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Histoire de l'Eswatini

L'histoire de l'Eswatini remonte Ă  des temps anciens et est restĂ©e largement inconnue en l'absence de traces Ă©crites. Les recherches archĂ©ologiques ont mis au jour des ossements humains dĂ©montrant la prĂ©sence d'hommes il y a 100 000 ans.

Cosmographie de Ravenne (v. 700), 1688
Afrique australe 1885
Expansion coloniale européenne de 1880 à 1913
Carte de l'Eswatini actuel
Drapeau de l'Eswatini

Protectorat britannique, le Swaziland, devenu Eswatini en 2018, est devenu indépendant en 1968. La greffe du nom post-colonial de Ngwane n'a jamais abouti.

Préhistoire

Les premiers habitants du Swaziland Ă©taient des chasseurs-cueilleurs de type KhoĂŻsan.

Les peuples bantous

Au IVe siècle, les peuples bantous migrants d'Afrique centrale, ont commencé progressivement à repousser les Khoisans vers le sud-ouest de l'Afrique australe. Au XIe siècle, les Bantous de langues sotho du Sud et nguni avaient définitivement écartés les Khoisans de la région et s'étaient définitivement installés sur le territoire du futur Swaziland.

Les Dlamini étaient un clan issu du peuple Nguni et s'étaient établis à l'origine au Mozambique. Au milieu du XVIIIe siècle, le roi Ngwane III avait mené son peuple à proximité de la rivière Pongola, dans le Swaziland méridional actuel. C'est de cette époque que date la naissance de la nation swazi dirigée par le clan Dlamini. Le clan Dlamini émergea politiquement au début du XIXe siècle lors du mfecane, consécutif à l'expansion zoulou. Le roi Sobhuza Ier, qui avait succédé à Ngwane III, s'était retiré dans la vallée d'Ezulwini, où il protégea son peuple des visées impériales de Chaka Zulu puis de son successeur Dingane (bataille du Lubuya en 1839).

À partir de 1852, les Swazis entrèrent en conflit avec les Boers qui lorgnaient leurs terres fertiles puis avec les Portugais qui voulaient agrandir vers l'ouest leur colonie du Mozambique. Le territoire du royaume des Swazis ne cessait en effet d'attirer des chasseurs blancs, des commerçants, des missionnaires et des fermiers à la recherche de pâturage pour nourrir le bétail.

En 1877, les Dlamini demandèrent la protection du Royaume-Uni et en 1881, amputé de sa frange orientale, le Swaziland devint un protectorat britannique, garantissant l'indépendance de la nation.

Le protectorat du Swaziland (1881-1968)

Le royaume n'en ayant pas moins été morcelé en concessions accordées aux Européens par le roi Mbadzeni, un imbroglio juridique concernant le statut du territoire permit à la république sud-africaine du Transvaal d'obtenir l'administration du territoire en 1894.

À la suite de la guerre des Boers, la régente du royaume demanda de nouveau que son pays soit placé sous protectorat britannique.

Effigie du roi George VI sur un timbre de 1938.

En 1906, le territoire est finalement placé sous l'autorité du gouverneur britannique du Bechuanaland et du Basutoland.

Le développement de la propriété terrienne menaça alors la viabilité de la culture swazi alors que beaucoup de sujets du royaume émigraient pour travailler dans les mines d'Afrique du Sud.

Le , le jeune roi Sobhuza II montait sur le trône. Il ouvrit largement le royaume aux investisseurs britanniques et sud-africains afin d'exploiter les mines d'amiante et de charbon. Parallèlement, il fit racheter, par les chefs traditionnels, les terres occupées par les fermiers blancs du pays.

À partir de 1963, un mouvement anti-colonial commença à se développer mené par le prince Dumisa Dlamini et par le Ngwane National Liberatory Congress (NNLC). Opposé au parlementarisme, Sobhuza II, conseillé par un avocat sud-africain, accepta de rechercher et d'obtenir l'appui d'une formation politique. Il fonda l'« Imbokodvo National Movement » (INM) qui remporta 85 % des suffrages lors des élections de 1964 face à quatre partis adverses. Une dizaine de milliers de colons blancs se rallièrent au roi en 1967, rassurés par son conservatisme politique, social et économique. L'INM obtint ainsi aux élections la totalité des sièges de député contre les pan-africanistes du NNLC.

Le royaume du Swaziland et le changement de nom en Eswatini

Le , l'indépendance du Royaume du Swaziland est proclamée. C'est initialement une monarchie constitutionnelle, inspirée du modèle britannique[1]. La vie politique est toutefois depuis l'indépendance marquée par l'opposition entre les partisans d'un régime démocratique et ceux soutenant le principe de la monarchie absolue.

Le roi s'arroge des pouvoirs institutionnels, ignorant le parlement, désignant les ministres à sa guise, ne prenant conseil qu'auprès du conseil traditionnel des monarques swazis.

En 1972, le NNLC remporta 3 sièges au parlement, aux dépens notamment du prince Mfanabilisi Dlamini, le chef de la lignée la plus importante de la famille royale. L'année suivante, en réaction, le roi mène un coup d'État contre le parlement, dissout les partis politiques et proclama l'état d'urgence[1]. La constitution est suspendue. Jusqu'en 1978, Sobhuza II gouverne par décret depuis sa résidence royale de Lobamba. Il introduit une nouvelle constitution, qui reste lettre morte, où l'essentiel du pouvoir est concentré entre les mains du monarque alors que la désignation des membres du gouvernement et du parlement, au rôle essentiellement administratif, relève des structures traditionnelles.

En 1979, le prince Mabandla Dlamini, plutôt libéral, est nommé à la tête du gouvernement mais sans réel pouvoir, il ne peut s'opposer à la volonté des partisans de la Monarchie absolue d'engager des négociations avec l'Afrique du Sud pour obtenir un accès à la mer par incorporation au Swaziland du bantoustan frontalier du KaNgwane (le projet d'annexion n'aboutit finalement pas).

En février 1982, un accord secret de non agression entre Mbabane et Pretoria est signé, réduisant les activités des membres des mouvements anti-apartheid exilés au Swaziland. Mbabane s'aligne sur la politique régionale de Pretoria.

En aoĂ»t 1982, le roi Sobhuza II meurt des suites d'une pneumonie, allumant une guerre de succession familiale. Le jeune prince Makhosetiwe est dĂ©signĂ© pour lui succĂ©der mais l'interrègne de cinq ans est l'objet d'une importante lutte de faction parmi les 3 500 membres de la famille royale. La rĂ©gence est d'abord confiĂ©e Ă  la reine Dzeliwe (« la grande Ă©lĂ©phante ») immĂ©diatement soumise Ă  la pression de la faction Tibiyo de la famille royale, hostile au Premier ministre. Après le limogeage de ce dernier, accusĂ© par ses dĂ©tracteurs de fomenter un coup d'État, le nouveau Premier ministre traditionaliste, Bekhimpi Dlamini, entreprend de rogner les pouvoirs de la rĂ©gente au profit du conseil traditionnel des monarques swazis (le Liqoqo) qui n'apprĂ©cie guère la rĂ©gente et sa volontĂ© de maintenir des Ă©lections Ă  brève Ă©chĂ©ance. Le , le conseil traditionnel nomme alors une nouvelle rĂ©gente, la reine Ntombi, en dehors de tout cadre lĂ©gal et institutionnel[2] - [3].

En octobre 1983, les élections confirment la prééminence de la faction Tibiyo et des traditionalistes au sein de la chefferie.

À la suite de dissensions internes graves au sein du conseil traditionnel, la reine Ntombi fait accélérer les procédures successorales afin de faire monter sur le trône le jeune Makhosetiwe, intronisé le sous le nom de Mswati III.

En possession de ses pouvoirs de monarque, le nouveau roi dissout le conseil traditionnel et limoge Bekhimpi Dlamini. Le , il nomme Sotja Dlamini comme Premier ministre. Ce dernier était le premier à occuper ce poste sans être membre de la famille royale. Cette action marque le retour en grâce des partisans de l'ouverture politique et sociale.

En 1989, Sotja Dlamini est limogé à son tour pour désobéissance puis remplacé par Obert Dlamini, lequel reste en fonction jusqu'en 1993.

En 1995, le pays connaît une période pré-révolutionnaire quand l'Assemblée nationale et les maisons du ministre et du vice-président de l'université du Swaziland sont brûlées lors d'émeutes estudiantines. En 1997, le Mozambique et l'Afrique du Sud tentent sans succès de convaincre le roi de démocratiser le Swaziland.

Depuis 2000, le Swaziland réclame plusieurs kilomètres carrés de territoires à l'Afrique du Sud au prétexte qu'ils leur auraient été volés par les colons blancs au XIXe siècle et annexés illégalement à l'Afrique du Sud. Le royaume swazi base sa réclamation sur un engagement du gouvernement sud-africain signé en 1982 par lequel il s'engageait à rétrocéder au Swaziland plusieurs centaines de kilomètres carrés de territoires sud-africains en échange de la collaboration dans la lutte anti-terroriste du royaume swazi. Ces territoires situés principalement au Mpumalanga et dans le KwaZulu-Natal et concernent les villes de Nelspruit, Malelane, Barberton, Ermelo, Piet Retief, Badplaas et Pongola. En , Mswati III prit la décision de porter l'affaire devant la cour internationale de La Haye[4].

Le , après 30 ans de suspension de la loi fondamentale, le roi ratifie une nouvelle constitution entrée en vigueur le . Le pays demeure une monarchie absolue. Les partis politiques sont toujours interdits et ne sont en pratique perçus que comme des associations. La Cour suprême ne peut juger d'affaires pouvant impliquer le régime royal. Le pays est par ailleurs toujours totalement dépendant économiquement de l'Afrique du Sud.

En , à l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance, le roi annonce que le pays reprend son nom d'origine d'avant la colonisation : Eswatini[5] - [6]. En octobre 2019, la livraison de voitures de luxe flambant neuves, des Rolls Royce, à la famille royale d’Eswatini provoque des réactions négatives dans ce royaume très pauvre d’Afrique australe, alors que des fonctionnaires manifestent pour demander une revalorisation de leurs salaires[7].

Notes et références

  1. Adrien Barbier, « L’Eswatini, un demi-siècle et rien à fêter, sauf pour son roi », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  2. Patrica Claude, « Des intrigues byzantines exploitées par Pretoria », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  3. « Swaziland », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  4. (en) « Nelspruit part of Swaziland? », News 24,‎ (lire en ligne)
  5. « Le Swaziland change de nom et redevient eSwatini », Radio France internationale,‎ (lire en ligne)
  6. « Le Swaziland retrouve son nom précolonial, l’eSwatini », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  7. « Eswatini : la famille royale roule en voitures de luxe, les fonctionnaires sont dans la rue », Le Monde,‎ (lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • Aliette de Coquereaumont-Gruget, Le royaume du Swaziland, L'Harmattan, 2000, 290 p.
  • Georges Lory (sous la direction de), « Le Swaziland » dans Afrique australe, Ă©d. Autrement, HS no 45, , p. 82-87.
  • JĂ©rĂ´me Vialatte, Swaziland, un royaume en Afrique australe : bibliographie thĂ©matique commentĂ©e, 1886-2000, Centre d'Ă©tude d'Afrique noire, Pessac, 2001, 211 p. (ISBN 2-908065-55-X)
  • (en) Alan R. Booth, Historical dictionary of Swaziland, Scarecrow Press, Lanham, Md., 2000 (2e Ă©d. rĂ©visĂ©e), XXXI-403 p. (ISBN 0-8108-3749-8)
  • (en) Hamilton Sipho Simelane, Colonialism and economic change in Swaziland 1940-1960, JANyeko Pub. Centre, Kampala ; JAN Pub. Centre, Manzini, 2003, 231 p.

Articles connexes

Liens externes

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