Jean Ivoula
Jean Gabriel Raphaël Ivoula est un homme politique français né le à Saint-Denis de La Réunion et mort le .
Militant culturel et associatif, poète et auteur de nouvelles publiées par l'ADER (Association des Écrivains de La Réunion), élu en tant que conseiller municipal et conseiller général. Ses parcours associatif et politique sont étroitement liés au quartier du Chaudron. Il est notamment à l'origine de la création du collectif du Chaudron. Il est entouré alors d'autres personnalités associatives de Saint-Denis comme Bernard Robert, Alex Maillot (chef de projet), Jean-Claude Taillamée (président du Case du Chaudron), François Créteau, Simon Nanguet...
Membre du GKR (Group Kiltirel Réyoné) qui travaille sur Lékritir 77. Il meurt le des suites d'une longue maladie. On dira de lui : « Jean Ivoula est l'exemple réussi de l'engagement dans les deux mondes, associatif et politique »[1].
Les années de formation
- : naissance à Saint-Denis de La Réunion, fils de Jacques, Laurent Ivoula et de Marie, Joséphine Boudia. La famille Ivoula s'installe au Chaudron dans le milieu des années 1960, il a alors 8 ans. Sa grand-mère, Marguerite Ivoula fut cofondatrice de l'Union des femmes de La Réunion et proche de Raymond Vergès. Son père Jacques Ivoula était ouvrier manutentionnaire aux établissements de la Hogue et Guézé, syndiqué à la CGTR.
- 1976 : Baccalauréat série économie au lycée du Butor à Saint-Denis.
- 1979 : Publication par l'Association des écrivains réunionnais (ADER) de « Zistoir ti-gri », recueil de nouvelles.
- 1980-1985 : Secrétaire départemental de la JOC. En 1983, il participe au congrès de la JOC avec Jean Pla à Madrid[2].
- 1981 : Conseiller d'éducation au lycée privé Levavasseur de Saint-Denis
- 1981-1993 : Agent du Trésor, catégorie C (en disponibilité lorsqu'il sera élu conseiller municipal)
L'engagement syndical et associatif
- 1983-1989 : Secrétaire adjoint de la CFDT-Trésor.
- 1984 : Association de défense des Intérêts des Locataires du Chaudron
- 1985-1986 : Secrétaire de l'ADER
L'entrée en politique
1989 : Un changement d'Ă©poque
- 1989 : Jean Ivoula devient conseiller municipal de Saint-Denis, adjoint spécial du Chaudron. Présent sur la liste de Gilbert Annette pour les municipales. À la suite de la victoire contre Auguste Legros, il devient adjoint spécial du Chaudron. Camille Sudre fait également son entrée en politique en tant que 3e adjoint. Cette élection marque un changement d'époque pour Saint-Denis, une rupture avec l'ancienne classe politique réunionnaise.
- 1990 : Membre du Conseil Fédéral du Parti Socialiste de La Réunion
- : Il accueille Lionel Jospin au Chaudron.
La crise des cités et de la jeunesse urbaine
Ces étapes sont marquées de à par les événements du Chaudron, terme désignant la première crise des cités à La Réunion où se révèle le malaise de la jeunesse urbaine de Saint-Denis [3]. Louis Le Pensec, alors ministre des DOM-TOM se rend en visite à Saint-Denis fin [4]. Sa mission a pour objectif de définir avec les responsables élus et le préfet les moyens d'un retour à l'apaisement. Louis Le Pensec propose la mise en place des mesures nouvelles pour le territoire concernant la politique de la ville et notamment la mise en place progressive des contrats de ville.
L'Ă©mergence de Free Dom
Cette période voit l'émergence du mouvement politique Free Dom qui devient le groupe majoritaire à l'assemblée Régionale à la suite des élections du . Ces Régionales sont annulées par le Conseil d'État le [5]. De nouvelles élections sont organisées le [6]. La liste Free Dom remporte cette fois 13 sièges, le mouvement ne réussit pas à transformer en vote d'adhésion, le vote protestataire de . Margie Sudre est élue présidente de la Région Réunion le vendredi [7]. C'est la première femme de La Réunion à la tête de La Région.
Le plébiscite des cantonales de mars 1994
Les cantonales partielles du Chaudron (11-18 juillet 1993)
À l'issue du premier tour () Camille Sudre récolte 48,41 % des suffrages (soit 1459 voix). Il affronte au second tour, Gabriel Armoudom candidat du PS. Camille Sudre est élu conseiller général au second tour [8] avec 56 % des suffrages. Gabriel Armoudom siègera quand même au Conseil général en tant que suppléant de Gilbert Annette. Ce dernier devant démissionner de son poste pour cumul de mandat (il reste maire et député).
- Fin : Jean Ivoula accompagne Gilbert Annette lors de la visite de Dominique Perben, ministre des DĂ©partements et Territoires d'Outre Mer au Village Jeunes du Chaudron [9].
Un contexte politique marqué par « les Affaires »
Le contexte du mois de est marqué par « les Affaires », terme qui désigne une série de mises en examen dans le cadre d'affaire politico-judiciaire impliquant un certain nombre d'hommes politiques réunionnais :
- Gilbert Annette démissionne de son mandat municipal le . Il sera mis en examen et condamné au cours de ce même mois ;
- Sous le coup d'une procédure de révocation de ses fonctions de maire (il est alors en "cavale" depuis près d'un an car mis en cause dans « l'affaire Dumez »), Pierre Vergès démissionne de son mandat de maire [10] ;
- Cassam Moussa, alors maire de Saint-Paul, est condamné à 18 mois de prison ferme [10];
- Affaire du « tabassage » des femmes lors d'une manifestation au Tampon [11];
- Condamnation d'Éric Boyer ainsi que celle de Jean-Luc Poudroux dans l'affaire dite de "la billetterie unique" [12].
Les cantonales de mars 1994
Jean Ivoula bat Michel Vitry avec plus de 70 % des voix au second tour des Cantonales, le et devient Conseiller général du Chaudron (canton de Saint-Denis-7)[13].
RĂ©sultats de l'Ă©lection cantonale de
Premier tour | Second tour |
---|---|
Jean Ivoula, 48,47 % PS | Jean Ivoula, 72,10 % |
Michel Vitry, 26,99 % DVD | Michel Vitry, 27,90 % |
Florian Baillif, 8,66 % PCR | - |
FĂ©licien Malbrouck, 7,91 % CDCA | - |
Marcelin Rangayanaguy, 6,33 % UDF/RPR/SE[14] | - |
Émile Chane Tou Ky, 1,64 % SE | - |
Une nouvelle carte politique
Ces cantonales participent à redessiner partiellement la carte politique réunionnaise vers des hommes marquant le renouveau. La Droite ressort affaiblie de l'élection. La Gauche devient majoritaire au Conseil Général [15]. Jean Ivoula se situe dans ce contexte.
La séance du 1er avril n'atteignant pas le quorum est reportée au . Benjamin des nouveaux élus, Jean Ivoula est secrétaire de la séance qui marque le retour de la gauche à la tête du Palais de la Source et l'élection de Christophe Payet en tant que président du Conseil Général. Sur 47 votants Christophe Payet obtient 26 voix et Joseph Sinimalé 21 voix [16].
Le positionnement sportif
- 1995-1997 : Président du Club de Football l'AS Chaudron.
Le positionnement culturel
- 1994-1998 : Président de l'ODC (Office Départemental de la Culture)
- 1997-1998 : Jean Ivoula préside le comité d'organisation des commémorations du 150e anniversaire de l'Abolition de l'Esclavage. Le comité du 150e anniversaire de l'Abolition de l'Esclavage, émanation du Conseil Général, est créé en et comporte 32 membres. Il s'est réuni de façon régulière entre , date de son installation et . Son rôle est de préparer l'événement, d'élaborer un projet de commémoration et de veiller à sa mise en œuvre, en relation avec ses partenaires institutionnels ou non institutionnels. Le Comité s'est constitué en association sous le nom d'Association pour le 150e Anniversaire de l'Abolition de l'Esclavage afin d'être l'opérateur administratif, technique et financiers de certains projets [17].
L'après Ivoula au Chaudron
En , il intervient devant les militants PS lors de l'adoption de la charte de Rénovation du PS. Il est rattrapé par la maladie. Le samedi , il décède des suites d'une longue maladie. La cérémonie religieuse se déroule à l'église du Chaudron. Ces obsèques auront lieu le dimanche au cimetière de l'Est.
À la suite du décès de Jean Ivoula le poste de conseiller général du 7e canton de Saint-Denis entre dans le cadre du renouvellement partiel. Alain Armand (PS), qui candidate sur le canton, récupère dès le premier tour le siège de conseiller général de Jean Ivoula. Alain Armand, alors premier adjoint de Michel Tamaya, succède à Jean Ivoula avec 53,59 % des voix (2 224 bulletins).
Derrière Alain Armand, Albert Lebon se contente de 16,27 % des voix. En troisième position, on retrouve Gilette Aho (ancienne speakerine de RFO) soutenue par l’UPR (Droite), elle décroche 10,22 % des voix. Lors de ces élections, le Chaudron se distingue par un taux de participation de 56,94 % (en 1994, le taux s’établissait à 43,10 %) [18].
Notes et références
L'ensemble de la presse est disponible en consultation aux Archives départementales de La Réunion (Champ-Fleuri). Les références ci-dessous signalent les côtes disponibles aux Archives départementales de La Réunion dans la série 1PER désignant les périodiques. Les procès-verbaux des délibérations du Conseil Général sont consultables au service des archives intermédiaires du Conseil Général.
- ADR, 1PER131/294, Le Quotidien du jeudi 15 février 2001, article : « Le collectif du Chaudron a tout misé sur l'insertion », page 12-13, citation de Bernard Robert en 2001
- Témoignages du mardi 17 juillet 2007, en mémoire de Jean Ivoula, par Alex Maillot, prêtre marié, ex-chef de projet du Chaudron chevalier de l’Ordre national du Mérite
- ADR, 1PER85/164, Témoignages du 25 février 1991, no 10892
- ADR, 1PER85/164, Témoignages du 28 février 1991
- ADR, 1PER94/268, Le JIR du samedi 8 mai 1993, no 13321 et 1PER131/201, Le Quotidien du samedi 8 mai 1993, no 5048
- ADR, 1PER131/202, Le Quotidien du lundi 21 juin 1993, no 5085
- ADR, 1PER131/202, Le Quotidien du samedi 26 juin 1993, no 5090
- ADR, 1PER131/203, Le Quotidien du lundi 19 juillet 1993, no 5019
- ADR, 1PER131/203, Le Quotidien du samedi 31 juillet 1993, no 5120
- ADR, 1PER131/211, Le Quotidien du 16 mars 1994
- Le Quotidien, mercredi 23 relaté dans la presse le 24
- ADR, 1PER131/211, Le Quotidien du 25 mars 1994
- « Jean Ivoula, l'enfant du Chaudron est décédé », Clicanoo.re,‎ (lire en ligne, consulté le )
- ADR, 1PER131/211, Le Quotidien du lundi 21/03/1994, page 7, « Marcelin Ranganayaguy, un jeune du Chaudron, obtint, pour sa première participation à une élection, 201 voix, soit 6,33 % . Présenté comme étant soutenu par l'UDF et le RPR, il annonce à la veille du premier tour qu'il n'a pas d'étiquette politique. »
- ADR, 1PER131/211, Le Quotidien du 28 mars 1994
- Archives Intermédiaires du Conseil Général, procès-verbaux des délibérations du Conseil Général du 4 avril 1994
- Archives intermédiaires du Conseil Général, séance publique des 30 et 31 mars 1999, Rapport 01 de la DPCS, Bilan du 150e Anniversaire de l'Abolition de l'Esclavage, page 39
- Cantonales de Saint-Denis 7 : Alain Armand succède à Jean Ivoula, publié le 12 mars 2001 sur http://www.clicannoo.com