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Kakasbos

Kakasbos (en grec ancien ΚαÎșασÎČÎżÏ‚, retrouvĂ© seulement sous la forme dative ΚαÎșασÎČω) est une divinitĂ© anatolienne antique. IdentifiĂ© Ă  HĂ©raclĂšs au plus tard au dĂ©but de l’époque impĂ©riale romaine, il a Ă©tĂ© exclusivement vĂ©nĂ©rĂ© dans le sud de l’Asie mineure, plus prĂ©cisĂ©ment en Lycie et en Pisidie. Dieu cavalier Ă  la massue, Kakasbos semble reliĂ© Ă  la protection contre les dangers sauvages, mais cela reste discutĂ© dans la communautĂ© historienne.

Mythologie

Le rĂ©cit mythologique entourant Kakasbos est malheureusement inconnu, car aucun texte rĂ©vĂ©lant cet aspect de son culte n’a Ă©tĂ© mis au jour jusqu’à maintenant. La probabilitĂ© d’une telle dĂ©couverte reste mince, car les Lyciens n’ont produit que trĂšs peu de textes (dans leur langue lycienne natale ou dans toute autre langue), et encore moins dont la teneur n’est pas administrative ou funĂ©raire. Par ailleurs, les Grecs et les Romains ne semblent s’ĂȘtre que peu intĂ©ressĂ©s aux cultes autochtones lyciens et pisidiens, car seul un nombre infime de textes font mention de telles divinitĂ©s (Maseis ou Tarchunt, par exemple).

Culte

Étendue

Le culte de Kakasbos Ă©tait circonscrit au sud de l’Asie mineure, en Lycie et en Pisidie. En effet, la quasi-totalitĂ© des traces laissĂ©es par son culte ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es dans une rĂ©gion situĂ©e entre les villes modernes de Fethiye (l’antique Telmessos) et Nebiler (Ă  une dizaine de kilomĂštres au sud-ouest de Korkuteli). Certaines des stĂšles qui lui sont dĂ©diĂ©es ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es dans d’autres citĂ©s d’Asie Mineure (Milet ou Halicarnasse, par exemple) ou Ă  Rhodes, mais il n’existe aucun doute quant Ă  leur origine lycienne ou pisidienne.

StÚle dédiée à Kakasbos, Musée de Fethiye, inv. 2.11.79.1481, IIIe-IVe siÚcle p.C., Calcaire

Traces

Kakasbos recevait un culte qui nous semble intimement reliĂ© Ă  celui d’HĂ©raclĂšs. Les traces laissĂ©es par la dĂ©votion au dieu anatolien sont, en effet, absolument Ă©quivalentes Ă  celles laissĂ©es par les fidĂšles d’HĂ©raclĂšs cavalier. Seule une inscription indiquant de maniĂšre explicite le nom de la divinitĂ© permet donc de distinguer de maniĂšre certaine Ă  qui un ex-voto spĂ©cifique Ă©tait dĂ©diĂ©[1].

PrĂšs de Yuvalak, Ă  proximitĂ© de Tefenni, un sanctuaire regroupant plusieurs dizaines de reliefs rupestres Ă  l’effigie de Kakasbos et d’HĂ©racles a Ă©tĂ© retrouvĂ©. Malheureusement, la plupart des sculptures sont fortement Ă©rodĂ©es, ce qui ne donne que peu d’élĂ©ment alimentant la comprĂ©hension du dieu, ou du site lui-mĂȘme. En outre, la dizaine d’inscriptions accompagnant certains reliefs a subi de lourds dĂ©gĂąts, qui ne laissent que quatre ou cinq messages lisibles, trop peu pour pouvoir mener une analyse solide.

D’autres sources sont cependant plus loquaces. 121 stĂšles ornĂ©es d’un relief et inscrites en grec ancien ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es dans le nord de la Lycie et dans le sud de la Pisidie. Les inscriptions, trĂšs courtes, sont de nature dĂ©dicatoire et adoptent, Ă  quelques variations prĂšs[2], la formule suivante : « Untel, fils d’untel, [a rempli] Ă  Kakasbos/HĂ©raclĂšs sa priĂšre. » Elles nous apprennent que les dĂ©dicaces sont faites majoritairement par des gens portant un nom grec, mais aussi par d’autres dont l’anthroponyme est indigĂšne (lycien ou pisidien). On retrouve de plus quelques noms latins, trop peu cependant pour conclure Ă  une rĂ©elle influence latine. Toutes les combinaisons, d’un cĂŽtĂ©, de l’origine du nom du dĂ©dicateur, et de l’autre, du dĂ©dicataire sont rencontrĂ©es; aucun clivage ethnique n’est donc apparent. Les reliefs, quant Ă  eux, sont assez bien conservĂ©s pour la plupart : certains dĂ©tails du visage de la divinitĂ©, de son Ă©quipement ou de sa monture apparaissent toujours.

Par ailleurs, d’autres stĂšles sans inscription, plus d’une centaine, ont Ă©galement Ă©tĂ© trouvĂ©es en Lycie-Pisidie. Elles offrent un complĂ©ment utile aux stĂšles inscrites, mais n’apportent pas d’élĂ©ment nouveau Ă  la comprĂ©hension.

Enfin, d’autres sources ont Ă©tĂ© reliĂ©es Ă  Kakasbos. Des monnaies arborant un dieu cavalier portant une arme qui s’apparente Ă  une massue ont Ă©tĂ© mises au jour, mais aucune n’identifie explicitement HĂ©raclĂšs ou Kakasbos. Le nom du dieu anatolien semble se trouver sur une gemme gnostique, mais l’inscription est unique et ne peut pas ĂȘtre reliĂ©e avec soliditĂ© Ă  Kakasbos. Enfin, des figurines de ce qui semble ĂȘtre un cavalier Ă  la massue non identifiĂ© ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es dans un temple, Ă  Sagalassos. Cependant, il a Ă©tĂ© maintes fois suggĂ©rĂ© qu’elles ne reprĂ©sentaient probablement pas Kakasbos, et que le temple n’était pas non plus dĂ©diĂ© au dieu cavalier micrasiatique.

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Notes et références

  1. MalgrĂ© ce qu’a avancĂ© I. Delemen, la nuditĂ© n’est pas absolument exclusive Ă  HĂ©raclĂšs. En effet, G.H.R. Horsley et M. Drouin ont identifiĂ© une stĂšle qui illustre un dieu cavalier Ă  la massue complĂštement dĂ©nudĂ©, mais qui est adressĂ©e Ă  Kakasbos, bien que le texte soit difficile Ă  lire.
  2. Les variations touchent essentiellement l’ordre des mots (qui n’importe que peu en grec ancien), l’ajout occasionnel de l’épithĂšte ΘΔω, « au dieu [K. ou H.] » (qui ne modifie en rien le message), et l’absence trĂšs ponctuelle de formule dĂ©dicatoire. Les stĂšles qui contiennent cette derniĂšre particularitĂ© ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es par G.H.R. Horsley comme pouvant ĂȘtre des Ă©pitaphes. Cependant, M. Drouin n’a pas trouvĂ© assez d’élĂ©ments corroborant cette hypothĂšse pour la considĂ©rer comme plausible.
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