Accueil🇫🇷Chercher

Journées sanglantes de Fès

Les journées sanglantes de Fès sont les émeutes survenues dans cette ville à la suite de la signature du traité de Fès de 1912 qui instaure le protectorat français sur le Maroc[1].

La rue centrale du mellah de Fès, après les événements du 17 avril 1912.

Origine et déroulement

Aspect de la rue principale après le bombardement de 1912.

Peu avant les émeutes, la population de Fès apprend la signature du traité le , et y voit majoritairement une trahison du sultan Abdelhafidh qui s'était d'ailleurs rendu à Rabat par peur pour sa sécurité. Après les émeutes, il est contraint d'abdiquer en faveur de son frère, Youssef[2].

En dépit des alertes concernant un soulèvement, le gros des troupes françaises quitte Fès, ne laissant que 1 500 soldats Français, et 5 000 marocains sous commandement français. Au matin du , les officiers français annoncent la nouvelle situation à leurs troupes marocaines, et de nombreuses unités se mutinent, provoquant le chaos.

Les soldats attaquent leurs officiers français, puis quittent leurs casernes et s'en prennent aux quartiers européens et juifs (mellah) de la ville. L'artillerie française est alors utilisée pour contraindre les rebelles à la reddition, ce qui se produit après deux jours. Le bilan est lourd, avec environ 600 morts chez les rebelles et la population civile marocaine musulmane, 42 Marocains juifs et 66 Européens [3].

La rébellion est décrite par le journaliste Hubert Jacques du journal Le Matin, et par un ami personnel du résident général Hubert Lyautey. Le rapport est très critique à l'égard d'Eugène Regnault[4].

Léopold Justinard (surnommé le "capitaine chleuh"), qui échappa au massacre grâce à la fidélité de ses soldats, donne un point de vue intéressant qui complète celle d'Hubert Jacques[5]. Au début de l'insurrection, l'officier français et ses hommes étaient casernés à Tamdart, près de Bab Ftouh.

Références

  1. Mohammed Kenbib. "Fez Riots (1912)." Encyclopedia of Jews in the Islamic World. Executive Editor Norman A. Stillman. Brill Online, 2014
  2. Gershovich 2000, p. 56.
  3. Gershovich 2000, p. 57.
  4. French Military Rule in Morocco: Colonialism and its Consequences, Moshe Gershovich, p. 62
  5. Léopold Justinard, « Souvenirs d'un officier de la Mission militaire française au Maroc (1911-1912) », Cahiers Charles de Foucault, , n°14: 60-90, n°15: 115-26, n°16: 116-28

Bibliographie

  • Hubert Jacques, Les Journées sanglantes de Fez, 17-18-19 avril 1912 : les massacres ; récits militaires ; responsabilités, Librairie Chapelot, (lire en ligne)
  • Edmund Burke III, Prelude to Protectorate in Morocco : Pre-Colonial Protest and Resistance, 1860-1912, University of Chicago Press, 2009, , 328 p. (ISBN 978-0-226-08084-0, lire en ligne), « The Fez Mutiny and the Revolt of El Hiba »
  • (en) Moshe Gershovich, French Military Rule in Morocco : colonialism and its consequences, Londres, Routledge, , 238 p. (ISBN 0-7146-4949-X, lire en ligne), « Pre-Colonial Morocco: Demise of the Old Mazhkan ».
  • L'Illustration, n°3611, , Paris

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.