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Incident du MarĂ­a Luz

L'incident du MarĂ­a Luz (マăƒȘă‚ąăƒ»ăƒ«ă‚čć·äș‹ä»¶, Maria-Rusu go jiken) est un incident diplomatique entre le jeune gouvernement de Meiji et la rĂ©publique du PĂ©rou Ă  propos du sort de travailleurs forcĂ©s chinois prisonniers sur un navire marchand faisant halte Ă  Yokohama en 1872. C'est l'une des premiĂšres Ă©preuves d'indĂ©pendance du systĂšme judiciaire japonais et un dĂ©fi aux principes d'extraterritorialitĂ© des traitĂ©s inĂ©gaux imposĂ©s au Japon par les puissances occidentales.

Histoire

Le , le MarĂ­a Luz, un cargo pĂ©ruvien parti de Macao, fait route vers Callao au PĂ©rou avec une « cargaison » de travailleurs forcĂ©s chinois destinĂ©s aux plantations pĂ©ruviennes. Le navire subit une sĂ©vĂšre tempĂȘte et doit se dĂ©tourner vers le port de traitĂ© de Yokohama pour des rĂ©parations. Alors qu'il est ancrĂ© Ă  quai, un travailleur chinois s'Ă©chappe en sautant par-dessus bord et nage vers le HMS Iron Duke (1870) britannique tout proche. Une fois remis aux autoritĂ©s japonaises du port de Yokohama, il dĂ©nonce les mauvais traitements subis et demande le sauvetage et la protection des 231 autres Chinois Ă  bord. Le capitaine du MarĂ­a Luz, Ricardo Herrera, est convoquĂ© par les autoritĂ©s japonaises et fortement encouragĂ© Ă  mieux traiter l'Ă©vadĂ© et Ă  prendre soin de ses passagers prisonniers[1].

Néanmoins, d'autres Chinois s'échappent bientÎt et apprennent au consul britannique Robert Grant Watson que le premier évadé a été brutalement réprimandé par le capitaine péruvien à son retour à bord. Avec une troupe de soldats britanniques, Watson inspecte personnellement le vaisseau et constate que les rumeurs sont exactes et que les passagers chinois sont traités dans des conditions proches de l'esclavage. Watson demande officiellement au ministre japonais des Affaires étrangÚres, Soejima Taneomi, d'agir.

Le gouvernement japonais est d'abord hĂ©sitant Ă  agir car le Japon n'a pas de relations diplomatiques officielles avec le PĂ©rou dont les intĂ©rĂȘts au Japon sont gĂ©rĂ©s par les États-Unis. Le gouverneur de la prĂ©fecture de Kanagawa, Mutsu Munemitsu, est fortement opposĂ© Ă  toute intervention qui pourrait dĂ©tĂ©riorer les relations du Japon avec les nations occidentales. NĂ©anmoins, le ministre de la Justice Etƍ Shimpei considĂšre que la question ne peut ĂȘtre ignorĂ©e pour des raisons humaines. Le prĂ©sident du conseil d'État, Sanjƍ Sanetomi, autorise Soejima Ă  agir, et Mutsu dĂ©missionne pour protester[1].

Soejima prend des mesures pour empĂȘcher le MarĂ­a Luz de quitter le port, et aprĂšs avoir examinĂ© les documents du navire et questionnĂ© les officiers, dĂ©couvre que les travailleurs chinois sont analphabĂštes et ont Ă©tĂ© trompĂ©s Ă  Macao lors de la signature de leur contrat, et Ă©tĂ© confinĂ©s contre leur volontĂ© dans des conditions inhumaines. Beaucoup ont Ă©tĂ© enlevĂ©s et la plupart n'avaient aucune idĂ©e de leur destination finale. Lors d'une audience prĂ©liminaire prĂ©sidĂ©e par ƌe Taku, une ordonnance de la cour autorise les Chinois Ă  descendre Ă  quai Ă  Yokohama, et la cour dĂ©clare que la compagnie maritime propriĂ©taire du MarĂ­a Luz est coupable d'actes rĂ©prĂ©hensibles. Tous les pays Ă©trangers reprĂ©sentĂ©s au Japon Ă  l'Ă©poque sont informĂ©s de cette dĂ©cision et leurs avis sont sollicitĂ©s.

NĂ©anmoins, chaque pays, Ă  l'exception notable du Royaume-Uni, exprime un avis nĂ©gatif, accusant le Japon d'avoir outrepassĂ© les limites des diffĂ©rents traitĂ©s en agissant contre une compagnie Ă©trangĂšre et un capitaine Ă©tranger. De plus, l'incident s'est passĂ© Ă  Yokohama, centre de la zone extraterritoriale garantie par les traitĂ©s. Soejima confirme cependant la dĂ©cision de la cour malgrĂ© l'opposition Ă©trangĂšre et les accusations d'incompĂ©tence et, le , ƌe ordonne l'annulation des contrats des travailleurs chinois[2].

Ricardo Herrera fait appel de la dĂ©cision avec l'avocat britannique F.V. Dickens (qui parle couramment japonais et est un traducteur de poĂ©sie japonaise) en tant que conseiller lĂ©gal. Dickens rĂ©plique avec l'argument que la servitude involontaire est pratiquĂ©e au Japon sous la forme de vente de prostituĂ©es ou par les dettes contractĂ©es pour suivre un apprentissage et n'est donc pas illĂ©gal. Il ajoute que puisque l'embauche des travailleurs chinois a eu lieu Ă  Macao, l'affaire tombe sous la juridiction du Portugal du fait des accords d'extraterritorialitĂ© avec le Japon, et qu'il est de plus soutenu dans cet avis par des lettres de l'ambassadeur portugais au Japon[1]. Les arguments de Dickens ne sont cependant pas acceptĂ©s par ƌe, et il perd devant une dĂ©cision de la cour le , le juge japonais dĂ©clarant que le capitaine pĂ©ruvien et les contracteurs sont en violation du droit international, et non du droit japonais. AprĂšs le jugement, Herrera quitte Yokohama pour Shanghai sur un autre vaisseau et abandonne le MarĂ­a Luz Ă  Yokohama.

Le gouvernement chinois Qing publie une lettre officielle de remerciement au gouvernement japonais pour sa position ferme et l'aide apportée aux sujets chinois. Cependant, la plupart des nations européennes restent mécontentes de la décision de la cour et soutiennent les protestations diplomatiques du gouvernement péruvien. En , le gouvernement japonais demande l'arbitrage neutre du tsar Alexandre II de Russie et, en 1875, celui-ci confirme la position japonaise[2].

Importance historique

L'incident du María Luz est une victoire diplomatique pour le Japon dans sa lutte contre les traités inégaux. Le dénouement de l'incident accélÚre le déclin du « commerce des coolies » au Pérou et ailleurs. Au Japon, l'incident mÚne à l'adoption d'une nouvelle loi en 1872, émancipant les burakumin marginaux, les prostituées et les autres victimes du travail forcé au Japon[3].

Voir aussi

  • Terashima Munenori, important nĂ©gociateur japonais durant l'incident.
  • ƌe Taku, juge des affaires Ă©trangĂšres du port de Yokohama.
  • Soejima Taneomi, ministre des Affaires Ă©trangĂšres durant l'affaire.
  • CommunautĂ© chinoise au PĂ©rou (en)

Références

  1. Edstrom. Turning Points in Japanese history, pages 75-78.
  2. Keane, Emperor Of Japan: Meiji And His World, pages 216-218.
  3. Downer, Women of the Pleasure Quarters, page 97.

Bibliographie

  • (en) Leslie Downer, Women of the Pleasure Quarters : The Secret History of the Geisha, Broadway, , 288 p. (ISBN 0-7679-0490-7)
  • (en) Burt Erdstrom, Turning Points in Japanese History, RoutledgeCurzon, (ISBN 1-903350-05-0)
  • (en) Donald Keane, Emperor Of Japan : Meiji And His World, 1852-1912, Columbia University Press, , 922 p. (ISBN 0-231-12341-8, lire en ligne)

Lien externe

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