Hipparque (pseudo-Platon)
Hipparque (en grec ancien ጻÏÏαÏÏÎżÏ) est un dialogue de Platon sur la mort. C'est lâun des dialogues platoniciens dits suspects (dont on croit que Platon nâest pas lâauteur). Socrate et un disciple cherchent Ă dĂ©finir ce quâest lâhomme avide.
Personnages
Personnages du dialogue
- Socrate
- Un disciple
Personnages mentionnés
- Le dialogue parle du fils de Pisistrate, Hipparque
Dialogue
Prologue
Socrate et un disciple cherchent Ă dĂ©finir ce quâest lâhomme avide.
DĂ©finitions
Quatre définitions se présentent. Est avide :
- celui qui estime tirer profit de ce qui nâest en rien estimable[1], rĂ©futĂ©e parce que la dĂ©finition implique que personne ne lâest, puisque tout le monde estime ce dont il cherche Ă tirer avantage ;
- celui qui veut tirer profit des choses auxquelles il attache beaucoup de valeur alors quâelles nâen ont aucune[2], rĂ©futĂ©e parce quâelle implique que tout le monde lâest ;
- celui qui pense tirer des avantages de choses dont personne ne cherche Ă tirer un avantage[3], rĂ©futĂ©e parce quâon ne trompe pas un ami ;
- celui qui considĂšre comme un avantage toute possession considĂ©rĂ©e comme telle parce quâon ne dĂ©pense rien pour son acquisition, pour en tirer les avantages quâon lui voit[4], rĂ©futĂ©e parce quâelle pose Ă nouveau les questions et dĂ©bats prĂ©cĂ©dents â et la conclusion logique serait que parce que tous les hommes aiment le gain et que le gain implique une valeur, Ă©tant donnĂ© que tous les hommes aiment le gain pour sa valeur, tous seraient avides.
Arguments
- Celui qui recherche ce qui nâa rien d'estimable est un imbĂ©cile, et pas un avide.
- Si l'objet est un dommage, ce dommage est un mal et n'a donc aucune valeur en soi, on ne peut dÚs lors le considérer comme un bien.
- Celui qui imagine parvenir Ă tirer des avantages de choses dont personne ne cherche Ă tirer avantage est aussi bien une personne bonne que mauvaise, puisqu'elle ne recherche non pas un bien dans l'absolu, mais un bien selon sa dĂ©finition, sans distinction de l'honnĂȘte ou du malhonnĂȘte.
- Parce que tout avantage est synonyme de bien selon soi, on ne peut en juger dans l'absolu : cette définition mélange valeur (estimation du bien) et quantité, inutile dans l'absolu. De plus, la valeur étant utile quel que soit l'objet auquel elle se rapporte, elle est un bien.
Comme une conclusion, Socrate et l'interlocuteur conviennent que tous les hommes sont avides, puisque nul ne peut dire quâil n'aime pas le gain.
Vision de Platon sur Hipparque
Dans ce dialogue, Platon fait dire Ă Socrate beaucoup de bien sur Hipparque, qui aurait introduit Ă AthĂšnes les poĂšmes dâHomĂšre, attirĂ© des savants, fait construire des HermĂšs sur lesquels il avait inscrire des maximes pour « enseigner la sagesse »[5].
Platon ne partage pas la mĂȘme vision sur les raisons de lâassassinat de Hipparque que HĂ©rodote et Thucydide. En effet, il fait dire Ă Socrate quâun beau jeune homme bien-nĂ© qui admirait la sagesse dâHarmodios et Aristogiton avait ensuite fait la connaissance dâHipparque, ce qui lâamena Ă rejeter Harmodios et Aristogiton. Par dĂ©pit, ceux-ci se vengĂšrent en tuant Hipparque[6] - [7].
Visions historiques complémentaires
Selon Thucydide
Selon Thucydide[8], Harmodios repousse les avances dâHipparque, lâun des Pisistratides. Pour se venger, celui-ci invite tout dâabord la sĆur du jeune homme Ă ĂȘtre canĂ©phore aux PanathĂ©nĂ©es, honneur rĂ©servĂ© aux filles des plus grandes familles dâAthĂšnes, puis la chasse publiquement du cortĂšge au prĂ©texte quâelle ne mĂ©rite pas cet honneur. Selon Aristote[9], câest Thessalos, fils de la concubine argienne de Pisistrate, et demi-frĂšre dâHipparque, qui est repoussĂ© par Harmodios et empĂȘche la sĆur du jeune homme dâĂȘtre canĂ©phore. Lâincident incite Harmodios et Aristogiton Ă se dĂ©barrasser dâHipparque, auteur de lâoffense, mais aussi et surtout de son frĂšre Hippias, seul Ă exercer vĂ©ritablement le pouvoir. Les amants recrutent rapidement une petite bande ; leur plan est de profiter du dĂ©filĂ© des Grandes PanathĂ©nĂ©es pour assassiner Hippias et Hipparque. Thucydide prĂ©cise que câĂ©tait le « seul jour oĂč il fut possible aux citoyens qui devaient former le cortĂšge de sâassembler en armes sans exciter la mĂ©fiance[10] ». Aristote proteste contre ce dĂ©tail, arguant pour sa part quâ« alors on ne faisait pas la procession en armes ; cet usage fut introduit plus tard par la dĂ©mocratie[11]. »
Selon Aristote[12] et Théophraste
Câest Thessalos, fils de la concubine argienne de Pisistrate[13] et demi-frĂšre dâHipparque, qui est repoussĂ© par Harmodios et empĂȘche la sĆur du jeune homme d'ĂȘtre canĂ©phore.
Lâincident incite Harmodios et Aristogiton Ă se dĂ©barrasser dâHipparque, auteur de lâoffense, mais aussi et surtout de son frĂšre Hippias, seul Ă exercer vĂ©ritablement le pouvoir. Les amants recrutent rapidement une petite bande ; leur plan est de profiter du dĂ©filĂ© des Grandes PanathĂ©nĂ©es pour assassiner Hippias et Hipparque. Thucydide prĂ©cise que câĂ©tait le « seul jour oĂč il fut possible aux citoyens qui devaient former le cortĂšge de sâassembler en armes sans exciter la mĂ©fiance »[14]. Aristote proteste contre ce dĂ©tail, arguant pour sa part quâ« alors on ne faisait pas la procession en armes ; cet usage fut introduit plus tard par la dĂ©mocratie »[15]. Le jour dit, Harmodios et Aristogiton observent lâun des conjurĂ©s discutant au CĂ©ramique â sur lâAcropole, selon Aristote â avec Hippias entourĂ© de ses gardes. Craignant dâavoir Ă©tĂ© trahis, ils rebroussent chemin et rencontrent sur leur route Hipparque, Ă lâĂ©cart de son escorte. Ils le poignardent, Harmodios est tuĂ© peu aprĂšs par les gardes, tandis quâAristogiton sâenfuit dans la foule. Il est arrĂȘtĂ© peu aprĂšs, torturĂ© et exĂ©cutĂ©, non sans avoir eu le temps dâavouer le nom de ses complices, tous aristocrates.
Version de Plutarque
Hipparque aimait Harmodios qui, lui, aimait Aristogiton. Le premier, obstacle à leur amour, fut assassiné par les deux autres.
Entre autres gestes pour propager le savoir et lâinstruction Ă AthĂšnes antique, Hipparque fit inscrire des pensĂ©es et maximes sur les hermĂšs entre la citĂ© et chaque dĂšme, et attira Simonide de CĂ©os ou encore AnacrĂ©on de TĂ©os[16].
Références
- 225a-226e
- 226e-227d
- 227d-228b
- 230e-231a
- Schnapp, Alain, « HomĂšre, Hipparque et la bonne parole », Annales, PersĂ©e, vol. 43, no 4,â , p. 805â821 (DOI 10.3406/ahess.1988.283524, lire en ligne, consultĂ© le ).
- 229c-229d
- Brisson 2008, p. 517
- (VI, 56, 1).
- Aristote, Constitution d'AthÚnes [détail des éditions] (lire en ligne) (XVIII, 2).
- Aristote, Constitution d'AthÚnes [détail des éditions] (lire en ligne) (VI, 56, 2). Traduction de Jacqueline de Romilly et de Louis Bodin pour les Belles Lettres.
- Aristote, Constitution d'AthÚnes [détail des éditions] (lire en ligne) (XVIII, 4). Traduction de G. Mathieu et Bernard Haussoullier pour les Belles Lettres
- Aristote, Constitution d'AthÚnes [détail des éditions] (lire en ligne) (XVIII, 2)
- Amigues 2010, p. 45
- Aristote, Constitution d'AthÚnes [détail des éditions] (lire en ligne) (Livre VI, 56, 2). Trad. de Jacqueline de Romilly et de Louis Bodin pour les Belles Lettres.
- Aristote, Constitution d'AthĂšnes [dĂ©tail des Ă©ditions] (lire en ligne) (Livre XVIII, 4). Traduction de G. Mathieu et Bernard Haussoullier pour les Ăditions Belles Lettres.
- Platon Ă©crit quâHipparque envoie un navire de 50 rames pour attirer AnacrĂ©on Ă sa cour et quâHipparque faisait Ă©crire deux citations par hermĂšs, Ă gauche et Ă droite
Bibliographie
- Pierre Pellegrin (dir.) (trad. du grec ancien), Aristote : Ćuvres complĂštes, Paris, Ăditions Flammarion, , 2923 p. (ISBN 978-2-08-127316-0).
- Luc Brisson (dir.) (trad. du grec ancien), Hipparque : Platon, Ćuvres complĂštes, Paris, Ăditions Flammarion, (1re Ă©d. 2006), 2204 p. (ISBN 978-2-08-121810-9).
- Suzanne Amigues, Recherches sur les plantes : Ă lâorigine de la botanique, Belin, , 432 p. (ISBN 978-2-7011-4996-7).
- Platon, Ćuvres complĂštes, Gallimard (BibliothĂšque de la PlĂ©iade, 2 volumes), Paris, 1970-1971
- Platon, Ćuvres complĂštes. Hipparque, Ă©dition de LĂ©on Robin, Belles Lettres (Collection des universitĂ©s de France), Paris, 1970