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Kailasanatha de Kanchipuram

Le Kailasanatha est un temple hindouiste dédié à Shiva et réputé pour être le plus beau temple de la ville de Kanchipuram, au Tamil Nadu. Ce temple a été construit au début du VIIIe siècle à l'initiative du roi (Pallava) : Narasimhavarman II Rajasimha Pallava (700-728 env.), puis terminé sous le règne de son fils Mahendravarman II, mort au combat en 731 lors de l'attaque décisive menée par les dynasties des Ganga de l'Est (en) et Chalukya unis pour l'occasion. Ce temple est ainsi l'ultime témoin majeur de la puissance Pallava.

Kailasanatha de Kanchipuram
Au fond et à droite : chapelles de l'enceinte Ouest et Nord. À gauche les lions cabrés des chapelles rayonnantes autour du sanctuaire, face au Nord.
Autre nom
primitivement Rajasimheshvara
Divinité principale
Divinité secondaire
Époque de construction
début du VIIIe siècle
Constructeur
Narhasimhavarman II Rajasimha Pallava (700-728 env.)
Style
Localisation
État ou région
Ville
Coordonnées
12° 49′ 59″ N, 79° 43′ 01″ E
Carte

Ce temple dédié à Shiva fait une place exceptionnelle à la Déesse[1].

Avec un ensemble de sculptures sans précédent, ce temple est aussi le plus vaste de l'Inde au VIIIe siècle. La richesse exceptionnelle des représentations de divinités et des scènes de la mythologie indienne, sculptés dans le grès, en font l'un des lieux les plus visités en Inde du Sud. Les murs extérieurs sont recouverts de sculptures figuratives et d'ornements. Certaines parties sont recouvertes d'enduits récents, parfois dégradés. On distingue parfois des traces de peinture murale. Ce sont probablement des témoins de l'aspect ancien du temple. Mais les enduits récents ont pu faire disparaitre certains détails significatifs, des attributs en particulier, et ont dénaturé les formes en leur conférant un tout autre style. Les plus beaux groupes sculptés ont été dégagés de ces enduits et sont d'une qualité remarquable, souvent d'une exceptionnelle originalité.

Ce temple est par ailleurs le seul de la ville à avoir été épargné par les ajouts architecturaux plus récents. Situé à l'extérieur de la ville, son ambiance calme contraste fortement avec l'agitation de la foule du centre-ville.

Le temple et son programme iconographique

  • Le cĹ“ur du temple, tout d'abord : Dans ce temple de Shiva, la cella (petite pièce au centre de l'Ă©difice) renferme un beau lingam de pierre noire Ă  six pans : le sanctuaire est l'espace du dieu masculin. Ses murs extĂ©rieurs sont rythmĂ©s par des groupes de trois motifs (compositions tripartites) sculptĂ©s en haut-relief, certains panneaux en bas-relief, ou par des groupes impairs de motifs architecturaux. Les nombreuses formes du dieu apparaissent dans les baies ou sur les panneaux sculptĂ©s au centre des chapelles rayonnantes, sur les murs extĂ©rieurs du dĂ©ambulatoire du sanctuaire mais aussi dans les chapelles de l'enceinte.

Les chapelles de l'enceinte, qui reproduisent à une échelle réduite des édifices sacrés, se retrouvent à une échelle encore plus petite reproduites en tant qu'ornements dans les étages du vimana (la couverture du sanctuaire)[2].

  • Petit monument placĂ© devant le temple, le mandapa : Toutes les parties du mandapa sont, quant Ă  elles, dĂ©diĂ©es Ă  la DĂ©esse, sous la forme de nombreuses divinitĂ©s organisĂ©es par paires: Jyeshtha et Durga face au Nord, Parvati et Lakshmi face au Sud[3].
  • Partout, Ă  hauteur des yeux : Le motif du lion ou du monstre dressĂ© sur ses pattes arrière apparaĂ®t partout ce qui confère une grande unitĂ© Ă  cet espace infiniment fragmentĂ© en petites unitĂ©s juxtaposĂ©es.

Parcours visuel

  • L'ensemble
  • Face au Sud-Est. Au premier plan au centre : la première entrĂ©e, dans une rangĂ©e de chapelles tournĂ©es vers l'extĂ©rieur
    Face au Sud-Est. Au premier plan au centre : la première entrée, dans une rangée de chapelles tournées vers l'extérieur
  • Vue d'angle : l'entrĂ©e, le petit temple dans la seconde entrĂ©e construit par Mahendravarman II, fils de Narhasimhavarman II qui a rĂ©gnĂ© avec son père. Au fond le vimana du temple principal
    Vue d'angle : l'entrée, le petit temple dans la seconde entrée construit par Mahendravarman II, fils de Narhasimhavarman II qui a régné avec son père. Au fond le vimana du temple principal
  • Le petit temple, sanctuaire de Mahendravarman II
    Le petit temple, sanctuaire de Mahendravarman II
  • Vue gĂ©nĂ©rale sur l'enceinte extĂ©rieure en direction du vimana
    Vue générale sur l'enceinte extérieure en direction du vimana
  • Depuis la cour, le mandapa isolĂ©, rattachĂ© tardivement au temple par une autre salle. Angle : lion et porteuse de chasse-mouches, gardien. Grès couvert d'un enduit blanc, tardif
    Depuis la cour, le mandapa isolé, rattaché tardivement au temple par une autre salle[4]. Angle : lion et porteuse de chasse-mouches[5], gardien. Grès couvert d'un enduit blanc, tardif
  • Le lingam dans la cella au centre du sanctuaire. Au fond: Somaskanda : Shiva, accompagnĂ© de la DĂ©esse et de son fils, Skanda : une allĂ©gorie de la famille royale
    Le lingam dans la cella au centre du sanctuaire. Au fond: Somaskanda : Shiva, accompagné de la Déesse et de son fils, Skanda : une allégorie de la famille royale[6]
  • Le sanctuaire principal. Les chapelles
  • Mur sud de la chapelle centrale, face Sud. Dakshinamurti, Shiva maĂ®tre de la science vĂ©dique, sous le figuier des banians qui pousse sur le mont Kailash
    Mur sud de la chapelle centrale, face Sud. Dakshinamurti, Shiva maître de la science védique, sous le figuier des banians qui pousse sur le mont Kailash[N 1]
  • Mur ouest de la chapelle centrale, face Sud. Harihara, Vishnu-Shiva, dans la pose, exceptionnelle voire unique pour Harihara, dite lalitasana
    Mur ouest de la chapelle centrale, face Sud. Harihara, Vishnu-Shiva, dans la pose, exceptionnelle voire unique pour Harihara, dite lalitasana[7]
  • Mur Sud, angle Sud-Ouest. Bhikshatana : Shiva en moine mendiant, en marche, les cheveux dĂ©nouĂ©s. Petit relief situĂ© au-dessus : la danse de Shiva, vṛścika. Lions dressĂ©s.
    Mur Sud, angle Sud-Ouest. Bhikshatana : Shiva en moine mendiant, en marche, les cheveux dénoués. Petit relief situé au-dessus : la danse de Shiva, vṛścika. Lions dressés[8].
  • Mur Nord, Ă  d.. Panneau central: Shiva en posture de combat, Brahma lui sert de cocher. Ă€ g.: Kali (forme la plus redoutable de la DĂ©esse) assise, cheveux dĂ©nouĂ©s. Ă€ d.: Durga, dĂ©esse vierge et redoutable, en avant-garde de Shiva.
    Mur Nord, à d.. Panneau central: Shiva en posture de combat, Brahma lui sert de cocher. À g.: Kali (forme la plus redoutable de la Déesse) assise, cheveux dénoués[9]. À d.: Durga, déesse vierge et redoutable, en avant-garde de Shiva[10].
  • Mur Nord Ă  g.. Jyeshtha ou Alakshmi (antithèse de Lakshmi, elle est redoutable et abandonnĂ©e par son mari), Ă  la gauche de Durga et le lion
    Mur Nord à g.. Jyeshtha[11] ou Alakshmi (antithèse de Lakshmi, elle est redoutable et abandonnée par son mari), à la gauche de Durga et le lion
  • Mur Nord Ă  g. panneau central . Durga et le lion (une forme redoutable de la DĂ©esse).
    Mur Nord Ă  g. panneau central . Durga et le lion (une forme redoutable de la DĂ©esse)[10].
  • DĂ©tail : Trois femmes en adoration devant Shiva
    DĂ©tail : Trois femmes en adoration devant Shiva
  • L'enceinte, vue depuis la cour : petits temples (chapelles) :
  • CĂ´tĂ© Sud, face au Nord. Durga Ă  huit bras, et le lion. 2e chapelle en partant de l'Est, très proche de l'entrĂ©e. Traces de peinture et enduit tardifs
    Côté Sud, face au Nord. Durga à huit bras, et le lion. 2e chapelle en partant de l'Est, très proche de l'entrée[10]. Traces de peinture et enduit tardifs
  • CĂ´tĂ© sud de l'enceinte, proche de l'entrĂ©e. Vishnu Narasimha affronte et domine le dĂ©mon Hiranyakashipu
    Côté sud de l'enceinte, proche de l'entrée. Vishnu Narasimha affronte et domine le démon Hiranyakashipu[12]
  • CĂ´tĂ© Sud, Face exposĂ©e au Nord, partie centrale de la première partie du parcours. Combat d'Arjuna et de Shiva
    Côté Sud, Face exposée au Nord, partie centrale de la première partie du parcours. Combat d'Arjuna et de Shiva
  • CĂ´tĂ© Nord, face exposĂ©e au Sud, de g. Ă  d. : Somaskanda, Bahairava, Bhikshatana, Ravana et Nandin joignant les mains devant le lingam. Fin du parcours Nord
    Côté Nord, face exposée au Sud, de g. à d. : Somaskanda, Bahairava, Bhikshatana, Ravana et Nandin joignant les mains devant le lingam. Fin du parcours Nord

Bibliographie

  • Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article Marilia Albanese (trad. de l'italien par Étienne Schelstraete et Marie-Paule Duverne), L'Inde ancienne, Paris, GrĂĽnd, , 295 p. (ISBN 2-7000-2155-X) : pp. 270-271, plan orientĂ©[13].
  • Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article Louis FrĂ©dĂ©ric, L'art de l'Inde et de l'Asie du Sud-Est, Paris, Flammarion, Tout l'art, , 479 p. (ISBN 2-08-012252-5) : p. 102.
  • Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article Anne-Marie Loth, Art de l'Inde : DiversitĂ© et spiritualitĂ© : 1. Des origines Ă  la fin du VIIIe siècle, Bruxelles ; Paris, Chapitre Douze,, , 448 p. (ISBN 2-915345-02-3) : pp. 185-189, plan.
  • Édith Parlier-Renault, dir., L'art indien : Inde, Sri Lanka, NĂ©pal, Asie du Sud-Est, Paris, PUPS : Presses de l'UniversitĂ© Paris-Sorbonne, , 419 p. (ISBN 978-2-84050-702-4) : p. 130
  • Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article Édith Parlier-Renault, Temples de l'Inde mĂ©ridionale (VIe – VIIIe siècles) : La mise en scène des mythes, Paris, PUPS (Presses de l'UniversitĂ© Paris-Sorbonne), , 413 p. (ISBN 978-2-84050-464-1, lire en ligne) : pp. 141-220, plans orientĂ©s dĂ©taillĂ©s pp. 144-147, glossaire.

Notes

  1. Édith Parlier-Renault 2006, p. 180-187 : Le mont Kailash ou Kailasa : Cette montagne de l'Himalaya, demeure de Shiva, est dans ce mythe le refuge de Shiva au moment de l'épreuve de la séparation amoureuse, séparation d'avec Sati, avant son remariage avec la réincarnation de Sita, Parvati. Il y apparaît en maître de la connaissance védique, ascète et attaché à son enseignement dans ce qu'il est convenu de considérer comme le séjour des ascètes et des yogin. Mais Édith Parlier-Renault, relisant les textes, montre que l'on trouve aussi au Kailash les nymphes célestes et tous les plaisirs. Or si l'arbre, dans le texte, ne porte pas de nid, sur ce panneau de Kanchipuram on peut y voir deux perroquets. Oiseau favori de Kâma (divinité hindoue du désir amoureux) le perroquet est aussi un des attributs de la déesse Durga, Parvati. Cet oiseau est d'essence féminine dans la mythologie indienne, peut être parce qu'il est particulièrement loquace. Ainsi serait, peut-être, évoquée la présence invisible de Kama, l'amour, et l'absence de la déesse et de sa voix, dans les pensées de Shiva ? Notons aussi que la figure de Dakshinamurti est adossée à la chapelle où sont représentés Shiva et la déesse Parvati.

Références

  1. Édith Parlier-Renault 2006, p. 142 et suivantes.
  2. Louis Frédéric 1994, p. 102
  3. Édith Parlier-Renault 2006, p. 146.
  4. Anne-Marie Loth 2006, p. 186
  5. Marilia Albanese 2001, p. 271
  6. Dagens et Barazet-Billoret, 2000 : introduction au Rauravagama. Cité par Édith Parlier-Renault 2006, p. 163.
  7. Édith Parlier-Renault 2006, p. 157 et 162 sq..
  8. Édith Parlier-Renault 2006, p. 147 et 157.
  9. Édith Parlier-Renault 2006, p. 152 et 187.
  10. Édith Parlier-Renault 2006, p. 150.
  11. Une figure du Linga Purana : Édith Parlier-Renault 2006, p. 151.
  12. Édith Parlier-Renault 2006, p. 203-204 (et p. 402 : glossaire).
  13. Orientation correspondant exactement avec Parlier-Renault 2006, p. 144-145.

Voir aussi

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