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Jean-Joseph-Louis Graslin

Jean-Joseph-Louis Graslin, né le [1] à Tours et mort le [2] à Nantes, est un receveur général des fermes et économiste français, connu pour avoir conduit, entre 1780 et 1790, une opération immobilière importante visant à étendre le centre-ville de Nantes. Il a donné son nom à la place Graslin, au théâtre Graslin et à un quartier de la ville.

Jean-Joseph-Louis Graslin
Portrait de Jean-Joseph-Louis Graslin par un peintre anonyme.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  62 ans)
Nantes
Nationalité
Formation
Activités
Parentèle
Autres informations
A travaillé pour
Propriétaire de
HĂ´tel Graslin (d)

Biographie

D’une famille honorable et considérée dans la finance, Graslin était le fils et petit-fils d’un greffier en chef du bureau des finances à Tours, et le privilège attaché à ce genre d’office leur acquit la noblesse héréditaire. Son père est Louis Joseph Graslin (1683-1743), écuyer, seigneur de Salvert, la Moisandière et Bois-Chambellay, et sa mère Jeanne Delavau (1706-1792). Placé fort jeune au collège[3], il étonna ses professeurs, en résolvant mentalement, sans avoir jamais reçu aucune notion d’arithmétique, un problème bien au-dessus de son âge, et ne tarda pas à se faire remarquer par son aptitude pour les mathématiques, dans lesquelles il fit de rapides progrès. Il poursuivit sa scolarité au collège de Beauvais, à Paris, un des dix établissements de plein exercice de l’Université. Porté vers les sciences exactes, les études sérieuses (pour les bourgeois des finances), il s’y livra avec ardeur et à l’aide de l’esprit d’analyse et d’une méthode rigoureuse, il approfondit plusieurs sciences. Sensible au mouvement qui s’opérait autour de lui dans le progrès des idées, il conçut de bonne heure un goût qui ne se démentit jamais pour les beaux-arts et la littérature. Connaissant presque par cœur tous les chefs-d’œuvre des poètes les plus célèbres, il prit des leçons de Lekain et joua avec le plus grand succès la Métromanie de Piron sur un théâtre de société[4].

Parvenu à l’âge de se créer une position, il étudia, de 1746 et 1748, la jurisprudence à la faculté de droit de Paris[5] et se fit recevoir avocat au Parlement[2], où il avait même commencé à plaider mais, entraîné par l’exemple de sa famille, qui avait su acquérir une réputation d’honneur et d’intégrité dans les charges qu’elle avait occupées dans la finance, et par les conseils d’un de ses parents très influent à la Cour, il se décida à suivre la même carrière, à laquelle il se prépara par une étude approfondie de l’administration du trésor public et des sources du revenu de l’État, et il n’avait encore que trente ans, quand il acheta, en 1758, du titulaire lui-même la charge de receveur général des fermes du roi à Nantes[2], fonctions qu’il devait exercer avec intégrité jusqu’à sa mort.

Son sĂ©jour Ă  Paris et son mĂ©rite le mirent en rapport avec des hommes de lettres et des savants renommĂ©s : il fit, ainsi, la connaissance, en 1765, de Delisle de Sales et se trouvait en correspondance avec Forbonnais dont il fut l’ami. Tant qu’il vĂ©cut, sa maison devint le rendez-vous des hommes les plus distinguĂ©s de Nantes. Dans cette ville, entre 1780 et 1790, il fait construire un quartier, qui deviendra le « quartier Graslin Â», articulĂ© autour d’un théâtre. Depuis, cette opĂ©ration immobilière marque la morphologie du centre-ville[2].

La place Graslin et le théâtre Graslin à Nantes.

En 1767, la SociĂ©tĂ© royale d’agriculture de Limoges mit au concours cette question : « DĂ©montrer et apprĂ©cier l’effet de l’impĂ´t indirect sur les revenus des propriĂ©taires de biens-fonds. Â» Le programme, qui y Ă©tait joint, portait en substance, comme une vĂ©ritĂ© reconnue et incontestable la doctrine physiocrate selon laquelle les impĂ´ts, sous quelque forme qu’ils soient perçus, retombent nĂ©cessairement Ă  leur charge, et sont toujours, en dernière analyse, payĂ©s par eux seuls, soit directement, soit indirectement. Â» Il rĂ©pondit Ă  la question proposĂ©e par un mĂ©moire qu’il devait publier, en 1767, Ă  Londres, sous le titre d’Essai analytique sur la richesse et sur l’impĂ´t, neuf ans avant les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, d’Adam Smith, publiĂ©es pour la première fois en 1776, et qui ont fondĂ© la science de l’économie politique en Europe. Dans cet ouvrage, qui pose les fondements de la thĂ©orie de la richesse dont ses Ă©tudes Ă©conomiques l’avaient mis Ă  mĂŞme de rassembler les principes fondamentaux, Graslin essaya, le premier, grâce Ă  la mĂ©thode expĂ©rimentale et analytique suivie par les Ă©conomistes qui l’ont suivi, de sonder et d’apprĂ©cier la soliditĂ© des doctrines de Quesnay, qui prĂ©valaient alors avec une telle autoritĂ© qu’elles Ă©taient considĂ©rĂ©es comme infaillibles. Il en attaqua les erreurs avec une telle conviction que, ne reculant ni devant l’autoritĂ© des plus hautes rĂ©putations, ni devant l’opinion gĂ©nĂ©ralement admise, son travail eut le mĂ©rite de voir ses principes en partie trouvĂ©s confirmĂ©s par les Ă©conomistes qui lui succĂ©dèrent. Graslin exprime Ă©galement dans son ouvrage une proposition très moderne d'impĂ´t progressif, avec notamment le principe des tranches.

À sa mort, Graslin fut enterré dans « une tombe de marbre blanc », au cimetière de l’église Saint-Nicolas[6], détruit depuis. De Renée-Magdeleine-Jeanne Guymont, qu’il avait épousée en 1765, fille de Hugues Gatien Guymont, directeur des vivres de la marine à Nantes, et de Renée de Cazalis de Pradine, il eut cinq enfants. Il est l'arrière grand-père d'Edmond Doré-Graslin.

Publications

  • Essai analytique sur la richesse et sur l'impĂ´t, oĂą l'on rĂ©fute la nouvelle doctrine Ă©conomique qui a fourni Ă  la SociĂ©tĂ© royale d'agriculture de Limoges les principes d'un programme qu'elle a publiĂ© sur l'effet des impĂ´ts indirects, 1767, Londres [i.e. Paris ?] ; rĂ©Ă©d. Auguste Dubois, Paris, Geuthner, 1911 (OCLC 901101600).
  • Correspondance entre M. Graslin et M. l'abbĂ© Baudeau,... sur un des principes fondamentaux de la doctrine des soi-disants [sic] philosophes Ă©conomistes, Londres ; Paris, Onfroy, 1777 ; rĂ©Ă©d. Catania, CUECM, 1988 (OCLC 21904299).

Notes et références

    1. Arnaud Orain, « Jean-Joseph-Louis Graslin (1727-1790) : Un itinéraire dans son siècle », dans Graslin : Le temps des Lumières à Nantes, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-75353-132-1, lire en ligne).
    2. Le Nail 2010, p. 185-186.
    3. Collège de Juilly selon Luminais Recherches sur la vie, les doctrines économiques et les travaux de J.-J.-Louis Graslin, Nantes, Vve C. Mellinet, coll. « Biographies contemporaines, recueil de pièces 1838-1894 », , Louis-le-Grand selon Desmars, Jean-Joseph-Louis Graslin (1727-1790) : essai d’une étude historique et critique sur un précurseur de l’économie politique classique en France, Rennes, Imprimerie arts et manufactures, .
    4. René Marie Luminais, Recherches sur la vie, les doctrines économiques et les travaux de J.-J.-Louis Graslin, Nantes, Vve C. Mellinet, coll. « Biographies contemporaines, recueil de pièces 1838-1894 », (lire en ligne), p. 23-7
    5. Orain, Graslin, 2008, p. 37.
    6. Camille Mellinet, La Commune et la milice de Nantes, (lire en ligne), p. 307.

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Arnaud Orain (dir.) et Philippe Le Pichon (dir.) (prĂ©f. Roger Dupuy, postface Daniel Rabreau), Jean-Joseph-Louis Graslin, 1727-1790 : le temps des Lumières Ă  Nantes, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 324 p. (ISBN 978-2-7535-0751-7).
    • Bernard Le Nail, Dictionnaire biographique de Nantes et de Loire-Atlantique, Pornic, Le Temps Ă©diteur, , 414 p. (ISBN 978-2-36312-000-7).
    • Claude Cosneau (dir.) et al., Iconographie de Nantes, Nantes, musĂ©e DobrĂ©e, , 224 p. (OCLC 5240583, BNF 34612558), p. 66-67.
    • Claude Cosneau (dir.) et al., Mathurin Crucy (1749-1826) : architecte nantais nĂ©o-classique, Nantes, musĂ©e DobrĂ©e, , 154 p. (BNF 34868424), p. 84-86.
    • UniversitĂ© de Nantes. Service formation continue dont universitĂ© permanente, Çà et lĂ  par les rues de Nantes, Nantes, Reflets du passĂ©, , 207 p. (ISBN 978-2-86507-016-9).
    • Dictionnaire des scientifiques de Touraine, AcadĂ©mie des sciences, arts et belles-lettres de Touraine, Presses universitaires François-Rabelais, 2017

    Articles connexes

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