Kamrup (région)
Kamrup est une région historique et contemporaine de l'Inde, située entre deux fleuves, le Manas et le Barnadi dans l'Assam occidental. Il a la même étendue territoriale que le « district indivisé de Kamrup » colonial et post-colonial[1] - [2]. C'était la région capitale de deux des trois dynasties de Kamarupa et Guwahati; le centre politique actuel de l'Assam y est situé (avec sa capitale politique . Il se caractérise par une culture assez distinct du reste du pays[3].
Étymologie
L'origine du nom est à trouver dans une légende du Kalika Purana qui mentionne que c'est dans cette région que la divinité Kamadeva retrouva sa forme[4].
Le Kamrup « antique » (350-1140)
L'histoire de la région de Kamrup remonte au IVe siècle sous le royaume de Kamarupa. Ce royaume connut successivement trois dynasties: les Varman, les Mlechchha (Mech) et les Pala.
Parmi celles-ci, les capitales de la dynastie Varman et de la dynastie Pala, appelées respectivement Pragjyotishpura et Durjaya, se trouvaient à Kamrup, tandis que la capitale de la dynastie Mlechchha était à Tezpur en dehors de la région de Kamrup.
Les prasasti d'Allahabad (IVe siècle) de Samudragupta mentionnent Kamarupa ainsi que Davaka (à présent dans le district de Nagaon au centre de l'Assam) et il est présumé qu'un roi ultérieur du Kamarupa ait aussi absorbé Davaka[5].
Bien que le royaume soit connu sous le nom de Kamarupa, les rois se faisaient appeler les chefs de Pragjyotisha (Pragjyotishadhipati), et non Kamarupadhipati[6].
Vaidydeva, un souverain du XIe siècle, désigna Kamarupa en tant que mandala dans le Pragjyotisha bhukti[7]. Selon Sircar, le mandala de Kamarupa est conforme au Kamrup indivisé des temps modernes[8].
Kamrup médiéval
Kamata (1250-1581)
La région de Kamarupa perdit rapidement son pouvoir politique centralisé. Sandhya, un souverain du XIIIe siècle dans le Kamarupanagara, déplaça sa capitale dans l'actuel nord-Bengale et son nouveau royaume s'appela Kamata[9] (ou Kamata-Kamrup[10]). Bien que Kamata ait inclus Koch Bihar, Darrang, les districts de Kamrup et le nord de Mymensingh en général[11], son contrôle sur la région de Kamrup était plutôt lointain[12]. À l'extrême est de l'ancien royaume de Kamarupa, les royaumes Chutiya, Kachari et Ahom ont émergé, les Baro-Bhuyans de Kamrup, Nagaon, Lakhimpur et Darrang servant de tampon entre ces royaumes à l'est et le royaume de Kamata à l'ouest[13] .
Koch Hajo (1581-1612)
Au début du XVIe siècle, Viswa Singha combla un vide laissé par la destruction de la dynastie Khen de Kamata et consolida sa domination sur les chefs Baro-Bhuyan qui régnaient alors sur la région de Kamrup.
Puis vint l'époque de Naranarayana; en ce temps, le royaume étendit son règne entre les rivières Karatoya et Bhareli. Même si les rois de Koch se firent appeler Kamateshwars (seigneurs de Kamata)[14], leur royaume était appelé le « royaume de Koch » et non « de Kamrup ».
En 1581, le royaume de Kamata fut divisé par Raghudev qui prit le contrôle de la partie est de la rivière Sankosh, jusqu'à la rivière Bharali[15] sur la rive nord; et à l'est du Brahmapoutre dans l'actuel Bangladesh. Le royaume de Raghudev fut appelé Koch Hajo dans les chroniques musulmanes et Kamrup dans les documents d' Ekasarana[16].
Alors que les Moghols établirent le règne du Bengale Subah à Dhaka, Koch Bihar conclut une alliance avec eux contre Parikshitnarayana, le fils et successeur de Raghudev. Les Moghols poussèrent vers l'est, chassèrent Parikshit du pouvoir et consolidèrent leur assise jusqu'à la frontière orientale de Kamrup en 1615 (jusqu'à la rivière Barnadi). Bien que les Moghols aient poussé plus à l'est, ils entrèrent en conflit militaire direct avec le royaume d'Ahom et arrétèrent leur frontière à la rivière Barnadi, à la suite du traité d'Asurar Ali en 1639.
Sarkar Kamrup (1612-1682)
Les Moghols établirent quatre sarkars dans ces terres nouvellement acquises – parmi lesquels Dhekeri (entre Sankosh et Manas) et Kamrup (entre Manas et Barnadi)[17]. Kamrup fut également rebaptisée Shujabad, d'après Shah Shuja, le Subahdar du Bengale. Il y avait un certain nombre de dirigeants musulmans de Kamrup au cours de cette période et ils étaient appelés les Faujdars de Shujabad[18]. Le sixième faujdar, Lutfullah Shirazi construisit une mosquée au sommet d'une colline à Koch Hajo en 1657. La mosquée contenait le mazar (mausolée) du prince Ghiyath ad-Din Awliya d'Irak, qui est connu pour avoir introduit l'islam dans la région[19]. Après une « brève » dynastie, les Moghols perdirent Kamrup pour toujours dès 1682 après la bataille d'Itakhuli. Quelques noms de « Faujdars » (gouvernants) de Guwahati:
- Makram Khan (1612-1614)
- Mir Soufi (1614-1616)
- Cheikh Kamal (1616-1632)
- Abd as-Salam (1632-1638)
- Noorullah (1638-1656)
- Lutfullah Shirazi (1656-1658)
Domaine de Borphukan (1682-1820)
Après la bataille d'Itakhuli (1682), le royaume d'Ahom dirigea le Kamrup; Guwahati devint sa capitale.
La région continua de s'appeler Kamrup et ses limites orientales et occidentales étaient identiques à celles du district britannique ultérieur du même nom[20].
Le prince Koch qui supervisait Darrang relevait également du Borphukan. Les Ahoms n'imposèrent pas complètement leur système administratif à Kamrup, et le système basé sur le pargana qui en résultat était un système mixte Mughal-Ahom, contrairement au système Paik à l'est du royaume[21].
Kamrup coloniale (1833-1947)
La région passe sous contrôle birman en 1822. Les Britanniques, contrôlant la région à l'ouest de la rivière Manas depuis le transfert du Bengale en 1765, entrèrent dans Guwahati le 28 mars 1824 au début de la première guerre anglo-birmane et établirent un contrôle administratif en octobre de la même année[22].
Le district de Kamrup que les Britanniques constituèrent en 1833/1836 était en grande partie conforme à la région moghol Sarkar Kamrup, de 1639[23].
Kamrup moderne
Après l'indépendance de l'Inde en 1947, le district de Kamrup conserva sa forme historique. Le district fut divisé, à partir de 1983, et le district originel est souvent appelé « district indivisé de Kamrup ».
Le Kamapitha, Sarkar Kamrup de 1639 et le district indivisé de Kamrup des périodes coloniale et indépendante est aujourd'hui défini comme un seul et unique Kamrup.
Voir aussi
- Kamrup
- Kamrupi
- Dewangiri
- Géographie de l'Assam
Références
- Pratap Chandra Choudhury, The history of civilisation of the people of Assam to the twelfth century, Page 448, 1959 The Kamapitha of the Tantras was no other than Kamarupa and Kamakhya.
- "These theoretical divisions are not known from the early epigraphic records and may have been fabricated in the late medieval period." (Sircar 1990, p. 68)
- Upendranath Goswami (1970), A Study on Kāmrūpī: A Dialect of Assamese
- Hemanta Kumar Sarma (1992), Socio-Religious Life of the Assamese Hindus: A Study of the Fasts and Festivals of Kamrup District, p.4, p.p.262, Daya Publishing House
- "It is presumed that (Kalyana Varman) conquered Davaka, incorporating it within the kingdom of Kamarupa" (Puri 1968, p. 11)
- "The name Kamarupa does not appear in local grants where Pragjyotisha alone figures with the local rulers called Pragjyotishadhipati." (Puri 1968, p. 3)
- (Puri 1968, p. 3)
- (Sircar 1990, p. 70)
- "Hema Saraswati in his Prahrada-carit says that Durlabhanarayan was the unequaled king of Kamata-mandala" (Neog 1990, p. 40)
- (Gogoi 2002, p. 17)
- (Sarkar 1992, p. 44)
- "The invasion of Mughisuddin, though abortive, had shaken the Kamarupa kingdom. It was reorganized as a new state. 'Kamata' by name with Kamatapur as capital. The exact time when the change was made is uncertain. But possibly it had been made by Sandhya (c1250-1270) as a safeguard against mounting dangers from the east and the west. Its control over the eastern regions beyond the Manah (Manas river) was lax." (Sarkar 1992, p. 40–41)
- (Sircar 1990, p. 171)
- (Nath 1989)
- Though Chilarai and Naranarayana established control up to Subansiri river via the Treaty of Majuli, the Sukhaamphaa recovered control between Bhareli and Subansiri soon after.
- "The eastern division (of the Koch kingdom) was known as 'Kamrup' in the local sources and as 'Koch Hajo' in the Persian chronicles." (Nath 1989, p. 86)
- (Gogoi 2002, p. 99)
- Rajmohan Nath, The back-ground of Assamese culture, A. K. Nath, (lire en ligne), « Appendix », 3
- Māmaṇi Raẏachama Goswami, An Unfinished Autobiography, , « Down Memory Lane », p. 67
- "Camroop (Kamrup), on the west, or towards Bengal, is bounded by the Manaha river (Manas river); on the north by Raotan, on the east by Bushnudeee (Barnadi river) which separates it from Dehrungh (Darrang) and on the south by Berhampooter (Brahmaputra river)", Wade, Dr John Peter, (1805) "A Geographical Sketch of Assam" in Asiatic Annual Register, reprinted (Sharma 1972)
- (Gogoi 2002, p. 98)
- (Bannerjee 1992, p. 5–6)
- (Banerjee 1992, p. 53–54)