Accueil🇫🇷Chercher

Jean Hamon (médecin)

Jean Hamon, né à Cherbourg[1] le et mort à Paris le , est un médecin français.

Plaque commémorative de la maison des Solitaires de Port-Royal

Janséniste et médecin de Port-Royal des Champs, il a écrit de nombreux livres médicaux et religieux.

Biographie

Né dans la paroisse Sainte-Trinité de Cherbourg, Jean Hamon est le fils de maître René Hamon, sieur des Fontaines, avocat et bourgeois de la ville[2].

Il est envoyé très jeune au collège de Valognes[3]. Il poursuit ses études au collège d'Harcourt, où il s’attache à deux cotentinois, le proviseur Pierre Padet et le professeur de philosophie Jacques du Chevreuil[2]. Entré à l’Université de Paris, il devient précepteur du petit-fils d’Achille de Harlay. Reçu docteur en médecine à la Faculté de médecine le , suivant ainsi son oncle, Pierre Hommest, étudiant à la Faculté de médecine entre 1625 et 1631. Il commence à exercer dans la paroisse Saint-Merri et acquiert par son habilité ainsi que son éloquence, une grande réputation.

Il y fréquente les jansénistes Antoine Singlin et Antoine Arnauld. En 1650, âgé de 33 ans, ayant refusé les largesses que lui propose Harlay, il renonce à son mariage prévu avec une fille de médecin, vend tous ses biens au profit des pauvres et se retire chez les solitaires de Port-Royal-des-Champs. Il y fait office de jardinier puis de secrétaire d’Arnauld, avant de succéder comme médecin de l’abbaye à Victor Pallu (1604-1650), qui avait été condisciple de son oncle à la Faculté de médecine[2]. Ainsi, il fait partie en 1656 des quatre médecins appelés à examiner le miracle de la Sainte-Épine[4].

Comme solitaire, il adopte une vie humble, sans ménagement, « à ne manger que du pain de son et ne boire que de l’eau »[5], à jeuner régulièrement comme signe de pénitence. Il donne des cours aux Petites écoles et soigne les pauvres de la région. Tolérant, il participe peu aux controverses qui ébranlent l’abbaye contre les autorités religieuses. En 1664, alors que la plupart des solitaires doivent quitter Port-Royal, lui est autorisé à rester, et y exerce jusqu’en 1669, devenant « le véritable directeur spirituel de Port-Royal »[3].

Il écrit plusieurs beaux ouvrages de réflexion. Boileau écrit sur lui

Tout brillant de savoir, d’esprit et d’éloquence,
Il courut au désert chercher l’obscurité ;
Aux pauvres consacra son bien et sa science,
Et trente ans dans le jeûne et dans l’austérité
Fit son unique volupté
Des travaux de la pénitence

Ayant eu Racine pour élève, celui-ci a énoncé le vœu dans son testament : « Je désire qu’après ma mort, mon corps soit porté à Port-Royal-des-Champs, et qu’il soit inhumé dans le cimetière au pied de la fosse de M. Hamon ». Quand Port-Royal fut rasé à la demande de Louis XIV en 1711, les cendres du dramaturge sont transférées par sa famille à l’église Saint-Étienne-du-Mont, tandis que les restes d’Hamon sont jetés avec les autres corps dans la fosse commune du cimetière de Saint-Lambert. Selon François Mauriac: « Ce médecin érudit était le plus tendre des solitaires, aussi attentif à consoler les cœurs des persécutés qu'à soigner leurs corps. Racine dut le préférer pour sa tendresse et parce qu'il pressentait que ce pur entre les purs était tourmenté dans sa chair »[6].

Ouvrages

  • Apologia Patris Cellotii (1648)
  • Écrit touchant l’excommunication, composĂ© par M. Hamon, vers l’annĂ©e 1665, Ă  l’occasion des troubles excitĂ©s dans l’Église, par rapport au Formulaire, 1665
  • TraitĂ©s de piĂ©tĂ©, (2 vol, 1675)
  • Traitez de morale de S. Augustin pour tous les Ă©tats qui composent le corps de l’Église, (traduits du latin, 1680)
  • Aegrae animae et dolorem suum lenire conantis pia in psalmum centesimum decimum octavum soliloquia (Amsterdam, 1684 ; traduit en français par Fontaine en 1685 et Goujet en 1732)
  • Sur la morale et les devoirs des pasteurs (2 vol, 1689)
  • Pratique de la prière continuelle ou Sentiments d’une âme vivement touchĂ©e de Dieu (1702)
  • Explication du Cantique de Cantiques (4 vol, 1708)
  • Instruction pour les religieuses de Port-Royal (2 vol, 1727-30)
  • Les GĂ©missements d’un cĹ“ur chrĂ©tien, exprimĂ©s dans les paroles du psaume CXVIII (1731)
  • Recueil de lettres (2 volumes, 1734)
  • De la solitude (1734)
  • Explication de l’oraison dominicale (1738)
  • L’Horloge de la passion, qui servoit de sujet de mĂ©ditation aux Religieuses de Port-Royal pendant l’adoration du très-saint-Sacrement avec des oraisons tirĂ©es de M. Hamon, 1739
  • Entretiens d’une âme avec Dieu... Avignon : aux dĂ©pens de la SociĂ©tĂ©, 1740
  • AbrĂ©gĂ© de la vie de la rĂ©vĂ©rende mère Marie-Angelique Arnauld, abbesse & rĂ©formatrice de Port-Royal, dans Entretiens ou conferences de la rĂ©vĂ©rende mère Marie-AngĂ©lique Arnauld, abbesse & rĂ©formatrice de Port-Royal, 1757

Il a traduit du latin Le bonheur conjugal de Saint Augustin, a rédigé la plupart des épitaphes latines du Nécrologe de Port-Royal, a écrit plusieurs ouvrages médicaux non imprimés, dont Dictionarium Medicum graeco-latinum et Medicinae principia.

Notes et références

  1. Cherbourg-Octeville en 2000, puis commune déléguée dans Cherbourg-en-Cotentin depuis 2016.
  2. Jean Lesaulnier, Les Jeunes années de Jean Le Normand, Monsieur Hamon, médecin, écrivain et solitaire : 1618-1687. Paris : Société des amis de Port-Royal, 1988
  3. Louis Charles Dezobry et Théodore Bachelet, Dictionnaire général de biographie et d’histoire. Paris, Ferdinand Tandou et Cie, 1863
  4. Raymond Bauste, La Querelle janséniste extra muros, Gunter Narr Verlag Tübingen, 2006
  5. d’après l’épitaphe en avant-propos de son Traité sur la piété. Amsterdam, Nicolas Potgieter, 1727
  6. François Mauriac, La vie de Jean Racine, Paris, Flammarion, , 158 p., p. 13


Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

  • Victor Le Sens, Biographie de Jean Hamon, Annuaire du dĂ©partement de la Manche. Saint-LĂ´, Elie fils, 1844
  • Constant Le Charpentier (docteur), Un mĂ©decin mystique au XVIIe siècle : M. Hamon, mĂ©decin et solitaire de Port-Royal (1618-1687). Etude biographique. Impr.-Ă©diteur Gabriel Enault, 1924
  • Jean Hamon (1618-1687), SociĂ©tĂ© des Amis de Port-Royal,
  • Monsieur Hamon, mĂ©decin, Ă©crivain et solitaire : 1618-1687. Paris : SociĂ©tĂ© des amis de Port-Royal, 1988 - ISSN 0529-4975
  • Jean Le Pichon, Ă€ propos de Jean Hamon, Cherbourgeois, “Solitaire” de Port-Royal in MĂ©moires Vol. 31 : Figures cherbourgeoises, SociĂ©tĂ© nationale acadĂ©mique de Cherbourg, 1995

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.