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Histoire contemporaine (Anatole France)

L’Histoire contemporaine est une tĂ©tralogie d'Anatole France parue chez l'Ă©diteur Calmann-LĂ©vy entre 1897 et 1901. Elle comprend :

Histoire contemporaine
Image illustrative de l’article Histoire contemporaine (Anatole France)
Couverture du premier tome

Auteur Anatole France
Pays Drapeau de la France France
Genre roman
Éditeur Calmann LĂ©vy
Lieu de parution Paris
Date de parution 1897 - 1901

Parution

Histoire contemporaine est d'abord parue sous la forme de feuilletons dans la Revue de Paris, l'Echo de Paris et le Figaro. Les premiers feuilletons étaient intitulés Nouvelles ecclésiastiques. Anatole France ne reprit pas dans les romans l'ensemble de ces feuilletons ; certains furent édités à part, comme L'Affaire Crainquebille, qui devint Crainquebille.

Style et ton de l'Ɠuvre

Anatole France met son style ironique et spirituel au service de l'anticlĂ©ricalisme de l'Ă©poque. Mais l'Ɠuvre s'apparente Ă©galement en de nombreux passages Ă  un dialogue philosophique, genre qu'affectionnait l'auteur. L'Histoire contemporaine est Ă©galement rĂ©putĂ©e pour ses Ă©pisodes graveleux Ă©crits dans un style dont on a pu dire qu'il suggĂ©rait les gauloiseries les plus osĂ©es, sans employer un seul mot obscĂšne.

Histoire

Autour d'un universitaire, dans une ville non identifiée qui est une synthÚse des villes de province, une tétralogie satirique de la société française sous la TroisiÚme république, du boulangisme au début du XXe siÚcle.

Le premier volume est pour une bonne part un rĂ©cit d'intrigues ecclĂ©siastiques, avant mĂȘme que Lucien Bergeret n'apparaisse vers le milieu du roman. Le personnage, son existence domestique et intellectuelle mĂ©diocre, deviennent alors le centre du rĂ©cit du deuxiĂšme volume. Volubile et Ă©rudit, exprimant des idĂ©es pessimistes et amĂšres sur les hommes et leur histoire, M. Bergeret discute de tout sujet (la justice, la peine de mort, les gouvernements, les scandales financiers, etc.) chez son libraire prĂ©fĂ©rĂ©, fuyant les tracas d'un mariage malheureux. Il est une version moderne de JĂ©rĂŽme Coignard, prĂȘtre bavard et Ă©rudit, qui frĂ©quentait lui aussi les libraires.

Citations

« — Monsieur l'abbĂ©, je vais vous dire une grande vĂ©ritĂ© : tant que l'Etat se contente des ressources que lui fournissent les pauvres, tant qu'il a assez des subsides que lui assurent, avec une rĂ©gularitĂ© mĂ©canique, ceux qui travaillent de leurs mains, il vit heureux, tranquille, honorĂ© ; les Ă©conomistes et les financiers se plaisent Ă  reconnaĂźtre sa probitĂ© ; mais, dĂšs que ce malheureux Etat, pressĂ© par le besoin, fait mine de demander de l'argent Ă  ceux qui en ont, et de tirer des riches quelque faible contribution, on lui fait sentir qu'il commet un odieux attentat, viole tous les droits, manque de respect Ă  la chose sacrĂ©e, dĂ©truit le commerce et l'industrie, et Ă©crase les pauvres en touchant aux riches. On ne lui cache pas qu'il se dĂ©shonore. » L'Orme du mail - XIII

« — Tous les partis qui se trouvent exclus du gouvernement rĂ©clament la libertĂ© parce qu'elle fortifie l'opposition et affaiblit le pouvoir. Pour cette mĂȘme raison, le parti qui gouverne retranche autant qu'il peut sur la libertĂ©. Et il fait, au nom du peuple souverain, les lois les plus tyranniques. Car il n'y a point de charte qui garantisse la libertĂ© contre les entreprises de la souverainetĂ© nationale. Le despotisme dĂ©mocratique n'a point de bornes en thĂ©orie. Dans le fait et Ă  ne considĂ©rer que le temps prĂ©sent, je reconnais qu'il est mĂ©diocre. » Le Mannequin d’osier - XVII

« — Ne croyez-vous pas, dit M. Leterrier, qu‘il y a dans la vĂ©ritĂ© une force qui la rend invincible, et assure, pour une heure plus ou moins prochaine, son triomphe dĂ©finitif ? Je pense tout au contraire que la vĂ©ritĂ© est le plus souvent exposĂ©e a pĂ©rir obscurĂ©ment sous le mĂ©pris ou l’injure. La vĂ©ritĂ© a sur le mensonge des caractĂšres d’infĂ©rioritĂ© qui la condamnent a disparaitre. D’abord, elle est une... le mensonge Ă©tant multiple, elle a contre elle le nombre. Ce n’est point son seul dĂ©faut. Elle est inerte. Elle n’est pas susceptible de modifications ; elle ne se prĂȘte pas aux combinaisons qui pourraient la faire entrer aisĂ©ment dans l’intelligence ou dans les passions des hommes. Le mensonge, au contraire, a des ressources merveilleuses. Il est ductile, il est plastique. Et, de plus (ne craignons point de le dire), il est naturel et moral. Il est naturel comme le produit ordinaire du mĂ©canisme des sens, source et rĂ©servoir d’illusions ; il est moral en ce qu’il s’accorde avec les habitudes des hommes qui, vivant en commun, ont fondĂ© leur idĂ©e du bien et du mal, leurs lois divines et humaines, sur les interprĂ©tations les plus anciennes, les plus saintes, les plus absurdes, les plus augustes, les plus barbares et les plus fausses des phĂ©nomĂšnes naturels. Le mensonge est le principe de toute vertu et de toute beautĂ© chez les hommes. Jamais la vĂ©ritĂ© n’entame beaucoup le mensonge. les vĂ©ritĂ©s scientifiques qui entrent dans les foules s’y enfoncent comme dans un marĂ©cage, s’y noient, n’éclatent point et sont sans force pour dĂ©truire les erreurs et les prĂ©juges. Les vĂ©ritĂ©s de laboratoire, qui exercent sur vous et sur moi, monsieur, une puissance souveraine, n’ont point d’empire sur la masse du peuple. Je n’en citerai qu’un exemple. Le systĂšme de Copernic et de GalilĂ©e est absolument inconciliable avec la physique chrĂ©tienne. ... Les vĂ©ritĂ©s scientifiques ne sont pas sympathiques au vulgaire. Les peuples, monsieur, vivent de mythologie. Ils tirent de la fable toutes les notions dont ils ont besoin pour vivre. Il ne leur en faut pas beaucoup ; et quelques simples mensonges suffisent a dorer des millions d’existences. Bref la vĂ©ritĂ© n’a point de prise sur les hommes. Et il serait fĂącheux qu’elle en eut, car elle est contraire a leur gĂ©nie comme a leurs intĂ©rĂȘts. » L’Anneau d’amĂ©thyste VII

Anecdotes

La citation : « Ne sois pas de mauvaise foi: tu sais que nous n'en avons pas, de politique extérieure, et que nous ne pouvons pas en avoir. » (dans Le Mannequin d'osier) est inscrite sur la couverture de l'essai Kiel et Tanger (1910) de Charles Maurras.

Filmographie

Téléfilms

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La prĂ©face de François Taillandier Ă  l'Ă©dition de poche parue en 2004 Ă  La Table Ronde, (Collection "La petite Vermillon" (ISBN 2-7103-2663-9 et 978-2-7103-2663-2)) situe cette Ɠuvre majeure dans son Ă©poque et s'interroge sur la relative - et injuste - dĂ©saffection Ă  son Ă©gard.

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