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Jean-Pierre Bouyssonnie

Jean-Pierre Bouyssonnie, né le à Sarlat (Dordogne) et mort le à Paris 14e[1], est un industriel français.

Jean-Pierre Bouyssonnie
Jean-Pierre Bouyssonnie.
Biographie
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Distinction

Jeunesse et Formation

Né le 12 septembre 1920 à Sarlat-la-Canéda en Dordogne, ses parents tiennent un café dans la rue principale de Sarlat et ses grands parents sont maraîchers. Fils unique il est élevé avec son oncle Albert de 5 ans son aîné avec qui il construira une grande part de son parcours tant sportif qu’intellectuel.

S’il accompagne sa grand-mère en poussant la brouette jusqu’à la place du marché pour vendre la production de framboises et poireaux, il développe un goût extrême pour les sports et l’entraînement sportif tout en manifestant un intérêt prononcé pour les nouveautés techniques. À 5 ans il fera patienter sa mère pendant 4 heures en gare de Dax pour apercevoir l’une des premières locomotives électriques mises en service par la Compagnie des Chemins de Fer du Midi. À 7 ans il gagne un petit camion en bois en remportant une course à pied, signe probable du désir de compétition qui ne le quittera pas.

Son père, Edouard, blessé puis rescapé du tétanos en 1917, est un musicien éclairé. Il l’engage à apprendre le violoncelle, l’instrument le plus proche de la voix humaine. Germaine, sa mère est une maîtresse femme. Elle lui a transmis un leadership naturel.

Élève de l’école communale de Sarlat, il rencontre Guy Georgy l’ami qu’il ne quittera pas. Guy ne parle pas français quand il arrive en primaire mais apprend vite lui aussi et toute leur scolarité les deux compères se disputeront âprement la tête de classe et les tableaux d’honneur. Toute leur vie ils resteront en contact, parlant langue d’oc lorsqu’ils codaient leurs échanges.

Athlétisme, courses de vélo, rugby alternent avec les arrosages des cultures des grands-parents, les parties de cartes ou d’échec avec les clients du café des parents.

À Bordeaux il commence ses classes préparatoires au Lycée Montaigne, soutenu par son oncle étudiant en mathématiques, et est appelé à rejoindre Louis Legrand à Paris… « grâce à ses (mes) performances sur les terrains de rugby » dira Jean-Pierre. Entré à l’École polytechnique en 1939, il doit rejoindre les armées en guerre et, à 20 ans, participera à la retraite de 40 à la tête d’une section.

Il achèvera sa formation à Lyon où est repliée l’École Polytechnique et rejoindra l’École Nationale Supérieure du Génie Maritime à Toulon en 1942.

Parcours professionnel

  • Avec son diplĂ´me d’ingĂ©nieur en poche, il est affectĂ© aux chantiers navals d’Indret (Loire Atlantique) puis Ă  la surveillance du port du Havre en septembre 1944 oĂą, aux cĂ´tĂ©s des amĂ©ricains, il organise le renflouement de dizaines de navires coulĂ©s par les allemands afin de dĂ©gager au plus vite le port si nĂ©cessaire Ă  la poursuite de la libĂ©ration de la France.
  • En 1947 il est mutĂ© Ă  l’établissement de GuĂ©rigny, dans la Nièvre, site aujourd’hui fermĂ©, mais qui fut le haut lieu de l’aciĂ©rie et des forges de la Marine, oĂą il met au point les techniques de coulĂ©e et de forgeage des aciers amagnĂ©tiques, une première en France.
  • En 1952 Jean-Pierre quitte les Constructions Navales et entre Ă  la Compagnie française Thomson Houston qui lui confie la sous-direction, puis peu après la direction de son usine de Nevers fabriquant Ă  l’époque des petits moteurs Ă©lectriques, des Ă©clairages fluorescents et des mĂ©canismes d’armement. Il la modernise pour en faire entre autres l’usine pilote de la fabrication des compresseurs pour rĂ©frigĂ©rateurs exigeant une prĂ©cision et des tolĂ©rances inconnues jusqu’alors en Europe. De 800 personnes Ă  son arrivĂ©e, l’usine en compte 2 000 lorsqu’en 1957 il devient Directeur Industriel des activitĂ©s Grand Public du Groupe. C’est l’époque oĂą apparait la tĂ©lĂ©vision et il crĂ©e les usines d’Angers et de Moulins, prenant dĂ©sormais une part extrĂŞmement active dans le dĂ©veloppement de l’industrie Ă©lectronique dans notre pays.
  • En 1959 il devient Directeur Industriel du Groupe Thomson dont il Ă©quipe, pour faire face aux besoins de l’électronique professionnelle, les usines de Bagneux, Gennevilliers, Chatou, Sartrouville, OrlĂ©ans, Laval, Thonon…, en mĂŞme temps qu’en association avec General Electric il implante Ă  Aix-en-Provence la SociĂ©tĂ© europĂ©enne de semi-conducteurs.
  • En 1966 il devient Directeur GĂ©nĂ©ral des activitĂ©s Grand Public et Electronique Professionnelle, et transformera considĂ©rablement la sociĂ©tĂ© grâce Ă  la fusion avec Hotchkiss-Brandt en 1966 et Ă  l’absorption de CSF l’annĂ©e suivante. Ainsi naĂ®t Thomson-CSF dont il rĂ©alise l’intĂ©gration et l’organisation en unitĂ©s homogènes autonomes avec une efficacitĂ© qui en dit long sur ses qualitĂ©s humaines. C’est ainsi qu’apparaissent les secteurs des grands radars, des radars aĂ©roportĂ©s, des radiocommunications, des faisceaux hertziens, de l’électronique spatiale, de l’acoustique sous-marine, de la radiodiffusion, de la tĂ©lĂ©vision, de l’informatique, de la guerre Ă©lectronique active et passive, le tout complĂ©tĂ© Ă  Corbeville par un laboratoire de recherche oĂą naĂ®tront des gĂ©nĂ©rations de techniques nouvelles.
  • En 1976 enfin, le dispositif Ă©tant complĂ©tĂ© par l’absorption de LMT, de STE, de LTT pour les câbles et aboutissant Ă  la crĂ©ation d’un ensemble de 136 000 personnes dont 18 000 ingĂ©nieurs, il devient PrĂ©sident Directeur GĂ©nĂ©ral de Thomson-CSF et Vice-PrĂ©sident de Thomson-Brandt, puis en 1981 PrĂ©sident Directeur GĂ©nĂ©ral de l’ensemble du Groupe Thomson.
  • Les forts dĂ©veloppements du Groupe Ă  l’international conduiront Jean-Pierre Bouyssonnie Ă  couvrir les actions d’espionnage avec l’URSS, dans ce qui est devenu "l'affaire Farewell".
  • En 1982 Thomson est nationalisĂ© par le gouvernement de Pierre Mauroy, Jean-Pierre Bouyssonnie est remplacĂ© Ă  la tĂŞte du groupe par Alain Gomez et il quitte la prĂ©sidence de Thomson-CSF.
  • Quelques mois plus tard il Ă©dite ses souvenirs et rĂ©flexions dans un livre Au cĹ“ur de la bataille Ă©lectronique qui reste une rĂ©fĂ©rence pour l’industrie.

Après 1982

Continuant ses autres activités, il décide alors d’en assumer de nouvelles :

  • Il est Ă©lu puis rĂ©Ă©lu prĂ©sident de l’AX, Association des anciens Ă©lèves de Polytechnique, il coordonne les mesures liĂ©es Ă  la dĂ©localisation de l’École Ă  Palaiseau.
  • La mĂŞme annĂ©e, il crĂ©e l’OFTA, Observatoire français des techniques avancĂ©es dont il va assumer la prĂ©sidence pendant quatre ans[2].
  • En 1983 il est nommĂ© PrĂ©sident du C.E.F.R.I., Centre de Formation aux rĂ©alitĂ©s internationales crĂ©Ă© dix ans auparavant pour former les cadres de l’industrie et de la banque Ă  l’environnement international.
  • Toujours en 1983, il devient prĂ©sident du comitĂ© français de la Chambre de commerce internationale crĂ©Ă©e en 1920 et reprĂ©sentant les milieux d’affaires auprès des instances internationales comme l’ONU et la CEE.
  • En 1983 toujours, il crĂ©e avec Sylvain Floirat, ACELEC, sociĂ©tĂ© rĂ©gionale de haute technologie dont il a par la suite assurĂ© la prĂ©sidence.
  • En 1985 et 1986 il assume la PrĂ©sidence des ISF, Conseil national des ingĂ©nieurs et scientifiques de France.
  • En 1986 Jean-Pierre devient membre de la Commission nationale de la communication et des libertĂ©s, rĂ©gulateur des communications et distributeur des frĂ©quences, qui a jouĂ© un rĂ´le essentiel lors de la privatisation de TF1, de l’organisation des radios privĂ©es et du lancement de certains opĂ©rateurs de radiotĂ©lĂ©phonie mobile, rĂ´le dĂ©sormais repris par le CSA.
  • Il prĂ©side de 1990 Ă  1992 Aqui-TV, la chaĂ®ne de tĂ©lĂ©vision locale du PĂ©rigord, l’une des premières tĂ©lĂ©visions de proximitĂ© de notre pays.
  • Enfin, pour ne pas rompre avec la vie active et les progrès de la technique, il poursuivait une activitĂ© soutenue d’ingĂ©nieur-conseil.
  • En 1993, l’AcadĂ©mie de marine l’a Ă©lu membre titulaire puis PrĂ©sident de sa section Sciences et Technique Ă  laquelle il a apportĂ© ses connaissances et son expĂ©rience.
  • En 2004 il a crĂ©Ă© et prĂ©side AIRAMA, Alliance Internationale pour la reconnaissance des apports de Maurice Allais en physique et en Ă©conomie, avant d’en devenir prĂ©sident d’honneur.

Autres activités

La vie professionnelle de Jean-Pierre Bouyssonnie a toujours été doublée d’une activité sportive intense : en 1957 il recevait la médaille d’argent de l’Éducation Physique et des Sports, a pratiqué l’athlétisme, le cyclisme, le rugby jouant en première division dans le club de Toulon en 1942 avant de rejoindre la Normandie puis de prendre en 1953 la présidence du club olympique de Nevers et ensuite de celui de Sarlat ; il a été classé en tennis, a pratiqué la spéléo notamment dans les Bauges, était bleausard escaladant les rochers de Fontainebleau et a ouvert des voies d’alpinisme dans les Alpes.

Lors d’amphis qu’il a animés dans plusieurs grandes écoles, il répondait aux interrogations des étudiants sur les qualités requises pour devenir un grand patron : « il faut la santé d’abord ! ». Cet énorme capital qu’il possédait lui a permis aussi de faire du ski jusqu'à 85 ans et de continuer à initier jeunes et moins jeunes à la plongée ou à l’escalade jusque dans ses dernières années. S’il n’a pas eu d’enfants, Jean-Pierre Bouyssonnie a élevé et éduqué nombre de jeunes, il a aidé et soutenu un grand nombre de proches au service desquels il mettait son expérience et ses contacts.

Il a soutenu les projets et leurs acteurs aussi divers que :

  • Le festival Pablo Casals de Prades dans les annĂ©es 1950
  • le festival du film de Sarlat
  • le festival de musique du PĂ©rigord Noir
  • Sagarmatha 88, l’ascension de l’Everest en direct pour Antenne 2 en 1988
  • des projets de dĂ©veloppement du tourisme de montagne en Chine
  • AIRAMA, association de soutien aux travaux de Maurice Allais
  • Le Lien, association de rĂ©insertion de jeunes en difficultĂ© en coordination avec la Protection judiciaire de la Jeunesse
  • Tanawa, association pour la confirmation de la dĂ©couverte de l’AmĂ©rique par des navigateurs Ă©gyptiens en 232 av. J.-C.

Enfant de Sarlat, il est resté attaché toute sa vie à sa ville[3], féru de préhistoire, circulant comme chez lui sur les sites préhistoriques de la région et amateur éclairé de l’architecture médiévale. Son implication permanente pour le Périgord l’a amené à conduire une liste lors des élections municipales en 1989 pour promouvoir le développement économique et culturel de Sarlat.

Ă€ 90 ans, Jean-Pierre Bouyssonnie est mort Ă  Paris le 3 mars 2011.

DĂ©corations

  • Grande mĂ©daille d’or de la FĂ©dĂ©ration des Industries Ă©lectriques et Ă©lectroniques,
  • Commandeur de la LĂ©gion d’Honneur
  • Commandeur de l’Ordre national du MĂ©rite.

Livre

  • Jean-Pierre Bouyssonnie : Au cĹ“ur de la bataille Ă©lectronique – 1983 – Éditions Jean Picollec (ISBN 2-86477-048-2)

Articles

  • La vie Judiciaire no 2241 – mars 1989 – « Le chef d’entreprise face aux problèmes juridiques »
  • PrĂ©face de l’ouvrage « Le management des connaissances dans l'entreprise; ressources humaines et systèmes d'information; Jean-Maurice Bruneau, Jean-François Pujos »; 1992
  • Art et Histoire en PĂ©rigord Noir no 100 – 2005 – Guy Georgy (1918 – 2003)
  • École polytechnique - La Jaune et la Rouge no 640 – dĂ©cembre 2008 – « Bien s’informer en respectant l’éthique » (« La fonction d’une entreprise n’est pas de distribuer des subsides »)

Références

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. École polytechnique - La Jaune et La Rouge no 558 – mars 1998 – « L’OFTA a 15 ans »
  3. Sud Ouest, 8 mars 2011

Liens externes

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