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Histoire du département de la Savoie

L'histoire de la Savoie est un article consacré à l'histoire du département français de la Savoie.

Création du département

Les 17 provinces du Royaume de Sardaigne en 1859, comprenant la province de Chambéry

À la suite du Traité de Turin, en 1860, le duché de Savoie est « réuni » ou annexé à la France en devenant deux départements[Note 1] : la Savoie et la Haute-Savoie, le [1]. Le nom du duché est maintenu dans l'appellation des deux nouveaux départements. L'historien et spécialiste de la période, Paul Guichonnet, à propos du choix des noms des départements, précise qu'une seule source existe[1] :

« Les noms des dĂ©partements annexĂ©s ont Ă©tĂ© accordĂ©s par l'empereur lui-mĂŞme, sur la proposition d'un très grand nombre de Savoisiens et, en agissant ainsi, il a donnĂ© satisfaction Ă  l'immense majoritĂ© de nos compatriotes. La situation n'est plus la mĂŞme qu'en 1792, oĂą le pays subissait une crise suprĂŞme. Aujourd'hui, pas de rivalitĂ© avec les dĂ©partements anciens ; l'esprit de nationalitĂ© y est aussi vivace que dans toute autre partie de l'Empire, l’assimilation est complète. LĂ©man ne pouvait convenir, Genève et son littoral n'Ă©tant plus français ; Mont-Blanc ne pouvait ĂŞtre appliquĂ© qu'Ă  la Haute-Savoie, et le Mont-Cenis ne pouvait convenir Ă  la Savoie, le Mont-Cenis ayant Ă©tĂ© laissĂ©, dans la plus grande partie, Ă  l'Italie. Conserver au pays son ancien nom Ă©tait une idĂ©e patriotique et heureuse qu'il faut approuver. »

— La Gazette de Savoie, édition du 22 juin 1860[1]

Dans la littĂ©rature rĂ©gionale ainsi que l'usage chez certains rĂ©gionalistes dans les annĂ©es 1970, on trouve Ă©galement l'expression « Savoie du Sud Â» pour dĂ©signer la Savoie et la distinguer de celle « du Nord Â» pour la Haute-Savoie[2].

De la création à aujourd'hui

En 1945, six communes de Savoie étaient encore inaccessibles en voiture : Jarrier, Montpascal, Bonvillard, Albanne, Beaune, Montdenis. Et en 1954, il y avait encore 91 villages de plus de vingt habitants sans liaison routière[3]. Le Conseil général lance de très importants travaux routiers de désenclavement et de modernisation (par exemple, seulement 80 % des routes sont goudronnées, contre 90 à 100 % dans les autres départements), de reconstruction, mais aussi de construction de routes touristiques vers les nouvelles stations (vallée de Belleville).

La construction de grands barrages

La France lance de grands travaux afin, entre autres, d'asseoir son indépendance énergétique. De par sa situation montagneuse la Savoie offre un potentiel non négligeable en matière d'exploitation de l'énergie hydraulique, permettant l'alimentation (sans déperdition due au transport) d'importantes usines électrochimiques.

Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, les reliefs savoyards vont devenir des lieux propices à l'érection de grands barrages. Durant l'année 1947, les travaux du barrage du Chevril sont lancés, noyant l'ancien village de Tignes. En 1955 débute la construction du Barrage de Roselend. Sa mise en eau a lieu en 1960 et a nécessité l'engloutissement du village d'alpage appelé Roselend.

La résurgence identitaire

Si la Savoie peut se prévaloir d’une identité particulière dans l’ensemble national, en devenant le dernier territoire avec le comté de Nice à être rattaché à l’Hexagone par le traité de Turin en 1860, l’apparition de mouvements organisés revendiquant une identité propre est assez tardive. En effet, il faut attendre quelques années après les célébrations du centenaire de l’Annexion de la Savoie, dans les années 1960, pour voir apparaître les prémices de mouvements culturels, régionalistes, comme le Mouvement Région Savoie (1971) puis la création d'un mouvement indépendantiste, la Ligue savoisienne, à partir de 1994.

Les élites politiques, parlementaires ou personnalités locales, n'ont jamais été réellement intéressées par ce débat. Toutefois, la récurrence de la question d'une région Savoie depuis les années 1970 oblige ces derniers à apporter quelques réponses. Ainsi dès 1983, les deux conseils généraux savoyards créent l'Entente régionale de Savoie, un établissement public supradépartemental ayant pour compétence la promotion touristique et patrimoniale locale, la promotion des produits du terroir (marque Savoie), la gestion des subventions de l'Université de Savoie ainsi que le soutien d'associations culturelles (dont l'Orchestre des Pays de Savoie). En 1999, à la suite de l'émergence et de l'apogée du mouvement Ligue savoisienne, la structure tente de contrer cette percée indépendantiste en faisant évoluer l'Entente et en créant en 2001 l'Assemblée des Pays de Savoie.

Ă€ l'Ă©tĂ© 2014, lors du dĂ©bat sur le projet de loi relatif Ă  la dĂ©limitation des rĂ©gions, aux Ă©lections rĂ©gionales et dĂ©partementales et modifiant le calendrier Ă©lectoral, le dĂ©putĂ© et prĂ©sident du Conseil gĂ©nĂ©ral de la Savoie, HervĂ© Gaymard, soutenu par son homologue de la Haute-Savoie, Christian Monteil, propose un amendement qui permettrait la crĂ©ation d'une collectivitĂ© territoriale de Savoie–Mont-Blanc[4] - [5]. Le projet est rejetĂ©. Toutefois, le , l'AssemblĂ©e des Pays de Savoie Ă©volue pour devenir le« Conseil Savoie Mont Blanc Â», accompagnĂ©e d'une nouvelle identitĂ© visuelle[6].

Notes et références

Notes

  1. Le découpage départemental a déjà été expérimenté au cours des conquêtes napoléoniennes avec le Département du Mont-Blanc entre 1792 et 1815 avec pour chef-lieu Chambéry, puis celui du Léman, entre 1798 et 1815, avec Genève. Organisation partiellement reprise lors de la restauration sarde en 1815 et confirmée à la suite de l'annexion.

Références

  1. Paul Guichonnet, Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie : Hier et aujourd'hui, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 399 p. (ISBN 978-2-84206-374-0, lire en ligne), p. 19.
  2. Pierre Préau, « La Savoie dans l'organisation régionale française », dans Collectif, La région et la vie régionale : actes du Colloque sur la région et la vie régionale tenu à l'Université de Saint-Étienne, les 16, 17, 18 novembre 1973, Université de Saint-Etienne, (lire en ligne), p. 64.
  3. « Le Conseil Général de la Savoie sous la IVe République », TER d’histoire, par Maurice Descollaz sous la direction d’André Palluel-Guillard, 1990.
  4. Le Monde.fr avec AFP, « Réforme territoriale : la Savoie et la Haute-Savoie veulent s'unir », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  5. Le Nouvel Observateur avec AFP, « Adieu les deux Savoies, bonjour la Savoie Mont-Blanc ? », Le Nouvel Observateur,‎ (lire en ligne).
  6. Conseil Savoie Mont Blanc, « Conseil Savoie Mont Blanc - Communiqué de presse » [PDF], sur www.savoie.fr, (consulté le ).

Voir aussi

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Bibliographie

  • SĂ©rie Histoire des communes savoyardes
    • Michèle Brocard, Lucien Lagier-Bruno et AndrĂ© Palluel-Guillard, Histoire des communes savoyardes, vol. 1 : ChambĂ©ry et ses environs. Le Petit Bugey, Roanne, Éditions Horvath, , 475 p. (ISBN 978-2-7171-0229-1).
    • Michèle Brocard, Maurice Messiez-Poche, Pierre Dompnier, Histoire des communes savoyardes : La Maurienne - Chamoux - La Rochette (vol. 3), Roanne, Éditions Horvath, , 558 p. (ISBN 978-2-7171-0289-5).
    • Marius Hudry, Histoire des communes savoyardes : Albertville et son arrondissement (vol. 4), Roanne, Éditions Horvath, , 444 p. (ISBN 978-2-7171-0263-5).
    • Michèle Brocard, Lucien Lagier-Bruno, AndrĂ© Palluel-Guillard, Histoire des communes savoyardes : Aix-les-Bains et ses environs - Les Bauges - La Chartreuse - La Combe de Savoie - MontmĂ©lian (vol. 2), Roanne, Éditions Horvath, , 463 p. (ISBN 978-2-7171-0310-6).
  • Collectif, RĂ©alitĂ©s des Pays de Savoie, Ă©d. Association pour le dĂ©veloppement de l'UniversitĂ© de Savoie (ADUS), .
  • Jean-Yves Mariotte, A Perret, Atlas historique de la Savoie, Paris, .
  • Adolphe Gros, Dictionnaire Ă©tymologique des noms de lieu de la Savoie, La Fontaine de SiloĂ© (rĂ©impr. 2004) (1re Ă©d. 1935), 519 p. (ISBN 978-2-84206-268-2, lire en ligne).
  • Jules-Joseph Vernier, Étude historique et gĂ©ographique sur la Savoie, Paris, Le Livre d'Histoire - Res Universis, (rĂ©impr. 1993) (1re Ă©d. 1896), 137 p. (ISBN 978-2-7428-0039-1 et 2-7428-0039-5, lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.

Articles connexes

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