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Jean PĂ©ru

Jean Péru (1650-1723), est un architecte et sculpteur avignonnais du XVIIe siècle. Il est le père de Jean-Baptiste Ier Péru et le grand-père de Jean-Baptiste II Péru (1707 - 1790), qui poursuivirent son œuvre tant de sculpteur que d'architecte. Un autre de ses petits-fils, Joseph Péru (1721 - 1800), frère de Jean-Baptiste II, préféra se tourner vers la peinture, où il rencontra un certain succès [1].

Jean PĂ©ru
Présentation
Nom de naissance baptisé Jean-Baptiste
Naissance
Avignon
DĂ©cès (Ă  72 ans)
Avignon
Nationalité citoyen d'Avignon
Activités architecte, sculpteur
Formation Michel PĂ©ru en compagnie de Jacques Bernus et Jean Dedieu
puis Louis-François de Royers de la Valfenière
Élèves Marc Chabry et Bernard Toro
Ĺ’uvre
RĂ©alisations HĂ´pital Sainte-Marthe d'Avignon
Charité de Tarascon
Chapelle de Saint-Bénézet dans l'église des Célestins d'Avignon
Entourage familial
Père Michel Péru
Mère Marguerite Gauane
Famille Jean-Baptiste I PĂ©ru, son fils
Jean-Baptiste II PĂ©ru et Joseph PĂ©ru ses petits-fils

Biographie

Troisième fils de Marguerite Gauane[2] et du sculpteur sur bois Michel Péru, d'origine lorraine mais ayant réalisé la plus grande partie de sa carrière à Avignon, il est baptisé le sous le prénom de Jean-Baptiste[3]. C'est probablement à cause du décès, à l'âge de huit ans, le [4], de son frère aîné prénommé Jean (baptisé le [5]) que ses parents simplifient son prénom en Jean. Son frère Pierre (baptisé le ), devenu de ce fait l'aîné, fut également sculpteur et architecte.

Jean Péru fit son apprentissage dans l'atelier paternel en même temps que Jacques Bernus et Jean Dedieu et, par la suite, eut lui-même de nombreux apprentis pour la sculpture et fut ainsi le maître de quelques artistes connus du XVIIIe siècle, tels le sculpteur lyonnais Marc Chabry ou l'ornemaniste Bernard Toro.

Au début des années 1680, Jean Péru commence à porter le titre de maître-architecte ; on suppose que son maître dans cet art a été Louis-François de Royers de la Valfenière, avec qui il était très lié[6].

Ĺ’uvres architecturales

Façade de l'ancien hôpital Sainte-Marthe, aujourd'hui siège de l'université d'Avignon.

Principalement Ă  Avignon :

  • La façade de l'hĂ´pital Sainte-Marthe. Cette façade de 175 mètres de long fut Ă©rigĂ©e entre 1667 et 1830. Jean PĂ©ru y travaille seulement entre 1689 et 1693 mais elle lui doit ses travĂ©es Ă©troites et serrĂ©es, Ă  deux niveaux de fenĂŞtres, surmontĂ©es de lucarnes jugĂ©es « pittoresques »[7]. Le dessin des travĂ©es dues Ă  PĂ©ru (les premières Ă  l'ouest du portique central) sera repris Ă  l'identique lors de la reconstruction totale de l'aile opposĂ©e (de 1743 Ă  1748 par Jean-Baptiste Franque) puis encore en 1830 lors de la prolongation de l'aile du couchant[8].
  • Le bâtiment de la CharitĂ© de Tarascon (Bouches-du-RhĂ´ne), construit quelques annĂ©es avant celui de l'hĂ´pital Sainte-Marthe, qui fut rasĂ© après avoir Ă©tĂ© sĂ©vèrement endommagĂ© par les bombardements de 1944[9].
  • L'hĂ´tel de Massilian (du nom de la famille qui occupa les lieux au XVIIIe siècle) qui abrite depuis 1996 le musĂ©e Angladon - Collection Jacques Doucet.
  • L'ancien maĂ®tre-autel du collège des jĂ©suites (actuel musĂ©e lapidaire) au XVIIe siècle . Il s'agissait d'un grand portique en pierre et stuc faisant tout le tour de l'abside. Il comprenait dix colonnes, seize pilastres et un entablement. Il est aujourd'hui dĂ©truit. Jean PĂ©ru est Ă©galement l'auteur de la Gloire en stuc situĂ©e Ă  la base de la voĂ»te absidale. Cette dernière fut restaurĂ©e au XIXe siècle par le sculpteur Étienne-NapolĂ©on Cournaud.
  • Certaines des rĂ©parations des quais du RhĂ´ne endommagĂ©s par les inondations de 1674. Ces rĂ©parations et transformations furent rĂ©alisĂ©es sous la direction de l'architecte Louis-François de Royers de la Valfenière (1615 - 1688). L'inscription dĂ©diĂ©e Ă  la Vierge ayant Ă©tĂ© endommagĂ©e, Jean PĂ©ru fut chargĂ© de la refaire. Il rĂ©para aussi la statue de Notre-Dame qui ornait cette partie du pont.
  • La construction du grand escalier du Noviciat des JĂ©suites en 1685, et des ailes sud et est Ă  partir de 1712. Ce dernier travail sera achevĂ© par son fils, Jean-Baptiste Ier PĂ©ru, car il dĂ©cède en 1723[10].
  • En 1690, la construction de la chapelle de Saint-BĂ©nĂ©zet dans l'Ă©glise des CĂ©lestins, pour laquelle il sculpte une grande statue du saint en jeune pâtre (aujourd'hui dans la collĂ©giale Saint-Didier d'Avignon), et quatre Vertus, dont trois se trouvent actuellement Ă  la cathĂ©drale Notre-Dame des Doms[11].
  • Ă€ partir de 1694, l'hĂ´tel de GallĂ©ans des Issarts (abusivement attribuĂ© Ă  son concurrent Pierre II Mignard), ainsi que son orangerie[12].
  • La construction de l'hĂ´tel Raoux (35 rue Bonneterie) commencĂ© en 1696, oĂą il donne un dessin de façade nettement inspirĂ© de l'hĂ´tel de Beauvais, Ĺ“uvre parisienne d'Antoine Le Pautre datĂ©e de 1654[12].
  • L'hĂ´tel de Puget de Chasteuil (rue Bonneterie Ă©galement) contemporain du prĂ©cĂ©dent.
  • Il rĂ©alise la chapelle de Brantes, dans la CollĂ©giale Saint-Agricol, de 1703 Ă  1707.
  • De 1704 Ă  1712, il reconstruit l'hĂ´tel de Salvador (rue de la Masse) ; un des maĂ®tres-maçons Ă  qui il confie le chantier est Jean-Baptiste Franque (prĂ©citĂ©), plus tard promis Ă  une belle carrière d'architecte[12].
  • De 1705 Ă  1719, il travaille Ă  la chapelle des PĂ©nitents Noirs Florentins d'Avignon (dans l'enclos des Grands Augustins, rue Louis-Pasteur - disparue), oĂą il reconstruit l'anti-chapelle et la raccorde Ă  l'existant au moyen d'une "ovale barlongue"[13].
  • En mai 1707, il expertise les nombreuses malfaçons et erreurs de conception de l'Ă©glise de Lambesc (commencĂ©e en 1700 sur les plans de l'architecte aixois Laurent Vallon), dont il fait abattre le dĂ´me "construit contre les règles de l'art". L'annĂ©e suivante, ce dĂ´me sera rĂ©Ă©difiĂ© sur les plans qu'il a laissĂ©s[14].

Sculptures

Outre celles déjà citées :

  • la Vierge Ă  l'enfant ornant l'Ă©glise Saint-Pierre d'Avignon (sur le trumeau sĂ©parant les portes)
  • la première des diffĂ©rentes copies de la fameuse VĂ©nus d'Arles dans son Ă©tat initial avant son dĂ©part pour Versailles.
  • le tombeau de l'abbĂ© de Lacoste (MusĂ©e lapidaire, provenant du couvent de Saint-Martial)[15].
  • nombre d'Ă©lĂ©ments du dĂ©cor de la collĂ©giale de l'Isle-sur-la-Sorgue, et notamment, Ă  partir de 1688, la sĂ©rie de figures fĂ©minines allĂ©goriques destinĂ©es Ă  orner les Ă©coinçons des arcs des chapelles latĂ©rales, ainsi que le bas-relief de l'Assomption placĂ© au revers de la façade.
  • Saint Jean Baptiste et sainte Elisabeth, deux statues de la chapelle de Brantes ainsi que quatre anges musiciens pour les pendentifs.

Une dynastie d'architectes-sculpteurs

Aucune œuvre originale de Michel Péru, fondateur de la dynastie, ne nous est parvenue, les sculptures subsistantes du retable du maître-autel de la chapelle des pénitents noirs d'Avignon ayant été réalisées sous la direction du bolonais Domenico Borboni [16]. Mais outre Jean, d'autres membres de la famille Péru furent artistes, surtout dans le double domaine de la sculpture et de l'architecture.

Peuvent être cités [17]:

Chapelle des PĂ©nitents violets.
  • Pierre PĂ©ru (1649-1723), frère aĂ®nĂ© de Jean, dont la carrière fut moins fertile mais Ă  qui l'on doit le tombeau de Mgr de Marinis Ă  Notre-Dames des Doms (1671) et les sculptures de la tribune baroque de cette Ă©glise ; comme architecte, il travailla au Mont de PiĂ©tĂ© d'Avignon (1671), Ă  l'AumĂ´ne GĂ©nĂ©rale (1691)[18], et reconstruisit les infirmeries du couvent de Sainte-Praxède en 1696.
  • Jean-Baptiste Ier PĂ©ru (1676-1744), fils de Jean, reprit les chantiers de son père aux JĂ©suites, agrandit en 1731 l'Ă©glise de Châteaurenard, acheva Ă  partir de 1732 l'Ă©glise de BĂ©doin commencĂ©e sur les plans de Pierre II Mignard, construisit Ă  partir de 1738 les escaliers et la plate-forme de Notre-Dame des Doms (achevĂ©s par Jean-Baptiste Franque après sa mort) et Ă©leva en 1740 la curieuse anti-chapelle (restĂ©e inachevĂ©e) des PĂ©nitents violets d'Avignon. En tant que sculpteur, on lui doit notamment le dĂ©cor de la chapelle des CarmĂ©lites d'Arles, chaire Ă  prĂŞcher et maĂ®tre-autel avec son retable, qu'il exĂ©cuta en 1718. Son principal chantier fut l'Ă©glise de l'Oratoire d'Avignon, oĂą il succĂ©da en 1732 Ă  Jean-Ange Brun et mena les travaux jusqu'Ă  sa mort en 1744; on venait alors de poser la clef de voĂ»te centrale.
  • Jean-Baptiste II PĂ©ru (1707-1790), fils du prĂ©cĂ©dent, acheva l'Oratoire après la mort de son père, construisit l'Ă©glise de Morières en 1767 et celle de Sorgues l'annĂ©e suivante. En 1776, il vĂ©rifia les travaux de l'Ă©glise de Caumont pour laquelle il avait donnĂ© des projets mais qui fut finalement Ă©levĂ©e sur les plans de Jean-Pierre Franque. On lui doit une extension majeure de l'ancienne cathĂ©drale Saint-VĂ©ran de Cavaillon (chapelle des Ă‚mes-du-Purgatoire, 1763). Il Ă©tait Ă©galement l'auteur de la porte de l'Oulle Ă  Avignon, construite en 1786 et dĂ©truite au XIXe siècle. Comme sculpteur, Jean-Baptiste II rĂ©alisa le buste d'Esprit Calvet (aujourd'hui au MusĂ©e) et connut un succès certain dans la conception d'autels de marbres polychromes, dont celui des CĂ©lestins (1750 - de nos jours Ă  l'Ă©glise Saint-Didier), de l'Ă©glise Saint-Agricol (1777, toujours en place), de la chapelle des religieuses de Sainte-Catherine (aujourd'hui Ă  Saint-Agricol), et, de façon plus surprenante, ceux de l'Ă©glise des Dominicains de Bordeaux et des cathĂ©drales de Dax et Carcassonne. Jean-Baptiste II est aussi l'auteur de la petite pyramide - c'est plutĂ´t un obĂ©lisque tronquĂ©, mais au XVIIIe siècle le nom de pyramide Ă©tait indistinctement usitĂ© - qui fut Ă©levĂ©e en 1777 sur la fontaine de Fontcouverte, sur la route de Montfavet.
  • Joseph PĂ©ru (1721-1800), frère cadet du prĂ©cĂ©dent, abandonna les activitĂ©s traditionnelles de sa famille pour se consacrer Ă  la peinture. Après un long sĂ©jour en Italie en compagnie de son ami Joseph Caze de Fresquières[19], il revient Ă  Avignon oĂą il peine Ă  se faire une clientèle ; on a de lui un grand tableau Ă  la cathĂ©drale de Cavaillon, Les Ames du Purgatoire, pendant que la seule Ĺ“uvre conservĂ©e dans sa ville natale (Le Couronnement de la Vierge et Saint Michel, parfois attribuĂ©e Ă  Nicolas Mignard !) a rĂ©cemment Ă©tĂ© volĂ©e[20].

Notes et références

  1. Adrien MARCEL, cf bibliographie, étude fondamentale dont sont tirées, sauf mention contraire, toutes les données qui suivent
  2. ou plus certainement Gavan, le u et le v étant peu différenciables dans les écritures de l’époque, et les patronymes systématiquement féminisés pour les filles. Cf acte de mariage en ligne,
  3. Archives du Vaucluse, Ă©tat civil, baptĂŞme Jean-Baptiste PĂ©ru Ier
  4. Archives du Vaucluse, état civil, décès Jean Péru
  5. Archives du Vaucluse, Ă©tat civil, baptĂŞme Jean PĂ©ru
  6. Alain Breton, Une œuvre inconnue de Louis-François de la Valfenière, le château de Barbentane, Annuaire de la Société des Amis du Palais des Papes, 1996
  7. (fr) Sur le site de la Mairie d'Avignon
  8. Alain Breton, Les bâtiments de Sainte-Marthe à l'âge classique, in Etudes Vauclusiennes, 1999
  9. Inédit
  10. Blandine Silvestre, Saint Louis en Avignon, histoire et architecture, Edirap 1992 (ISBN 9782950076748)
  11. Alain Breton, Le tombeau de Saint-Bénézet aux Célestins, Mémoires de l'Académie de Vaucluse, 1984
  12. Alain Breton et alii, Avignon ville d'Art, 1991
  13. Actes du colloque Reynaud Levieux, Etudes Vauclusiennes, 2005
  14. Congrès archéologique de France, 1985 (pays d'Aix, article par Jean Boyer p.190)
  15. Alain Breton, A Saint-Martial, deux œuvres baroques méconnues, Annuaire de la Société des Amis du Palais des Papes, 1985
  16. Adrien Marcel, Les PĂ©ru, sculpteurs et architectes d'Avignon, p.21
  17. Sauf mention contraire, ce qui suit est tiré de l'étude d'Adrien Marcel citée en bibliographie
  18. Alain Breton, Les bâtiments de l'Aumône Générale, Annuaire de la Société des Amis du Palais des Papes, 1998
  19. Michel Hayez, Lettres d’Italie de Joseph Cazes de Fresquière…, Mémoires de l'Académie de Vaucluse, 1976
  20. Alain Breton, Tableaux avignonnais à l’épreuve de la Révolution, Mémoires de l'Académie de Vaucluse, 2013-2014

Annexes

Bibliographie

  • Adrien Marcel, Les PĂ©ru, sculpteurs et architectes d'Avignon, MĂ©moires de l'AcadĂ©mie de Vaucluse, 1928, 2e sĂ©rie, tome XXVIII, p. 1-157 lire en ligne) (sauf mention contraire, l'ensemble des rĂ©fĂ©rences provient de cette Ă©tude extrĂŞmement documentĂ©e).
  • Henri Vial, Adrien Marcel, AndrĂ© Girodie, Les artistes dĂ©corateurs du bois ; rĂ©pertoire alphabĂ©tique des Ă©bĂ©nistes, menuisiers sculpteurs, doreurs sur bois, etc., ayant travaillĂ© en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, p. 76-77 (lire en ligne) - N.B. Cet article prĂ©sente un Ă©tat antĂ©rieur des recherches d'Adrien Marcel sur l'artiste, et se trouve très largement amplifiĂ©, complĂ©tĂ© et corrigĂ© par l'Ă©tude prĂ©citĂ©e.

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