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Hypercalcul

Le terme hypercalcul désigne les différentes méthodes proposées pour le calcul de fonctions non-Turing-calculables. Il a été initialement introduit par Jack Copeland. On emploie également le terme de calcul super-Turing[1], bien que celui d'hypercalcul puisse être connoté de la séduisante possibilité qu'une telle machine soit physiquement réalisable. Certains modèles ont été proposés, comme des réseaux de neurones avec des nombres réels en guise de poids, la capacité de conduire une infinité de calculs simultanément ou encore l'aptitude à effectuer des opérations non Turing-calculables, telles que des limites ou des intégrations.

Histoire

Un modèle plus puissant que les machines de Turing a été introduit par Alan Turing dans son article « Systems of logic based on ordinals » en 1939. Cet article examinait des systèmes mathématiques dans lesquels on dispose d'un oracle capable de calculer une unique fonction arbitraire (non récursive) des naturels vers les naturels. Il utilisa cette machine pour prouver que même dans ces systèmes plus puissants, l'indécidabilité est présente. Ce texte de Turing mit en évidence le fait que les machines oracles étaient seulement des abstractions mathématiques et ne pouvaient être physiquement réalisées.

Le défi de l'hypercalcul

Aujourd'hui, la théorie algorithmique de l'information permet de mieux comprendre ce que requiert l'hypercalcul. Outre le fait que les hypercalculateurs fassent plus que les machines de Turing, leur marque de fabrique est leur capacité à résoudre le problème de l'arrêt, pour leur programmes, ce dont un calculateur ordinaire (une machine de Turing) est incapable. Cependant, un ordinateur peut déterminer si n'importe quel programme s'arrête ou non si on lui donne en entrée la constante Oméga de Chaitin , qui est un nombre réel non calculable, qui contient la réponse au problème de l'arrêt pour chaque machine de Turing. est alors un oracle pour le problème de l'arrêt. La mémorisation de cette quantité requiert une suite infinie de bits, car il n'existe aucun programme pour la calculer exhaustivement ou pour la compresser. Ainsi, un hypercalculateur doit pouvoir obtenir par d'autres moyens que par un calcul au sens des machines de Turing.

Il existe une procédure d'approximation[2] pour les calculateurs discrets (les ordinateurs ordinaires) qui permet d'approximer, approcher, . Il n'est en revanche pas possible de savoir à quel point ce programme est proche du nombre à un instant donné.

Possibilités théoriques et conceptuelles d'hypercalculateurs

  • Un ordinateur discret ayant accès Ă  la probabilitĂ© d'arrĂŞt peut rĂ©soudre le problème de l'arrĂŞt. Pour un programme de bits en entrĂ©e, la lecture des premiers bits du nombre donne le nombre de programmes qui terminent parmi les programmes. On procède ensuite comme suit : Ă  chaque Ă©tape , on exĂ©cute les premières instructions de chacun des programmes. On incrĂ©mente ainsi jusqu'Ă  ce que programmes aient terminĂ©. Il suffit de vĂ©rifier que le programme en entrĂ©e en fait partie.
  • Une machine de Turing capable d'effectuer une infinitĂ© d'Ă©tapes[3] (voir supertâche (en)).
  • Un ordinateur rĂ©el (une sorte de calculateur analogique idĂ©al) pourrait effectuer des hypercalculs si la physique admettait des variables rĂ©elles au sens large (pas seulement des nombres rĂ©els calculables) et si l'on trouvait un moyen de les domestiquer pour le calcul. Cela ferait appel Ă  des lois physiques assez dĂ©routantes (par exemple, une constante physique mesurable avec une valeur oraculaire, comme la constante de Chaitin) et requerrait d'ĂŞtre capable de mesurer une valeur physique rĂ©elle avec une prĂ©cision arbitraire malgrĂ© le bruit thermique et les effets quantiques.
  • Un système mĂ©canique quantique qui utilise (par exemple) une superposition infinie d'Ă©tats pour calculer une fonction non-calculable. Un tel système ne pourrait pas ĂŞtre un calculateur quantique ordinaire, car il a Ă©tĂ© prouvĂ© que les ordinateurs quantiques sont Turing-rĂ©ductibles (ils pourraient accĂ©lĂ©rer les programmes rĂ©solvant certains problèmes mais ne permettraient pas de rĂ©soudre de nouveaux problèmes).
  • Un calculateur numĂ©rique se trouvant dans un certain espace-temps, appelĂ© espace-temps de Malament-Hogarth (en), pourrait accomplir une infinitĂ© d'opĂ©rations tout en restant dans le cĂ´ne de lumière d'un certain Ă©vènement spatiotemporel.

Voir aussi

Notes

  1. par Hava Sigelman en particulier, Hava Siegelmann, The simple dynamics of super Turing theories; Theoretical Computer Science Volume 168, Issue 2, 20 November 1996, Pages 461-472. (link is to ScienceDirect website copy).
  2. Jean-Paul Delahaye, Information, complexité et hasard, Hermès [détail de l’édition], p. 87-88.
  3. Être simplement capable d'exécuter une infinité d'étapes (c.-à-d. ne jamais s'arrêter) ne suffit pas. En revanche, la notion de calcul à la limite fait l'affaire. Considérons à nouveau la procédure d'approximation du nombre , qui converge lentement et de façon monotone. Bien que chaque terme de cette suite soit calculable, la limite ne l'est pas. Si un calculateur était capable de réaliser toutes ces étapes d'approximation en nombre infini, d'obtenir et de stocker son infinité de chiffres, il pourrait facilement résoudre le problème de l'arrêt.

Références

  • Alan Turing, Systems of logic based on ordinals, Proc. London math. soc., 45, 1939
  • Hava Siegelmann (en), Neural Networks and Analog Computation: Beyond the Turing Limit Boston: Birkhäuser, 1998.
  • Lenore Blum, Felipe Cucker, Michael Shub, Stephen Smale, Complexity and Real Computation, Springer-Verlag 1997. General development of complexity theory for abstract machines that compute on real or complex numbers instead of bits.
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