Jeanne-Monique des Vieux
Jeanne-Monique des Vieux (ou Desvieux), dite Madame de Saint-Contest, née en 1718 et morte le , est une salonnière française.
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Jeanne Monique Philippe Desvieux |
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Biographie
Fille du fermier général Louis-Philippe des Vieux (1680-1735), seigneur de Naveil, et de Bonne-Madeleine Le Couturier (1679-1758), elle épouse à Paris, le [1], François-Dominique Barberie de Saint-Contest, secrétaire d’État aux Affaires étrangères.
À ce titre, elle entre de plain-pied dans la haute société dijonnaise en menant une activité mondaine et littéraire à l’exemple des salons parisiens de cette époque. Ainsi, à son retour d’Italie, le président de Brosses évoque l’activité de la nouvelle Mme de Saint-Contest à Dijon dans les années 1740[2] :
« Aux assemblées de la belle madame de Saint Contest ce n'était plus seulement la société de la place Saint-Jean avec son charme d'intimité exquise et épanouie[3], c'était Dijon tout entier dans je ne sais quel reflet de la politesse noble et cérémonieuse du siècle de Louis XIV : le président Bouhier ; M. de Périgny que Madame du Deffand, Madame de Genlis et la plupart des Mémoires contemporains citent à l'envi comme l'un des commensaux les plus sémillants du palais Bourbon ou des soupers si gais du Temple et de Lisle Adam ; le frère aîné de M. de Neuilly, le président de la Marche[4], condisciple et correspondant de d'Argental et de Voltaire et dans la liaison la plus étroite avec Pont de Veyle, ce type achevé de la bonne compagnie ; Le Gouz de Gerland, [...] l'homme le plus libéral et le plus gentilhomme de cette petite cour de l'Hôtel de l'Intendance, singulièrement recherché partout pour sa gaîté franche et délibérée aimant les sciences, cultivant les lettres, protégeant les arts sans faste, sans affectation, sans gloriole, modèle accompli d'un noble usage de la fortune[5] ; le président Richard de Ruffey, autre Mécène Dijonnais ; sa femme, un peu timide dans le grand monde, toute douée qu'elle fût de l'enjoûment [sic] le plus spirituel et d'une gentillesse inépuisable dans la conversation ; la présidente Bouhier, qui disait à son mari : « Chargez vous de penser, laissez moi écrire », [...] une charmante petite fée, Madame de Vienne, fille du Comte de Tavannes ; Mademoiselle de Thil, amie de Madame du Châtelet et la seule femme de Dijon que le maréchal de Richelieu consentit à recevoir à son retour de Mahón [août 1756[6]] ; Madame de Saint-Julien, née la Tour du Pin, à qui Voltaire a écrit de si jolies lettres sous le nom gracieux de Papillon-Philosophe ; Mesdemoiselles de la Marche, dont l'aînée fut mariée à M. de Courteilles[7], ambassadeur en Suisse ; la seconde au marquis de Paulmy, depuis Ministre de la guerre et membre des trois Académies ; enfin, et dans les derniers jours de 1748, un très jeune homme, M. de Clugny, qui devait mourir contrôleur général des finances après un trop court ministère, perdu entre les innovations de son devancier Turgot et celles de Necker son successeur [...] »
Peut-être moins connue de que ses consœurs de la capitale, Mme de Saint-Contest constitue un élément supplémentaire à charge d’une certaine activité des salons féminins littéraires en province au XVIIIe siècle.
Ce petit cercle privilégié abondait également en femmes qualifiées d'« aimables », si l'on en croit certains historiens[8] :
- Madame de Bourbonne, fille du président Bouhier
- Madame Cortois, née de Murir
- Madame Joly de Bévy, fille d'Antoine Portail, premier président au parlement de Paris
- Madame Perreney de Vellemont, depuis Madame la Première Présidente de Grobois, « qui unissait toutes les séductions d'une femme d'esprit à toute l'activité d'un homme de tête[9] »
- Madame des Montots, née Suremain de Flamerans[10].
On trouvait également à ses assemblées spirituelles, l'élite du clergé de Bourgogne[11] :
- Le Cardinal de Tavannes, archevĂŞque de Rouen
- M. de Macheco, Ă©vĂŞque de PĂ©rigueux[12]
- M. de Choin, Ă©vĂŞque de Toulon[13]
- Jean Bouhier, premier Ă©vĂŞque de Dijon
- Claude Bouhier, second Ă©vĂŞque de Dijon
- M. d'Apchon, doyen de la Sainte Chapelle[14]
- Cortois de Quincey, futur Ă©vĂŞque de Belley[15]
- Claude Drouas de Boussey, futur Ă©vĂŞque de Toul.
Madame de Saint-Contest est par ailleurs la mère de l'intendant de Champagne, Henri-Louis de Barberie de Saint-Contest (1708-1772).
Elle meurt le 1er mars 1746[16].
Iconographie
Son portrait a été peint par Hyacinthe Rigaud en 1735 contre 600 livres : « Mme de St Contest d’Esvieux, Des Vieux, depuis Madame de St Contest »[17].
Notes et références
- Mariagee du , Paris, Sainte-Marie-Madeleine-de-la-Ville-L'Évâque, relevé du Centre généalogique et héraldique de la Marne, disponible sur Filae
- Foisset, 1842, p. 67 et suivantes
- Févret de Fontette, auteur de la Bibliothèque historique de France ; M. de Maletête (Jean-Louis, marquis de Maleteste de Villet (né en 1709), conseiller au parlement de Dijon), connu par un excellent pastiche des Considérations sur les mœurs et par un Esprit de l'esprit des lois ; L'abbé Cortois, depuis évêque de Belley ; M. de Quintin (Louis Quarré de Quintin), Procureur général au parlement ; M. Fyot de Neuilly, depuis ambassadeur à Gènes (Jacques-Philippe Fyot de La Marche de Neuilly) ; M. de Blancey, aimable des conteur (Claude-Charles Bernard de Blancey, secrétaire en chef des états de Bourgogne) ; M. Cortois Humbert, frère de l'évêque de Belley (Claude-Antoine Cortois-Humbert) ; le Président (Jean-François-Gabriel-Benigne Chartraire) de Bourbonne ; le Président de Chevigny ; M. de Migieu, l'un des compagnons de voyage en Italie de Charles de Brosses (Antide de Migieu, Président au Parlement de Bourgogne). Voir Foisset, 1836, p. 15-16
- Jean-Philippe Fyot de La Marche, fils de Claude, président à mortier (1718), premier président (1745), mort en 1768 (Dictionnaire de la Noblesse)
- BĂ©nigne Le Gouz de Gerland (1695-1774)
- Il décrit ce qui se passera quinze ans plus tard car nous sommes ici en 1740
- Jacques-Dominique de Barberie de Courteilles (1696–1767), maître des requêtes, frère de Dominique-Claude Barberie de Saint-Contest, donc beau-frère de notre salonnière
- Voir Foisset, 1836, p. 15-16
- Foisset, 1836, p. 16
- Dont Charles de Brosses écrivait d'Italie ce ravissant éloge : « Ce serait bien en vain qu'on courrait le monde pour trouver ailleurs un cœur aussi sensible et aussi vrai, une âme plus pure et meilleure, un caractère aussi égal aussi sociable aussi doux. Qu'a-t-elle besoin d'une aussi jolie figure ? Elle devrait la laisser à quelqu'autre ; elle n'en a que faire pour être universellement chérie de tout le monde. Je lui passe pourtant ces yeux si doux et si fins parce qu'ils sont le plus beau miroir de la plus belle âme qui jamais ait été. En vérité je pense d'elle ce qu'on a dit d'un homme célèbre qu'elle fait honneur à l'humanité ».
- T. Foisset, op. cit. 1836, p. 17-18
- Jean VIII Chrétien de Macheco de Prémeaux (1697-1771)
- Louis-Albert Joly de Chouin
- Claude-Antoine d'Apchon, futur archevĂŞque d'Auch
- Gabriel Cortois de Quincey
- Table ou Abrégé des cent trente-cinq volumes de la Gazette de France depuis son commencement en 1631 jusqu’à la fin de l’année 1765, Paris, 1766, tome 1, p. 87
- J. Roman, Le livre de raison du peintre Hyacinthe Rigaud, Paris, 1919, p. 212.
Bibliographie
- Théodore Foisset,
- Le Président de Brosses, histoire des lettres et des parlements au XVIIIe siècle, 1842.
- « Dijon vers 1740. Société aristocratique, Société bourgeoise, mouvement littéraire », in Les Deux Bourgognes : études provinciales. Lettres, sciences et arts, Dijon, le Bureau de la Revue, 1836, p. 13-29.
- Joseph Marie Quérard, La France littéraire, ou Dictionnaire bibliographique des savants, historiens et gens de lettres de la France : ainsi que des littérateurs étrangers qui ont écrit en français, plus particulièrement pendant les XVIIIe siècle et XIXe siècles, Paris, 1833, t.5, p. 463.