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Jean-Louis-Auguste Clavel

Jean-Louis-Auguste Clavel, connu sous la dĂ©nomination de chanoine Clavel de Saint-Geniez, nĂ© le Ă  Saint-Geniez-d'Olt (Aveyron) et mort le Ă  Paris[1], est un prĂȘtre catholique français qui fut par ailleurs mĂ©decin et botaniste.

Jean-Louis-Auguste Clavel
Église Saint-Pregts de Villemanoche.
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  49 ans)
Paris
Nationalité
Activités

Biographie

Il Ă©tudie au grand sĂ©minaire de Mende et il est reçu au baccalaurĂ©at en 1827. Il devient professeur de latin et grec au petit sĂ©minaire de Bergerac. Il est ordonnĂ© prĂȘtre Ă  Nontron en 1830, Ă  vingt-deux ans et demi. Il est d'abord nommĂ© curĂ© desservant Ă  Grun et Bourrou. Il arrive en 1839 Ă  Paris et y termine ses Ă©tudes de mĂ©decine[2].

En 1844, il signe un droit de réponse (ou ce qui en est l'équivalent à l'époque) avec ses titres de « chanoine honoraire de la métropole de Sens, médecin de la Faculté de Paris » et indique loger au 31, rue Saint-Georges à Paris[3].

Il reçoit un poste de curĂ© desservant dans le diocĂšse de Sens, d'abord Ă  Escamps du au , puis Ă  Villemanoche Ă  partir de cette date. Un chanoine de Sens, l'abbĂ© Carlier, dans un courrier au prĂ©fet de l'Yonne, le , le juge avec sĂ©vĂ©ritĂ© : « L'abbĂ© Clavel se dĂ©shonore lui-mĂȘme... Tour Ă  tour prĂȘtre interdit, mauvais mĂ©decin, journaliste dangereux, ardent dĂ©magogue, faux bonapartiste, il joue tous les rĂŽles [
] ». Clavel quitta alors Sens, certainement pour Paris[2].

Le reste de sa vie est peu documentĂ©, si ce n'est qu'il publie des Ă©crits botaniques ainsi que son almanach, chaque annĂ©e jusqu'en 1876. Dans son TraitĂ© de Botanique de 1855, il indique qu'il applique « la mĂ©thode de traitement constante [
] envers les malades qui ont recours Ă  [ses] consultations mĂ©dicales : soit par correspondance, soit de vive voix, et qui s'adressent Ă  [lui], rue du Dragon, n° 37 [Ă  Paris], pour [lui] exposer les symptĂŽmes de leurs maladies. »[4]

Le médecin et le botaniste

Le chanoine Clavel de Saint-Geniez fut un vulgarisateur de la botanique, plutĂŽt qu'un Ă©minent botaniste. Toute son Ɠuvre naturaliste est tendue vers l'usage de la botanique

« par MM. les curĂ©s, qui, habitant la campagne, veulent employer utilement le temps de leurs distractions Ă  l'Ă©tude des plantes ; par les mĂ©decins, qui sont obligĂ©s de connaĂźtre les propriĂ©tĂ©s mĂ©dicales ou dĂ©lĂ©tĂšres d'un grand nombre de vĂ©gĂ©taux ; par les pharmaciens, obligĂ©s de les manipuler ; par les herboristes, qui les rĂ©coltent, les conservent et les vendent ; par les agriculteurs, qui les administrent chaque jour en nourriture Ă  leurs animaux dans les fermes ; par les industriels, qui les emploient dans leurs travaux ; par les commerçants, qui en font l'objet de leurs spĂ©culations ; enfin par toutes les personnes sachant lire, [
][5]. »

Catholique fervent, sa cosmogonie est marquĂ©e par l’existence de Dieu et le fait sortir des canons naturalistes pourtant en vigueur au XIXe siĂšcle. Selon ses vues, il n'y a pas trois rĂšgnes dans la nature (l'animal, le vĂ©gĂ©tal & le minĂ©ral) mais sept[6] :

  • Le rĂšgne divin : l'immensitĂ© du CrĂ©ateur et ses attributs ;
  • Le rĂšgne sous-divin : les esprits finis et les immortels ;
  • Le rĂšgne astronomique : les astres, les constellations et les mĂ©tĂ©ores ;
  • Le rĂšgne humain : l'homme et son intelligence ;
  • Le rĂšgne animal : les brutes ;
  • Le rĂšgne minĂ©ral : les ĂȘtres inanimĂ©s ;
  • Le rĂšgne vĂ©gĂ©tal : les ĂȘtres qui vivent sans se mouvoir et les Ă©lĂ©ments atomiques, qui s'agitent mystĂ©rieusement au sein de la nature quoique privĂ©s de vie et de sentiment.

Le prĂȘtre en rĂ©volte

En 1839, les frĂšres Charles-RĂ©gis (1790-1859) et Augustin-Vital (1793-1875) Allignol, curĂ©s dans le diocĂšse de Viviers « s’élĂšvent contre la toute-puissance des Ă©vĂȘques et autres princes de l'Église » et font paraĂźtre De l'Ă©tat actuel du clergĂ© en France, et en particulier des curĂ©s ruraux appelĂ©s desservans. C'est le dĂ©but d'une rĂ©volte sociale de nombreux curĂ©s, et non pas d'une hĂ©rĂ©sie contrairement Ă  ce que prĂ©tendent certains de leurs dĂ©tracteurs[7]

Il soutient ce mouvement et au mois de , il fait dĂ©poser par Lamartine, une pĂ©tition qui rĂ©clame des rĂ©formes dans L’Église de France : indĂ©pendance des officialitĂ©s, Ă©lection de la hiĂ©rarchie ecclĂ©siale, Ă©mancipation canonique des prĂȘtres, recrutement des prĂȘtres sur concours, etc.[8] - [9]

Il eut pour cela quelques dĂ©mĂȘlĂ©s d'abord ecclĂ©siaux puis judiciaires avec l'archevĂȘque de Paris Mgr Affre.

Il Ă©tait le gĂ©rant de la revue « Le Bien social », journal de dĂ©fense des intĂ©rĂȘts du bas-clergĂ©[10]. En 1845, il y dĂ©fend les positions des frĂšres Allignol. En , les frĂšres Allignol se soumettent; Clavel aussi. La revue disparaĂźt. Puis il fonde et dirige le pĂ©riodique « Le Rappel », tribune du droit canon et des libertĂ©s de l'Église (de Ă  ). Il est reçu en audience par le pape d’alors, GrĂ©goire XVI, pour tenter de faire approuver ses doctrines. Sans succĂšs. AttaquĂ© par l'archevĂȘque de Paris (dans le mĂȘme mandement contre « La Voix de la VĂ©ritĂ© », journal de l'abbĂ© Migne) la revue cesse de paraĂźtre[11].

La soumission ne fut certainement que de façade car il se prĂ©senta en 1848 aux Ă©lections pour l'AssemblĂ©e nationale dans le dĂ©partement de la Dordogne, puis aux Ă©lections complĂ©mentaires de l'Yonne en novembre de la mĂȘme annĂ©e[2].

Publications

MĂ©decine et botanique

  • Le MĂ©decin du corps et de l'Ăąme, A. Royer, 2 vol., 1844, 320 p.
  • Almanach populaire de la santĂ©: le mĂ©decin de soi-mĂȘme, hygiĂšne de la famille Ă  la ville et Ă  la campagne, Paris, A.Royer, 1844, 192 p.
    • RĂ©Ă©ditĂ© en : Almanach populaire de la santĂ© pour 1845, ou le pharmacien chez soi, et clinique du praticien en ville et Ă  la campagne, Paris, A. Royer, 1845, 256 p.
    • RĂ©Ă©ditĂ© en : Botanique des malades; histoire naturelle des plantes mĂ©dicinales : Almanach populaire de la santĂ© pour 1847, Paris, chez l'auteur, 1846, 248 p.
  • Le corps et l'Ăąme, ou Histoire naturelle de l'espĂšce humaine, Paris, Garnier frĂšres, 1851 .
  • TraitĂ© pratique et expĂ©rimental de botanique, 2 vol.de texte & 1 vol. de gravures, L. VivĂšs, 1855 (tome 3.
  • Almanach manuel de la santĂ©, mĂ©decin de soi-mĂȘme, contenant des notions sur les maladies en gĂ©nĂ©ral ; suivi d'un TraitĂ© des maladies de l'Ăąme, Delarue, de 1853 Ă  1876

Religion

  • Petits Sermons populaires d'un curĂ© de village sur les principales vĂ©ritĂ©s de la religion et de la morale ; suivis d'un TraitĂ© de philosophie chrĂ©tienne, Paris, A. Royer, 1845, 320 p.
  • Histoire chrĂ©tienne des diocĂšses de France, de Belgique, de Savoie et des bords du Rhin : Gallia Christiana, en français : annales de la monarchie, du clergĂ©, de la noblesse, de la bourgeoisie, etc., Paris, Louis VivĂšs, 1855 (tome 1)

Écrits politiques

  • Au Roi des Français et Ă  sa dynastie (SignĂ©: Au nom de tous les rĂ©dacteurs du « Bien social »), , Paris, impr. de E. Proux.
  • PĂ©tition Ă  la Chambre des Pairs, , Paris, impr. de E. Proux.
  • Les sophismes d'un prĂ©lat contemporain, ou RĂ©futation, phrase par phrase, du mandement de Mgr l'archevĂȘque de Paris portant condamnation du journal "le Bien Social", Paris, A. Leconte, 1845 .
  • DĂ©claration politique de l'abbĂ© Clavel, se prĂ©sentant candidat pour l'AssemblĂ©e nationale : aux citoyens Ă©lecteurs des assemblĂ©es cantonales dans. la Dordogne, Paris, Impr. E. & V. Penaud frĂšres, 1848

Comme traducteur

  • Les beautĂ©s de la foi ou Le bonheur de croire en JĂ©sus-Christ et d'appartenir Ă  la vĂ©ritable Église, du PĂšre J. Ventura, Paris, L. VivĂšs, 1855-1856, 5 vol. in-12.

Références

  1. Archives de Paris Acte de décÚs reconstitué du 14/04/1857, vue 43 / 51
  2. Jean-Baptiste Duroselle, L'abbé Clavel et les revendications du bas-clergé sous Louis-Philippe, cf biblio.
  3. L'Ami de la religion et du roi : journal ecclésiastique, politique et littéraire, no 3853 du 11 janvier 1844, p. 80
  4. Chanoine Clavel de Saint-Geniez, Traité pratique & expérimental de Botanique, t.2, p. 440, Paris, Louis VivÚs, 1855
  5. Chanoine Clavel de Saint-Geniez, Traité pratique & expérimental de Botanique, t.1, préface, pp.III&IV, Paris, Louis VivÚs, 1855
  6. Chanoine Clavel de Saint-Geniez, Traité pratique & expérimental de Botanique, t.1, p. 1-2, Paris, Louis VivÚs, 1855
  7. Pierre-Denis Boyer (1766-1842), directeur au séminaire Saint-Sulpice, Coup d’Ɠil sur l'Ă©crit des frĂšres Allignol touchant l'Ă©tat actuel du clergĂ© en France : appendice Ă  la dĂ©fense de l’Église catholique contre l'hĂ©rĂ©sie constitutionnelle, Paris, Gaume FrĂšres, 1840
  8. L'Ami de la religion et du roi : journal ecclésiastique, politique et littéraire, no 3913 du 30 mai 1844, p. 439
  9. Jacqueline Lalouette, Les conceptions lamartiniennes des rapports entre l’Église et l’État, dans La laĂŻcitĂ© en question: religion, État et sociĂ©tĂ© en France et en Allemagne du 18e siĂšcle Ă  nos jours, Presses Universitaires du Septentrion, 2008, p. 67
  10. Personnages cĂ©lĂšbres de Saint-Geniez-d’Olt, l’Écrin Vert de l'Aveyron
  11. Jacques Lafon, Les prĂȘtres, les fidĂšles et l'Ă©tat: le mĂ©nage Ă  trois du XIXe siĂšcle, Éditions Beauchesne, 1987, p. 158

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean Marie Mayeur, L'Histoire religieuse de la France, 19e-20e siĂšcle: problĂšmes et mĂ©thodes, Éditions BeauchĂȘne, 1975, p. 16
  • Jean-Baptiste Duroselle, L'abbĂ© Clavel et les revendications du bas-clergĂ© sous Louis-Philippe, Études d'Histoire moderne et contemporaine, 1947, t.1, p. 99–126
  • Paul Droulers, Action pastorale et problĂšmes sociaux sous la Monarchie de Juillet chez Mgr D'Astros, Vrin, 1954, p. 165–166

Liens externes

  • Premier mĂ©moire pour M. Jean-Louis-Auguste Clavel, contre un mandement de Mgr Affre, portant condamnation de deux Ă©crits pĂ©riodiques publiĂ©s sous les noms de « La Voix de la vĂ©ritĂ© » et « Le Rappel »
  • Le religieux entre autoritĂ© et dissidence (XIXe – XXe siĂšcle) : AutoritĂ© et dissidence, le champ religieux sous tension, Histoire@Politique no 18, sept.-
  • Gabriel Mas, Le cardinal de Bonald et la question du travail (1840-1870), ThĂšse de doctorat d’Histoire, prĂ©sentĂ©e et soutenue publiquement le , UniversitĂ© LumiĂšre Lyon 2, Laboratoire de Recherche Historique RhĂŽne-Alpes, chap.II, § 1 .
  • De l'Ă©tat actuel du clergĂ© en France, et en particulier des curĂ©s ruraux appelĂ©s desservans, par C. et A. Allignol, frĂšres .
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