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Henriette Akofa

Henriette Akofa Siliadin (née à Sokodé en 1979) est une autrice togolaise, connue surtout pour avoir été victime d'esclavage moderne en France dans les années 1990.

Henriette Akofa
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Biographie
Naissance
Nationalité
Domiciles
France (depuis ), Sokodé, Lomé
Activités

Biographie

Enfance et études

Henriette Akofa Siliadin naît à Sokodé en 1979[1] et grandit dans une famille aisée[2], à Sokodé puis à Lomé[3]. Son père a plusieurs épouses et maîtresses et de nombreux enfants[4]. Coup sur coup, un frère et une sœur d'Akofa meurent et son père arrête temporairement de travailler, ce qui rend les conditions de vie plus difficiles[2]. Une Française, sœur d'une maîtresse de son père[1] - [2], lui propose d'aller vivre à Paris, proposition qu'elle accepte dans l'espoir d'avoir accès à une bonne éducation[4] et parce qu'elle pense que la mort de ses aînés est un mauvais présage si elle reste dans la famille[3]. La proposition d'origine est donc qu'Akofa fournisse quelques menus travaux domestiques en échange de la vie dans sa famille d'accueil, éducation incluse[2].

Vie de domestique à Paris

Elle arrive à Paris en [1], à l'âge de 14 ans[5], en 1994[4]. Quand elle arrive dans le pays, ses accompagnateurs lui confisquent son passeport et la font travailler comme domestique, sans heures ni jours de repos et sans rémunération, pendant plus de quatre ans[5]. Elle dort à même le sol dans une pièce nue où dorment deux autres personnes, une domestique et une nièce de la famille ; la domestique lui dit être arrivée en France à quatre ans, ne savoir ni lire ni écrire, et avoir aujourd'hui 22 ans[2]. Lorsqu'elle appelle son père, elle est surprise par la propriétaire, qui fait croire à son père qu'il s'agit d'une bête révolte adolescente, et il ne la prend pas au sérieux[2].

Après neuf mois, elle est transférée à une autre famille, avec un homme français PDG d'une grande entreprise et sa femme mauritanienne[1]. Elle n'a pas accès à l'eau chaude et ne mange que des restes[2]. Deux ans plus tard, elle part dans une troisième famille. Cette famille lui donne 2500 francs par mois et le droit de sortir du domicile, mais elle n'a aucune éducation et pas de papiers d'identité, ce qui ne lui permet pas de faire grand-chose[2]. Elle appelle un oncle, qui vient la chercher, mais ne la croit pas et la ramène à ses propriétaires[2].

Les autorités interviennent après un signalement d'une voisine danoise[1] à qui elle s'est confiée[3] ; une fois libérée, Akofa passe six mois en convalescence à l'hôpital[5]. Elle est accompagnée par le Comité contre l'esclavage moderne[1]. En 2003, elle réussit le concours d'entrée d'une école d'aides-soignantes et devient auxiliaire en gériatrie[1].

Akofa porte plainte en 2005 auprès de la Cour européenne des droits de l'homme[5], mais aucune loi ne criminalise à l'époque l'esclavage moderne ou la servitude domestique en France. Elle reçoit des arriérés de paiement[5]. En première instance, la dernière famille et à son mari sont condamnés à un an de prison dont sept mois avec sursis et à 30 000 euros d'amende ; en appel, cette amende est réduite à 1500 euros[2]. Après cette affaire, une loi interdisant la traite des êtres humains est passée et l'esclavage moderne est criminalisé en 2007. En 2008, la France signe la Convention du Conseil de l'Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains[5].

Postérité

Akofa rédige avec son avocat Olivier de Broca[3] son autobiographie en trois tomes, Une esclave[4], parue en 2000 aux éditions Michel Lafon[6]. Il s'agit du premier témoignage francophone d'une esclave domestique africaine[3].

En 2013, Sandrine Ray adapte son autobiographie en film documentaire sous le nom Une trop bruyante adolescente, portrait d'une esclave moderne[4].

Notes et références

  1. « Henriette Akofa », sur aflit.arts.uwa.edu.au (consulté le )
  2. « Grioo.com : Henriette Akofa, esclave en France au 20è siècle », sur www.grioo.com (consulté le )
  3. « Akofa, Henriette », sur togolitteraire.haverford.edu (consulté le )
  4. « France - Esclavage moderne : Sandrine Ray raconte l'histoire d'Henriette Akofa », sur Bonaberi.com (consulté le )
  5. (en-GB) « Human trafficking criminalised after 14-year-old girl kept in domestic servitude in Paris », sur Impact of the European Convention on Human Rights (consulté le )
  6. « Esclaves à domicile », sur France Inter, (consulté le )

Voir aussi

Liens externes

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