Jean-Marie Geoffroy
Jean-Marie Joseph Geoffroy, dit simplement Geoffroy, né à Paris le et mort à Paris 19e le [1], est un acteur français.
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(Ă 70 ans) 19e arrondissement de Paris |
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Talbot (gendre) |
DĂ©buts
Le père de Geoffroy, qui était ouvrier bijoutier, tint à ce que son fils apprît ce métier, mais ce dernier, qui était bien plus intéressé par le théâtre, se fit engager, en dans une petite troupe ambulante contre la volonté de ses parents[2]. Il commença par jouer dans les environs de Paris, pour 50 fr. par mois[2]. Après une apparition au théâtre du Gymnase en , il n’y resta pas et repartit pour la province, pour aller jouer à Nancy où il rencontra Bouffé[2]. Revenu débuter au théâtre de la Gaîté, dans le rôle du pompier, de la Belle Écaillère de Lurieu[2]. N’ayant pas encore obtenu d’engagement, il repartit pour la province, Clermont, Reims, et passa même à l’étranger jusqu’en Italie, à Florence et à Naples[2]. En -43 il reparut à Rouen, jouant presque tous les rôles de Bouffé[2].
Théâtre du Gymnase
En , alors qu’il était âgé de plus de trente ans, il parvint enfin à obtenir un engagement au théâtre du Gymnase à Paris, où il allait rester 19 ans, et dont il devait bientôt devenir un des acteurs de premier plan de cette troupe[2].
Geoffroy était alors devenu un des plus solides soutiens du théâtre du Gymnase, surtout depuis les succès de Mercadet, du Voyage de monsieur Perrichon et de la Poudre aux yeux. En , le Gymnase proposa dans la même soirée Les Pattes de mouche de Victorien Sardou, et la reprise du succès vieux de deux ans, le Voyage de monsieur Perrichon, où Geoffroy tenait toujours le rôle principal. La direction estima bon de placer cette pièce en lever de rideau. Geoffroy se sentit froissé de ce traitement, et son caractère, autoritaire, grognon et peu sociable, fit le reste : pour une question d’amour-propre, il rompit son contrat avec le Gymnase.
Théâtre du Palais-Royal
Le théâtre du Palais-Royal fut ravi de récupérer ce comédien exceptionnel, d'autant plus que sa troupe avait été amputée par les décès de Sainville en , et de Grassot en . Geoffroy en devint rapidement le premier acteur, avec un salaire de 30 000 francs par an, ce qui était, à l’époque, très confortable, et correspondait au traitement d’un sénateur.
Si, à la ville, il était un ours, qui évitait le contact avec ses camarades, à la scène, en vrai professionnel, Geoffroy se transformait. Il devenait alors ce que son rôle lui disait d’être : un bourgeois fat et poltron, un père sentencieux ou un mari débonnaire et satisfait de lui-même. Il savait, avec beaucoup de finesse, donner vie aux personnages les plus grotesques. Henry Lyonnet a rapporté de lui :
« Il a un rire à lui, un rire sympathique qui se répand dans la salle. Les autres comiques tirent leurs effets du sérieux avec lequel ils débitent les bonnes ou mauvaises plaisanteries dont leurs rôles sont semés ; Geoffroy procède par le moyen contraire. »
À la différence de beaucoup d’acteurs tels que Grassot, Gil-Pérès ou Hyacinthe, il possédait un jeu franc, naturel, relativement sobre pour l’époque, tout comme celui de Lhéritier, avec qui il fut souvent associé.
Il savait également chanter agréablement, se présentait sur scène avec beaucoup d’aisance et avait la science des effets. Son jeu sûr et constant faisait dire de lui qu’il était aussi bon à la première représentation d’une pièce qu’à la centième.
Il sut surtout incarner avec beaucoup de bonheur le « bourgeois », dont l’archétype fut le personnage de Monsieur Prudhomme, créé par Henry Monnier.
Geoffroy fut l’interprète de nombreuses variations ultérieures autour de ce thème, créées à de multiples occasions par Balzac (Mercadet), Eugène Labiche (Perrichon, Célimare, etc.), Gondinet (Marjavel, Pontérisson), Meilhac et Halévy (le comte Escarbonnier).
Eugène Labiche lui bâtit des rôles sur mesure et reconnut plus tard tout ce qu’il lui devait. Le jour de son élection à l’Académie française, il lui écrivit : « On m'a donné un fauteuil, mais je t'en dois bien au moins un bras[2] ! »
Curieusement, une fois la rampe éteinte, le personnage bonhomme et sympathique, qui venait d’égayer le public avec tant de naturel, disparaissait. Il retrouvait alors le léger bégaiement dont il n’avait pu se défaire à la ville. Bourru et grognon, il se déshabillait en une minute et quittait le théâtre. Pour cette raison, il n’était guère apprécié de ses camarades de scène.
On se demanda souvent pourquoi Geoffroy, vu sa qualité d’acteur, ne postula jamais à la Comédie-Française. À cela, on émit plusieurs hypothèses, qui ont le mérite d’éclairer un peu plus le personnage :
- tel Jules César, il préférait être le premier dans son village que le second à Rome ;
- il aimait émailler son texte d’interjections variées, qui accroissaient son naturel, mais qui n’auraient pas été admises à la Comédie-Française ;
- il se prétendait incapable de dire des vers.
À sa mort, d’une attaque de goutte dont il souffrait depuis longtemps, dans sa petite maison de Belleville, située fort à propos rue des Solitaires, et qu’il appelait son « palais de chaume », il fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise[3], où son monument en marbre blanc est orné d’un buste et d’une guirlande où sont rappelées ses principales créations[2], et René Luguet prononça un discours au nom de la Société des acteurs.
Il avait été marié à Louisa Kersent, elle-même comédienne, qui débuta à Marseille, puis tint à partir de des rôles de soubrettes au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, qui mourut en , au moment où son mari connaissait de grands succès au théâtre du Palais-Royal, disparition qui peut expliquer en partie la misanthropie de Geoffroy.
Théâtre
Carrière au Théâtre du Gymnase
Quelques-uns des rôles qu’il tint au Théâtre du Gymnase :
- Antoine dans Rodolphe ou frère et sœur, drame en 1 acte d’après Goethe, de Scribe et Mélesville en 1844 (créé le ). Ce fut le premier rôle de Geoffroy au Gymnase
- Pepito dans Rebecca de Scribe le
- Pierre Mauclerc dans L’Image, vaudeville de Scribe et Thomas Sauvage, création le , où il fit une vive impression à Scribe
- Anatole dans Jeanne et Jeanneton de Scribe et Varner le
- Decius dans L'Enfant de la maison de Labiche, Varin et Nyon le ; premier rôle de Geoffroy dans une pièce de Labiche ; il allait devenir l’acteur fétiche de ce dernier.
- Daniel dans La Loi salique de Scribe le
- Crosby dans La Protégée sans le savoir de Scribe le
- Simoun dans La DĂ©esse de Scribe le
- Charlot Canigou dans Didier l’honnête homme de Scribe le
- Thouvenel dans L'Art de ne pas donner d'Ă©trennes de Labiche et Lefranc le
- dans La Comtesse de Sennecey, drame en 3 actes mêlé de chants de Bayard et Dennery le
- Moucheron dans À bas la famille ou les Banquets de Labiche et Lefranc le
- dans Le Bourgeois de Paris ou la Leçon au pouvoir de Clairville en 1850
- dans Le Mariage de Victorine, comédie de George Sand le
- Mercadet dans Mercadet le faiseur, de Balzac et Dennery, créé le , où il fut, selon Henry Lyonnet, au-dessus de tout éloge
- dans Le DĂ©mon du foyer, de George Sand en 1852
- dans Le Camp des bourgeoises, comédie en 1 acte de Dumanoir (Gymnase en 1855)
- Le Baron de Fourchevif dans la comédie-homonyme de Labiche et Alphonse Jolly le
- Perrichon dans Le Voyage de monsieur Perrichon de Labiche et Édouard Martin le
- Verdinet dans J'ai compromis ma femme de Labiche et Alfred Delacour le
- Ratinois dans La Poudre aux yeux de Labiche et Édouard Martin le
- dans Les Invalides du mariage, comédie en 3 actes de Dumanoir et Lafargue (Gymnase en 1862)
Carrière au Théâtre du Palais-Royal
Quelques-uns des rôles qu’il tint au Théâtre du Palais-Royal :
- Montaudouin dans Les 37 Sous de M. Montaudoin de Labiche et Édouard Martin le
- Célimare dans Célimare le bien-aimé de Labiche et Alfred Delacour le
- Poparel dans La Commode de Victorine de Labiche et Édouard Martin le
- Champbourcy dans La Cagnotte de Labiche et Alfred Delacour le
- DĂ©godin dans Premier Prix de piano de Labiche et Alfred Delacour le
- Moulinfrou dans La Bergère de la rue Monthabor de Labiche et Alfred Delacour le
- Gatinais dans Un pied dans le crime de Labiche et Adolphe Choler le
- Caboussat dans La Grammaire de Labiche et Alphonse Jolly le
- Ginginet dans Les Chemins de fer de Labiche, Alfred Delacour et Adolphe Choler le
- Gabaille dans Le Papa du Prix d'Honneur de Labiche et Théodore Barrière le
- Godivais dans Le Dossier de Rosafol de Labiche et Alfred Delacour le
- Gavaut dans Gavaut Minard et cie de Gondinet le
- Marjavel dans Le Plus Heureux des trois de Labiche et Gondinet le
- Beaufrisard dans Le Livre bleu de Labiche et Ernest Blum le
- Picaud dans Le Chef de division de Gondinet le
- Trempard dans La Pièce de Chambertin de Labiche et Jules Dufrenois le
- Montacabère dans Le Homard de Gondinet le
- Savouret dans Les Samedis de Madame de Labiche et Alfred Delacour le
- Pontérisson dans Le Panache de Gondinet le
- Ferdinand dans Le Prix Martin de Labiche et Émile Augier le
- Champagnolles dans Le Tunnel de Gondinet le
- Lavignac dans Les Convictions de Papa de Gondinet le
- Le comte Escarbonnier dans Le Mari de la débutante de Meilhac et Halévy le
- dans Le Mari Ă Babette de Meilhac et Philippe Gille le
Notes et références
- Acte de décès à Paris 19e, n° 2128, vue 7/31.
- Henry Lyonnet, Dictionnaire des comédiens français, ceux d’hier : biographie, bibliographie, iconographie, t. 2. E-Z, Genève, Bibliothèque de la Revue universelle internationale illustrée, 717 p., 2 vol. : ill., portr. ; 29 cm (lire en ligne), p. 113-5.
- 56e division Jules Moiroux, Le Cimetière du Père Lachaise, Paris, S. Mercadier, , 390 p. (lire en ligne), p. 173.
Voir aussi
Bibliographie
- Henry Lyonnet, Dictionnaire des comédiens français, ceux d’hier : biographie, bibliographie, iconographie, t. 2. E-Z, Genève, Bibliothèque de la Revue universelle internationale illustrée, 717 p., 2 vol. : ill., portr. ; 29 cm (lire en ligne), p. 113-5.
Liens externes
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