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Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval

Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval, né le à Amiens (paroisse Saint-Rémy) et mort le à Paris, au 43, rue de Richelieu (1er arrondissement), officier et ingénieur, réforme l'artillerie de campagne française.

Les canons de l'an II, produits du « système Gribeauval » (Musée de l'Armée, Paris)

Biographie

Il est le fils d'Adrien Vacquette, sieur de Frechencourt, magistrat au présidial d'Amiens, maire de la ville (1715) et Elizabeth Romanet.

Jeunesse et premières armes

Jean-Baptiste s'engage dans l'artillerie royale en 1732. Promu officier en 1735, il partage son temps entre ses devoirs militaires et les études scientifiques. En 1752, il est nommé capitaine d'une compagnie de mineurs.

Les années à l'étranger

Envoyé en mission en Prusse, puis en 1757, devenu lieutenant-colonel, il est détaché auprès de l'armée autrichienne à la veille de la guerre de Sept Ans. Il se distingue au siège de Glatz et dans la défense de Schweidnitz (1757). Fait prisonnier par les Prussiens, il est échangé, et retourne en Autriche où il est décoré de l'ordre de Marie-Thérèse par l'impératrice Marie-Thérèse.

Retour en France

Rentré en France, il est promu maréchal de camp. En 1764, il est nommé inspecteur de l'artillerie, promu lieutenant général et commandeur de l'ordre de Saint-Louis. Dès 1765, il participe à la modernisation du corps des mines et de l’artillerie. Il fait éprouver à Strasbourg des pièces légères de bataille et démontre qu'elles durent aussi longtemps et qu'elles donnent des portées quasi identiques aux lourdes pièces de l'ancienne ordonnance de 1732 du général Jean-Florent de Vallière.

Il développe le premier système complet d'artillerie française, divisé en artillerie de campagne, de siège, de place et de côte, approuvé par l'ordonnance du .

Années de disgrâce

Malheureusement, son nouveau système allĂ©gĂ© d'artillerie est contestĂ© par les conservateurs conduits par le fils de Vallière, Joseph-Florent, lors de la fameuse querelle entre les anciens (les rouges) et les modernes (les bleus)[1]. Lorsque son protecteur le marquis de Choiseul tombe en disgrâce, son matĂ©riel est supprimĂ© par l'ordonnance du . Il se retire alors sur ses terres en Picardie Ă  Bovelles (12 kilomètres au sud-ouest d'Amiens) oĂą il se fait construire son château. Cette rĂ©forme s'appliquait aussi aux fusils : elle Ă©tait nĂ©cessaire, car mĂŞme si les armes Ă©taient faites dans des manufactures, chaque ouvrier avait ses habitudes ; Ă  cela venaient s'ajouter des fusils pris Ă  l'ennemi et qui Ă©taient gardĂ©s dans les dĂ©pĂ´ts de l'armĂ©e. Un nouveau modèle de fusil est donc conçu et l'on dĂ©cide de trier les armes : de mettre Ă  la casse les moins bonnes et de rĂ©parer les autres pour les exporter. Un inspecteur, Jean Joseph Cassier de Bellegarde, est nommĂ© en 1766 avec l'accord de Gribeauval[2].

Les réformes de l'artillerie

Standardisation et mobilité des pièces sont les deux principes du « système Gribeauval ».

En 1774, une commission de quatre maréchaux se prononce pour la réhabilitation du système Gribeauval, entérinée par l'ordonnance du , année à laquelle il est élevé à la dignité de grand-croix dans l'ordre de Saint-Louis[3]. À la suite de la mort de Joseph-Florent de Vallière, Gribeauval est finalement nommé premier inspecteur de l'artillerie en 1776 par le secrétaire d'état à la Guerre, le comte de Saint-Germain, qui lui demande de poursuivre son œuvre de réforme, aussi bien en ce qui concerne l'organisation et l'instruction du corps royal de l'artillerie, que pour l'amélioration de l'armement.

Les pièces légères de campagne du système Gribeauval donneront à l'artillerie française une certaine supériorité sur celle des autres nations européennes lors des guerres de la Révolution, notamment lors de la bataille de Valmy (1792) remportée sur une coalition menée par la Prusse.

Les pièces de campagne Gribeauval

Un caisson d'artillerie Gribeauval.

S'inspirant de précédentes améliorations opérées dans les artilleries prussienne et autrichienne, Gribeauval s’attache à rationaliser l'artillerie de campagne et à la rendre à la fois plus mobile sur le champ de bataille et plus facilement réparable par l'interchangeabilité des pièces[4]. Par ses travaux de rationalisation des dimensions, des tolérances, et l'utilisation d'instruments de précision et de gabarits pour la réception des pièces, Gribeauval peut être considéré comme le père de l'inspection qualité moderne. Ses Tables des constructions des principaux attirails de l'artillerie seront publiées en 1789, et les planches de dessins techniques en 1792.

L'artillerie de campagne est composĂ©e de trois types de canon en bronze tirant des boulets pleins en fonte de fer de 4, 8 et 12 livres (soit environ 2, 4 et 6 kilogrammes), ainsi que d'un obusier de 6 pouces Ă©galement en bronze. La portĂ©e pratique est d'environ 600 mètres pour les boĂ®tes Ă  balles (improprement appelĂ©es cartouches Ă  mitraille) et de 800 mètres pour les boulets. Par ricochet ceux-ci peuvent encore tuer jusqu'Ă  2 000 mètres. La pièce de 4 peut tirer deux coups Ă  la minute et la pièce de 12 un coup. L'obusier de campagne tire un obus en fonte de fer creux chargĂ© de poudre et coiffĂ© d'une fusĂ©e en bois dont le canal est rempli d'une composition fusante qui s'enflamme au dĂ©part du coup, le tout pesant 24 livres (12 kilogrammes). L'obus se tire comme un boulet, puis Ă©clate en fragments comme une bombe au bout d'une trentaine de secondes.

Les pièces de campagne sont équipées d'une hausse de mire pour pointer au-delà du but en blanc, et d'une semelle mobile sur laquelle repose la culasse de la bouche à feu, ajustable en hauteur par une vis de pointage.

Le service d'une pièce de canon est assuré par une demi-escouade d'artilleurs, composée de deux canonniers de première classe qui pointent la pièce, et de six servants. Pour les manœuvres, le règlement prévoit de leur adjoindre cinq servants auxiliaires empruntés à l'infanterie pour la pièce de 8 et sept servants pour la pièce de 12, mais cet ajout n'est plus nécessaire dès que le train d'artillerie est militarisé à partir de 1800 et que toutes les manœuvres se font avec l'avant-train attelé et, le cas échéant, à la prolonge.

Canons Gribeauval, musée de l'Armée, Paris.

Hommages

Statue de Gribeauval par Bartholdi. Exposée dans une des cours de l'Hôtel des Invalides, Paris.
Plaque 43 rue de Richelieu (Paris).

Notes et références

  1. Pierre Chalmin, « La querelle des Bleus et des Rouges dans l’artillerie française à la fin du XVIIIe siècle », Revue d’histoire économique et sociale, vol. 46,‎ , p. 465-505.
  2. Cf. (en) Brian N. Morton et Donald C. Spinelli, Beaumarchais and the American Revolution, Lanham (Md.)/Boulder/New-York, Lexington Books, , 361 p. (ISBN 0-7391-0468-3, lire en ligne), « Silas Deane is sent to Europe », p. 69
  3. Arnaud Bunel, « Armorial de l'Ordre de Saint-Louis: Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval », sur Armorial de l'Ordre de Saint-Louis (consulté le )
  4. « Le système Gribeauval », sur www.musee-armee.fr, Musée de l'Armée (consulté le )
  5. www.guer-coetquidan-broceliande.fr.

Annexes

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Bibliographie

  • Pierre Nardin, « Gribeauval, lieutenant gĂ©nĂ©ral des armĂ©es du roi (1715-1789) », Cahiers pour la Fondation des Études de DĂ©fense nationale, no 24,‎
  • Howard Rosen, The Système Gribeauval. A Study of Technological Development and Institutional Change in Eighteenth-Century France (Thèse de troisième cycle, University of Chicago, 1981)
  • (en) RenĂ© Chartrand, Napoleon's Guns 1792-1815: Heavy and Siege Artillery, Osprey Publishing, coll. « New Vanguard », (ISBN 1-84176-458-2, lire en ligne)
  • Patrick Ehresmann, Le système Gribeauval et la pièce de 4 livres, Soldats NapolĂ©oniens Hors-sĂ©rie N°1, .
  • Tugdual de Langlais, Jean Peltier Dudoyer, l'armateur prĂ©fĂ©rĂ© de Beaumarchais, de Nantes Ă  l'Isle de France, Éd. Coiffard, 2015, 340 p. (ISBN 9782919339280).
  • Pascal Guy, « Gribeauval : une rĂ©volution dans l'artillerie », Guerre et Histoire, no hors sĂ©rie n°1,‎ , p. 52-56 (ISSN 2115-967X).

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