Homme d'Orce
L'Homme d'Orce est le nom donné au fragment de crâne fossile noté VM-0, découvert en 1982 par le paléoanthropologue espagnol Josep Gibert dans le gisement de Venta Micena, à Orce, en Espagne[1]. Les fragments comprennent un morceau d'os pariétal droit, un morceau de pariétal gauche, une partie de la suture sagittale, et une partie de l'os occipital.
VM-0 | |||
Réplique du fragment de crâne VM-0, sur un moulage d'endocrâne d'humain archaïque | |||
Coordonnées | 37° 43′ 16″ nord, 2° 28′ 46″ ouest | ||
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Pays | Espagne | ||
RĂ©gion | Andalousie | ||
Localité voisine | Orce | ||
Daté de | 1,4 Ma | ||
Période géologique | Quaternaire | ||
Époque géologique | Pléistocène inférieur | ||
DĂ©couvert le | 1982 | ||
Nom commun | Homme d'Orce | ||
Particularités | Premières traces humaines en Europe | ||
Ă‚ge | adulte | ||
GĂ©olocalisation sur la carte : Espagne
GĂ©olocalisation sur la carte : Andalousie
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De par sa nature très incomplète, ce fossile a été l'objet d'une controverse qui ne s'est jamais éteinte : elle proposait d'en faire plutôt un fragment de crâne d'un jeune équidé, non d'un humain. Le découvreur Josep Gibert consacra le restant de ses jours à infirmer cette théorie.
Historique
Le fossile fut trouvé en 1982 et la découverte publiée en 1983. Mais le nettoyage du crâne qui s'ensuivit en 1984 révéla une étrange petite crête au sommet du crâne.
Josep Gibert fut invitĂ© en France par Henry et Marie-Antoinette de Lumley, cĂ©lèbres palĂ©oanthropologues français, pour Ă©tudier le crâne plus en dĂ©tail. Marie-Antoinette de Lumley dĂ©clara qu'il pouvait s'agir d'un crâne d'un jeune âne au vu de ce type de crĂŞte commun aux Ă©quidĂ©s. Le groupe de la dĂ©couverte se scinda entre les deux collègues qui acceptèrent l'idĂ©e[2], et Josep Gibert qui la refusa. Le , El PaĂs publia un article qui dĂ©taillait ces interprĂ©tations radicalement opposĂ©es.
La confusion créée fut immense, et dans les quatre jours suivants le quotidien enchaîna onze autres articles, avec interviews de scientifiques et caricatures obligées. La situation fit naître un complexe évident, entre les scientifiques espagnols qui ne distingueraient pas un âne d'un homme et le prestigieux couple de scientifiques français mondialement célèbres et incontestables, qualifiés d'« empereurs » de la paléoanthropologie, et un peu plus tard de « colonialistes scientifiques ». Au printemps 1986, Gibert se vit refuser le permis de fouille par la région autonome d'Andalousie.
Les différents congrès scientifiques qui eurent lieu entre-temps, où Gibert ou Lumley évoquaient le crâne, ne permirent pas le débat. Gibert travailla alors à écrire un livre, publié en 2004, ainsi que 138 articles, dont 27 publiés dans des revues scientifiques, pour défendre son point de vue[3]. Gibert fut ensuite progressivement admis sur d'autres sites. En 2006 on découvrit un crâne d'une enfant de l'époque romaine, avec la même crête sur le crâne. La presse y vit enfin la preuve qu'il avait raison. Mais Gibert mourut en , et ses restes dispersés sur le gisement de Venta Micena[4].
Depuis, la dent de l'Enfant d'Orce a confirmé la présence de fossiles humains de la même époque dans les gisements de la région d'Orce[5].
Datation
L'Homme d'Orce est daté d'environ 1,4 Ma[6].
Cette datation en fait l'une des plus anciennes traces humaines connues en Europe, avec les vestiges lithiques trouvés sur le site de Pirro Nord, en Italie (1,4 Ma), et la dent fossile de Kozarnika, en Bulgarie (1,5 Ma).
Références
- (es) Josep Gibert, Jordi Agustà et Salvador Moyà -Solà , « Presencia de Homo sp. en el yacimiento del Pleistoceno inferior de Venta Micena (Orce, Granada) », Paleontologia i evolució,‎ (ISSN 0211-609X)
- (en) J. Agustà et S. Moyá-Solá, « Sobre la identidad del fragmento craneal atribuido a Homo sp. en Venta Micena (Orce Granada) », Estudios Geológicos, 6e série, vol. 43,‎ , p. (DOI 10.3989/egeol.87435-6621, lire en ligne)
- (en) J. Gibert, F. Ribot, P. Gibert et L. Gibert, « Obliteration study of lambdatic and obelionic region sutures in ruminant, carnivores and hominids », Estudios Geológicos, 1re série, vol. 62,‎ , p. 123-134 (ISSN 0367-0449, DOI 10.3989/egeol.0662112, lire en ligne)
- (es) Miquel Carandell Baruzzi, « HomĂnidos, dudas y grandes titulares: La controversia del Hombre de Orce en la prensa española (1983-2007) », Dynamis, 2e sĂ©rie, vol. 33,‎ , p. 365-387 (lire en ligne)
- (en) Isidro Toro-Moyano et al., « The oldest human fossil in Europe dated to ca. 1.4 Ma at Orce (Spain) », Journal of Human Evolution, 1re série, vol. 65,‎ , p. 1-9 (DOI 10.1016/j.jhevol.2013.01.012, lire en ligne)
- Amélie Vialet, Les conférences du Musée de l'Homme, 4 décembre 2014 (1/3), Avant Néandertal en Europe : Homo heidelbergensis, voir la vidéo en ligne