Kapò
Kapò est un film dramatique de guerre franco-yougoslavo-italien réalisé par Gillo Pontecorvo et sorti en 1960.
Titre original | Kapò |
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RĂ©alisation | Gillo Pontecorvo |
Scénario |
Gillo Pontecorvo Franco Solinas |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Vides Cinematografica Cineriz Francinex Lovcen Film |
Pays de production |
Italie France Yougoslavie |
Genre | Drame |
Durée | 112 minutes |
Sortie | 1960 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
Après avoir été déportée en Allemagne, Edith est la seule survivante de sa famille juive. Avec l’aide d’amis, elle change d’identité et se retrouve parmi les détenus de droit commun. D’abord indifférente à la souffrance qu’endurent les autres, elle se soumet à la loi du camp et devient kapo (gardienne auxiliaire). L’arrivée de Sacha, un prisonnier russe, va peu à peu changer sa vision des choses l’emmenant jusqu’au sacrifice...
Fiche technique
- Titre original : Kapò
- Réalisation : Gillo Pontecorvo, assisté de Giuliano Montaldo
- Scénario : Gillo Pontecorvo et Franco Solinas
- Production : Moris Ergas et Franco Cristaldi
- Musique : Carlo Rustichelli
- Photographie : Aleksandar Sekulovic, assisté de Goffredo Bellisario et Marcello Gatti (cadreurs) format 1,66:1
- Directeur artistique : Piero Gherardi
- DĂ©cors : Aleksandar Milovic
- Montage : Roberto Cinquini
- Sociétés de production : Vides Cinematografica, Cineriz, Francinex, Lovcen Film
- Pays d'origine : Italie - France - Yougoslavie
- Langue : italien
- Genre : Drame, guerre
- Durée : 112 minutes
- Dates de sortie :
- Italie : (Mostra de Venise 1960) ; (sortie nationale)
- Yougoslavie :
- France :
Distribution
- Susan Strasberg : (VF: Martine Sarcey) Edith/Nicole
- Laurent Terzieff : (VF: Lui-mĂŞme) Sasha
- Emmanuelle Riva : (VF:Elle-mĂŞme) Terese
- Didi Perego : Sofia
- Gianni Garko: Karl
- Paola Pitagora
- Graziella Galvani : Isabelle
Accueil critique
Gillo Pontecorvo souhaitait, à travers le personnage d'Edith/Nicole, brosser le portrait sans fard d'un héros négatif, englué, par manque de courage et de dignité, dans la plus abjecte trahison. Or, les producteurs ont exigé qu'une intrigue sentimentale soit nouée entre Sasha, le prisonnier russe, et Nicole, jusqu'ici promise au rôle de kapo insoutenable. Celle-ci se rachetait, à la fin, en se sacrifiant.
Pour Freddy Buache, un tel dénouement ne « gâche pas seulement la dernière partie de l'œuvre, il en altère l'ensemble par récurrence. » Pourtant, concède-t-il,
« la reconstitution minutieuse de l'action (les portes des wagons tirées devant des groupes de déportés qu'on jette en troupeau sur la plaine boueuse, les appels dans le matin glacé, les projecteurs des miradors balayant la nuit, les réseaux de barbelés électrifiés, les travaux forcés, les douleurs, le désespoir) servie par une mise en scène rigoureuse et une photographie qui possède la sécheresse des actualités, confère à Kapo, par instants, l'hallucinante grandeur tragique de Nuit et brouillard ou de La Dernière Étape[1]. »
Le travelling de Kapò
Dans le numéro 120 des Cahiers du cinéma (), Jacques Rivette critiqua le film en des termes particulièrement durs. Dans son article, intitulé De l’abjection, il écrit :
« Dans Kapo, le plan où Emmanuelle Riva se suicide, en se jetant sur les barbelés électrifiés : l’homme qui décide, à ce moment-là , de faire un travelling avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée, en prenant soin d’inscrire exactement la main levée dans un angle de son cadrage final, cet homme-là n'a droit qu'au plus profond mépris. »
Cette affaire du « travelling de Kapò » fera date dans l'histoire de la critique française sur le rapport entre critique et morale[2] - [3].
Réaction des anciennes déportées de Ravensbrück
Lors de la sortie du film, l'Amicale de Ravensbrück réagit, sous la plume d'Angèle Romey (matricule 38.801) et de Madeleine Martin-Roussel (matricule 42.256) :
« L'Amicale de Ravensbrück qui groupe des femmes de toutes tendances, rescapées de ce camp, est résolument contre la projection de ce film s'il n'est pas, au préalable, largement commenté, c'est-à -dire si le public n'a pas été informé de la composition de la population des camps (patriotes, mais aussi “droits communs”, voleur, criminels, trafiquants de toutes sortes et invertis), et de l'administration des camps : utilisation de droits communs et invertis comme auxiliaires des SS pour torturer et hâter la mort des patriotes, récompensés de leur empressement à accomplir cette tâche odieuse par une nourriture copieuse, l'oisiveté totale, des chambres confortables que les patriotes n'ont jamais enviées.
La déportation ce n'est pas une fille qui veut vivre à n'importe quel prix. La déportation c'est la faim, les coups, la torture, le travail forcé, les “expériences” de médecins criminels, la mort… Mais la déportation c'est aussi l'union des patriotes pour ne pas succomber à l'avilissement moral recherché par les SS grâce aux “droits communs”, c'est la dignité face à la pègre ; c'est l'encadrement des jeunes et des faibles pour faire reculer la mort ; c'est le sabotage dans les usines ; c'est la solidarité et la fraternité ; c'est la plus grande leçon humaine qui ait été donnée au monde […]. Kapo, film commercial, ne répond pas à notre attente malgré ses belles images des camps, malgré le jeu de ses acteurs, et nous ne pouvons pas le cautionner.
Patriotes rescapées de Ravensbrück, nous ne voulons pas qu'à la faveur de ce film se crée dans l'esprit d'un public non averti, une analogie quelconque entre les patriotes qui en pleine conscience ont donné leur vie pour leur pays, et les “droits communs” qui ont acheté leur vie à n'importe quel prix, même en servant de bêtes à plaisir à nos tortionnaires. Nous ne voulons pas que, sortant de ce spectacle, des ignorants, des incrédules ou des inconscients disent à nos enfants comme cela s'est déjà produit plusieurs fois à Paris : “Qu'est-ce que ta mère a bien pu faire pour en sortir ?”[4] »
RĂ©compenses et distinctions
- Nommé à l’Oscar du meilleur film étranger en 1961
Notes et références
- In : Le Cinéma italien 1945-1990, éditions L'Âge d'Homme, Lausanne.
- Serge Daney, « Le travelling de Kapo », sur pileface.com, (consulté le ).
- Jean-Baptiste Thoret, « Sur la place de la critique », sur sedition-revue.fr,
- Lettre publiée dans le journal L'Action républicaine en novembre 1961 après la diffusion du film à Dreux, titre de l'article : « Après la projection du film “Kapo”, l'Amicale de Ravensbrück nous écrit… ».
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- Cinémathèque québécoise
- (en) AllMovie
- (en) American Film Institute
- (it) Cinematografo.it
- (pl) Filmweb.pl
- (en) IMDb
- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database