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Histopathologie du cholestéatome

L’histopathologie du cholestĂ©atome est un outil dĂ©cisif du diagnostic d'une « tumeur » ou plutĂ´t d'une nĂ©oformation bĂ©nigne de l'oreille moyenne.

Petit sac de cholestéatome dans la muqueuse de la caisse du tympan. C, épithélium de caisse - E, épithélium cholestéatomateux - K, kératine - S, stroma.

Introduction

Le cholestéatome peut être défini comme un kyste épidermique occupant l'oreille moyenne ou comme une forme d'otite chronique avec présence d'épithélium pavimenteux stratifié dans l'oreille moyenne. Il est rarement congénital : le tympan est alors intact. Beaucoup plus souvent, il résulte d'une invasion de la caisse par l'épiderme du tympan (oreille externe), que cet épithélium se soit invaginé à la faveur d'une rétraction tympanique totale (Schappnel) ou qu'il y ait pénétré par une perforation marginale.

Il se prĂ©sente dans la caisse comme un « sac » extensif dont la paroi ou « matrix Â» (Bremond & al., 1980[1]) se compose, sur le plan histologique, d’un Ă©pithĂ©lium malpighien producteur de kĂ©ratine et d'un stroma conjonctif. Sa cavitĂ© contient cette mĂŞme kĂ©ratine et non du cholestĂ©rol, de sorte que le nom mĂŞme de "cholestĂ©atome" est inappropriĂ©.

Ce sac prĂ©sente un danger pour l'oreille moyenne et mĂŞme la chaĂ®ne des osselets, agressivitĂ© destructrice est liĂ©e Ă  la prĂ©sence anormale dans la caisse du tympan de l'Ă©pithĂ©lium malpighien, kĂ©ratinisĂ©, donc pourvu d'un stratum granulosum , Ă  l’otite chronique moyenne cholestĂ©atomateuse dont il est plus ou moins directement responsable et surtout, Ă  un ensemble d’autres lĂ©sions associĂ©es ou « satellites ».

Stimulant et aggravant la maladie, ces dernières dimposent une exérèse chirurgicale du cholestéatome aussi large que possible[2] - [3]).

Le diagnostic définitif ne peut être assuré que par la seule histologie ou anatomo-pathologie.

Structure histologique du cholestéatome

Épithélium normal de la caisse du tympan, microscopie électronique à transmission. B, lame basale - C, cils - Cc, cellule ciliée - Cnc, cellule non ciliée - Cb, cellule basale - N, noyaux.

Normalement, la cavitĂ© tympanique de l'oreille moyenne est bordĂ©e par une tunique muqueuse montrant un Ă©pithĂ©lium et un stroma ou lamina propria. que sĂ©pare une lame basale. Cette muqueuse enveloppe aussi les trois osselets (marteau, enclume, Ă©trier) et leurs ligaments, donc toute la chaine ossiculaire. L'Ă©pithĂ©lium est un revĂŞtement simple, pavimenteux Ă  cuboĂŻdal, avec quelques plages pseudo-stratifiĂ©es autour de l'orifice de la trompe d'Eustache et de l'insertion du tympan. Il se compose de cellules ciliĂ©es, sĂ©crĂ©trices, non ciliĂ©es et basales, bien visibles au microscope Ă©lectronique Ă  transmission.

Cette structure est hautement caractéristique (André Lopez) et évite de confondre le cholestéatome avec d'autres lésions de caisse, tumorales ou pseudotumorales, dans le cadre d'un diagnostic différentiel.

Contenu du « sac Â»

Contenu de sac cholestéatomateux : kératine en partie parakératosique. K, kératine normal, anucléée - Pk, kératine parakératosique avec noyaux (flèches).

Il est formĂ© par un matĂ©riel Ă©osinophile de nature kĂ©ratinique, squameux et gĂ©nĂ©ralement anuclĂ©Ă© sauf lorsqu'il existe une parakĂ©ratose dans l'Ă©pithĂ©lium pariĂ©tal sous-jacent. Des noyaux aplatis et pycnotiques sont alors visibles dans une zone limitĂ©e. Il se mĂŞle parfois Ă  la kĂ©ratine des polynuclĂ©aires et des histiocytes plus ou moins fusionnĂ©s en cellules gĂ©antes (symplasmes). Ces macrophages tendent Ă  englober les lamelles cornĂ©es. Ils sont souvent l’indice de discontinuitĂ©s dans la paroi du « sac Â» dont ils proviennent et peuvent aussi traduire la prĂ©sence d’un granulome Ă  kĂ©ratine sous-jacent.

Paroi du « sac Â»

Contenu de cholestéatome : kératine (K) avec réaction macrophagique en symplasmes multinucléés (cellules géantes : Cg)

Désignée tout entière sous le nom de « matrice » par certains auteurs[1], elle présente un aspect histologique rappelant beaucoup celui décrit pour la poche de rétraction. Les deux lésions ne se distinguent classiquement que par des particularités évolutives et structurales mineures qui leur sont propres[4].

ÉpithĂ©lium du « sac Â»

Paroi de cholestéatome : épithélium, avec une crête (R) et stroma (S). Sg, stratum granulosum - Ss, stratum spinosum - Sb, stratum basale. O : osselet.
Front de l'épithélium du cholestéatome sur un stroma peu modifié. Ci, quelques cellules inflammatoires - E, épithélium - F, front - H, vaisseau dilaté - K, kératine - S, stroma.

Cet Ă©pithĂ©lium, auquel d'autres auteurs rĂ©servent le nom de « matrix Â»[5], est formĂ© comme par 4 strates ou couches caractĂ©ristiques comme dans un Ă©piderme normal : le stratum basale (couche germinative, basal layer) reposant sur une lame basale ; le stratum spinosum (couche des cellules Ă  Ă©pines, prickle cell layer ) ; le stratum granulosum (couche granuleuse, granular layer) ; le stratum corneum (couche cornĂ©e, horny layer).

Bien que ce dernier soit gĂ©nĂ©ralement orthokĂ©ratosique, il peut y persister de noyaux pycnotiques (parakĂ©ratose) ; le stratum granulosum a alors disparu dans la partie sous-jacente du corps muqueux de Malpighi. Il se prĂ©sente comme un revĂŞtement assez mince et rĂ©gulier, pourvu de crĂŞtes (epidermal ridges) lorsqu'il n'est pas altĂ©rĂ©. Ces crĂŞtes caractĂ©risent l’épiderme normal et s’engrènent avec les papilles du derme sous-jacent.

Le front de progression cholestéatomateux offre un profil cunéiforme caractéristique et se substitue progressivement à l'épithélium cubique de caisse.

Aux mĂŞmes niveaux et surtout au-dessus de foyers inflammatoires pouvant former un granulome lorsqu'ils sont particulièrement denses, l’épithĂ©lium prĂ©sente des modifications localisĂ©es importantes : exosĂ©rose ou Ĺ“dème intercellulaire, spongiose et Ĺ“dème cellulaire, disparition du stratum granulosum et exocytose (migration) de polynuclĂ©aires. Il existe aussi un afflux de cellules de Langerhans que rĂ©vèlent l’antigène commun leucocytaire, la vimentine, et surtout, la protĂ©ine S100.

Stroma du sac

Epithélium d'un cholestéatome, en partie normal (E1) et en partie remanié (E2) par l'inflammation du stroma (S). Gi, granulome inflammatoire - K, kératine. Flèches : exocytose et exosérose.

Le stroma est un tissu conjonctif anormal dĂ©veloppĂ© Ă  partir de celui de la muqueuse de caisse et, plus prĂ©cisĂ©ment, de la lamina propria sensu lato de l'oreille moyenne, y compris la couche fibreuse du marteau. Ne prĂ©sentant donc aucun rapport avec le derme, il a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© par ailleurs sous les noms de « tissu sous-Ă©pithĂ©lial Â»[6] ou de « perimatrix Â»[5].

Outre les cellules habituellement prĂ©sentes dans le conjonctif de caisse, le stroma peut renfermer des Ă©lĂ©ments allongĂ©s, isolĂ©s ou rĂ©unis en faisceaux, ayant l'aspect de fibroblastes mais exprimant non seulement la vimentine mais aussi l'actine musculaire lisse (A.M.L.) comme la paroi des capillaires sanguins. Ils peuvent donc ĂŞtre interprĂ©tĂ©s comme des myofibroblastes dont la prĂ©sence dans la caisse (anciens greffons veineux) lors de la chirurgie de l'otospongiose a Ă©tĂ© d'ailleurs dĂ©montrĂ©e[7]).

Lésions associées au cholestéatome

Ces lésions affectent essentiellement la composante conjonctive ou stroma, et, sous ce dernier, peuvent s'étendre à la chaine des osselets y provoquant des lésions ossiculaires.

Généralités

Epithélium de cholestéatome (E) infiltré par des cellules de Langherans (flèches) provenant du stroma inflammatoire (S) et révélées par la vimentine. K, kératine - Sb, stratum basale - Sg, Stratum granulosum.

Bien que parmi ces lĂ©sions satellites la tympanosclĂ©rose et le granulome Ă  cholestĂ©rol puissent ĂŞtre suspectĂ©s lors de l’intervention chirurgicale, leur taille est le plus souvent microscopique et ne permet de les identifier qu’histologiquement.

Elles sont toutes de nature inflammatoire, soit spontanées, soit iatrogènes en cas de récidive cholestéatomateuse. On ne peut les dissocier de l'otite chronique moyenne dont l’épithélium malpighien kératinisé est plus ou moins directement responsable. En revanche, elles facilitent la progression de ce dernier par le jeu des interactions mésenchymo-épithéliales et suscitent aussi une hyperplasie pseudo-glandulaire de l'épithélium de caisse là où il subsiste. Il s'ensuit que les lésions associées au cholestéatome sont des facteurs qui stimulent et aggravent la maladie : leur exérèse chirurgicale est donc impérative.

Les unes, comme la tympanosclérose, ont été sous-estimées dans les statistiques, et d’autres, comme le granulome mixte et le granulome à kératine , généralement ignorées. Ces derniers entrent dans le cadre des granulomes macrophagiques, incluant aussi certains granulomes à corps étrangers, dits antixéniques et à copeaux osseux. Ils sont iatrogènes, c'est-à-dire post-opératoires ou consécutifs à un traitement local, tout comme un cas exceptionnel de névrome de caisse envahissant.

Otite moyenne

Paroi de cholestéatome montrant de l'œdème et une vasodilatation. Cs,capillaires dilatés -E, épithélium malpighien - Ec, épithélium de caisse - K, kératine - S, stroma œdémateux.
Paroi de cholestéatome ulcérée avec bourgeon charnu (polype). E, épithélium malpighien interrompu par ulcération (U) - G, granulome en bourgeon charnu (polype) - S, stroma inflammatoire avec un granulome à cholestérol (Gc).

LĂ©sion prĂ©dominante, elle est caractĂ©risĂ©e au dĂ©but par un simple Ĺ“dème du stroma et une vaso-dilatation de ses capillaires. Un infiltrat inflammatoire non spĂ©cifique apparait ensuite dans le mĂŞme stroma. Cet infiltrat se compose de polynuclĂ©aires neutrophiles, lymphocytes B, plasmocytes, mastocytes et histiocytes. Il peut former un ou plusieurs foyers granulomateux avec des capillaires nĂ©oformĂ©s, des fibroblastes et des hĂ©morragies localisĂ©es.Des polynuclĂ©aires et cellules de Langherans en Ă©migrent vers l’épithĂ©lium malpighien sus-jacent oĂą leurs vimentine et proteine S100 permettent de bien les mettre en Ă©vidence. L’afflux de ces cellules inflammatoires peut entrainer des ruptures Ă©pithĂ©liales spontanĂ©es (ulcĂ©rations) et confirme leur agressivitĂ© envers le revĂŞtement malpighien[8].

Le stroma granulomateux ainsi mis Ă  nu peut s’épaissir en un ou plusieurs bourgeons charnus dont la protrusion forme un « polype otique » ou « aural ». LocalisĂ©e ou diffuse, modĂ©rĂ©e ou sĂ©vère, l’inflammation ne se limite pas aux zones Ă©volutives du cholestĂ©atome[8]). De plus, elle peut affecter la chaine ossiculaire sous-jacente et, dans certains cas, les prothèses qui y ont Ă©tĂ© insĂ©rĂ©es.

Hyperplasie pseudo-glandulaire

Hyperplasie pseudo-glandulaire dans le stroma inflammatoire d'un cholestéatome. Ci, cellules inflammatoires - E, épithélium malpighien - G, cryptes pseudo-glandulaires - S,stroma

ObservĂ©e dans 53 % des, elle est reconnaissable Ă  des cryptes glanduliformes formĂ©es par un Ă©pithĂ©lium prismatique du type « respiratoire Â» modifiĂ©. Ces structures sont bien mises en Ă©vidence par les techniques histochimiques (PAS, bleu alcian) colorant leur produit de sĂ©crĂ©tion et surtout, par le marquage des cytokĂ©ratines de leur Ă©pithĂ©lium. Lorsque les « ostia » sont obturĂ©s, elles subissent souvent une transformation kystique avec amincissement de l’épithĂ©lium, rĂ©tention de mucus et afflux de macrophages, parfois aussi de polynuclĂ©aires qui les convertissent en micro-abcès. De plus, une mĂ©taplasie Ă©pithĂ©liale malpighienne ou Ă©pidermoĂŻde est (rarement) possible.

Tympanosclérose

Plaque de tympanosclérose dans la paroi d'un cholestéatome. E, épithélium malpighien - K, kératine - S, stroma - T, conjonctif tympanoscléreux.

Elle peut ĂŞtre dĂ©finie comme une transformation fibreuse du stroma Ă©voluant vers la sclĂ©ro-hyalinisation qui en est caractĂ©ristique. Cette lĂ©sion est un tissu conjonctif d'abord jeune, renfermant encore des fibroblastes, puis presque acellulaire, dense et homogène ou lamelleux, se calcifiant frĂ©quemment (dĂ©pĂ´ts calciques basophiles) et pouvant subir aussi une mĂ©taplasie ou mĂ©tamorphose osseuse. SiĂ©geant assez souvent au voisinage des granulomes macrophagiques et pouvant s'intriquer aussi avec une hyperplasie pseudo-glandulaire, elle reprĂ©sente jusqu'Ă  40 % des cas[2] - [3].

Granulomes macrophagiques

Essentiellement formĂ©s par un amas de macrophages se fusionnant en cellules gĂ©antes (symplasmes) pourvues de nombreux noyaux, donc multinuclĂ©Ă©es, ils rĂ©sultent d’une stimulation locale du stroma. Elle peut ĂŞtre due, soit Ă  des corps Ă©trangers iatrogènes qu’une prĂ©cĂ©dente intervention a introduit dans l’oreille moyenne, soit aux productions pathologiques de cette dernière : kĂ©ratine du cholestĂ©atome et dĂ©pĂ´ts de cholestĂ©rol. Il s'y associe des infiltrats inflammatoires granulomateux banals Ă  cellules rondes (lymphocytes, plasmocytes) et une vasodilatation des capillaires sanguins plus ou moins marquĂ©e.

Les cellules géantes sont du type antixénique. Par leur coloration, leur nombre et la disposition des noyaux, elles se différencient des cellules de Langhans (tuberculose), des ostéoclastes ou myéloplaxes qui sont pourvus d’une « bordure en brosse » (microvilli) et des symplasmes de la maladie de Wegener.

Granulome à cholestérol
Granulome à cholestérol dans le stroma, sous l'épithélium d'un cholestéatome

DĂ©jĂ  reconnu macroscopiquement par sa couleur dans une douzaine de cas, il montre toujours les constituants habituels de ce type de lĂ©sion : fentes aciculaires ou en forme de cigare correspondant Ă  des cristaux cholestĂ©roliques dissous lors de la prĂ©paration des coupes (images nĂ©gatives) ; macrophages et cellules gĂ©antes entourant ces cavitĂ©s. De plus, les capillaires sanguins sont souvent dilatĂ©s et Ă  l'origine de foyers hĂ©morragiques. La dĂ©sintĂ©gration de ces derniers est responsable de dĂ©pĂ´ts d’hĂ©mosidĂ©rine, granuleux et brun-jaunâtre, se colorant par la technique de Perls au bleu de Prusse. Il peut survenir aussi une hyalinisation homogène et faiblement Ă©osinophile du stroma conjonctif sĂ©parant les fentes aciculaires. Le granulome Ă  cholestĂ©rol est prĂ©sent dans 23,5 % des observations.

Granulome à kératine.
Granulome à cholestérol hyalinisé dans la paroi d'un cholestéatome
Deux amas de kératine entourés par une réaction à cellules géantes

Il est dĂ» Ă  l'implantation du contenu cholestĂ©atomateux dans le stroma. Faiblement birĂ©fringent en lumière polarisĂ©e, ce matĂ©riel inclus est surtout reconnaissable Ă  ses squames acidophiles marquĂ©es par les anticorps antikĂ©ratine et Ă  la rĂ©action qu'il suscite dans le stroma. Les lamelles sont phagocytĂ©es individuellement par les macrophages ou, plus souvent, logĂ©es dans des cavitĂ©s arrondies ou irrĂ©gulières qu'entourent des cellules gĂ©antes multinuclĂ©Ă©es. L'implantation de la kĂ©ratine affecte un stroma dĂ©nudĂ©, soit par lyse du revĂŞtement cubique de caisse en avant du front de progression cholestĂ©atomateux, soit au niveau des brèches de l'Ă©pithĂ©lium malpighien, qu'elles soient spontanĂ©es, ou provoquĂ©es dans la rĂ©cidive de cholestĂ©atome. Cette implantation semble ĂŞtre facilitĂ©e par le tissu de granulation prĂ©existant, l'Ĺ“dème et la vaso-dilatation.

Granulome mixte
Amas de kératine entouré de nombreux symplasmes
Kératine et cristaux de cholestérol entourés par des symplasmes

Dans cette lĂ©sion intĂ©ressante (28 cas parmi les granulomes Ă  cholestĂ©rol et Ă  kĂ©ratine), les cristaux cholestĂ©roliques s'associent avec du matĂ©riel cornĂ©. Une rĂ©action macrophagique gigantocellulaire commune englobe Ă  la fois des squames de kĂ©ratine, dans leurs espaces irrĂ©guliers ou arrondis, parfois très Ă©tendus, et les fentes Ă  cholestĂ©rol, plus gĂ©omĂ©triques. Ces inclusions peuvent ĂŞtre très rapprochĂ©es et entourĂ©es pat des symplasmes accolĂ©s, lorsque le foyer, d'Ă©tendue très rĂ©duite, constitue un microgranulome.

Le cholestĂ©rol y dĂ©rive manifestement de la kĂ©ratine voisine dĂ©sintĂ©grĂ©e. La relation est moins Ă©vidente lorsque les foyers sont de plus grande taille et paraissent seulement juxtaposĂ©s, avec un simple rapport de contiguĂŻtĂ©. Une association est possible avec la tympanosclĂ©rose. Des lipophages Ă  cytoplasme clair, spumeux, et Ă  petit noyau arrondi, sont une composante de l'infiltrat inflammatoire. Ils se rencontrent aussi dans le granulome Ă  kĂ©ratine.

Granulomes Ă  corps Ă©trangers (G. antixĂ©niques) 
Réaction granulomateuse par fils de compresse.Cs, capillaire sanguin dilaté - E, épithélium malpighien du cholestéatome - G, granulome - H, hémorragie - S,stroma

Ils peuvent ĂŞtre soupçonnĂ©s lorsque dans un cholestĂ©atome dĂ©jĂ  traitĂ©, la rĂ©action macrophagique s’organise autour d’inclusions diffĂ©rant des cristaux aciculaires cholestĂ©roliques et des squames de kĂ©ratine. Ces inclusions sont souvent difficiles Ă  voir en lumière normale dans les coupes histologiques car elles prĂ©sentent un aspect vitreux ou cristallin, avec des contours irrĂ©guliers, incurvĂ©s ou linĂ©aires. Leur nature Ă©trangère est, en revanche, bien reconnaissable Ă  la forte birĂ©fringence qu'elle manifeste en lumière polarisĂ©e. Il s’agit le plus souvent de dĂ©pĂ´ts d’antibiotiques ou de corticoĂŻdes, de fils de compresse (« textilome »), de dĂ©bris de verre ou d’enduit de spĂ©culum, beaucoup plus rarement (2 cas) d’une prothèse mise en place antĂ©rieurement pour otospongiose et fragmentĂ©e dans le stroma du cholestĂ©atome qui l'englobe. Les granulomes antixĂ©niques peuvent d’ailleurs coexister avec d’autres lĂ©sions associĂ©es telles que celui Ă  cholestĂ©rol.

Copeaux osseux

Même réaction granulomateuse vue en lumière polarisée. T, fils de compresse biréfringents.

Il s'agit de spicules irrĂ©guliers d'os nĂ©crobiotique trouvĂ©s dans des cholestĂ©atomes rĂ©cidivĂ©s. Ces esquilles sont incluses en plein stroma, Ă  distance des osselets, mais peuvent cependant soulever l’épithĂ©lium malpighien sus-jacent. Elles peuvent y susciter une rĂ©action fibro-inflammatoire parfois accompagnĂ©e de cellules gĂ©antes d’aspect ostĂ©oclastique et, dans certains cas, une ossification mĂ©taplasique secondaire Ă©vocatrice de tympanosclĂ©rose sur le plan clinique uniquement.

NĂ©vrome de caisse

Réaction à cellules géantes par prothèse fragmentée dans un cholestéatome. E, épithélium malpighien - G, granulome - P, fragments de prothèse - S, stroma.

Chez un patient, il a Ă©tĂ© observĂ© l'association d'un nĂ©vrome, vraisemblablement iatrogène, avec un cholestĂ©atome rĂ©cidivĂ©. SiĂ©geant dans le stroma et pĂ©nĂ©trant mĂŞme dans un osselet sous-jacent, cette nĂ©oformation Ă©tait constituĂ©e par des fascicules de fibres nerveuses enchevĂŞtrĂ©s et s'intriquant d'ailleurs avec des pseudo-glandes ainsi qu'un granulome Ă  cholestĂ©rol. L'intense positivitĂ© d'une recherche histoimmunologique de la neurone estĂ©rase spĂ©cifique a confirmĂ© la nature exacte de cette lĂ©sion.

LĂ©sions ossiculaires

Même réaction granulomateuse. Les fragments de prothèse sont biréfringents et s' éclairent en lumière polarisée.
Copeau osseux dans un cholestéatome récidivé. Présence d'un granulome à cholestérol
Névrome avec réaction de la neurone estérase spécifique dans un cholestéatome

Toutes les lésions ci-dessus affectent essentiellement la composante conjonctive ou stroma, et, sous ce dernier, peuvent s'étendre à la chaine des osselets y provoquant des remaniements.

Dans les lésions ossiculaires associées au cholestéatome c’est le processus inflammatoire de l'otite chronique moyenne qui est en cause tout comme dans d’autres états pathologiques nécessitant une révision de caisse.

Dans les osselets normaux, les espaces pĂ©rivasculaires, en continuitĂ© avec le stroma de la muqueuse, et les cavitĂ©s mĂ©dullaires centrales, non Ă©largis sont seulement occupĂ©s par un tissu conjonctif peu abondant avec quelques adipocytes. L'os pĂ©riostĂ© et endochondral adjacent montre des systèmes haversiens bien formĂ©s et non modifiĂ©s.

Dans les osselets lésés, il existe une nette prédominance pour l'enclume que pourraient expliquer sa structure ajourée particulière, un apport sanguin plus exposé et peut être aussi l'absence de revêtement cartilagineux.

Les modifications peuvent affecter la surface ossiculaire, la profondeur ou les deux, leur aspect variant inexplicablement de l'enclume au marteau dans une mĂŞme oreille et souvent aussi d'une partie Ă  l'autre du mĂŞme osselet. Le tissu osseux haversien est plus ou moins largement rĂ©sorbĂ© dans une majoritĂ© d'osselets (90 %), en surface, juste au-dessous des tissus environnants, et aussi en profondeur, tout autour des espaces pĂ©ri-vasculaires. Une reconstruction Ă©vidente par ostĂ©ogĂ©nèse lamellaire et (ou) membraneuse s’associe frĂ©quemment avec la destruction osseuse, crĂ©ant ainsi des aspects en mosaĂŻque. La nĂ©crose basophile est une lĂ©sion rare dĂ©jĂ  signalĂ©e dans la sĂ©rie de Grippaudo[9]).

Globuli interossei

IlĂ´t de globuli interossei dans un osselet

Connus depuis les travaux de Manasse (1897[10]), ces vestiges de cartilage embryonnaire ou immature retrouvés dans la couche moyenne endochondrale de la capsule otique, sont des îlots de grosses cellules arrondies, d’aspect chondrocytaire que séparent des lacunes polycycliques. Leur transformation en os ne serait pas due à une métaplasie des chondrocytes mais plutôt à des cellules spéciales entourant les capillaires sanguins, envahissant les lacunes, devenant des ostéoblastes puis des ostéocytes et produisant la matrice de l’os. Ils peuvent être à l’origine de foyers d’otospongiose et fragilisent aussi les osselets dans d’autres lésions.

Rapports avec l'épithélium malpighien

Lorsque l'os est tapissĂ© en surface par l'Ă©pithĂ©lium malpighien du cholestĂ©atome , il peut ne pas affecter ce dernier, le soulever ou mĂŞme le transpercer dans le cas d'une ostĂ©olyse particulièrement intense.

Ostéolyse et inflammation

Fibromatose dans un osselet

Les espaces sont irrĂ©gulièrement Ă©largis et semblent englober parfois des globuli interossei qui pourraient les avoir fragilisĂ©s. BordĂ©s par des travĂ©es osseuses plus ou moins dĂ©chiquetĂ©es, ils montrent un tissu conjonctif abondant, en continuitĂ© avec le stroma de surface (muqueuse de caisse ou cholestĂ©atome), une dilatation marquĂ©e des capillaires sanguins (congestion ou hyperhĂ©mie) et de petits infiltrats inflammatoires non spĂ©cifiques Ă  cellules rondes (lymphocytes, plasmocytes, histiocytes) formant souvent autour d'eux des manchons pĂ©rivasculaires. Il a Ă©tĂ© rarement observĂ© (15 osselets) un infiltrat inflammatoire beaucoup plus dense et Ă©tendu, polymorphe, avec des polynuclĂ©aires, occupant largement les espaces pĂ©rivasculaires, rĂ©alisant une vĂ©ritable ostĂ©ite et pouvant correspondre Ă  la lĂ©sion que quelques auteurs tels que SadĂ© et al.[11] considèrent comme une ostĂ©omyĂ©lite rĂ©sorbante. Chez l'un des patients, HIV +, les dĂ©labrements de l'os Ă©taient tels qu'il s'en Ă©tait dĂ©tachĂ© des sĂ©questres, l'un d'eux transperçant mĂŞme l'Ă©pithĂ©lium malpighien du cholestĂ©atome sus-jacent. Un vĂ©ritable tissu de granulation n'a Ă©tĂ© observĂ© que deux fois, Ă  la surface des osselets en rĂ©sorption mais jamais dans leur profondeur. En revanche, il a Ă©tĂ© relevĂ© un granulome mixte et quatre cas de granulomes Ă  kĂ©ratine logĂ© dans des espaces pĂ©rivasculaires largement ouverts. Englobant des squames cornĂ©es et (ou) des dĂ©pĂ´ts cholestĂ©roliques, leurs cellules gĂ©antes (symplasmes) Ă©taient sĂ©parĂ©es par des fibroblastes de l'os Ă©rodĂ© adjacent.

Remaniements du conjonctif

Le tissu conjonctif remplissant les espaces est souvent lâche, d'aspect Ĺ“dĂ©mateux, constituĂ© par une substance fondamentale très claire, par des fibres collagènes, et par des fibroblastes, ces derniers plus ou moins groupĂ©s autour des vaisseaux sanguins ou près de l'os, l'ensemble constituant une fibrose plus ou moins dense. Ces cellules sont marquĂ©es par leur vimentine mais peuvent aussi exprimer l'actine musculaire lisse, indice d'une possible diffĂ©renciation en myofibroblastes comme dans les greffes veineuses lors de la chirurgie de l'otospongiose [7]). Fait remarquable, elles sont susceptibles de prolifĂ©rer densĂ©ment comme Harris[12]) l'a observĂ© dans du matĂ©riel osseux temporal et des osselets. Dans 5 des cas observĂ©s, la prolifĂ©ration Ă©tait mĂŞme si active qu'un vĂ©ritable tissu fibromateux agressif en faisceaux dĂ©truisait l'os sur une grande Ă©tendue.

Pénétration de tissus étrangers

Pseudo-glande pénétrant dans un osselet

L'invasion ossiculaire par des tissus extraosseux (Ă©trangers) provenant de l'oreille moyenne est facilitĂ©e non seulement par l'ostĂ©olyse mais aussi, et surtout, par la continuitĂ© existant entre le stroma de la caisse ou du cholestĂ©atome et les espaces pĂ©ri-vasculaires. Il n'a pas Ă©tĂ© observĂ© d'Ă©pithĂ©lium malpighien cholestĂ©atomateux inclus.

Structures glanduliformes
Pseudo-glande dans un espace péri-vasculaire d'osselet

Des structures glanduliformes ou pseudo-glandes Ă©taient prĂ©sentes dans les espaces pĂ©ri-vasculaires de 50 osselets. DĂ©crites pour la première fois par SadĂ©[13]), ces cryptes sont issues de l'Ă©pithĂ©lium de caisse hyperplasiĂ© (otite moyenne simple) ou des pseudo-glandes provenant de ce mĂŞme Ă©pithĂ©lium et associĂ©es au cholestĂ©atome.Leur Ă©pithĂ©lium simple est plus ou moins aplati. Leur lumière peut renfermer des histiocytes, des cellules desquamĂ©es, ainsi que du mucus colorable par le bleu alcian. Elles subissaient parfois une distension kystique, au point mĂŞme d'occuper la quasi-totalitĂ© de l'espace pĂ©ri-vasculaire. Dans l'un des cas observĂ©s, elles se moulaient sur l'os adjacent et paraissaient ainsi « ballonisĂ©es ».

Tissu nerveux

Dans le cas exceptionnel de nĂ©vrome de caisse signalĂ© ci-dessus, des filets nerveux occupaient le stroma du cholestĂ©atome et pĂ©nĂ©traient aussi dans l'osselet sous-jacent fragilisĂ©. Ils en empruntaient les espaces, s'y enchevĂŞtrant avec des capillaires sanguins.

Diagnostics différentiels

Pseudo-glandes transformées en kystes dans un osselet
Névrome pénétrant dans un osselet

Avec son aspect de « kyste » Ă  contenu « pailletĂ© », le cholestĂ©atome rĂ©alise un tableau clinique Ă©vocateur permettant de l'identifier lors de l'exĂ©rèse. Toutefois, un examen histologique complet de la pièce s'avère indispensable pour confirmer sa nature, Ă©valuer les lĂ©sions associĂ©es et ne pas le confondre avec les autres nĂ©oformations de l'oreille moyenne. De mĂŞme, les lĂ©sions associĂ©es au cholestĂ©atome ne doivent pas prĂŞter Ă  confusion avec d'autres pathologies microscopiques rĂ©actionnelles de l'oreille moyenne. Il y a d'ailleurs gĂ©nĂ©ralement possibilitĂ© de rencontrer ces dernières en l'absence de tout cholestĂ©atome homolatĂ©ral. Elles sont infectieuses ou iatrogènes et accompagnent alors du matĂ©riel prothĂ©tique et se prĂ©sentent comme des granulomes giganto-cellulaires.

Les tumeurs de l'oreille moyenne

Ces dernières peuvent ĂŞtre des « classiques » de la chirurgie O.R.L. (tumeur glomique, schwannome) ou rarissimes tels que deux cas de papillome et de choristome relevĂ©s dans la sĂ©rie de chirurgie de la caisse[2] - [3], grandes surprises du diagnostic microscopique.

La tumeur glomique

Elle est constituĂ©e, sur le plan histologique, par un rĂ©seau dense de capillaires sanguins sinusoĂŻdes Ă  paroi mince que souligne l'actine musculaire lisse de sa composante contractile, et par des amas cellulaires arrondis (« Zellballen ») de structure glomĂ©rulaire ou alvĂ©olaire. Leurs cellules ont un noyau vĂ©siculeux arrondi, Ă  nuclĂ©ole très apparent, et un cytoplasme granuleux clair ou Ă©osinophile. La dĂ©nomination usitĂ©e est celle de paragangliome, dĂ©finissant la tumeur qui se dĂ©veloppe aux dĂ©pens des paraganglions (Zellballen ou cluster).

Le schwannome (neurinome)

C’est une tumeur bénigne (dans la très grande majorité des cas) qui se développe aux dépens des cellules dites de Schwann (du nom de l’auteur qui les a décrites). Ces cellules constituent la gaine des nerfs périphériques. Au sein de l’oreille moyenne, les deux nerfs pouvant donner naissance à des schwannomes sont le nerf facial (Nerf crânien #7) et ses branches intra tympaniques (corde du tympan, nerf du muscle stapédien) et le nerf de Jacobson qui est une petite branche du nerf glosso-pharyngien (nerf crânien # 9). Les schwannomes du nerf facial bien que rares sont plus fréquents que les schwannomes du Jacobson[14]. Les signes fonctionnels sont les mêmes que pour le cholestéatome (surdité, acouphènes, vertiges) mais on ne retrouve pas d’écoulement d’oreille. De plus, une atteinte faciale est plus fréquente que dans les cholestéatomes primitifs.

Le choristome

Les choristomes ou hĂ©tĂ©rotopies sont des nĂ©oformations bĂ©nignes de nature malformative constituĂ©es par des tissus de structure normale ou subnormale sur le plan microscopique, mais dont la localisation est aberrante. Ils se situent en effet dans des endroits du corps oĂą ils ne devraient pas se trouver normalement et sont, de ce fait, des hĂ©tĂ©rotopies. C'est ainsi que l'une d'elles, cutanĂ©e et salivaire localisĂ©e dans la caisse du tympan a pu ĂŞtre diagnostiquĂ©e cliniquement comme un cholestĂ©atome avant que l'examen histologique ne rĂ©vèle sa vraie nature.

 La tuberculose (Bacillose)

Le seul cas rencontrĂ© dans la sĂ©rie type de Lopez & al.[3] - [2] est reconnaissable Ă  des foyers inflammatoires granulomateux d'aspect tuberculoĂŻde spĂ©cifique, siĂ©geant dans le stroma de la muqueuse. Ces foyers montrent en coupe une nĂ©crose d'homogĂ©nĂ©isation centrale, un bandeau de cellules Ă©pithĂ©lioĂŻdes et, plus en pĂ©riphĂ©rie, des cellules gĂ©antes mutinuclĂ©es (symplasmes) dites de Langhans. Des cellules inflammatoires rondes, surtout lymphocytaires, sont Ă©galement visibles. Comme l'ont soulignĂ© d'autres auteurs, il s'agit lĂ  d'une affection très rare de l'oreille moyenne, Ă  diagnostic plus histologique que bactĂ©riologique.

Les réactions à corps étrangers

Réaction granulomateuse intense autour d'une prothèse en polycel fragmentée
Même réaction . Vue en lumière polarisée.

Elles peuvent ĂŞtre provoquĂ©es par des fils de compresse (textilome) inclus dans le stroma lors d'une première intervention (cholestĂ©atome rĂ©cidivĂ©) ou par des fragments de prothèse mise en place avant l'apparition indĂ©pendante du cholestĂ©atome. Ces derniers matĂ©riaux (TĂ©flon, Polycel), utilisĂ©s dans la chirurgie de la surditĂ©, peuvent susciter des foyers inflammatoires granulomateux de composition cellulaire bariolĂ©e mais comportant toujours de grands symplasmes antixĂ©niques multinuclĂ©Ă©s. Rappelant ceux du granulome Ă  kĂ©ratine, ils rĂ©sultent Ă©galement de la fusion de macrophages et s'accolent au matĂ©riel Ă©tranger fragmentĂ© qu'ils tendent Ă  englober.

Dans les deux cas, les corps étrangers sont ternes et peu visibles dans les coupes histologiques avec un éclairement normal mais bien révélés par la lumière polarisée du fait de leur biréfringence.

Commentaires

La paroi du cholestéatome

Epithéliums malpighien et de caisse dans un cholestéatome. Soulignés par la mise en évidence des cytokératines.
Poche de rétraction avec ses deux épithéliums

L’épithĂ©lium malpighien du cholestĂ©atome est un Ă©piderme vĂ©ritable par sa structure histologique et par la prĂ©sence des cellules de Langherans caractĂ©ristiques de la peau[1]. Il est identique au revĂŞtement externe du tympan et Ă  celui du conduit auditif, eux aussi dĂ©pourvus ou presque des crĂŞtes profondes (epidermal ridges) qui caractĂ©risent l’épiderme dans son ensemble et s’engrènent avec les papilles du derme sous-jacent.

Le stroma en revanche ne dĂ©rive pas du derme mais est fourni par la lamina propria sensu lato de l’oreille moyenne, couche fibreuse tympanique comprise. En effet, il ne renferme pas d’annexes cutanĂ©es, prĂ©sentes seulement dans un cas exceptionnel d'hĂ©tĂ©rotopie mixte (choristome). De plus, les deux types d’épithĂ©liums, Ă©pidermique et de caisse, sont souvent visibles de part et d’autre du mĂŞme stroma conjonctif, disposition dĂ©jĂ  notĂ©e par d’autres auteurs mais presque sans commentaire[5] - [1] - [15]). La mise en Ă©vidence de leurs cytokĂ©ratines permet de les accentuer. Elle montre alors que le cholestĂ©atome s'est dĂ©veloppĂ© Ă  partir d'une poche de rĂ©traction qui prĂ©sente au dĂ©but la mĂŞme structure histologique.

Il s'ensuit que le nom de « peau », trop souvent encore attribuĂ© Ă  la « matrice » cholestĂ©atomateuse, devrait ĂŞtre abandonnĂ© dĂ©finitivement. L'appellation mĂŞme de cholestĂ©atome reste d'ailleurs discutable bien qu'elle ait Ă©tĂ© aussi consacrĂ©e par l'usage.

Les cryptes épithéliales

Elles sont d'authentiques structures pathologiques et non de véritables glandes qui font normalement défaut dans la muqueuse de caisse. Les pseudo-glandes résultent d'une hyperplasie mucipare mais peut-être aussi d'un enfouissement partiel de l'épithélium de caisse dans le stroma, sous la poussée de l'épiderme ou lorsque l'otite prend un caractère adhésif.

La tympanosclérose

Elle semble ĂŞtre une lĂ©sion beaucoup plus frĂ©quente qu'on ne l'admet gĂ©nĂ©ralement. Le pourcentage des cas de la sĂ©rie (47 %) dĂ©passe largement, du moins en histologie, celui qu'ont indiquĂ© divers auteurs tels que Plester (1971 : 1 %)[16], Bremond & al. (1985 : 7 %)[17], certains d'entre eux soutenant mĂŞme qu'il existe une compĂ©tition ou association nĂ©gative entre cette lĂ©sion et le cholestĂ©atome[18]). 

Le granulome à kératine

Il est une entitĂ© microscopique rĂ©elle due Ă  l'implantation de matĂ©riel cornĂ© dans le stroma oĂą il suscite une rĂ©action macrophagique et gigantocellulaire. Avant l'Ă©tude de Lopez & al[2] - [3] cette lĂ©sion n’est pas mentionnĂ©e dans la littĂ©rature ou seulement signalĂ©e au passage sans qu’un lien direct ne soit Ă©tabli avec le cholestĂ©atome. Le granulome Ă  kĂ©ratine peut fort bien ĂŞtre rattachĂ© Ă  une sĂ©rie d'affections cutanĂ©es de l'oreille externe , disparates mais comportant toujours une rĂ©action macrophagique anti-kĂ©ratine : granulome par aĂ©rateur (Hawke & Jahn, 1988)[19], kĂ©ratose obturante, kystes Ă©pidermique et trichilemmal rompus dans le derme, poil inclus, follicule distendu par un comĂ©don et mĂŞme, pilomatrixome ou Ă©pithĂ©lioma momifiĂ© de Malherbe.

Le granulome mixte

Il n’était pas individualisĂ© avant les recherches. Le voisinage Ă©troit des squames cornĂ©es et des dĂ©pĂ´ts de cholestĂ©rol suggère qu'il pourrait dĂ©river, du moins en partie, des produits lipidiques de la kĂ©ratine dĂ©truite. Cette hypothèse est basĂ©e sur la frĂ©quence des lipophages dans les granulomes mixtes, Ă  kĂ©ratine, et, par ailleurs, sur l'observation de cristaux de cholestĂ©rol dans les kystes Ă©pidermiques et les cryptes amygdaliennes kystifiĂ©es.

L'origine du cholestérol

Dépôts de cholestérol près d'un foyer hémorragique dans un cholestéatome

La mĂŞme hypothèse s'accorde avec une origine tissulaire du cholestĂ©rol[20]) et n'exclue d'ailleurs pas que ce dernier soit Ă©galement issu d'hĂ©maties dĂ©sintĂ©grĂ©es[15] - [21] - [22]). Une preuve en est apportĂ©e par les capillaires sanguins dilatĂ©s et les suffusions hĂ©morragiques ainsi que les dĂ©pĂ´ts d'hĂ©mosidĂ©rine, mis en Ă©vidence par la rĂ©action de Perls, quasi constants dans les granulomes Ă  cholestĂ©rol « purs » du matĂ©riel Ă©tudiĂ©.

Considérations pathogéniques

Granulome à cholestérol avec dépôts d'hémosidérine dans la paroi d'un cholestéatome

Au point de vue pathogénique, les observations microscopiques de Lopez & al.[2] - [3] ne confirment ni la théorie d’une métaplasie épidermoïde affectant l’épithélium cubique de caisse[23]), exception faite pour deux cas douteux ni celle d’une prolifération papillaire profonde de l’épiderme tympanique[24]). Elles sont plutôt en faveur de la théorie de l’immigration, plus précisément de l’invagination tympanique ou poche de rétraction. L’épithélium cubique de caisse tapissant le revers du stroma semble en être une meilleure preuve que la persistance occasionnelle de fibres élastiques. On a tenté d'établir des critères de différence entre la poche de rétraction et le cholestéatome avéré. Il ne s'agit en fait que de particularités évolutives et structurales mineures[4])

En ce qui concerne les lĂ©sions ossiculaires, l'importance de la destruction qu'elles dĂ©terminent domine les problèmes de physiopathologie dans l'otite chronique moyenne, surtout lorsque cette dernière accompagne un cholestĂ©atome. De nombreuses thĂ©ories, souvent divergentes ou complĂ©mentaires, ont tentĂ© d'Ă©tablir un rapport entre l'ostĂ©olyse et un environnement inflammatoire, suggĂ©rant alors plus ou moins un mĂ©canisme cytochimique. Divers auteurs Ă©voquent une rĂ©sorption ostĂ©oclastique ou non ostĂ©oclastique par l'intermĂ©diaire des cytokines ou d'une activitĂ© enzymatique, quel que soit d'ailleurs le facteur dĂ©clenchant en cause : pression que l'Ă©pithĂ©lium malpighien cholestĂ©atomateux exerce sur l'os[24], phĂ©nomène de contact superficiel, sĂ©crĂ©tion Ă©pithĂ©liale, libĂ©ration de dĂ©bris kĂ©ratiniques[25] et surtout, inflammation des tissus environnants.

Dans leurs Ă©tudes, ces mĂŞmes auteurs ne prĂ©cisent pas toujours la nature de l'os lĂ©sĂ© : parois de l'oreille moyenne ou osselets. Les recherches prĂ©cĂ©dentes sont en dĂ©saccord avec la mention d'une ostĂ©oclasie frĂ©quente par Grippaudo[9], Pollock[26], Huang et al.[27]. Il n'a Ă©tĂ© observĂ© des cellules gĂ©antes multinuclĂ©es d'aspect ostĂ©oclastique (OstĂ©oclastes ou myĂ©loplaxes) que dans trois cas seulement : elles siĂ©geaient au voisinage immĂ©diat ou au contact de travĂ©es osseuses Ă©rodĂ©es. Au moins dans les osselets, les observations semblent donc bien confirmer l'absence ou l'extrĂŞme raretĂ© des ostĂ©oclastes telle que l'ont soulignĂ©e plusieurs chercheurs (Thomsen &t al., 1974 ; Karaja, 1976 ; Bernstein & al., 1977; Tanaka & al., 1980 ; Kaneko & al., 1980[25] ; Schaper et Van de Heyning, 1980 ; Breatlau & al., 1981 ; Man n & al., 1981 ; Chao & Jin, 1992).

Il faut souligner le rĂ´le de l'hyperhĂ©mie et de la prolifĂ©ration fibroblastique. DĂ©jĂ  signalĂ©e par Thomsen et al. (1974), l'hyperhĂ©mie est un Ă©tat pionnier qui s'associe frĂ©quemment avec une ostĂ©olyse dans les espaces pĂ©rivasculaires oĂą il n'y a pas (encore) d'infiltrat inflammatoire. Elle pourrait ainsi provoquer une rĂ©sorption acellulaire. La prolifĂ©ration fibroblastique peut se dĂ©velopper d'abord superficiellement, soit dans la matrice du cholestĂ©atome, soit, si ce dernier est absent, dans le stroma de la muqueuse, d'oĂą elle s'Ă©tend ensuite aux espaces pĂ©rivasculaires voisins. Elle peut aussi apparaitre d'emblĂ©e dans les mĂŞmes espaces, peut ĂŞtre aux dĂ©pens des parois de vaisseaux. A. Lopez pense comme Harris[12] que la rĂ©action fibroblastique est un facteur actif d'ostĂ©olyse, peut ĂŞtre par les enzymes protĂ©olytiques, dont la collagĂ©nase, que les cellules conjonctives sont censĂ©es sĂ©crĂ©ter dans l'oreille moyenne (Huang & al., 1993). Elle ne dĂ©note pas un processus cicatriciel car elle apparait souvent de novo, en l'absence de cellules inflammatoires profondes et loin des tissus de granulation superficiels. Les lĂ©sions ossiculaires semblent donc plus liĂ©es Ă  des rĂ©actions d'aspect inflammatoire, au sens large du terme, qu'Ă  la prĂ©sence ou non d'un Ă©pithĂ©lium malpighien Ă©pidermique dans l'oreille moyenne.  

La présence des myofibroblastes, tant dans les osselets lésés que le stroma cholestéatomateux est une découverte intéressante et qui mériterait des recherches ultrastructurale et physiopathologique approfondies. Ces cellules sont également présentes dans la muqueuse de l'oreille moyenne biopsiée en chirurgie de l'otospongiose et examinées en microscopie électronique à transmission[7]. Leur ultrastructure est intermédiaire entre celles des fibroblastes (réticulum endoplasmique granuleux) et des cellules musculaires lisses (plaques denses, myofilaments, micropinocytose). Crédités de propriétés contractiles et même sécrétoires, les myofibroblastes sont retrouvés aujourd'hui avec une fréquence croissante dans divers tissus pathologiques : athérosclérose, réaction stromale des tumeurs, fasciites, cicatrisations vicieuses (Majno, 1979 ; Seemayer & al., 1981).

Incidence chirurgicale

Sur le plan pratique, l'extrĂŞme frĂ©quence des lĂ©sions complexes du cholestĂ©atome, leur intrication et les interactions stroma-Ă©piderme, la menace d'une destruction ossiculaire et d'une atteinte de l'oreille interne nĂ©cessitent une exĂ©rèse aussi large que possible des tissus pathologiques dans la chirurgie de l'otite moyenne chronique. De plus, l'importance de lĂ©sions plus profondes affectant les osselets (marteau, enclume) doit limiter leur utilisation pour une ossiculoplastie lorsque l'oreille intĂ©ressĂ©e prĂ©sente une otite chronique moyenne.

Notes et références

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  3. A. Lopez, avec B. Gratacap, G. Vandeventer et R. Vincent, « Les lésions associées au cholestéatome », Rev. Soc. Fr. O.R.L., no 23, 1994, p. 19-24,‎
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