Kai Vittrup
Kai Vittrup, né le à Struer (Danemark), est un haut fonctionnaire de police européen de nationalité danoise.
Il a dirigé plusieurs opérations internationales de police sous mandat des Nations unies et a conduit la mission EUPOL Afghanistan de l'Union européenne.
Formation et vie privée
Kai Vittrup a étudié à l'Académie nationale de Police danoise entre 1968 et 1972 et entre 1982 et 1984. Il est diplômé de la FBI Academy et de la NATO School. Il parle danois et anglais[1].
Il est marié à Regitze Vittrup, avec laquelle il a eu une fille, Ann-Charlotte, née en 1963[2].
Fonctions de police au Danemark
Kai Vittrup entre dans la police danoise en 1965 à Copenhague, où il reste trois ans. Il travaille ensuite au sein de la police de Aarhus (1968-1978), de Ringkøbing (1978-1982), de Vejle (1982-1986) puis de Gladsaxe (1986-1988)[2]
En 1988, il dirige le corps antiterroriste.
En 1992, il devient chef de la police de Aalborg.
En 1996, il devient chef de la police de Copenhague.
Missions de police pour les Nations unies
Irak (2003-2004)
Entre août 2003 et février 2004, Kai Vittrup dirige les forces de police danoises en Irak, qui doivent aider à bâtir une police irakienne.
En 2010, le site internet WikiLeaks publie des documents confidentiels révélant que de nombreux actes de torture ont été commis sur des prisonniers irakiens à cette époque. Kai Vittrup déclare à la presse :
« Dès le début de la mission, il était bien connu que la police irakienne avait de grandes difficultés à respecter les droits de l'homme. Cela n'a rien d'étrange ni de surprenant. (...)
Il faut se rappeler d'où venaient les policiers irakiens. Ils avaient vécu sous le règne de la terreur de Saddam Hussein pendant des décennies. Ils sont venus d'un monde de violence et de terreur, et cela ne pouvait pas changer d'un jour à l'autre. À l'automne 2003, la guerre en Irak venait de se terminer. Saddam Hussein venait de tomber et c'était le chaos. Il serait naïf de croire que la police irakienne serait soudainement capable de respecter les droits de l'homme.
Il y avait de nouveaux agents, mais la majorité ont été recrutés directement dans la police de Saddam Hussein. (...) C'est un très, très long processus. Je ne justifie pas ce qui s'est passé, mais j'explique pourquoi c'est arrivé. Les policiers irakiens ont un très faible niveau d'éducation, il y avait beaucoup d'analphabètes qui cherchaient avant tout à s'en sortir. Il faut du temps pour apprendre le respect des droits de l'homme. Cela ne vient pas seulement parce que nous disons qu'il le faut. »
— "Irakisk politi stod i lære hos Saddam", information.dk[3]
Kosovo (2004-2006)
Entre 2004 et 2006, Kai Vittrup est chef des opérations de police au sein de la Mission des Nations unies au Kosovo (MINUK).
En juin 2006, Kai Vittrup annonce qu'il a reçu des menaces de mort de la part de la mafia kosovare albanaise. Il déclare : "On s'habitue aux menaces et si j'étais effrayé, je ne serais pas resté au Kosovo. La menace que j'ai reçue est en fait une menace à tous les agents de l'ONU au Kosovo, c'est pourquoi nous avons commencé une enquête et nous prenons les mesures de protection qui s'imposent[4]." Il démissionne très peu de temps après cette révélation.
Soudan (2006-2008)
En juillet 2006, Kai Vittrup est nommé chef de la composante police de la Mission des Nations unies au Soudan (MINUS). Il est à la tête d'une force de police de 650 agents issus de 39 pays. Leur mission, appuyée par une force militaire vise à soutenir la bonne application de l'accord de paix entre le gouvernement du Soudan et le mouvement rebelle sud-soudanais APLS, et à assurer le respect des droits humains fondamentaux[5].
Mission de l'Union européenne
Le , Kai Vittrup devient chef de la mission de police de l'Union européenne en Afghanistan (EUPOL)[6]. Il déclare : "Le but est d'obtenir des résultats visibles. Il faut que les gens voient des policiers patrouiller dans les rues - une force de police en laquelle ils aient confiance. Nous sommes là pour bâtir une force de police pour la protection des Afghans, et indirectement pour notre propre protection, pour éviter le terrorisme. Nous allons créer une force de police pour eux, et avec eux. Ce dernier point est important. Si les Afghans n'acceptent pas ce que nous faisons, ils le changeront dès que nous aurons quitté le pays[7]."
Kai Vittrup annonce en mars 2010 son intention de quitter son poste pour travailler dans une entreprise privée[8]. Il est remplacé par Jukka Savolainen[9].
La ministre des Affaires étrangères du Danemark, Lene Espersen, déclare : "Nous déplorons la décision de Kai Vittrup de quitter ses fonctions de chef de la mission de police de l'Union européenne en Afghanistan. Le gouvernement danois a entièrement soutenu ses efforts. Il a effectué un travail formidable en tant que chef de la mission EUPOL[10]."
En octobre 2010, Kai Vittrup critique l'organisation de la mission EUPOL Afghanistan. Il souligne notamment l'inefficacité de la prise de décision au niveau de l'Union européenne. Il déclare : "Si nous avions dû suivre toutes les règles, nous n’aurions jamais pu commencer. Avec la force d’inertie qui existe dans le système de l’Union européenne, la guerre aurait été finie avant qu’on n'ait le feu vert de Bruxelles[11]."
Carrière privée
En mai 2010, Kai Vittrup devient conseiller principal à la sécurité en Arabie saoudite pour l'entreprise aéronautique européenne EADS. L'entreprise fournit au ministère de l'Intérieur saoudien des services de surveillance des frontières[12].
Publications
- Man skal gøre en forskel (Il faut faire une différence), autobiographie écrite en collaboration avec le journaliste Andreas Thøgersen Fugl, publiée en 2004. Il y raconte notamment son quotidien à la tête de la force de police des Nations unies pendant la guerre d'Irak[13].
- Til den yderste grænse (La dernière frontière), autobiographie écrite en collaboration avec le journaliste Michael Holbek Jensen, publiée en 2010. Il évoque son travail au sein des missions internationales qu'il a conduites[14].
Décorations et récompenses
- Prix d'honneur Ebbe Muncks, remis le par la reine Margrethe II[15].
Notes et références
Références
- CV de Kai Vittrup, Conseil des ministres de l'Union européenne, 24 octobre 2008.
- Magasinet Lederne nr. 8, august 2004, lederne.dk., 8 août 2004.
- "Det var velkendt allerede fra starten af den danske Irak-mission, at det irakiske politi havde store problemer med at respektere menneskerettighederne. Og det var der intet som helst underligt eller overraskende i. (...) Man skal huske, hvad de irakiske politifolk kom fra. De havde levet med Saddam Husseins terrorregime i årtier. De kom fra en verden af vold og terror, og det kan man ikke ændre på fra den ene dag til den anden. I efteråret 2003 var Irak-krigen netop slut. Saddam Husseins styre var lige faldet, og alt var kaos. Det være himmelråbende naivt at tro, at det irakiske politi pludselig var i stand til at respektere menneskerettighederne. Der var enkelte nye politifolk, men langt størstedelen blev rekrutteret direkte fra Saddam Husseins politistyrke. Det er en meget, meget lang proces. Det berettiger ikke det, der foregik, men det forklarer, hvorfor det skete. Den irakiske politistyrke var meget ringe uddannet, der var mange analfabeter og var oftest bedst til at eksercere. Det tager tid at lære respekt for menneskerettighederne. Det kommer ikke bare, fordi vi siger, at det skal det.", traduction libre, "Irakisk politi stod i lære hos Saddam", information.dk, 7 novembre 2010.
- "One gets used to the threats and if I were afraid I wouldn't have stayed in Kosovo. The threat I received is actually a threat to all UN officials in Kosovo therefore we are carrying out an investigation and are taking the necessary protection measures.", "Kosovo Mafia Makes Death Threat to UNMIK Police Commissioner", balkanpeace.com, 22 juillet 2006.
- "Kai Vittrup bliver chef i Sudan", politi.dk, 19 juillet 2006.
- "Décision EUPOL Afghanistan du Comité politique et de Sécurité, Journal Officiel de l'Union européenne, 29 octobre 2008.
- "The goal is to create visible results. People should see police patrolling in the streets – a police force they trust. We are there to establish a police force for the sake of the Afghans and indirectly for our own sake - to avoid terrorism. We will create a police force for them – and with them. This latter is important. If the Afghans do not accept what we do then they will change it as soon as we have left the country.", traduction libre, "Dane to head police force in Afghanistan", politiken.dk, 2 octobre 2008.
- "Kai Vittrup forlader politistyrkerne i Kabul", berlingske.dk, 11 mars 2010.
- "Jukka Savolainen/EUPOL Afghanistan", europolitique.info, 16 juillet 2010.
- "It is obviously unfortunate that Kai Vittrup has decided to leave his position as the chief of the EU’s police mission in Afghanistan, EUPOL. The Danish government has fully supported Kai Vittrup’s efforts. He has done a tremendous job during his time as chief of EUPOL.", traduction libre, Communiqué de presse du ministère des Affaires étrangères danois, ambassade du Danemark au Royaume-Uni.
- "Eupol Afghanistan, une mission peu efficace", Courrier international, 15 novembre 2010.
- "Le chef d’Eupol Afghanistan s’en va. La mission prolongée pour 3 ans", Bruxelles 2. L'Europe de la Défense, 18 mai 2010.
- "Man skal gøre en forskel af Kai Vittrup & Andreas Fugl Thøgersen", litteratursiden.dk, 19 octobre 2004.
- "Boganmeldelse : Til den yderste grænse", krigeren.dk, 29 novembre 2010
- Kai Vittrup hædret for international politi-indsats, dr.dk, 10 novembre 2006.
Liens externes
- CV jusqu'en 2008, Parlement européen.
- Kai Vittrup sur l'Internet Movie Database.