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Henri-Horace Roland Delaporte

Henri-Horace Roland Delaporte ou de La Porte, né vers 1724 à Paris où il est mort le , est un peintre français de fleurs et de natures mortes.

Henri-Horace Roland Delaporte
Les Apprêts d'un déjeuner rustique
Paris, Musée du Louvre
Naissance

Paris
Décès
Nationalité
Activité
Peintre
Maître
Lieu de travail

Biographie

Élève de Jean-Baptiste Oudry, Delaporte s’est fait une spécialité de natures mortes dans le genre des animaux et des fruits et de trompe-l’œil. Le , il est reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture comme peintre d’animaux et de fleurs, avec Vase de lapis, sphère et instruments de musique[1] comme morceau de réception.

Peignant de nombreuses natures mortes aux instruments de musique, il expose très frĂ©quemment au Salon de 1761 Ă  1789. La proximitĂ© de son style avec celui de Chardin a Ă©tĂ© une source d’erreurs d’attribution. On lui a, ainsi, attribuĂ© le TrophĂ©e militaire, avec un tambour et une trompette[2] de Jeaurat de Bertry[3]. En revanche, en 1928, un article intitulĂ© « Roland de la Porte sosie de Chardin[4] Â» relança l’intĂ©rĂŞt pour son Ĺ“uvre[3]. AchetĂ© du vivant de l’artiste Ă  Paris pour Karoline Luise, margrave de Bade, ce tableau fut dĂ©jĂ , Ă  la mort de celle-ci, cataloguĂ© comme de Chardin. En dĂ©pit de l’austĂ©ritĂ© de sa conception, la peinture de Delaporte n’a, en effet, rien du caractère rĂŞche et pâteux du maitre ; sa manière se rapproche plus de celle d’un Desportes[5]. Depuis, l’érudition moderne a poursuivi sa diffĂ©renciation d’avec Chardin. Pour Michael Levey, Delaporte a tentĂ© quelque chose de très diffĂ©rent dans le thème et la technique avec le Petit Oranger[5]. Selon lui, il est, Ă  certains Ă©gards, plus naturaliste que Chardin[5], et ses reprĂ©sentations de plantes sont un sujet que n’a pas traitĂ© par Chardin, quelque peu Ă©tranger Ă  la prĂ©occupation humaine prononcĂ©e de ses natures mortes[5]. En 1788, Bachaumont Ă©crit, dans ses MĂ©moires secrets, « Je pourrois, Monsieur, vous compter presqu’au rang des nouveaux-venus un Peintre, le Doyen des AcadĂ©miciens sur le livret, mais qui n’avoit pas exposĂ© depuis 1773. C’est une espece de rĂ©gĂ©nĂ©ration, d’inauguration nouvelle : il s’agit de M. Roland de la Porte. Pourquoi Vous dissimuler que frappĂ© de vertiges pendant quinze ans, il Ă©toit restĂ© dans une inaction absolue : revenu tout-Ă -coup de cet Ă©tat, comme d’un long rĂŞve, son talent ne s’en est point trouvĂ© affaibli ; il produit encore les mĂŞmes illusions que ci-devant. Son Crucifix imitant le relief, sa petite Collation, ses Instrumens de Musique attirent la multitude tout autant qu’autrefois[6]. Â»

RĂ©ception

Un pot de plante, Stockholm, Nationalmuseum.

Diderot a d’abord Ă©tĂ© assez indulgent Ă  l’égard de Delaporte. En 1761, il Ă©crit que « Les tableaux de fruits de M. de la Porte ont paru d’une grande vĂ©ritĂ© et d’un beau fini[7]. Â» La mĂŞme annĂ©e, il a ce commentaire au sujet d’un de ses trompe-l’œil : « on fait cas d’un Crucifix peint en bronze par M. Roland de la Porte, et en effet ce Crucifix est beau. Il est tout Ă  fait hors de la toile. Le bronze s’éclaire d’une manière propre au mĂ©tal que le peintre a rendu parfaitement ; il y a toute l’illusion possible ; mais il faut avouer aussi que le genre est facile, et que des artistes d’un talent mĂ©diocre d’ailleurs y ont excellĂ©[7]. Â» En 1765, sa critique se fait plus sĂ©vère : « dites Ă  ceux qui passent devant Roland de La Porte sans s’arrĂŞter, qu’ils n’ont pas le droit de regarder Chardin. Ce n’est pourtant ni la touche, ni la vigueur, ni la vĂ©ritĂ©, ni l’harmonie de Chardin ; c’est tout contre, c’est-Ă -dire Ă  mille lieues et Ă  mille ans. C’est cette petite distance imperceptible, qu’on sent et qu’on ne franchit point. Travaillez, Ă©tudiez, soignez, effacez, recommencez, peines perdues. La nature a dit : Tu iras lĂ , jusque lĂ , et pas plus loin que lĂ . Il est plus aisĂ© de passer du pont Notre Dame Ă  Roland de La Porte, que de Roland de La Porte Ă  Chardin[8]. Â» Pourtant, la mĂŞme annĂ©e, Rousseau de Toulouse note, dans son Journal encyclopĂ©dique : « Le tableau de Mr. Roland de la Porte qui reprĂ©sente le portrait du Roi en mĂ©daillon, fait une si forte illusion, que de près, on doute encore si c’est une superficie ou un relief. Dans un autre tableau du mĂŞme, on voit des asperges et un chaudron; il est difficile de ne pas s’y tromper : !es portraits sont moins heureux[9]. Â» En 1769, le n° 37 de l’hebdomadaire l’Avantcoureur note encore que « M. Roland de la Porte s’applique, nous pourrions mĂŞme dire, se joue Ă©galement, que M. Chardin, Ă  tromper les yeux les plus exercĂ©s et les plus en garde, par des imitations d’après nature. Le dĂ©sordre d’un cabinet et plusieurs autres tableaux de fruits, de fleurs, d’objets variĂ©s font rendus d’une touche si vraie, et mĂŞme si naĂŻve que l’on est tentĂ© de s’assurer par le tact de ce qu’on voit, ou de ce qu’on croit voir[10]. Â»

Ĺ’uvres choisies

Notes et références

  1. Aujourd’hui au musée du Louvre.
  2. Aujourd’hui au musée du château de Fontainebleau.
  3. La Revue du Louvre et des musées de France, vol. 30, Conseil des musées nationaux, 1980, p. 157.
  4. Gerda Kircher, « Chardins Doppelgänger Roland de la Porte, Der Cicerone, 1928, vol. XX, p. 95-101.
  5. (en) Michael Levey, Painting and Sculpture in France, 1700-1789, New Haven, Yale University Press, 1995, (ISBN 978-0-30006-494-0), 318 p., p. 157.
  6. Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la République des Lettres en France depuis 1762 jusqu’à nos jours, t. 35, Londres, John Adamson, 1789, p. 387 lire en ligne consulté le 12 juillet 2015.
  7. Œuvres complètes de Diderot, Éd. Jules Assézat et Maurice Tourneux, t. 10, p. 144.
  8. Denis Diderot, Essai sur la peinture. Salons : Salon de 1761, 1765, Paris, Brière, 1821.
  9. Journal encyclopédique, t. 8, 1re partie, Bouillon, Everard Kints, 1765, lire en ligne consulté le 12 juillet 2015, p. 79.
  10. L’avantcoureur, année 1769, lire en ligne consulté le 12 juillet 2015, p. 579.
  11. Vielle, Bordeaux
  12. Vase, Louvre
  13. Musique, Blois
  14. La Petite Collation, Louvre
  15. Le panier d'oeufs, Louvre

Articles connexes

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