaudière, Aug. de Saint-Hilaire..., Nouvelles annales des voyages et des sciences géographiques, Librairie de Gide, Paris, 1839, p. 300-301.