Ikambere
Fondée en 1997 par Bernadette Rwegera, l’association loi 1901 Ikambere propose une prise en charge personnalisée des femmes vivant avec une maladie chronique (VIH, diabète, obésité, hypertension artérielle) en Ile-de-France. Sa méthodologie d’accompagnement global permet aux femmes en situation de précarité qui sont atteintes par ces pathologies d’améliorer leur état de santé, de retrouver confiance en soi et de se relever afin d’évoluer progressivement vers l’autonomie et l’empowerment. A travers ses 3 sites en Ile-de-France (St Denis, Ivry-sur-Seine, Nesles-la-Vallée), l’association accompagne environ 600 femmes par an vers l’autonomie grâce à l’insertion sociale et professionnelle[1].
Fondation |
1997 |
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Forme juridique |
Association loi 1901 |
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Objectif |
Accompagner des femmes en situation de précarité vivant avec une maladie chronique (VIH, diabète, obésité, hypertension artérielle) vers l'autonomie, grâce à l'insertion sociale et professionnelle. |
Siège |
Saint-Denis (93200) |
Pays |
France métropolitaine |
Direction |
Bernadette Rwegera |
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L’association Ikambere favorise également l’accès aux soins, aux droits et à l’information en allant vers les populations vulnérables en Ile-de-France. Son équipe propose la médiation en santé aux hôpitaux partenaires[2] et des actions de sensibilisation et dépistage au VIH, VHC et VHB dans les foyers de travailleurs migrants, les centres d’hébergement ou les espaces publics à Saint-Denis.
Afin d’améliorer la prise en charge de la santé sexuelle des femmes vulnérables et migrantes, Ikambere propose des formations à destination des professionnels médico-sociaux sur l’ensemble du territoire français. Portant sur les enjeux combinés du VIH et de la précarité, ainsi que la santé sexuelle des femmes migrantes d’Afrique sub-saharienne[3], ces formations gratuites permettent à Ikambere de partager son savoir-faire et de diffuser sa méthodologie sur le territoire français.
Historique
L’association Ikambere, « la Maison accueillante » en Kinyarwanda (langue du Rwanda), est née en 1997 à l’initiative de Bernadette Rwegera[4], fondatrice et directrice de l’association. Lors d’un projet de recherche universitaire sur les migrants atteints du VIH en Ile-de-France dans les années 1990, Rwegera est frappée par l’isolement et la grande précarité des femmes migrantes et séropositives. Afin d’aider ces femmes à se relever et à devenir autonome, elle crée Ikambere, un lieu sécurisant à Saint-Denis où les femmes précaires vivant avec le VIH en Ile-de-France peuvent bénéficier d’une prise en charge globale et décloisonnée. Dès sa création, Ikambere accorde une place centrale aux repas et à la convivialité, pour permettre aux femmes de rompre leur isolement, soulager leurs cœurs et s’entraider face à la maladie et à leurs parcours de vie[1].
En début des années 2000, Ikambere développe des actions hors-les-murs dont la médiation dans les hôpitaux franciliens et des actions de prévention et dépistage à destination des publics éloignés du système de santé[5]. Elle commence également à proposer des formations aux professionnels médico-sociaux partout en France afin de partager ses connaissances en matière de la santé sexuelle des femmes vulnérables et migrantes[3] - [6].
Au cours des années 2010, Ikambere réalise de nombreuses études d’impact sur sa méthodologie d'accompagnement pour des femmes vulnérables vivant avec le VIH. En 2019, le livre Ikambere, la maison qui relève les femmes, par Annabel Degrées du Loû et Jano Dupont sort, permettant de formaliser sa méthodologie d’accompagnement[7].
En mai 2021, l’association Ikambere ouvre Ikirambi, la Maison reposante, à Nesles-la-Vallée dans le Val d’Oise pour compléter l’accompagnement proposé dans ses deux centres d’accueil de jour. Elle y propose des séjours « Santé, bien-être et sororité », dans le but d’offrir des temps de repos et des coupures dans un quotidien souvent tourné vers la survie à court terme.
En 2022, Ikambere se déploie et ouvre un deuxième centre d’accueil de jour – Igikali, la Maison apaisante – à Ivry-sur-Seine pour accompagner des femmes vulnérables atteintes d’un diabète, d’une obésité et/ou d’une hypertension artérielle. S’appuyant sur les 25 ans d’expérience de l’association dans le champ du VIH, ce projet expérimental permet d’explorer la reproductibilité de la méthodologie d’Ikambere[8].
Gouvernance et organisation
L’association Ikambere est dotée d’un Conseil d’administration qui se réunit deux à trois fois par an. Il est chargé des orientations stratégiques et financières, de la conformité et des comptes. Le Président délègue la gestion opérationnelle à une directrice chargée de la conduite quotidienne de l’équipe, du budget et des actions.
Une équipe de direction composée exclusivement de femmes assure la coordination, le suivi et l’évaluation interne du projet. Elle est également chargée de mobiliser les partenaires financiers et institutionnels nécessaires au projet.
L’équipe pluridisciplinaire d’Ikambere, 90 % féminine, est composée de travailleurs sociaux, de médiatrices en santé, d’un éducateur d’APA, d’une diététicienne, d’une conseillère en insertion professionnelle et d’une socio-esthéticienne. S’appuyant sur une démarche participative, ils développent toutes leurs actions à partir des besoins exprimés par les femmes. Parties prenantes dans la réalisation des différents diagnostics et projets, les femmes accompagnées assument la responsabilité de leur bien-être, transcendant le statut de bénéficiaires passives[9].
Renforçant les liens de proximité et de confiance entre l’équipe et les femmes accompagnées, certaines personnes de l’équipe ont été auparavant des bénéficiaires, donc considérées comme des paires[10].
Ikambere bénéficie du soutien d’une trentaine de partenaires financiers (publics et privés) pour mener à bien ses actions. Elle s’appuie sur un réseau important d’associations et de structures de santé en Ile-de-France pour avoir une action coordonnée sur le territoire (par exemple, le Samu Social de Paris, les hôpitaux de la Région Ile-de-France, Maison des femmes de Saint-Denis, Pôle Emploi, Assurance maladie, etc.).
L’équipe de médiatrices en santé d’Ikambere est chargée de mener les actions hors-les-murs, dont les dépistages TROD et les séances de sensibilisation pour les personnes éloignées du système de soins[5]. Les conseillères en santé sexuelle et droits humains proposent des formations aux professionnels médico-sociaux sur l’ensemble du territoire français sur les enjeux combinés du VIH et de la précarité, et la santé sexuelle des femmes migrantes d’Afrique sub-saharienne[3] - [6].
Actions
Axes d’intervention
Ikambere est une association historiquement engagée dans la lutte contre les inégalités sociales, de genre et de santé et qui s’est développée au fil des ans et des besoins identifiés sur le terrain. Son action aujourd’hui est constituée de trois axes :
Accompagner les femmes vulnérables
Au sein de ses trois sites en Ile-de-France (Ikambere[11], Igikali[8], Ikirambi), l’association Ikambere propose un accompagnement holistique aux femmes vivant en situation de précarité et avec une maladie chronique (VIH, diabète, obésité, HTA).
Aller vers les populations vulnérables
Afin de pallier les inégalités sanitaires et territoriales, l’association Ikambere mène des actions de médiation[2] et prévention en santé auprès des publics franciliens éloignés du système de soins.
Partager son savoir-faire
Pour partager son expertise en santé sexuelle des populations migrantes et précaires et particulièrement des femmes, l’association Ikambere propose des formations gratuites aux professionnels médico-sociaux en France. Ces actions ont pour objectif une meilleure prise en charge des populations vulnérables[3] - [6].
MĂ©thodologie
La méthodologie d’Ikambere vise d’abord à identifier et agir sur les déterminants sociaux de santé dont le revenu, le chômage, l’insécurité alimentaire, le mal-logement, le lien social et l’éducation à la santé. Sa vision holistique de la santé, centrée sur la personne, la permet de lutter à la fois contre les inégalités sanitaires, socioéconomiques, territoriales et de genre. Le but ultime de l’association est de relever ses bénéficiaires pour qu’elles deviennent actrices de leur vie et de leur santé[12].
Son approche innovante se différencie de la prise en charge classique des maladies chroniques (VIH, diabète, obésité, HTA), qui est divisée entre différents acteurs et types de structures en silo, et se limite souvent à une prise en charge médicale et thérapeutique. Ne prenant pas suffisamment en compte les conditions de vie des personnes, elle peut s’avérer inefficace auprès des populations précaires. En revanche, les travaux d’analyse d’Ikambere démontrent que sa méthodologie agit en faveur de la réduction des inégalités et de l’amélioration de la santé pour les femmes accompagnées[12].
Notes et références
- Annabel Desgrées du Loû, « Des femmes africaines ensemble face à la maladie », ETUDES,‎ (lire en ligne )
- SPF, « La Santé en action, Juin 2022, n°460 La médiation en santé : un nouveau métier pour lever les obstacles aux parcours de soin et de prévention », sur www.santepubliquefrance.fr (consulté le )
- « Réponses pour Elles // Un partenariat ARS et Région IDF », sur www.lecrips-idf.net (consulté le )
- « Bernadette Rwegera, distinguée pour Ikambere », sur transversalmag.fr (consulté le )
- Alexandra Luthereau, « Ikambere accompagne les femmes migrantes atteintes du VIH », sur Actusoins - infirmière, infirmier libéral actualité de la profession, (consulté le )
- « Formation et information », sur Santé.fr, (consulté le )
- « « Ikambéré est devenue ma famille » : à Saint-Denis, une maison pour les migrantes atteintes du VIH », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « L’association Ikambere déploie sa méthode d’accompagnement des femmes en situation de précarité atteintes de maladies chroniques », sur Fondation NEHS, (consulté le )
- Annabel Desgrées Du Loû, Ikambere - la maison qui relève les femmes, Paris, Editions de l'atelier, , 144 p. (ISBN 2708246232), p. 72
- Annabel Desgrées Du Loû, Ikambere - la maison qui relève les femmes, Paris, Editions de l'atelier, , 144 p. (ISBN 2708246232), p. 43-47
- « À Saint-Denis, une maison pour ramener à la vie des femmes migrantes et séropositives », sur InfoMigrants, (consulté le )
- Roukhaya Hassambay, Fatem-Zahra Bennis, Bernadette Rwegera et Annabel Desgrées du Loû, « L’approche communautaire en santé : un levier de protection des personnes vulnérables en temps de crise sanitaire ? », Les Tribunes de la santé, vol. N° 72, no 2,‎ , p. 83–92 (ISSN 2678-9035, DOI 10.3917/seve1.072.0083, lire en ligne, consulté le )