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Homme de Sangiran

L'Homme de Sangiran est le nom donnĂ© Ă  un ensemble de fossiles attribuĂ©s Ă  l'espèce Homo erectus, dĂ©couverts Ă  partir de 1936 sur le site de Sangiran, qui borde le fleuve Solo Ă  15 km au nord de Surakarta, dans la province de Java central, en IndonĂ©sie.

Homme de Sangiran
Image illustrative de l’article Homme de Sangiran
Sangiran 17
CoordonnĂ©es 7° 24′ 00″ sud, 110° 49′ 00″ est
Pays Drapeau de l'Indonésie Indonésie
ĂŽle Java
Kabupaten Sragen
Vallée Solo
Localité voisine Sangiran
DatĂ© de 800 Ă  500 ka
Période géologique Pléistocène moyen
Époque géologique Paléolithique inférieur
DĂ©couvert le 1936
DĂ©couvreur(s) Gustav von Koenigswald
Identifié à Homo erectus
Géolocalisation sur la carte : Indonésie
(Voir situation sur carte : Indonésie)
Homme de Sangiran
GĂ©olocalisation sur la carte : Java
(Voir situation sur carte : Java)
Homme de Sangiran

Historique

Carte topographique du fleuve Solo

En 1936, le paléoanthropologue allemand Gustav von Koenigswald commença des fouilles sur le site de Sangiran, sur l'ile de Java, et découvrit dans un premier temps trois fossiles humains, notés Sangiran 1 à 3. En 1937, il accueillit à Sangiran le médecin anatomiste allemand Franz Weidenreich, venu de Pékin jusqu'en Indonésie pour examiner les premières découvertes, notamment les calottes crâniennes Sangiran 2 et Sangiran 3. Tous deux publièrent divers travaux conjoints sur ces fossiles, les attribuant à l'espèce Pithecanthropus erectus, créée en 1894 par le médecin anatomiste néerlandais Eugène Dubois à partir de restes fossiles découverts sur le site de Trinil, situé non loin de Sangiran.

De 1936 à 1941, Gustav von Koenigswald découvrit en tout 6 fossiles d'homininés, Sangiran 1 à 6, datant d'époques différentes et montrant des caractères variés.

Les fouilles ont repris après la guerre, associant des chercheurs de diffĂ©rents pays Ă  des chercheurs indonĂ©siens. Le site a livrĂ© Ă  ce jour plus d'une centaine de fossiles humains ou prĂ©-humains, dont la classification demeure pour nombre d'entre eux sujette Ă  dĂ©bats. Le prĂ©sent article ne couvre que les fossiles dits graciles, trouvĂ©s au-dessus de la couche Grenzbank et datĂ©s de moins de 800 ka (Ă©galement appelĂ©s groupe Trinil-Sangiran[1]).

Stratigraphie

Le site de Sangiran est constituĂ© d'un dĂ´me anciennement soulevĂ© par la tectonique et progressivement Ă©rodĂ© par les Ă©lĂ©ments. Il est constituĂ© de deux couches principales, la formation Sangiran (ou Pucangan, 1,34 Ă  0,9 Ma) et la formation Bapang (ou Kabuh, 800 Ă  200 ka), sĂ©parĂ©es par une couche intermĂ©diaire Ă©paisse de 1 Ă  4 m selon les endroits, datĂ©e de 900 Ă  800 ka et dĂ©nommĂ©e par Gustav von Koenigswald la zone Grenzbank. La datation basse de la zone Grenzbank a Ă©tĂ© confirmĂ©e dĂ©but 2020 par la mĂ©thode uranium-plomb et par les traces de fission, plus fiables que d'autres mĂ©thodes prĂ©cĂ©demment employĂ©es[2] - [3]. La formation de Notopuro surmonte l'ensemble, Ă  partir de 200 ka.

Les variations très complexes de la stratigraphie du site et les nombreux remaniements géologiques rendent difficiles les opérations de datation. De plus, la plupart des fossiles ont été découverts par des paysans locaux dans des circonstances stratigraphiques imprécises. Un certain nombre de fossiles anciens sont issus de la formation Sangiran, généralement trouvés vers son sommet, mais la grande majorité des fossiles ont été trouvés dans la formation Bapang.

Morphologie

La description qui suit est principalement fondée sur le fossile Sangiran 17, le crâne le plus complet trouvé sur le site.

La voute crânienne est longue et basse, avec un os frontal pentu et un angle aigu entre les plans nucaux supérieur et inférieur. Le torus sus-orbitaire forme une barre relativement droite, particulièrement épaisse latéralement. L'os frontal porte une crête médiane et il s'épaissit près du bregma. On relève une constriction postorbitaire marquée et des lignes temporales supérieures prononcées et relativement hautes sur les côtés de la voute crânienne. La plus grande largeur du crâne se situe au niveau des crêtes susmastoïdiennes. Les os du crâne sont plus épais que chez Homo sapiens, en particulier au niveau des os pariétaux et de la base du crâne. Le torus occipital, qui sert à attacher les muscles du cou, est particulièrement prononcé[4].

On note un fort prognathisme facial. Les orbites sont profondes et de forme circulaire. L'ouverture nasale ne semble pas très large. Le caractère le plus notable de la face est l'os zygomatique très robuste et profond. Le bord inférieur de cet os rejoint directement la rangée de dents supérieures. Les zones très robustes d'attachement des muscles masticatoires suggèrent une adaptation à la consommation d'aliments coriaces. Pourtant, les dents supérieures sont étonnamment petites et montrent une usure occlusale minime pour un chasseur-cueilleur. La mandibule combine elle aussi une grande robustesse (os du corpus et alvéolaire), avec des dents étonnamment petites[4].

Principaux fossiles

La grande majoritĂ© des fossiles humains trouvĂ©s Ă  ce jour sont datĂ©s entre 800 et 500 ka et sont attribuĂ©s Ă  l'espèce Homo erectus. Ils sont listĂ©s ci-après avec leur site et leur date de dĂ©couverte :

  • Sangiran 2 (1937) : calotte crânienne[4]
  • Sangiran 3 (1937) : calotte crânienne[4]
  • Sangiran 10 (Tanjung, 1963) : calotte crânienne[1]
  • Sangiran 12 : calotte crânienne
  • Sangiran 17 (1969) : crâne assez complet, le fossile le plus complet trouvĂ© sur le site
  • Sangiran 25 : fragment crânien[5]
  • Sangiran 26 : fragment crânien[5]
  • Sangiran 38 : calotte crânienne
  • Grogol Wetan (1993) : crâne[1]
  • Bukuran (1997) : crâne[1]
  • (Bapang 2001-4) : fragment de maxillaire
  • (Bapang 2001-5) : fragment de maxillaire gauche

Reconstitution

La paléoartiste française Élisabeth Daynès a sculpté une reconstitution de l'Homme de Sangiran pour le Musée de préhistoire de Jeongok, en Corée du Sud, que l'on peut voir en ligne[6].

Références

  1. (en) Harry Widianto, « The perspective on the evolution of Javanese Homo erectus based on morphological and stratigraphic characteristics », dans Truman Simanjuntak, Bagyo Prasetyo, Retno Handini (dir.), Sangiran : Man, Culture, and Environment in Pleistocene Times, Yayasan Obor Indonesia, (lire en ligne), p. 24-45
  2. (en) Boris Brasseur, « A younger “earliest human migration” to Southeast Asia », Science, vol. 367, no 6474,‎ , p. 147-148 (DOI 10.1126/science.aba3800)
  3. (en) Shuji Matsu’ura, Megumi Kondo, Tohru Danhara, Shuhei Sakata, Hideki Iwano et al., « Age control of the first appearance datum for Javanese Homo erectus in the Sangiran area », Science, vol. 367, no 6474,‎ , p. 210-214 (DOI 10.1126/science.aau8556)
  4. « Sangiran », sur Peterbrown
  5. Donan Satria Yudha, « Réévaluation du crâne Ngawi 1 (Homo erectus, Java, Indonésie), apports de l’imagerie 3D et des analyses multivariées (mémoire de master) », Muséum National d’Histoire Naturelle,‎ (lire en ligne)
  6. Site d'Élisabeth Daynès, voir en ligne

Bibliographie

  • (en) Harry Widianto, « The perspective on the evolution of Javanese Homo erectus based on morphological and stratigraphic characteristics », dans Truman Simanjuntak, Bagyo Prasetyo, Retno Handini (dir.), Sangiran : Man, Culture, and Environment in Pleistocene Times, Yayasan Obor Indonesia, (lire en ligne), p. 24-45

Voir aussi

Articles connexes

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