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Instantanés d'Ambre

InstantanĂ©s d'Ambre (ç„ç€ăźăŸăŸăŸă, Kohaku no matataki) est un roman de l'Ă©crivaine japonaise Yƍko Ogawa, publiĂ© en 2015.

Instantanés d'Ambre
Auteur Yƍko Ogawa
Pays Japon
Genre Roman
Version originale
Langue Japonais
Titre ç„ç€ăźăŸăŸăŸă
Kohaku no matataki
Éditeur Kodansha
Date de parution 2015
ISBN 978-4-06-219665-9
Version française
Traducteur Rose-Marie Makino-Fayolle
Éditeur Actes Sud
Lieu de parution Paris
Date de parution 2018
Nombre de pages 304
ISBN 978-2-3300-9734-9

Résumé

Le rĂ©cit du roman InstantanĂ©s d'Ambre entremĂȘle deux pĂ©riodes, autour de dessins dans les marges.

Retraite

Dans une maison de retraite, la narratrice, une travailleuse sociale sans doute, s'occupe quelques heures par jour d'un vieux monsieur calme, M. Amber (Ambre), qui revit ses souvenirs d'enfance, du temps oĂč la fratrie se trouvait dans l'enceinte du mur de briques. Depuis plusieurs dĂ©cennies, il est restĂ© posĂ© lĂ , refusant toute excursion, Ă  l'abri. Elle peut alors enfin accaparer le piano, jouer pour lui, accompagner les chants d'Agate, que module Ambre, de sa voix fluette, chant de l'Ăąne : Ă  chaque fin des morceaux que je joue, j'entends ses applaudissements insonores. Les jours de pluie, elle lui apporte des gĂąteaux qu'elle lui fait manger Ă  la petite cuillĂšre.

L'Ɠil gauche de M. Amber a des reflets couleur d'ambre. Sa chambre est la plus exiguĂ« de la rĂ©sidence, elle est minimaliste, et toute blanche, mais cet espace immaculĂ© convient Ă  ses globes oculaires ambrĂ©s. Sur l'appui de la fenĂȘtre, il y a trois pierres, toutes simples, alignĂ©es, tournĂ©es vers l'extĂ©rieur. M. Amber raconte une partie de leur histoire. L'essentiel est consignĂ© par les instantanĂ©s dessinĂ©s dans les marges des encyclopĂ©dies de l'enfance, dĂ©sormais rĂ©putĂ©es et dĂ©posĂ©es dans un sous-sol, et dont une sĂ©lection est prĂ©sentĂ©e en exposition pour des petits groupes de visiteurs, avec l'artiste qui feuillette chaque tome (8 secondes) de la sĂ©rie (96 secondes).

Enfance

Les récits distillés racontent les grands événements d'autrefois. D'abord le chien qui a léché la petite derniÚre, à trois ans, et qui en est morte (ou bien de pneumonie, selon le médecin) est devenu le chien maléfique qui vous a jeté un sort, et qu'il faut désormais absolument éviter. La mÚre et les trois enfants ont aménagé dans la maison que leur a laissée le pÚre lors de sa rupture, une ancienne maison de bois, bien entourée d'arbres et d'un mur de briques, à ne plus jamais franchir. Les consignes sont claires : ne pas crier, ne pas faire de bruit, ne pas sortir à l'extérieur du mur de briques. La mÚre travaille pour les curistes de la station thermale, mais elle sort avec une pioche pour se défendre du chien si nécessaire. Pas de téléphone, de télévision, de journal, d'école. Les enfants font chambre commune et lit commun la nuit. Le jour, ils s'instruisent seuls dans le cabinet de lecture, avec les encyclopédies pour enfants laissées par le pÚre. Les livres sont dans le plus grand désordre, transmett[ent] correctement le chaos du monde.

Agate se glisse entre les racines et les branches du mimosa en fleurs, et ses vĂȘtements en sont mĂ©tamorphosĂ©s : les deux autres se dĂ©barrassent de ces bestioles, ou plutĂŽt comme des gratterons de petite badiane, enfin ces graines qui ont des poils soyeux et/ou crochus pour voyager plus loin, d'aprĂšs l'encyclopĂ©die. Seul, de nuit, Ambre les assemble, les disperse par-dessus le mur, les observe Ă  travers une fente du portail en bois, et leur imagine un avenir merveilleux. C'est peut-ĂȘtre la consĂ©quence d'avoir Ă©crasĂ© des cigales.

Un jour, la mĂšre amĂšne un Ăąne, pour brouter l'herbe du jardin ensauvagĂ©, pour quelques jours, plutĂŽt qu'une bruyante tondeuse Ă  gazon, puis chaque fois que c'est nĂ©cessaire. Il a accompli un vĂ©ritable miracle, et ils remercient leur seul ami, lapin cheval. Pour se faire pardonner d'avoir voulu monter, agate invente le chant de l'Ăąne. Et Ambre rĂ©alise sa premiĂšre Ɠuvre, un jouet pour Agate, un rameau d'orme, deux ronds de carton collĂ©s, avec sur l'un la silhouette de l'Ăąne et sur l'autre sa tĂȘte inclinĂ©e au sol. En faisant tourner le rameau, l'avers et le revers, on voit l'Ăąne brouter.

Presque une fois par mois, la mÚre s'habille, se maquille, se parfume (robe de soie, broche, escarpins) et va au théùtre de la ville, enfin sur un banc devant l'affiche. Puis dans la presse de la sortie, elle accepte de signer des autographes.

Les enfants ont aussi des problĂšmes de santĂ©. Agate attrape la varicelle. Quelques jours de traitement maternel, et il rassemble les croĂ»tes dans une embarcation de papier pliĂ©, qu'il confie au ruisseau. Les adieux prouvent au moins que sous le mur existe un passage. Ambre remarque une araignĂ©e d'eau sur son Ɠil gauche. La mĂšre constate ses clignements, demande des explications, diagnostique la rĂ©apparition de la benjamine (autour d'une cavitĂ©, celle de l'absente). Ambre feuillette trĂšs vite les pages de l'encyclopĂ©die (des sciences pour les enfants), et, comme un coup de vent dans les rideaux, les filaments se font vĂ©gĂ©taux, feuilles, fleurs, graines... La concrĂ©tion d'ambre entraĂźne une perte de vision, mais Ambre dessine ce qu'il voit en feuilletant vivement, tourne la page, redessine, et en tournant rapidement les pages, dĂ©couvre cette magie : la benjamine cueillait du trĂšfle blanc. Ambre multiplie les expĂ©riences, les dessins, dans les marges de l'encyclopĂ©die, et c'est la premiĂšre exposition d'instantanĂ©s, pour un public de trois personnes. Mais ils sont Ă  nouveau cinq.

C'est une boßte. Un coffret solide qui ne rouille pas à la pluie. C'est une boßte mais on ne peut pas l'emporter avec soi. Elle reste immobile en un endroit. En plus, hors de la maison, tournée vers l'extérieur, toute seule. Quelle ténacité. On peut aller chercher ce qu'il y a dedans, des mots écrits sur des carrés de papier. Le bruit d'un vélo, c'est un peu le battement des ailes d'un oiseau, Ambre voit la benjamine sur le dos de l'oiseau si petit. Plus besoin pour Agate d'y déposer les carapaces d'insectes morts.

Au fil des mois et des années, dans ce monde enchanté, les marges des tomes des encyclopédies se remplissent des dessins du jeune Ambre, toujours aussi concentré sur ses visions, s'enrichissant de leur vécu, de leur imaginaire. Opale danse, Agate chantonne, Ambre dessine...

Quand bien plus tard on finit par dĂ©couvrir cette minuscule crĂ©ature immature et frissonnante, qui parlait comme une fĂ©e, finissent (pour tous les reclus) ensemble la bĂ©nĂ©diction et la malĂ©diction de cette vie dans les marges, peut-ĂȘtre.

Personnages

Les trois personnages principaux reçoivent au déménagement leur nouveau prénom, en feuilletant l'encyclopédie des sciences pour enfants, et sont sommés d'oublier celui d'avant :

  • Opale, l'aĂźnĂ©e, onze ans, au dĂ©but de leur nouvelle vie ;
  • Ambre, le second, huit ans ;
  • Agate, le troisiĂšme, cinq ans ;
  • la benjamine, morte, reste anonyme et ĂągĂ©e de trois ans.

Les parents se réduisent à la mÚre, le plus souvent absente (au travail). Le pÚre a disparu, laissant une maison en bois dans un quartier peu fréquenté, permettant une forme différente d'hikikomori, de réclusion familiale, protection-relégation.

Joe est un marchand ambulant, qui connaßt le portail d'entrée par derriÚre, obstrué par un tas de feuilles. Il fréquente les enfants en l'absence de la mÚre, sans doute un aprÚs-midi par semaine.

Une femme employée au relevé des compteurs d'eau du quartier découvre Ambre dans un fourré.

La femme qui accompagne M. Amber quelques heures à la résidence pour personnes ùgées est sans doute une autre pensionnaire, d'ùge équivalent.

Accueil

Le lectorat francophone est trÚs favorable[1] : Surprenant et envoûtant, comme toujours[2], une allégorie, la métaphore d'une tragédie, un livre pour dire la capacité des enfants à échapper à l'enfer[3], le monde extérieur est selon elle habité par un « chien maléfique »[4].

Références

  1. « InstantanĂ©s d’Ambre : YĂŽko Ogawa, gloire Ă  l’imaginaire ! », sur Lagrandeparade.com (consultĂ© le ).
  2. Mireille Descombes, « YĂŽko Ogawa exalte la mĂ©moire de l’ambre », Le Temps,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  3. Laurence Houot, « "InstantanĂ©s d'Ambre", le dernier roman de YĂŽko Ogawa, comme un rĂȘve », sur Francetvinfo.fr, (consultĂ© le ).
  4. Éric Loret, « Yoko Ogawa, pas tout Ă  fait ogresse », Le Monde, (consultĂ© le ).

Annexes

Articles connexes

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