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Isidore de Milet

Isidore de Milet (en grec áŒžÏƒÎŻÎŽÏ‰ÏÎżÏ‚ ᜁ ΜÎčÎ»ÎźÏƒÎčÎżÏ‚) est un mathĂ©maticien et gĂ©omĂštre qui vĂ©cut au VIe siĂšcle Ă  Constantinople et qui, avec AnthĂ©mius de Tralles, fut chargĂ© par l’empereur Justinien de construire la cathĂ©drale Sainte-Sophie (Hagia Sophia) en 532.

Isidore de Milet
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Activités
ƒuvres principales

Sa vie

Isidore naquit Ă  Milet, ancienne citĂ© grecque d'Ionie, aujourd’hui en Turquie, probablement vers 475[1] ; il Ă©tait vraisemblablement dĂ©jĂ  mort en 558, lorsque le dĂŽme de Sainte-Sophie s'Ă©croula pour la premiĂšre fois.

Il se tailla une rĂ©putation enviable de « mechanicos (ΌηχαΜÎčÎșός) », terme qui, en l’absence de la profession d’architecte telle qu’on la connait aujourd’hui, dĂ©signait « un homme entrainĂ© depuis son jeune Ăąge dans les sciences dĂ©jĂ  mentionnĂ©es [gĂ©omĂ©trie, mathĂ©matiques, astronomie] et qui avait dĂ©jĂ  pratiquĂ© les arts Ă©galement mentionnĂ©s [art de travailler le bois et les mĂ©taux, peinture] et qui possĂšde de plus une esprit agile, propre Ă  dĂ©couvrir, dit-on, les meilleurs moyens pour faire des constructions[2] ». En plus de pratiquer la profession d’architecte, il enseigna la gĂ©omĂ©trie dans l’espace et la physique Ă  partir des travaux d’ArchimĂšde et d’Euclide[3], d’abord Ă  Alexandrie, puis Ă  Constantinople, probablement entre les travaux qui lui Ă©taient confiĂ©s.

On sait qu’il Ă©crivit des commentaires sur un traitĂ© dĂ©jĂ  existant de HĂ©ron d'Alexandrie, ingĂ©nieur, mĂ©canicien et mathĂ©maticien grec du Ier siĂšcle apr. J.-C., concernant les voutes en architecture [4]. On lui attribue une premiĂšre compilation des travaux d’ArchimĂšde[N 1]; dans ses Commentaires sur ArchimĂšde, le gĂ©omĂštre Eutocios d'Ascalon dit qu'il s’est servi de l'Ă©dition revue par l’ingĂ©nieur Isidore de Milet, son maitre[5]. Celui-ci crĂ©dite Ă©galement Isidore de Milet pour l’invention d’un compas servant Ă  dessiner les paraboles[6].

Selon la légende, Isidore s'était vu confier par Justinien la tùche de construire la basilique de la Panaghia Katapoliani sur l'ßle de Paros, mais il avait plutÎt envoyé son assistant Ignatius. Lorsque le dÎme fut terminé, Isidore qui en faisait l'inspection, aurait été tellement jaloux de la beauté du travail qu'il aurait poussé son élÚve du haut du balcon supérieur, mais celui-ci se serait accroché à son pied de sorte que tous deux ont trouvé la mort dans leur chute[7]. L'événement est illustré dans une sculpture montrant les deux hommes sur le portail gauche du sanctuaire[8].

Hagia Sophia

Coupe de Sainte-Sophie.
Plan au sol de Sainte-Sophie sous Justinien.

On doit Ă  l’empereur Constantin ou plus probablement Ă  son fils Constantin II (r. 337-340) la construction de la premiĂšre Ă©glise consacrĂ©e Ă  la « Sagesse Divine » (áŒ‰ÎłÎŻÎ± ÎŁÎżÏ†ÎŻÎ± / HagĂ­a SophĂ­a) que l’on appelle aujourd’hui Sainte-Sophie, probablement sur les ruines d’un ancien temple d’Apollon prĂšs de la mer de Marmara. Construite avec un toit de bois, elle fut incendiĂ©e lors d'une Ă©meute en 404 et reconstruite en 415 par l'empereur ThĂ©odose II (r. 408-450)[9]. Elle fut Ă  nouveau incendiĂ©e le , au cours de l’émeute dite de Nika dirigĂ©e contre l’empereur Justinien (r. 527-565), le . Au cours de cette rĂ©volte de nombreux Ă©difices publics et privĂ©s furent Ă©galement incendiĂ©s[10].

À peine quelques jours plus tard, l'empereur Justinien prit la dĂ©cision de reconstruire cette Ă©glise avec des matĂ©riaux rĂ©sistants au feu et de faire de cette Ă©glise la plus grande cathĂ©drale du monde chrĂ©tien de l’époque ; il posa lui-mĂȘme la premiĂšre pierre le . Pour en tracer les plans, il fit appel Ă  deux mathĂ©maticiens et ingĂ©nieurs jouissant dĂ©jĂ  d’une grande renommĂ©e, AnthĂ©mius de Tralles et Isidore de Milet. Procope de CĂ©sarĂ©e raconte dans son « De aedificiis » les Ă©tapes de la construction du nouvel Ă©difice et les difficultĂ©s auxquelles durent faire face les deux architectes[11]. Il s’agissait d’une basilique de forme presque carrĂ©e (78 m sur 72 m en excluant les deux narthex) ayant un dĂŽme de 31 m de diamĂštre et deux semi-dĂŽmes. L’édifice Ă©tait divisĂ© en trois nefs par des rangĂ©es de colonnes avec des galeries au-dessus des nefs latĂ©rales et du narthex. La structure imaginĂ©e par AnthĂ©mius et Isidore diffĂ©rait sous certains aspects de la forme que l’on connait aujourd’hui. Le dĂŽme, plus bas et continuant vraisemblablement la courbature des pendentifs, donnait un caractĂšre massif que ne prĂ©sente plus le prĂ©sent dĂŽme plus Ă©levĂ©[12]. Cinq ans et demi plus tard, le , l’édifice Ă©tait officiellement consacrĂ©.

Le concept des deux « architectes » Ă©tait unique, combinant la structure longitudinale d’une basilique romaine et le plan circulaire d’un temple surmontĂ© d’un dĂŽme ; il ne devait ĂȘtre imitĂ© qu’au XVIe siĂšcle dans la construction de mosquĂ©es ottomanes[13]. Le principal problĂšme rĂ©sidait dans sa superficie. Certes de nombreux Ă©difices avec dĂŽmes avaient Ă©tĂ© construits Ă  Rome et Ă  Constantinople, mais un dĂŽme de 31 m qui ne reposait directement sur aucun mur solide, semblant plutĂŽt « flotter dans les airs », constituait un exploit unique et aucun architecte de l’époque ne pouvait calculer la charge qu'il reprĂ©senterait sur les parois extĂ©rieures. De fait, en dĂ©pit de la prĂ©cision qu’apportĂšrent les deux architectes Ă  la construction des murs de soutien, ceux-ci commencĂšrent Ă  pencher vers l’extĂ©rieur et Ă  deux reprises, les architectes durent aller trouver l’empereur pour lui faire part de leurs inquiĂ©tudes ; mais chaque fois celui-ci ordonna de poursuivre les travaux. Et de fait lorsque vint le moment de placer le dĂŽme, l’espace Ă  couvrir Ă©tait plus important que la dimension prĂ©vue pour celui-ci et formait une ellipse, la partie nord-sud Ă©tant d’environ deux mĂštres plus large que la partie est-ouest[14].

Isidore le Jeune

Ce premier dĂŽme, conçu par AnthĂ©mius, ne dura que vingt ans. ÉbranlĂ© par une sĂ©rie de tremblements de terre qui secouĂšrent Constantinople entre 553 et 557, il s’écroula en 558, dĂ©truisant l'ambon, l'autel et le ciborium qui se trouvaient dessous.

Une commission d’experts fut alors assemblĂ©e, prĂ©sidĂ©e par Isidore le Jeune, neveu d’Isidore de Milet. On sait qu’AnthĂ©mius mourut peu aprĂšs le dĂ©but des travaux de construction et Isidore de Milet Ă©tait certainement mort aussi, sinon il eĂ»t presque certainement Ă©tĂ© nommĂ© responsable de la reconstruction. Sur leur recommandation, les arches nord et sud furent progressivement Ă©largies Ă  l’intĂ©rieur, de la base jusqu’à la couronne, formant ainsi un espace central presque carrĂ© sur lequel fut construit un dĂŽme plus Ă©levĂ© de 6 m que l’original. Bien que certaines parties s’écroulent en 989 et en 1346, l’aspect demeure de nos jours essentiellement le mĂȘme que ce qu’avait imaginĂ© Isidore de Milet[15] - [16].

Bibliographie

Sources primaires

  • (la) Agathias, Historiarum librum quinque. Berlin, ed. Keydell, 1967.
  • Paul le Silentiaire, Description de Sainte-Sophie de Constantinople. Éditions A. DiĂ©, 1998. (ISBN 978-2-908-73017-3).
  • (en) Procope de CĂ©sarĂ©e. The Secret History with Related Texts. Anthony Kaldellis (ed). Indianapolis, Hackett Publishing, 2010. (ISBN 978-1-60384-180-1).

Sources secondaires

  • (en) Patrick Balfour Baron Kinross, Hagia Sophia, New York, Newsweek edition, 1972.
  • (en) Cakmak, AS; Taylor, RM; Durukal, E. "The Structural Configuration of the First Dome of Justinian's Hagia Sophia (AD 537-558): An Investigation Based on Structural and Literary Analysis". Soil Dynamics and Earthquake Engineering. 29 (4), 2009.
  • (en) Downey, John. « Byzantine Architects » (dans) Byzantion 18 (1946-1948) p. 112 et sq.
  • (en) Kazhdan, Alexander (ed). The Oxford Dictionary of Byzantium. Oxford & New York, Oxford University Press, 1991. (ISBN 0-19-504652-8).
  • (en) Krautheimer, Richard . Early Christian and Byzantine Architecture. Baltimore, Penguin Books, 1965. (ISBN 978-0-300-05294-7).
  • (en) Mango, Cyril. Byzantine Architecture. Milano, Electa, 1978. (ISBN 0-8478-0615-4).
  • (en) Mango, Cyril A. The Art of the Byzantine Empire, 312-1453: Sources and Documents. Englewood Cliffs, New Jersey, Prentice-Hall, 1972. (ISBN 0-8020-6627-5).
  • (en) Maranci, Christina. "The Architect Trdat: Building Practices and Cross-Cultural Exchange in Byzantium and Armenia". The Journal of the Society of Architectural Historians. 62 (3), 2003. pp. 294–305.
  • (en) Warren, J. Greek Mathematics and Architects to Justinian. Horsham, Coach Publishing House, 1976. (ISBN 978-0-902-60802-3).
  • (en) Watkin, David (1986). A History of Western Architecture. New York, Thames and Hudson, 1986. (ISBN 978-1-85669-459-9).

Notes et références

Note

  1. Théorie mise en doute par Cameron; voir Cameron (1990) pp. 119-120

Références

  1. Cameron (1990) p. 106
  2. Drowney (1946-1948) pp. 99-118
  3. Cameron (1990) p. 119
  4. Krautheimer, (1965) p. 215
  5. Cameron (1990) p. 103
  6. Cameron (1990) p. 121
  7. Frewin Poffley, Greek Island Hopping 2001, Thomas Cook Publishing, p. 164.
  8. Fodor's Essential Greece: with the Best Islands
  9. Balfour (1972) p. 24
  10. Procope de Césarée rapporté par Kaldellis (2010) p. 138
  11. Procope, De aedificiis, 1.1.21-78
  12. Kazhdan (1991) « Hagia Sophia », vol. 2, pp. 892-893
  13. Mango (1978) p. 65
  14. Mango (1972) pp. 63-64
  15. Mango (1972) p. 64
  16. Kazhdan (1991) « Isidore the Younger », vol. 2, p. 1017

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

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