Jean-Joseph Girouard
Jean-Joseph Girouard, né le à Québec et mort le à Saint-Benoît[1], fut un notaire et un député associé au Parti patriote à la Chambre d'assemblée du Bas-Canada.
Jean-Joseph Girouard | |
Fonctions | |
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Député de la Chambre d'assemblée du Bas-Canada | |
– (7 ans) |
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Circonscription | Deux-Montagnes no 2 |
Prédécesseur | Jacques Labrie |
Successeur | Dernier titulaire |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Québec (Bas-Canada) |
Date de décès | (à 60 ans) |
Lieu de décès | Saint-Benoît (Canada-Est) |
Nationalité | Canadien-français |
Parti politique | Parti patriote |
Père | Joseph Girouard |
Mère | Marie-Anne Baillairgé |
Fratrie | Angèle Girouard Félicité Girouard |
Conjoint | Marie-Louise Félix (1818-1847) Émilie Berthelot (1851-1855) |
Enfants | 3 |
Profession | Notaire |
Biographie
Jean-Joseph Girouard était de descendance acadienne. Son ancêtre, François Girouard, s’établit en Acadie durant les années 1640. À la suite de la déportation des Acadiens, quelques descendants, dont Joseph Girouard, grand-père de Jean-Joseph Girouard, se réfugièrent à Québec. Le père de Jean-Joseph Girouard, aussi nommé Joseph, fut, pendant sa jeunesse, l'apprenti de Jean Baillairgé, maître menuisier. Il fut ensuite entrepreneur de construction navale à Québec. En 1793, il épousa dans cette ville Marie-Anne Baillargé, la plus jeune fille de Jean Baillairgé et la mère de Jean-Joseph Girouard. Le couple eut trois enfants: Angèle, Félicité et Jean-Joseph[2].
Jeunesse
En 1880, à seulement 5 ans, Jean-Joseph Girouard perdit son père qui mourut d'une noyade. Entre les âges de 6 ans et de 10 ans, avec sa famille, il habita dans la maison de Jean Baillargé. En 1885, Baillargé décéda également. Jean-Baptiste Gatien, curé de Sainte-Famille, à l’île d’Orléans, offrit alors à la mère de Girouard d’être la gouvernante de son presbytère et de venir le rejoindre avec ses enfants à Sainte-Famille, ce qu'elle accepta. Le curé assura dès lors la vie matérielle de la veuve et de ses enfants, et prit en charge l'éducation du jeune Jean-Joseph. En 1806, Gatien alla desservir la paroisse Sainte-Anne, à Sainte-Anne-des-Plaines. La famille Girouard le suivit, et fit de même en 1811, lorsque Gatien fut nommé cette fois curé de Saint-Eustache[2]. Pendant cette période, Girouard s'initia au dessin, à la sculpture et à l'architecture auprès de son cousin Thomas Baillairgé[3].
À partir de 1811, il fit l'apprentissage du notariat à Montréal, puis à Saint-Eustache[1]. Au début de la guerre anglo-américaine de 1812, Girouard servit dans un corps de volontaires à Lachine[4]. En novembre 1812, ayant atteint l’âge exigé pour être enrôlé, il servit à Montréal en tant qu'adjudant dans le bataillon de milice de Lavaltrie, sous le commandement du lieutenant-colonel Joseph-Édouard Faribault[2]. Il reçut sa commission de notaire en juin 1816 et, dès le mois suivant, ouvrit son bureau à Saint-Benoît, dans la demeure du marchand et futur chef patriote Jean-Baptiste Dumouchel. Le 23 novembre 1818, il épousa Marie-Louise Félix[4].
Engagement politique
À l’automne de 1821, le gouverneur George Ramsay nomma Girouard capitaine dans le bataillon de milice de Rivière-du-Chêne. Pendant la campagne électorale de l'été 1827, aux côtés de Jean-Olivier Chénier, Girouard parcourut la circonscription d'York avec le candidat du Parti patriote, Jacques Labrie. En juillet 1827, plusieurs partisans patriotes, tels que Dumouchel, Labrie et Joseph-Amable Berthelot, trois amis de Girouard, furent destitués de leurs charges d’officiers de milice pour leur participation aux assemblées électorales. En guise de protestation, en janvier 1828, Girouard remit sa commission de capitaine de milice au gouverneur[4].
Girouard fut élu député du comté de Deux-Montagnes en 1831, et réélu en 1834. À ce titre, il parraina la loi scolaire[4] du 21 mars 1836[5] prévoyant la création d'écoles normales au Bas-Canada. En 1837, Girouard participa à plusieurs des assemblées patriotes tenues à travers le Bas-Canada: à Sainte-Scholastique, à Saint-Thomas-de-Montmagny, à la Malbaie, et à Saint-Charles, pour l'Assemblée des six-comtés. Lorsqu'éclata la Rébellion des Patriotes, il était considéré par les autorités britanniques comme « modéré mais dangeureux »[4], et comme l'un des chefs du mouvement rebelle de la région du lac des Deux-Montagnes, avec Chénier et Luc-Hyacinthe Masson[2]. Un mandat d'arrestation fut donc émis contre lui le 1er décembre 1837[4]. Lorsque les troupes de John Colborne se dirigèrent vers Saint-Benoît, Girouard fuit d'abord vers Rigaud, puis à Coteau-du-Lac. En son absence, les troupes de Colborne, ainsi que des volontaires des villages avoisinants, saccagèrent et incendièrent le village de Saint-Benoît.
Renonçant à ses projets de fuite aux États-Unis, Girouard se livra finalement au colonel John Simpson[2]. Il fut incarcéré le 26 décembre 1837. En prison, il dessina plusieurs portraits de patriotes[4], et prodigua des conseils juridiques à ses codétenus. Il tenta notamment de convaincre les prisonniers de ne pas signer d'aveux en rapport avec leur participation à la rébellion[1]. Malgré ses mises en garde, huit rebelles passèrent aux aveux et furent ensuite déportés aux Bermudes[6]. Girouard demanda, le 9 juillet 1838, de rejoindre les huit déportés par solidarité. On lui refusa cette demande, et il fut libéré le 16 juillet. Trois mois plus tard, il fut à nouveau incarcéré, pour être enfin libéré sans procès le 27 décembre 1838[4].
Après la rébellion
À la suite de la rébellion, Girouard retourna à l'exercice de sa profession de notaire, à Saint-Benoît. En 1840, l'Acte d'union entre le Bas et le Haut-Canada fut proclamé. Girouard reçu en 1842 une invitation, de la part de Louis-Hippolyte Lafontaine, Charles Bagot et onze autres personnalités politiques de l'époque, à participer au gouvernement du Canada-Uni. Girouard refusa. Les fonctions offertes, soit commissaire des terres de la Couronne et membre du Conseil exécutif, furent alors confiées à Augustin-Norbert Morin[4]. En février 1845, le parlement du Canada-Uni adopta la Loi d'indemnisation pour le Bas-Canada. Pour ses pertes subies lors du sac de Saint-Benoît, Girouard obtint 3996$, alors que les pertes étaient évaluées à 11 000$[7].
Après la mort de son épouse Marie-Louise, survenue le 2 avril 1847, il forma le projet de se servir de cette indemnité pour secourir les pauvres, et surtout les jeunes orphelins. Le 30 avril 1851, Girouard se remaria avec Émilie Berthelot, fille du notaire de Saint-Eustache Joseph-Amable Berthelot. Le 9 novembre 1854, le projet de Girouard se réalisa avec l'inauguration à Saint-Benoît de l'Hospice d'Youville. L'œuvre ayant été confiée aux Sœurs grises, l'hospice fut baptisé en l'honneur de leur fondatrice, Marguerite d'Youville. L'établissement coûta près du double de l'indemnité reçue par Girouard. Surnommé dorénavant « le père des pauvres », Girouard décéda le 18 septembre 1855[7]. Il fut inhumé dans la chapelle de l'Hospice d'Youville[1].
Notes et références
- « Girouard, Jean-Joseph », sur https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/ (consulté le )
- Béatrice Chassé, « Girouard, Jean-Joseph », sur http://www.biographi.ca/ (consulté le )
- Linda Carrier, « Jean-Joseph Girouard: Notaire et patriote », Histoire Québec, vol. 3, no 2,‎ , p. 6 (ISSN 1201-4710, lire en ligne)
- Alain Messier, Dictionnaire encyclopédique et historique des patriotes, 1837-1838, Montréal, Guérin, , 497 p., p. 213
- Guy Valiquette, « Les premières lois scolaires (survol) 1841-1960 », Histoire Québec, vol. 19, no 3,‎ , p. 21 (ISSN 1201-4710, lire en ligne)
- Les huit déportés furent: Robert-Shore-Milnes Bouchette, Rodolphe Des Rivières, Henri-Alphonse Gauvin, Toussaint-Hubert Goddu, Siméon Marchesseault, Luc-Hyacinthe Masson, Wolfred Nelson et Bonaventure Viger.
- Alain Messier, Dictionnaire encyclopédique et historique des patriotes, 1837-1838, Montréal, Guérin, , 497 p., p. 214