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Hyacinthe Dubreuil

Hyacinthe Dubreuil est un syndicaliste français né à Bérou-la-Mulotière (Eure-et-Loir) le et mort à Paris le .

Hyacinthe Dubreuil
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Hyacinthe Joseph Dubreuil
Nationalité
Activité
Autres informations
Distinction

Biographie

Fils d’un ouvrier-manœuvre, Hyacinthe Dubreuil fait son apprentissage comme mécanicien serrurier chez les Compagnons du Devoir. Il s’inscrit au syndicat CGT dès 1900 et devient en 1912 secrétaire de l’Union des ouvriers mécanicien de la Seine, puis en 1914 secrétaire général. Il est aussi membre de la Commission exécutive de la Fédération des Métaux. Il est mobilisé chez les pompiers de Paris, puis détaché dans une fabrique de matériel de guerre.

Hyacinthe Dubreuil fut jusqu'à 45 ans un ouvrier mécanicien en France et aux États-Unis où il travailla notamment chez Ford[1].

De 1918 au , Hyacinthe Dubreuil est permanent au secrétariat de l’Union des syndicats de la Seine, remplacé par Gaston Guiraud. Il prend alors ses distances avec la CGT. Après cette période, il voyage, travaille un temps comme mécanicien chez Ford à Detroit, expérience dont il tire son ouvrage Standards. Le travail américain vu par un ouvrier français (1929) qui fut très critiqué en raison de ses propos sur les mérites de la machine et de la « chaîne » que dénonce la CGT. Le livre eut toutefois un grand succès et fut traduit en sept langues. Hyacinthe Dubreuil quitte la CGT en .

Du au , Hyacinthe Dubreuil siégea au Bureau international du travail. Ce fut une période intellectuellement féconde. Six livres virent le jour[2]. Hyacinthe Dubreuil commence et poursuit ses réflexions sur l’entreprise et l’organisation du travail, lesquelles aboutissent à prôner la création d’ateliers autonomes, économiquement et financièrement, pour favoriser l’apprentissage de la gestion du travail et qui donneraient à l’ouvrier les moyens d’accomplir son existence sur les trois plans, économique, intellectuel, et moral, faute de quoi il sera toujours vain d’espérer atteindre la paix sociale. En 1936, il publie un livre sur le géant tchèque de l’industrie de la chaussure, le groupe Bata, qui pratique l’autonomie des ateliers et le commerce entre unités de l’entreprise. En 1939, Dubreuil coécrit avec Rimailho un autre ouvrage dans lequel il défend l’organisation de l’entreprise sous la forme d’une fédération d’ateliers autonomes. Le réformiste Dubreuil a pour ambition de bâtir « la Cité industrielle idéale » qui trouverait son équilibre dans une juste répartition des revenus en fonction d’un système de transaction entre des collectifs internes à la firme. Celle-ci deviendrait ainsi le cadre de régulation dans lequel le registre de l’échange et du commerce pourrait être convoqué à nouveaux frais, afin de desserrer ce qui seraient les contraintes du salariat pesant sur le libre déploiement de l’initiative économique[3] - [4].

Il pensait que Toute organisation sociale repose sur trois éléments : matériel et économique (estomac) ; intellectuel (cerveau) ; moral et affectif (cœur). Or, avec le taylorisme, le plan matériel et économique est l'affaire des syndicats ; le plan intellectuel est annihilé ; de même, le plan moral et affectif est quasiment ignoré.

En 1937 il écrit une brochure, Lettre aux travailleurs français, dans laquelle il livre ses réflexions sur l’organisation du travail.

À partir de 1940 il se rallie au gouvernement de Pétain, dans le sillage de René Belin et de l'aide droite de la CGT confédérée regroupée autour de la revue "Syndicat". En 1941 il propose une "Chevalerie du Travail" dans un livre dédié à Pétain, ce qui lui vaut d'être décoré de la Francisque (n°254) en .

Citation

« J'ai déjà indiqué plus haut qu'il était également chimérique d'attendre un relèvement substantiel de la situation économique par la seule réduction de la durée du travail... Si l'on se borne à réduire la durée du travail sans toucher au mécanisme capitaliste, on rend simplement plus intense la concurrence qui existe entre l'ouvrier et la machine. Car lorsque le prix de la main-d'œuvre augmente, la production mécanique devient par contraste moins chère. Et le capitalisme restant alors libre de perfectionner la machine pour employer moins d'ouvriers, la réforme qu'on avait obtenue se retourne contre ceux qui l'avaient conquise... Une autre conséquence, à savoir qu'au fur et à mesure que l'on réduit la durée du travail, et toujours à cause de ce même mécanisme capitaliste qui est resté intact, l'intensité du travail augmente pour une même durée. Il est indéniable que son rythme n'a cessé de croître au fur et à mesure que le capitalisme a dû exploiter le travail sur un temps plus court. De sorte qu'on peut dire, sans paradoxe, que sous prétexte de diminuer la fatigue nerveuse en diminuant la durée du travail, on s'exposera au contraire à l'augmenter, aussi longtemps que le capitalisme, gouvernant seul l'organisation du travail, restera libre d'en accélérer le rythme. »

— H.Dubreuil, La fin des monstres (1938)

Ĺ’uvres

  • La RĂ©publique industrielle. PrĂ©face de Charles Gide, … – Paris, Impr.-Ă©dition de la Bibliothèque d’éducation, 1923, [s. d.]. 18 cm, 317 p.
  • Standards. Le travail amĂ©ricain vu par un ouvrier français. PrĂ©face de Henry Le Chatelier – Paris, Éditions Bernard Grasset, (copyright 1929) 1931, 18 cm, 434 p.((1er ed.imp. 428p) Index. (Collection : Les Ă©crits, sous la direction de Jean GuĂ©henno.) [Il expose les thèmes actuels d’enrichissement des tâches, de dĂ©centralisation ou d’autogestion (et surtout l'emergence de mouvements (et strategies) cooperatifs en US -leo Wolman, otto s.Beyer d'Ohio & Baltimore, et leur utilisation par des sociĂ©tĂ©s capitalistes innovantes).]
  • Nouveaux standards. Les sources de la productivitĂ© et de la joie – Paris, Éditions Bernard Grasset, 1931. 18 cm, 344 p. (Collection : Les Ă©crits, sous la direction de Jean GuĂ©henno. 2e sĂ©rie, 8.)
  • Employeurs et salariĂ©s en France. PrĂ©face de CĂ©lestin BouglĂ©, … – Paris, Librairie FĂ©lix Alcan, 1934. 21 cm, X-461 p. (Publications du centre de documentation sociale de l’École normale supĂ©rieure.) [BH : 8° 7266. – BnF : 8° R. 40697.]
  • Les Codes de Roosevelt et les perspectives de la vie sociale – Paris, Éditions Bernard Grasset, 1934. In-16 (18 cm), 231 p. (Collection : Les Ă©crits, 5.)
  • Ă€ Chacun sa chance. L’organisation du travail fondĂ©e sur la libertĂ© – Paris, Éditions Bernard Grasset, 1934. 18 cm, 324 p. Index. Bibliogr. [BH : 8° NC. – BnF : 8° R. 42301.] A chance for everybody (passages from the English version)
  • L’Exemple de Bat’a. La libĂ©ration des initiatives individuelles dans une entreprise gĂ©ante – Paris, Éditions Bernard Grasset, 1936. 18 cm, 374 p. (Collection : Les Ă©crits, sous la direction de Jean GuĂ©henno. 5e sĂ©rie, 3.)
  • La Fin des monstres, idĂ©e d'une organisation contraire Ă  la centralisation et Ă  l'Ă©tatisme – Paris, Éditions Bernard Grasset, 1938. In-16 (18 cm), 312 p.
  • Lettre aux travailleurs français – Paris, Éditions Bernard Grasset, s.d. [1939]. In-16, 32 p.
  • Deux hommes parlent du travail, avec Rimailho, Grasset, 1939.
  • En collaboration avec Pierre Boutang, Amis du MarĂ©chal, Ă©ditions Fernand Sorlot, .
  • Ă€ l’image de la mère. Essai sur la mission de l’assistance sociale – Paris, Éditions Sociales françaises, 1941. In-8°, 52 p.
  • La Chevalerie du travail – Paris, Éditions Bernard Grasset, 1941. 18 cm, 181 p.
  • Organisation de la solidaritĂ© nationale – Paris, Centre communautaire, (1942). In-16 (18 cm), 32 p. (Études communautaires, no 4.)
  • Le travail et la civilisation, Radar, Genève, 1946
  • L’Esprit fĂ©dĂ©raliste et les problèmes Ă©conomiques – Paris, Presse Libre, 1948. In-8° (21 cm), 15 p. (La RĂ©publique ouvrière. Collection des cahiers de « la RĂ©publique moderne ». No 2.)
  • L’Équipe et le ballon : l’ouvrier libre dans l’entreprise organisĂ©e – Paris, Le Portulan, 1948. In-16 (19 cm), 271 p. (Collection : L’homme et la citĂ©.)
  • La RĂ©forme de l’entreprise vers un salaire humain, par Hyacinthe Dubreuil, Eugène Schuelle, GĂ©rard de Moy, Montaudoin, Alexandre Dubois, Roger Daubourg… [etc.] Documentation rĂ©unie et commentĂ©e par Marcel Cliquet. PrĂ©face de Thierry Maulnier. – Paris, Éditions Ocia, 1948. In-16 (17,5 cm), 212 p., graphique. (IdĂ©es et MĂ©thodes, vol. no 3.)
  • La psychologie et l'organisation du travail, Radar, Genève, 1949
  • Le Travail et la civilisation, esquisse de l’histoire et de la philosophie du travail – Paris, Éditions Plon, 1953. In-16, XVIII-295 p.
  • Des Robots ou des hommes. L’œuvre et l’influence de l’ingĂ©nieur Taylor – Paris, Éditions Bernard Grasset, 1956. In-16 (21 cm), 336 p. 1956. (Étude sur les problèmes d’organisation et les problèmes humains de la vie industrielle.)
  • Le Compagnonnage – Paris, Association ouvrière des compagnons du devoir du tour de France (Impr. du Compagnonnage), 1957. In-8° (23 cm), 32 p. (Extrait des « Comptes rendus de l’AcadĂ©mie des sciences morales et politiques », .)
  • La SĂ©curitĂ© sociale par le fĂ©dĂ©ralisme professionnel – Beaugency, Impr. notariale, 1957. In-8° (23 cm), 30 p.
  • Le Service personnel et la psychologie de l’homme au travail. La psychologie ouvrière – Paris, 57 rue de Babylone, 1957. In-4°, 17 f. autographiĂ©. (École d’organisation scientifique du travail. Leçon no 166)
  • Formation humaine et expansion rĂ©gionale, par Roger Millot, Hyacinthe Dubreuil, Georges Ville, AndrĂ© VigariĂ© et Henri Bahrmann. – Paris, FĂ©dĂ©ration nationale des syndicats d’ingĂ©nieurs et de cadres supĂ©rieurs, 1958. In-8° (22 cm), 96 p. (Travaux de la 2e session rĂ©gionale de Normandie du Centre Ă©conomique et social de perfectionnement des cadres)
  • Le VĂ©ritable « intĂ©ressement » des travailleurs Ă  la vie de l’entreprise – Paris, Éditions de l’entreprise moderne, 1959. In-16 (19 cm), 143 p.
  • Si tu aimes la libertĂ© – Paris, Nouvelles Éditions latines, 1962. In-8° (22 cm), 157 p. (Le XXe siècle.)
  • Promotion. PrĂ©face de Louis Armand. – Paris, Éditions de l’Entreprise moderne, 1963. 20 cm, 240 p.
  • Qui est prĂŞt? – S. l. n. d.. In-8°, 4 p. n.ch.
  • J'ai fini ma journĂ©e - Librairie du Compagnonnage, 1971

Voir aussi

Bibliographie

  • Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, art. "Dubreuil" (3e partie 1871-1914, t. 12, p. 83)
  • Texte ronĂ©otĂ© du ComitĂ© Hyacinthe Dubreuil, . Le XXe siècle, no 403, juillet-.
  • Pour la connaissance de Hyacinthe Dubreuil, ouvrier, syndicaliste, sociologue, publiĂ© par le ComitĂ© Hyacinthe Dubreuil, Paris, Imprimerie du Compagnonnage, 1971. In-12, 76 p. (PubliĂ© par le ComitĂ© Hyacinthe Dubreuil. Qui est-elle ? Tentatives d’application de sa doctrine. PossibilitĂ©s d’application de sa doctrine)
  • Lieutenant-colonel Rimailho et Hyacinthe Dubreuil. Deux hommes parlent du travail. – Paris, Éditions Bernard Grasset, 1939. In-16 (21 cm), 337 p.
  • Martin Fine - « Hyacinthe Dubreuil : Le TĂ©moignage d’un ouvrier sur le syndicalisme, les relations industrielles et l’évolution technologique de 1921 Ă  1940 », Le Mouvement social, no 106, janvier-Mars, 1979, p. 45-64.
  • Jean-Claude Scheid, « Les grands auteurs en organisation», p. 98 Ă  102, Dunod, 1980
  • Claude Didry et Florent Le Bot « Un dĂ©passement capitaliste du salariat ? Une sociohistoire en trois actes et impasses. » pour le dossier « Les mille peaux du capitalisme », L’Homme et la sociĂ©tĂ©, n°195-196, 2015/1-2, p. 51-72.
  • Alain Gatti - « Bata, une expĂ©rience Ă©conomique et sociale exceptionnelle », Revue internationale des relations du travail, 2003, 1, no 4, p. 125–137. (disponible en ligne)
  • Frank Georgi Dir. – Autogestion. La dernière utopie ?, sous la direction de Frank Georgi. – Paris, Publications de la Sorbonne, 2003, 614 p.
  • Florent Le Bot, « La "Famille" du cuir contre Bata. Malthusianisme, protectionnisme, xĂ©nophobie et antisĂ©mitisme dans le monde de la chaussure en France, 1930-1950 » Revue d’histoire moderne et contemporaine, 52-4, octobre-, p. 131-151.
  • Jacques Montpellier - « Ă€ propos de l’entreprise », Jeune patron, no 48, septembre-octobre, 1951.
  • Georges Ribeill - « De la RĂ©publique industrielle de Hyacinthe Dubreuil aux groupes autonomes : une vieille idĂ©e proudhonienne sans avenir ? », in Autogestion. La dernière utopie ?, (dir. Frank Georgi), Presses de la Sorbonne, 2003, p. 115-132.
  • Max Richard – Hyacinthe Dubreuil ou l’honneur ouvrier. Mon maĂ®tre et mon ami, par Max Richard. – Savigny-sur-Orges, M. Richard, 1986. 21 cm, 64 p., ill. (Contient des extraits de textes et des lettres de H. Dubreuil)

Notes et références

  1. Jean-Claude Scheid, Les grands auteurs en organisation, Paris, Dunod, , 240 p., p. 98 Ă  102
  2. « DUBREUIL Hyacinthe - Maitron », sur maitron.fr (consulté le )
  3. Florent Le Bot, « La "Famille" du cuir contre Bata. Malthusianisme, protectionnisme, xénophobie et antisémitisme dans le monde de la chaussure en France, 1930-1950. », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 52-4,,‎ , p. 131-151.
  4. Claude Didry et Florent Le Bot, « Un dépassement capitaliste du salariat ? Une sociohistoire en trois actes et impasses. », L’Homme et la société, n°195-196,‎ 2015/1-2, p. 51-72.

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