Hassan Diab (sociologue)
Hassan Diab (en arabe : Řسن دياب), nĂ© Ă Beyrouth le , est un sociologue libano-canadien de l'UniversitĂ© d'Ottawa et de l'UniversitĂ© de Carleton Ă Ottawa en Ontario, au Canada.
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Soupçonné d'avoir participé à l'attentat de la rue Copernic en 1980, il est poursuivi en France. Après plusieurs années de recours judiciaires pour éviter son extradition, il est extradé du Canada et incarcéré en France en 2014. Il bénéficie d'un non-lieu en 2018, qui provoque sa remise en liberté et lui permet de retourner au Canada. Cependant, le non-lieu est infirmé en 2021 par la cour d'appel de Paris, qui renvoie l'affaire devant la cour d'assises spéciale.
Hassan Diab est finalement jugé par défaut en avril 2023 et est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
Biographie
Né au Liban de parents palestiniens, il commence ses études de sociologie à l'université américaine de Beyrouth. Il les poursuit aux États-Unis, en compagnie de sa première femme, y obtenant un diplôme de sociologie à l'université de Syracuse. Il émigre en 1987 au Canada, y obtient la nationalité canadienne en 1993 tout en gardant celle du Liban. Il est chargé de cours en sociologie appliquée à l'Université d'Ottawa et de l'Université de Carleton à Ottawa[1].
Sa compagne actuelle, avec qui il a deux filles, Rania Tfaily est libanaise et fut son élève en sociologie à l'université américaine de Beyrouth avant d'émigrer aux États-Unis puis au Canada où elle obtient un poste d'enseignant à l'Université de Carleton[2].
L'attentat de la rue Copernic
Le , l'attentat de la rue Copernic fait quatre morts et des dizaines de blessés. L'enquête révèle que le poseur de la bombe portait un faux passeport chypriote au nom d'Alexander Panadriyu, et militait au Front populaire de libération de la Palestine - Opérations Spéciales (FPLP - OS), selon les archives de la Stasi[3].
Les soupçons s'orientent vers Hassan Diab, qui est retrouvé au Canada par le juge Marc Trévidic et arrêté en 2008. Le , un juge canadien répond à la requête de son extradition en France. Le , le ministre de la Justice du Canada, Rob Nicholson, ordonne son extradition définitive vers la France. Niant être impliqué dans l'attentat, Hassan Diab est extradé et incarcéré en France le [4].
En , sa détention provisoire est interrompue après un témoignage remettant en cause sa participation à l'attentat[5]. Douze jours plus tard il est réincarcéré[6].
Le , les juges d’instruction français donnent l’ordre de libérer Diab, pour la sixième fois, mentionnant les preuves de la présence de M. Diab à Beyrouth lors de l’attentat de Paris. Les arguments de la défense se basent sur les déclarations de l'accusé qui affirme qu'il était au Liban au moment des faits, où il révisait pour obtenir son diplôme et sur les témoignages de deux personnes qu'il a nommées ainsi que sur celui de sa femme, qui confirment ses dires. L'accusation se base sur les portraits-robots réalisés à l’époque, la découverte d’un passeport à son nom avec des tampons d’entrée et de sortie d’Espagne, d’où serait parti le commando, des expertises graphologiques et le témoignage d’un couple.
En , l'instruction est close, la fin des investigations est notifiée aux parties, confirmant le fait que l'attentat était bien commandité par le FPLP-OS.
Le , le parquet de Paris demande son renvoi devant une cour d'assises spéciale[7].
Le , Hassan Diab bénéficie d'un non-lieu. Les charges pesant contre lui ne sont pas « suffisamment probantes » et « se heurtent à trop d'éléments à décharge » selon l'ordonnance des juges d'instruction[8]. Le , la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris infirme le non-lieu et le renvoie aux assises, quarante ans après les faits[9]. Cette décision fait aussitôt l'objet d'un pourvoi en cassation, suspensif.
Âgé de 67 ans, Hassan Diab, libéré à la suite du non-lieu de 2018, retourne vivre au Canada, qui se déclare hostile à son extradition[10]. D'après un rapport de l'expert juridique Murray Segal[11], les relations d'extradition entre le Canada et la France sont difficiles à ce moment car malgré le traité d'extradition Canada-France, la France a comme politique de ne jamais extrader ses citoyens, tandis que le Canada les extrade plutôt facilement en vertu de la Loi sur l'extradition[12], de sorte que la relation d'extradition est dénoncée par certains Canadiens comme étant une relation à sens unique.
En , Hassan Diab est renvoyé devant les assises concernant l'affaire de l'attentat de la rue Copernic[13]. Le procès s'ouvre le 3 avril 2023 à Paris en l'absence de l'accusé[14] - [15]. Le 20 avril 2023, le parquet anti-terroriste requiert la condamnation à perpétuité contre Hassan Diab[16]. Le 21 avril 2023, la cour d’assises spéciale le condamne, en son absence, à la réclusion criminelle à perpétuité, décernant contre lui un mandat d’arrêt, dont l’exécution dépend toujours de la convention d'extradition entre la France et le Canada[17].
Notes et références
- Anne Pelouas, « Attentat de la rue Copernic : Hassan Diab mis en examen », sur Le Monde, .
- Jean Chichizola, Hervé Deguine, L'affaire Copernic. Les secrets d'un attentat antisémite, Mille et une nuits, , p. 220.
- Hassan Diab, le principal suspect de l'attentat de la rue Copernic, en détention provisoire, Actualité juive.
- Attentat de la rue Copernic : Hassan Diab sera en France samedi, Libération.
- Attentat rue Copernic : le principal suspect est sorti de prison. France Info, 17 mai 2016.
- La justice ordonne le retour en prison d’Hassan Diab, suspect de l’attentat de la rue Copernic, lemonde.fr
- Europe 1 : 37 ans après, le parquet demande le renvoi aux assises du seul suspect, europe1.fr
- « Attentat de la rue Copernic: non-lieu pour Hassan Diab », sur FIGARO, (consulté le ).
- « Le seul suspect de l’attentat antisémite de la rue Copernic renvoyé aux assises, quarante ans après les faits », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Attentat contre la synagogue de la rue Copernic : la cour d’appel renvoie Hassan Diab devant les assises », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Ministère canadien de la Justice. Murray Segal. Examen indépendant de l’extradition d’Hassan Diab. En ligne. Page consultée le 2022-09-13.
- LC 1999, c 18.
- « Attentat de la rue Copernic: le seul suspect définitivement renvoyé devant les assises », www.rfi.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- (en-CA) Sean Fine, « Canadian academic Hassan Diab faces trial in Paris synagogue bombing case », The Globe and Mail,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Quarante-deux ans après l’attentat de la rue Copernic, son auteur présumé est jugé », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Attentat de la rue Copernic en 1980 : la réclusion criminelle à perpétuité requise contre l'accusé Hassan Diab, lefigaro.fr, 20 avril 2023
- « Attentat de la rue Copernic : l’unique accusé, Hassan Diab, condamné en son absence à la réclusion criminelle à perpétuité », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
Liens externes
- Justice Pour Hassan Diab advocacy website
- Friends of Hassan Diab blog
- Attentat de la rue Copernic : 37 ans après, les juges ont terminé leurs investigations, Le Monde