Kalabchah
Kalabchah (en arabe كلابشة, translittéré Kalabsha en anglais, Kalabscha en allemand), dont le nom grec ancien est Talmis, est un village de Nubie, en Égypte, aujourd'hui submergé par les eaux du lac Nasser. Ce lieu se trouvait à environ 50 km au sud d'Assouan, à une altitude de 195 mètres.
Kalabchah Ville d'Égypte antique | |
Ancien site de Kalabchah | |
Noms | |
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Nom grec | Talmis |
Administration | |
Pays | Égypte |
Région | Haute-Égypte |
Géographie | |
Coordonnées | 23° 36′ 00″ nord, 32° 49′ 00″ est |
Localisation | |
Le site est connu pour son aire sacrée, dont l'élément principal est le temple de Mandoulis, connu également sous le nom de temple de Kalabchah, d'époque romaine, construit par Auguste.
Après la construction du haut barrage d'Assouan de 1961 à 1963, le temple et quelques autres monuments de Kalabchah ont été reconstitués sur un nouveau site plus en hauteur.
Histoire
Le lieu a connu son apogée en tant que centre de pouvoir local après l'introduction du christianisme, au VIe siècle. Pour se défendre contre les raids nomades, il était entouré d'un mur similaire à celui qui avait été construit quelques siècles plus tôt à Faras et à l'époque chrétienne à Ikhmindi, Sabagura et Cheik Daoud. Les montants de portes inclinés étaient caractéristiques des défenses nubiennes[1].
Archéologie
Temple de Kalabchah (temple de Mandoulis)
Le temple de Kalabchah, dédié au dieu nubien Mandoulis et à la déesse Isis de Philæ, était entièrement construit en grès. Le bâtiment, de 77 m de long, était entouré d'un mur de briques de 15 mètres de haut, mesurant 66 × 92 m.
Ptolémée VIII avait remplacé un sanctuaire de la XVIIIe dynastie par un autre petit temple, qui fut lui-même remplacé par un plus grand complexe sous Auguste. Cependant, les inscriptions et les décorations du temple sont restées inachevées. À l'époque chrétienne, certaines parties du complexe ont été converties en église, comme l'atteste un ensemble d'inscriptions relevées par Henri Gauthier en 1908[2].
Lors de la construction du barrage d'Assouan de 1961 à 1963, le temple de Kalabchah a été démonté en 13 000 blocs sous la direction allemande et reconstruit sur un îlot un peu au sud, visible depuis le haut barrage d'Assouan. Les vestiges du temple précédent, construit sous Ptolémée VIII, ont été réassemblés sur l'île Éléphantine. Une porte plus ancienne, utilisée comme matériau de remplissage, a également trouvée dans les fondations : elle a été donnée par l'Égypte à la République fédérale d'Allemagne en remerciement pour son aide dans le cadre de la campagne de l'UNESCO pour sauver les antiquités nubiennes et se trouve au Musée égyptien de Berlin depuis 1973. Son déménagement est prévu dans la nouvelle aile du musée de Pergame. Le kiosque de Kertassi a été reconstruit dans les environs immédiats.
Le temple est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1979[3].
- Reliefs du corridor
- Entrée du temple de Kalabchah
- Reliefs à l'intérieur du temple
Temple de Gerf Hussein
Le temple de Gerf Hussein, connu à l'origine sous le nom de Per Ptah (« Maison de Ptah »), dédié à Ramsès II, a été construit par Sétaou, vice-roi de Nubie[4] - [5]. À l'origine, il était en partie bâti et en partie taillé dans la roche. Lors de la montée des eaux du lac Nasser, la partie bâtie a été démontée, puis reconstruite sur le nouveau site. Les éléments taillés dans la roche ont été laissés en place et se trouvent donc maintenant submergés.
- Temple de Gerf Hussein sur son site d'origine
- Partie taillée dans la roche
- Temple de Gerf Hussein transféré et reconstitué
- Statue de Ramsès II
Temple de Beit el-Wali
Le temple taillé dans la roche de Beit el-Wali a été déplacé par une équipe archéologique polonaise. Il est dédié à Ramsès II et aux dieux Amon, Khnoum et Anoukis[6]. Il était à l'origine décoré de peintures murales de couleurs vives, mais certaines d'entre elles ont été prélevées au XIXe siècle et sont maintenant exposées au British Museum.
- Beit el-Wali : entrée du temple taillé dans la roche
- Peinture murale : Ramsès II apporte des présents à Horus
- Pilier et murs décorés
Kiosque de Qertassi
Le kiosque de Qertassi est un minuscule kiosque romain doté de quatre minces colonnes papyriformes à l'intérieur et deux colonnes hathoriques à l'entrée[7]. C'est une structure petite, mais élégante, inachevée, mais probablement contemporaine du kiosque de Trajan à Philæ[8].
- Kiosque de Qertassi sur son site d'origine
- Colonnes, éléments architecturaux
- Kiosque de Qertassi
Notes et références
- Friedrich Wilhelm Deichmann, Peter Grossmann, Nubische Forschungen. Deutsches Archäologisches Institut. Mann, Berlin 1988, p. 89.
- Henri Gauthier, Le temple de Kalabchah, Les temples immergés de la Nubie, IFAO, Le Caire, 1911-1914.
- Nubian Monuments from Abu Simbel to Philae, UNESCO World Heritage Centre
- Tyldesley 2001, p. 167
- Oakes 2003, p. 203
- Arnold & Strudwick (2003), p. 29
- University of Chicago. « The Sitts go to sea: Egypt doesn't end at Aswan ». Chicago House Bulletin. Vol.7 No.2 (avril 15, 1996)
- Christine Hobson, Exploring the World of the Pharaohs: A complete guide to Ancient Egypt. Thames & Hudson, 1993 paperback, p. 185.
Bibliographie
- Dieter Arnold, Lexikon der ägyptischen Baukunst, Albatros, Düsseldorf, 2000, (ISBN 3-491-96001-0), p. 119.
- Dieter Arnold, Die Tempel von Kalabscha, Deutsches Archäologisches Institut, Abteilung Kairo (DAI), Le Caire, 1975.
- Henri Gauthier, Le temple de Kalabchah, Les temples immergés de la Nubie, en quatre fascicules, Imprimerie de l'institut français d'archéologie orientale, Le Caire, 1911-1914 (en ligne, fascicule 1 / fascicule 2 / fascicule 3 et 4 (planches)).
- Edwin Henfling, « Kalabscha », dans : Hans Wolfgang Helck, Lexikon der Ägyptologie, volume 3, Harrassowitz, Wiesbaden, 1983, (ISBN 3-447-02100-4), p. 295.
- Karl G. Siegler, Kalabsha. Architektur und Baugeschichte des Tempels, Mann, Berlin, 1980, (ISBN 3-7861-2062-5) (réimpression, Mayence, 1970).
- George R. Wright, Kalabsha. The Preserving of the Temple, Neuaufl. Mann, Berlin 1972, (ISBN 3-7861-2186-9).
- George R. Wright, The Ptolemaic Sanctuary of Kalabsha. Its Reconstruction on Elephantine Island, von Zabern, Mayence, 1987, (ISBN 3-8053-0892-2).
- Hanns Stock, Karl Georg Siegler, Kalabsha. Der größte Tempel Nubiens und das Abenteuer seiner Rettung, F. A. Brockhaus, Wiesbaden 1965.
- Max-Pol Fouchet, Nubie. Splendeur sauvée, La Guilde du Livre, Lausanne, 1965, p. 86.