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Jacqueline FĂ©licie de Almania

Jacqueline Félicie de Almania (en italien Jacobina Felice, en latin Jacoba Felicie) exerce la médecine à Paris vers 1322.

Jacqueline FĂ©licie de Almania
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Jacobina Felice
Activité
Période d'activité

Biographie

Originaire d'une famille noble de Florence, en Italie[1], Jacqueline FĂ©licie de Almania vivait Ă  Paris et faisait partie du petit nombre de femmes pratiquant la mĂ©decine Ă  cette Ă©poque. En 1292, le "rĂ´le", ou registre, de la taille recensait ainsi Ă  Paris trente « mires Â» et huit « miresses Â» [2] - [3]. Pourtant, les statuts de la FacultĂ© de mĂ©decine de Paris de 1271, rĂ©servaient la prescription de remèdes aux licenciĂ©s de la facultĂ©, ce qui limitait de fait la pratique de la mĂ©decine aux hommes non mariĂ©s, et sur dĂ©rogation aux hommes mariĂ©s ayant Ă©tudiĂ© avec un maĂ®tre[4]. En 1322, Jacqueline FĂ©licie fut accusĂ©e d'exercice illĂ©gal de la mĂ©decine et fut jugĂ©e avec trois autres femmes et deux hommes. Durant le procès, six de ses patients tĂ©moignèrent en sa faveur[5], expliquant avoir Ă©tĂ© guĂ©ris par ses soins lĂ  oĂą divers mĂ©decins avaient Ă©chouĂ© et abandonnĂ© tout espoir de guĂ©rison. D'après l'un d'eux, elle Ă©tait rĂ©putĂ©e meilleur mĂ©decin et chirurgien qu'aucun mĂ©decin français de Paris. Elle-mĂŞme plaida que les doctoresses Ă©taient indispensables car elles pouvaient examiner les organes intimes des femmes[6], bien que rien ne laisse penser qu'elle se soit spĂ©cialisĂ©e dans les maladies gynĂ©cologiques : quatre des huit patients venus tĂ©moigner Ă©taient des hommes[7]. Sa plaidoirie peut cependant avoir une portĂ©e plus large : les patientes auscultĂ©es par un mĂ©decin devaient Ă  l'Ă©poque ĂŞtre couvertes d'un drap et se contenter de dĂ©crire leurs symptĂ´mes[8]. MalgrĂ© les tĂ©moignages en sa faveur, la cour estima Ă©vident qu'un homme instruit dans l'art de la mĂ©decine Ă©tait mieux capable de soigner les malades que n'importe quelle femme[6]. Elle interdit Ă  Jacqueline FĂ©licie de pratiquer, sous peine d'amende et d'excommunication en cas de rĂ©cidive[4].

Les femmes et la médecine en France entre le XIVe siècle et la fin du XIXe siècle

Après cette décision d'interdiction de la pratique et bien que l'exercice de la médecine ne leur ait jamais été formellement retiré, en France les femmes restèrent exclues de son enseignement et de sa pratique jusqu'au XIXe siècle : ce n'est qu'en 1875 qu'une Française, Madeleine Brès, put obtenir un diplôme de docteur en médecine[2] - [3].

Annexes

Notes et références

  1. (en) Marilyn Ogilvie et Joy Dorothy Harvey, The Biographical Dictionary of Women in Science, Routledge, Londres, (ISBN 0-415-92038-8, lire en ligne), p.439
  2. « "Le médecin et le chirurgien" », sur Musée d'histoire de la médecine, Université Paris Descartes (consulté le )
  3. (en) Sethanne Howard, The Hidden Giants, Lulu.com, , 167 p. (ISBN 978-1-4303-0076-2), p.35
  4. (en) Cornelius O'Boyle, « Surgical texts and social contexts: physicians and surgeons in Paris, c. 1270 to 1430 », dans Luis García-Ballester, Roger French, Jon Arrizabalaga et Andrew Cunningham, Practical medicine from Salerno to the black death, Cambridge University Press, (lire en ligne), pp.174-175
  5. Vallée, Édith, 1947-...., Le matrim[o]ine de Paris : 20 itinéraires, 20 arrondissements, Chamalières, Christine Bonneton, dl 2018, 311 p. (ISBN 978-2-86253-755-9 et 2862537551, OCLC 1048295815, lire en ligne)
  6. (en) Hilary Bourdillon, Women as healers : A history of women and medecine, Cambridge University Press, , 48 p. (ISBN 0-521-31090-3), pp.14-15
  7. Monica H. Green, « Getting to the source: The case of Jacoba Felicie and the impact of the portable medieval reader on the canon of medieval women's history », Medieval Feminist Forum, vol. 42,‎ , pp.49-62
  8. Jean Verdon, La femme au Moyen Âge, Éditions Jean-Paul Gisserot, Paris, (lire en ligne), p.76

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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