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Hipparque (pseudo-Platon)

Hipparque (en grec ancien áŒ»Ï€Ï€Î±ÏÏ‡ÎżÏ‚) est un dialogue de Platon sur la mort. C'est l’un des dialogues platoniciens dits suspects (dont on croit que Platon n’est pas l’auteur). Socrate et un disciple cherchent Ă  dĂ©finir ce qu’est l’homme avide.

PremiÚre édition imprimée (1513).

Personnages

Personnages du dialogue

Personnages mentionnés

Dialogue

Prologue

Socrate et un disciple cherchent Ă  dĂ©finir ce qu’est l’homme avide.

DĂ©finitions

Quatre définitions se présentent. Est avide :

  • celui qui estime tirer profit de ce qui n’est en rien estimable[1], rĂ©futĂ©e parce que la dĂ©finition implique que personne ne l’est, puisque tout le monde estime ce dont il cherche Ă  tirer avantage ;
  • celui qui veut tirer profit des choses auxquelles il attache beaucoup de valeur alors qu’elles n’en ont aucune[2], rĂ©futĂ©e parce qu’elle implique que tout le monde l’est ;
  • celui qui pense tirer des avantages de choses dont personne ne cherche Ă  tirer un avantage[3], rĂ©futĂ©e parce qu’on ne trompe pas un ami ;
  • celui qui considĂšre comme un avantage toute possession considĂ©rĂ©e comme telle parce qu’on ne dĂ©pense rien pour son acquisition, pour en tirer les avantages qu’on lui voit[4], rĂ©futĂ©e parce qu’elle pose Ă  nouveau les questions et dĂ©bats prĂ©cĂ©dents – et la conclusion logique serait que parce que tous les hommes aiment le gain et que le gain implique une valeur, Ă©tant donnĂ© que tous les hommes aiment le gain pour sa valeur, tous seraient avides.

Arguments

  • Celui qui recherche ce qui n’a rien d'estimable est un imbĂ©cile, et pas un avide.
  • Si l'objet est un dommage, ce dommage est un mal et n'a donc aucune valeur en soi, on ne peut dĂšs lors le considĂ©rer comme un bien.
  • Celui qui imagine parvenir Ă  tirer des avantages de choses dont personne ne cherche Ă  tirer avantage est aussi bien une personne bonne que mauvaise, puisqu'elle ne recherche non pas un bien dans l'absolu, mais un bien selon sa dĂ©finition, sans distinction de l'honnĂȘte ou du malhonnĂȘte.
  • Parce que tout avantage est synonyme de bien selon soi, on ne peut en juger dans l'absolu : cette dĂ©finition mĂ©lange valeur (estimation du bien) et quantitĂ©, inutile dans l'absolu. De plus, la valeur Ă©tant utile quel que soit l'objet auquel elle se rapporte, elle est un bien.

Comme une conclusion, Socrate et l'interlocuteur conviennent que tous les hommes sont avides, puisque nul ne peut dire qu’il n'aime pas le gain.

Vision de Platon sur Hipparque

Dans ce dialogue, Platon fait dire Ă  Socrate beaucoup de bien sur Hipparque, qui aurait introduit Ă  AthĂšnes les poĂšmes d’HomĂšre, attirĂ© des savants, fait construire des HermĂšs sur lesquels il avait inscrire des maximes pour « enseigner la sagesse »[5].

Platon ne partage pas la mĂȘme vision sur les raisons de l’assassinat de Hipparque que HĂ©rodote et Thucydide. En effet, il fait dire Ă  Socrate qu’un beau jeune homme bien-nĂ© qui admirait la sagesse d’Harmodios et Aristogiton avait ensuite fait la connaissance d’Hipparque, ce qui l’amena Ă  rejeter Harmodios et Aristogiton. Par dĂ©pit, ceux-ci se vengĂšrent en tuant Hipparque[6] - [7].

Visions historiques complémentaires

Selon Thucydide

Selon Thucydide[8], Harmodios repousse les avances d’Hipparque, l’un des Pisistratides. Pour se venger, celui-ci invite tout d’abord la sƓur du jeune homme Ă  ĂȘtre canĂ©phore aux PanathĂ©nĂ©es, honneur rĂ©servĂ© aux filles des plus grandes familles d’AthĂšnes, puis la chasse publiquement du cortĂšge au prĂ©texte qu’elle ne mĂ©rite pas cet honneur. Selon Aristote[9], c’est Thessalos, fils de la concubine argienne de Pisistrate, et demi-frĂšre d’Hipparque, qui est repoussĂ© par Harmodios et empĂȘche la sƓur du jeune homme d’ĂȘtre canĂ©phore. L’incident incite Harmodios et Aristogiton Ă  se dĂ©barrasser d’Hipparque, auteur de l’offense, mais aussi et surtout de son frĂšre Hippias, seul Ă  exercer vĂ©ritablement le pouvoir. Les amants recrutent rapidement une petite bande ; leur plan est de profiter du dĂ©filĂ© des Grandes PanathĂ©nĂ©es pour assassiner Hippias et Hipparque. Thucydide prĂ©cise que c’était le « seul jour oĂč il fut possible aux citoyens qui devaient former le cortĂšge de s’assembler en armes sans exciter la mĂ©fiance[10] ». Aristote proteste contre ce dĂ©tail, arguant pour sa part qu’« alors on ne faisait pas la procession en armes ; cet usage fut introduit plus tard par la dĂ©mocratie[11]. »

Selon Aristote[12] et Théophraste

C’est Thessalos, fils de la concubine argienne de Pisistrate[13] et demi-frĂšre d’Hipparque, qui est repoussĂ© par Harmodios et empĂȘche la sƓur du jeune homme d'ĂȘtre canĂ©phore.

L’incident incite Harmodios et Aristogiton Ă  se dĂ©barrasser d’Hipparque, auteur de l’offense, mais aussi et surtout de son frĂšre Hippias, seul Ă  exercer vĂ©ritablement le pouvoir. Les amants recrutent rapidement une petite bande ; leur plan est de profiter du dĂ©filĂ© des Grandes PanathĂ©nĂ©es pour assassiner Hippias et Hipparque. Thucydide prĂ©cise que c’était le « seul jour oĂč il fut possible aux citoyens qui devaient former le cortĂšge de s’assembler en armes sans exciter la mĂ©fiance »[14]. Aristote proteste contre ce dĂ©tail, arguant pour sa part qu’« alors on ne faisait pas la procession en armes ; cet usage fut introduit plus tard par la dĂ©mocratie »[15]. Le jour dit, Harmodios et Aristogiton observent l’un des conjurĂ©s discutant au CĂ©ramique — sur l’Acropole, selon Aristote — avec Hippias entourĂ© de ses gardes. Craignant d’avoir Ă©tĂ© trahis, ils rebroussent chemin et rencontrent sur leur route Hipparque, Ă  l’écart de son escorte. Ils le poignardent, Harmodios est tuĂ© peu aprĂšs par les gardes, tandis qu’Aristogiton s’enfuit dans la foule. Il est arrĂȘtĂ© peu aprĂšs, torturĂ© et exĂ©cutĂ©, non sans avoir eu le temps d’avouer le nom de ses complices, tous aristocrates.

Version de Plutarque

Hipparque aimait Harmodios qui, lui, aimait Aristogiton. Le premier, obstacle à leur amour, fut assassiné par les deux autres.

Entre autres gestes pour propager le savoir et l’instruction Ă  AthĂšnes antique, Hipparque fit inscrire des pensĂ©es et maximes sur les hermĂšs entre la citĂ© et chaque dĂšme, et attira Simonide de CĂ©os ou encore AnacrĂ©on de TĂ©os[16].

Références

  1. 225a-226e
  2. 226e-227d
  3. 227d-228b
  4. 230e-231a
  5. Schnapp, Alain, « HomĂšre, Hipparque et la bonne parole », Annales, PersĂ©e, vol. 43, no 4,‎ , p. 805–821 (DOI 10.3406/ahess.1988.283524, lire en ligne, consultĂ© le ).
  6. 229c-229d
  7. Brisson 2008, p. 517
  8. (VI, 56, 1).
  9. Aristote, Constitution d'AthÚnes [détail des éditions] (lire en ligne) (XVIII, 2).
  10. Aristote, Constitution d'AthÚnes [détail des éditions] (lire en ligne) (VI, 56, 2). Traduction de Jacqueline de Romilly et de Louis Bodin pour les Belles Lettres.
  11. Aristote, Constitution d'AthÚnes [détail des éditions] (lire en ligne) (XVIII, 4). Traduction de G. Mathieu et Bernard Haussoullier pour les Belles Lettres
  12. Aristote, Constitution d'AthÚnes [détail des éditions] (lire en ligne) (XVIII, 2)
  13. Amigues 2010, p. 45
  14. Aristote, Constitution d'AthÚnes [détail des éditions] (lire en ligne) (Livre VI, 56, 2). Trad. de Jacqueline de Romilly et de Louis Bodin pour les Belles Lettres.
  15. Aristote, Constitution d'AthĂšnes [dĂ©tail des Ă©ditions] (lire en ligne) (Livre XVIII, 4). Traduction de G. Mathieu et Bernard Haussoullier pour les Éditions Belles Lettres.
  16. Platon Ă©crit qu’Hipparque envoie un navire de 50 rames pour attirer AnacrĂ©on Ă  sa cour et qu’Hipparque faisait Ă©crire deux citations par hermĂšs, Ă  gauche et Ă  droite


Bibliographie

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