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Iegor Gran

Iegor Andreïevitch Siniavski[1] (en russe : Егор Андреевич Синявский), dit Iegor Gran, né le à Moscou, est un écrivain français.

Iegor Gran
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Biographie
Naissance
Nom de naissance
Егор Андреевич Синявский
Nationalité
Formation
Activité
Père
Mère
Maria Rozanova (en)
Autres informations
A travaillé pour
Genre artistique
Distinction

Biographie

Fils de l'écrivain russe Andreï Siniavski, dissident soviétique, arrivé en France à l'âge de dix ans, Iegor Siniavski y grandit. Il fait des études d'ingénieur à l'École centrale de Paris (promotion 1987). Il entreprend en parallèle à son travail d'ingénieur une carrière d'écrivain et choisit comme pseudonyme le nom de famille de sa femme, Gran.

Auteur de plusieurs livres remarqués, il obtient en 2003 le grand prix de l'Humour noir pour ONG !, récit de la guerre picrocholine entre deux ONG — l'une s'occupant d'enfants malades, l'autre d'environnement — qui siègent dans le même immeuble.

En 2006 paraît Les Trois Vies de Lucie, livre qui relève de la littérature sous contrainte, puisque trois histoires différentes apparaissent selon que l'on lit la page de droite, la page de gauche ou les deux.

Iegor Gran a publié toute son œuvre chez POL ou aux éditions Les Échappés.

À partir de 2011, il travaille avec Charlie Hebdo[2].

En 2015, il publie La Revanche de Kevin, avec un personnage qui vit mal le fait de se prénommer Kevin[3].

Dans Z comme zombie, publié en 2022, il livre sa réflexion sur la responsabilité du peuple russe dans la guerre contre l'Ukraine. L'acceptation du mensonge tient au fait que « depuis soixante-dix ans, ils ont préféré la fiction à la réalité ». Le procès du stalinisme et du poutinisme restant à faire, « la déstalinisation n’a jamais eu lieu » et « la société russe est tombée dans un gouffre moral »[4].

Thèmes abordés et thèses

Dans son roman L'Écologie en bas de chez moi, il aborde le thème de la controverse sur le réchauffement climatique.

Z comme zombie développe un certain nombre de thèmes éclairant l'esprit russe d'aujourd'hui et ce que l'auteur qualifie de « zombification » :

– un complexe bien enraciné de supériorité nationale et une lecture de l'histoire falsifiée. « La certitude qu'ils ont été désignés par quelque puissance divine pour accomplir de grandioses et tragique desseins », relevée par Gran, anime en réalité tout le débat intellectuel russe depuis le XIXe siècle (Dostoïevski : « La Russie sauvera le monde »). S'y ajoute de nos jours le concept répandu de « juste vérité historique : la certitude qu'une injustice a été commise aux dépens de la Russie » ;

– un rapport fantasmé à la réalité : les Russes vivent mal, mais ils se consolent par la certitude d'être une grande puissance. « Ce que les Russes appellent “vérité” a toujours été une narration où la réalité était soigneusement camouflée. » Et l'auteur de citer cette déclaration d'un réalisateur russe : « L'homme russe sait toujours faire la différence entre un fait et la vérité. » Pour Gran, « depuis plus d'un siècle, la Russie s'entête à vivre dans des fictions parallèles » ;

– « L'Ukraine mérite ce qui lui arrive », une appréciation nourrie par le complexe ancestral de supériorité vis-à-vis du voisin et par le défi d'une Ukraine qui se tourne vers le modèle occidental : « Il [le Russe] aurait pu continuer à vivre ainsi mille ans en se mirant le nombril dans une certitude opiacée de terreur qu'il inspire au monde, s'il n'y avait ces minables petits pays voisins et leur inconcevable envie d'améliorer leur quotidien... L'Occident, ce serpent, a su murmurer à l'oreille des simples d'esprit » ;

– un rapport contradictoire à l'Occident : celui-ci est méprisé pour ses faiblesses, alors même que beaucoup de Russes se gorgent de consommation occidentale. La schizophrénie des Russes : « Détester l'Occident tout en étant totalement inféodés à la consommation des biens occidentaux... Confronté aux biens matériels de la civilisation occidentale, le “soulèvement” russe débande rapidement. » En témoignent le goût des oligarques pour les villégiatures occidentales aussi bien que la frénésie de pillage des soldats russes en Ukraine.

Œuvres

  • Ipso facto, Paris, éd. P.O.L, 1998 ; réédition, Paris, éd. J'ai lu no 5151, 1999 ; réédition, Paris, éd. Gallimard, « Folio » no 4312, 2006
  • Acné festival, Paris, éd. P.O.L, 1999 ; réédition, Paris, éd. J'ai lu no 6058, 2001
  • Spécimen mâle, Paris, éd. P.O.L, 2001
  • ONG !, Paris, éd. P.O.L, 2003 ; réédition, Paris, éd. Gallimard, « Folio » no 4094, 2004
  • Le Truoc-nog, Paris, éd. P.O.L, 2003
  • Jeanne d'Arc fait tic-tac, Paris, éd. P.O.L, 2005
  • Les Trois Vies de Lucie, Paris, éd. P.O.L, 2006
  • Thriller, Paris, éd. P.O.L, 2009
  • L'Écologie en bas de chez moi, Paris, éd. P.O.L, 2011 ; réédition, Paris, éd. Gallimard, « Folio » no 5446, 2012 (ISBN 978-2-07044797-8)
  • L’Ambition, Paris, éd. P.O.L, 2013
  • Vilaines Pensées, Paris, éd.Les Échappés, 2014
  • La Revanche de Kevin, Paris, éd. P.O.L, 2015
  • Le Retour de Russie, Paris, éd. P.O.L, 2016
  • Écrire à l'élastique (avec Nicolas Fargues), Paris, éd. P.O.L, 2017
  • Rêve plus vite, camarade ! L'industrie du slogan en URSS de 1918 à 1935, éd. Les Échappés, 2017
  • Les Services compétents, Paris, éd. P.O.L, 2020
  • Ces casseroles qui applaudissent aux fenêtres, Paris, éd. P.O.L, 2020
  • Le Journal d'Alix, Paris, éd. P.O.L, 2022
  • Z comme zombie, Paris, éd. P.O.L, 2022 (ISBN 978-2-8180-5621-9)

Notes et références

  1. Philippe Lançon, « Russe dessous », Libération, (lire en ligne).
  2. « Iegor Gran : “’Charlie Hebdo’”, c'est un monument” », Libération, 7 janvier 2015.
  3. Henri Rouillier, « VIDÉO. “ONPC” : Iegor Gran déchaîne les “Kevin” sur Twitter, un écrivain qui fait du bien », sur nouvelobs.com, (consulté le ).
  4. Iegor Gran, « La société russe est tombée dans un gouffre moral », Le Figaro, , page 15

Voir aussi

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