Jilali Gharbaoui
Jilali Gharbaoui (Jorf El Melha, - Paris 7e, [1]) est un peintre marocain non figuratif. Il est considéré comme « le premier peintre marocain à avoir choisi ce mode d'expression picturale »[2].
Biographie
Après la mort de son père puis de sa mère alors qu'il a une dizaine d'années, Jilali Gharbaoui est accueilli dans un orphelinat. Après des études secondaires à Fès, il devient marchand de journaux. Il expose quelques-uns de ses dessins par terre et est remarqué par Marcel Vicaire, artiste peintre responsable de l'artisanat marocain à Fès. Marcel Vicaire, touché par cette peinture confie le jeune orphelin à son collaborateur Ahmed Sefrioui. C'est ainsi qu'il suit le soir, durant plusieurs années, les cours de l'Académie des arts de Fès[3]. Grâce à Ahmed Sefrioui, alors Directeur des Beaux-arts de Rabat, il obtient en 1952 une bourse pour l'École des Beaux-arts de Paris, fréquentant ensuite l'académie Julian jusqu'en 1958[4]. Intéressé par l'impressionnisme, la peinture hollandaise ancienne et l'expressionnisme allemand, il commence à se tourner vers l'abstraction. De cette époque datent ses premières crises connues.
De retour au Maroc en 1955[5], il s'installe à Rabat. Après une première tentative de suicide, il fréquente régulièrement l'hôpital Moulay Youssef et l'hôpital psychiatrique de Salé. À la suite d'une deuxième tentative de suicide, le peintre Farid Belkahya lui cède sa candidature à l'Accademia delle Belli Arti de Rome ; il y demeure près d'une année, visite la Sicile puis rentre, gravement malade, au Maroc. En 1957, Jilali Gharbaoui effectue un premier séjour au monastère bénédictin de Tioumliline, situé dans le Moyen Atlas à 5 kilomètres d'Azrou, qui sera fermé en 1968[6]. Une exposition itinérante présente ses œuvres aux États-Unis. Parmi d'autres artistes marocains, il expose au San Francisco Museum of Modern Art, où il reçoit le Premier Prix[7].
Revenu à Paris en 1959, Jilali Gharbaoui est introduit par Pierre Restany avec qui il s'est lié d'amitié ainsi qu'avec Henri Michaux, dans le groupe des informels au Salon Comparaisons et est sélectionné pour une exposition itinérante au Japon, au Mexique et en Allemagne[8]. « Ses gestes colorés sont autant de lumière qui font vibrer la matière au sein de la couleur. Cette gestualité impulsive traduit bien l'hyper-émotivité du personnage, le côté vibratile de ses pulsions physiques et mentales », notera Restany en 1990[9].
À Rabat en 1960 et à Tioumliline en 1962, Jilali Gharbaoui traverse l'échec de deux liaisons sentimentales. À partir de 1963, il est admis pendant plusieurs semaines à l'hôpital Moulay Youssef où il reçoit des soins par électrochocs. En 1966 et 1967, il effectue des voyages à Paris et à Amsterdam. À partir de 1968, il séjourne à l'hôtel de la Tour Hassan de Rabat où il exécute pour un collectionneur de très nombreuses gouaches. En 1971, Jilali Gharbaoui loge à Paris chez le critique d'art Pierre Gaudibert. Victime de sa consommation d'alcool et de drogue, il meurt sur un banc public au Champ-de-Mars et sera enterré à Fès[7].
En 2015, une huile sur toile du peintre est vendue aux enchères pour 700 000 euros à Paris[8]
Jugement
« De retour au Maroc, il a senti le besoin de sortir de nos traditions géométriques, en donnant un mouvement à la toile, un sens rythmique, et, le plus important, de la lumière. La quête de cette lumière était pour lui capitale. (...) Nulle allusion formelle, nulle anecdote, ne viennent gêner cette quête. La couleur, la matière et un trait gestuel sans repentir suffisent pour évoquer tour à tour les jardins du Chellah et les sources fougueuses de l'Atlas »
- Mohamed Sijelmassi[10].
Principales expositions personnelles
- 1957 : Galerie Venise Cadre, Casablanca
- 1958 : Centre italo-arabe, Rome
- 1959 : Mission culturelle française, Rabat et Casablanca
- 1962 : Galerie La DĂ©couverte, Rabat
- 1965 : Galerie nationale Bab Rouah, Rabat
- 1966-67 : Amsterdam et Montréal
- 1980 : « Rétrospective », galerie l'Œil noir, Rabat
- 1993 : Institut du Monde Arabe (rétrospective)
Documentaires sur l'artiste
- 1993 : Gharbaoui, Ă corps et Ă cris. Faten Safieddine. 26 minutes. Production : 2M, ONA, Institut du Monde Arabe.
Notes et références
- Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 7e, n° 410, vue 6/31.
- Mohamed Sijelmassi, La peinture marocaine, Paris, Ă©ditions Jean-Pierre Taillandier, 1972, p. 87.
- (en-US) « Composition », sur Barjeel Art Foundation, (consulté le )
- Institut National de l'Audiovisuel- Medmem.eu, « Jilali Gharbaoui : 30 après... », sur medmem.eu (consulté le )
- « Jilali Gharbaoui en quête de lumière », sur gazette-drouot.com (consulté le )
- Le film Des hommes et des dieux y sera tourné en 2009-2010.
- Azzouz Tnifass, Jilali Gharbaoui: voyage au bout de rĂŞve, 1930-1971, Marsam Editions, (ISBN 978-9954-21-062-8, lire en ligne)
- Rania Laabid, « Une œuvre de Jilali Gharbaoui vendue à 7,4 millions de dirhams », sur Le360.ma, (consulté le )
- ATLASINFO, « Hommage posthume à l'artiste-peintre Jilali Ghrabaoui à Fès », sur Atlasinfo, (consulté le )
- La peinture marocaine, Paris, Ă©ditions Jean-Pierre Taillandier, 1972, p. 87-88.
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Mohamed Sijelmassi, La peinture marocaine, Paris, Ă©ditions Jean-Pierre Taillandier, 1972 [Jilali Gharbaoui : p. 86- 97]
- Khalil M'Rabet, Peinture et Identité : l'Expérience Marocaine, Paris, L'Harmattan, 1987
- Antonia-Yasmina Filali, Fulgurances Gharbaoui, Fondation ONA, 1993
- Art contemporain marocain, dans « Horizons maghrébins, Le droit à la mémoire », n° 33-34, Université de Toulouse Le Mirail, 1er trimestre 1997.
- Azzouz Tnifass, Jilali Gharbaoui, Voyage au bout du rêve, 1930-1971, Marsam, collection « Regards Obliques », 2007 (ISBN 9954-21-062-8)
- Abstraction marocaine, Jilali Gharbaoui, dans La Gazette de l'HĂ´tel Drouot, 28.01.2011
- Charbaoui record [Record mondial de l'artiste pour Éclosion, 1968, huile sur panneau, 100 × 65 cm, adjugé 223 500 euros le à Paris] dans La Gazette de l'Hôtel Drouot, 06.11.2015, p. 129.