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Jean Fauvety

Jean Fauvety, né en 1763 à Uzès, guillotiné le à Avignon, est un révolutionnaire français

Jean Fauvety
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité

Biographie

Issu d'une famille protestante, directeur des postes à Uzès, il s'engage dans le mouvement révolutionnaire dès 1789 et devient membre du conseil général de la commune d'Uzès. Venu à Paris pour porter l'acceptation de la constitution de l'an I, son compatriote, le conventionnel Jean-Henri Voulland le fait entrer au Tribunal révolutionnaire comme juré le . Lors de l'instauration de la commission populaire d'Orange, il en est nommé président le . Installée le 15 prairial an II (), la commission commence à juger le 1er messidor (19 juin) et prononce jusqu'à sa suspension le 17 thermidor (4 août), sur 595 comparutions, 147 acquittements, 116 peines de prison ou amendes — en contradiction avec ses instructions qui ne prévoyait que la mort ou l'acquittement — et 332 condamnations à mort.

Le , Goupilleau de Montaigu ordonne l'arrestation des membres de la commission, qui sont internés à la prison du Fort, à Avignon. Toutefois, Fauvety, le greffier Benêt et l'accusateur public Viot parviennent à s'échapper et viennent se cacher, les deux premiers à Paris, où ils sont capturés en , le dernier à Avignon. Le 3 et le 7 pluviôse an III (22 et ), la Convention décide de confier leur jugement au tribunal révolutionnaire, à Paris. Lors du transfert des prisonniers d'Avignon, on découvre que Joseph Fernex, qui avait échappé à l'arrestation, était en fait interné à Lyon. Extrait de sa prison, il est massacré par la foule le 14 février.

Le , il est finalement décidé que les membres de la commission seraient ramenés à Avignon en passant par l'Auvergne, pour éviter la vallée du Rhône, plongée alors dans la Terreur blanche, et traduits devant le tribunal criminel du Vaucluse. Fauvety et Viot tentent de s'évader le 28 mai, à trois heures du matin, mais ils sont repris. Le 2 messidor (20 juin), lendemain de l'arrivée des autres membres de l'ancienne commission, Fauvety les rejoint en prison. Le même jour, le procès débute. Aucun avocat n'ayant voulu se charger de leur défense, Fauvety et la plupart de ses collègues sont condamnés à mort le soir du 7 messidor an III () et sont guillotinés sur la place du palais des Papes, alors appelée place du Fort, le lendemain, dans l'après-midi. Leurs cadavres, corps et têtes, sont ensuite jetés dans le Rhône, ainsi que celui de Nappier, exposé sur la même place, sous la garde de quelques gendarmes, qui est arraché à son poteau et déchiré par la foule furieuse[1].

Selon Charles Soullier, un auteur local, qui ignore le caractère prémédité du meurtre en attribuant la cause à la victime, « les cadavres des suppliciés furent insultés, et lorsque Nappier eut été exposé sur l'échafaud, ayant eu l'imprudence de répondre aux huées, il fut arraché du poteau ; on lui tira un coup de pistolet ; on lui porta mille coups et bientôt son cadavre, réuni à ceux des exécutés, fut aussi jeté dans le Rhône[2]. »

Autres accusés

  • Pierre-Michel-François Roman de Fonrosa, ou Roman-Fonrosa, nĂ© Ă  Die le , deuxième fils de Paul Roman, bourgeois, et de Jeanne-ThĂ©rèse Barnave, avocat comme son aĂ®nĂ© Paul-Antoine, prĂ©sident du tribunal de Die en 1790, juge de la commission, condamnĂ© Ă  mort;
  • Jean-Pierre Melleret, nĂ© Ă  Étoile le , fils de l'avocat Antoine Melleret, Ă©chevin de cette communautĂ©, mĂ©decin, un des principaux organisateurs de la FĂ©dĂ©ration d'Étoile et de la SociĂ©tĂ© des Amis de la Constitution de Valence et de celle d'Étoile, juge de la commission, condamnĂ© Ă  mort;
  • Gaspard Ragot, 42 ans, menuisier Ă  Lyon, juge de la commission, condamnĂ© Ă  mort;
  • François-Charles-Gabriel-LĂ©onard Viot, âgĂ© de 28 ans, nĂ© Ă  Charleville, ancien dĂ©serteur du rĂ©giment de Penthièvre-Dragons, accusateur public, condamnĂ© Ă  mort;
  • Joseph-François Barjavel, homme de loi, nĂ© Ă  Carpentras le , fils de Paul-Joseph Barjavel et de Jeanne-Delphine MĂ©zard, ancien accusateur du tribunal criminel du Vaucluse, conseil de l'accusateur public, condamnĂ© Ă  mort;
  • Claude BenĂŞt, homme de loi natif d'Orange, 31 ans, greffier de la commission, condamnĂ© Ă  mort;
  • Eustache Nappier, nĂ© Ă  Montreuil-l'ArgillĂ© le , installĂ© Ă  Paris depuis l'âge de 14 ans, ancien huissier au Châtelet de Paris puis au tribunal rĂ©volutionnaire, huissier de la commission, condamnĂ© Ă  12 ans de fer et Ă  ĂŞtre prĂ©alablement attachĂ© Ă  un poteau placĂ© sur un Ă©chafaud, pendant six heures, poignardĂ© par des inconnus pendant son exposition;
  • Claude Dubousquet fils, d'Avignon, 36 ans, commis de l'huissier adjoint le 27 prairial an II (), acquittĂ©;
  • Pierre-Nicolas Goubert, chirurgien-pĂ©dicure Ă  Paris, Ă©lecteur de la Section de la Butte-des-Moulins, mis hors de cause;
  • Joseph Teyssier, mis hors de cause;
  • Joseph-Marie-Victor-François Cottier-Julian, docteur en droit de Carpentras, 28 ans, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du dĂ©partement, secrĂ©taire en chef de la commission. Son jugement Ă©tant renvoyĂ© Ă  huitaine, il est jugĂ© le 22 messidor et condamnĂ© Ă  20 ans de fers et Ă  six heures d'exposition. Ă€ sa demande, sa peine est relevĂ©e Ă  24 ans de fers pour Ă©viter l'exposition, devant la menace qu'il soit assassinĂ© comme Eustache Nappier. Le jugement est annulĂ© l'annĂ©e suivante, et il est libĂ©rĂ©.

Sources

  • RenĂ© Moulinas, Histoire de la rĂ©volution d'Avignon, Aubanel, 1986, 390 pages (ISBN 2700601173)
  • Simeon Bonnel, Les 332 victimes de la Commission populaire d'Orange en 1794: d'après les documents officiels, 1888, 2 vol.
  • Jules Michelet, Histoire de la RĂ©volution française

Notes et références

  1. Ludovic Sciot, Le directoire, Librairie de Firmin-Didot et Cie, 1895, tome I, p. 189.
  2. Charles Soullier, Histoire de la rĂ©volution d'Avignon, tome II, p. 287, citĂ© par Charles Berriat de Saint-Prix, « La Justice rĂ©volutionnaire en France, 17 aoĂ»t 1792-12 prairial an III: la commission populaire d'Orange Â», dans Le Cabinet historique, 1867, tome XIII, 1re partie, p. 34-35. Ce dernier, citant la condamnation de Cottier-Julian, omet le fait qu'il ait proposĂ© un prolongement de sa peine de fers, pour Ă©chapper aux six heures d'exposition, qui auraient signifiĂ© pour lui une mort assurĂ©e.

Articles connexes

Bibliographie

  • A. Artozoul, Biographie de Jean Fauvety, prĂ©sident du tribunal rĂ©volutionnaire d'Orange, Imprimerie de A.Bonnaviat, 1897, 134 pages
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