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HĂ´tel des Monnaies de Nantes

L'hôtel des Monnaies qui avait pour mission de frapper des médailles ou de la monnaie, à Nantes, occupa plusieurs bâtiments successifs.

HĂ´tel des Monnaies de Nantes
Présentation
Type
Architecte
Colomb Gengembre (d)
Localisation
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Adresse
Rue Voltaire ; place de la Monnaie

L'ancien HĂ´tel des Monnaies, quartier du Bouffay

InstallĂ© depuis le XIIIe siècle dans une maison particulière de la rue des Pallefroiz (rue parallèle Ă  celle des Petites-Écuries) disparue au XVe siècle, redĂ©couverte lors des fouilles de l’îlot Lambert, l’atelier monĂ©taire de Nantes est transfĂ©rĂ©, sur l’ordre du duc de Bretagne Charles de Blois, dans la tour du Port Maillard (extrĂ©mitĂ© de la rue des Petites Écuries) avant 1357. Cette tour fortifiĂ©e, situĂ©e tout près du port et du château, permettait d’assurer la sĂ©curitĂ© de cette importante institution publique, vĂ©ritable banque, source de revenus considĂ©rables pour le duchĂ© de Bretagne. Mais bien vite, sous le coup d’une forte croissance de son activitĂ©, la Monnaie de Nantes, qui faisait dĂ©jĂ  travailler 80 familles au XVe siècle, dut s’étendre au-delĂ  de la simple tour mĂ©diĂ©vale[1]. Au XVIIe siècle, la Monnaie occupe un bâtiment, adossĂ© au rempart, allant de la rue des Petites Écuries Ă  la place du Bouffay, soit un quadrilatère de près de 45 m de long pour 30 de large.

Cet édifice complexe, à la fois fonderie, atelier mécanique, laboratoire, bureau administratif et logement de fonction accueille des dizaines d’ouvriers assurant la transformation annuelle de plusieurs tonnes de métaux précieux, notamment de l’argent, en pièces de monnaie. Mais, au cours du XVIIe siècle, l’activité se réduit et le bâtiment se dégrade rapidement. On décide une fermeture, un abandon même, de 1662 à 1693. Pourtant, le personnel de direction y réside toujours, mais dans des conditions presque insalubres… À sa réouverture, la Monnaie de Nantes, jadis l’une des plus importantes du royaume, n’est plus qu’une ruine : des jambages, des cheminées, des linçoirs sont rompus ; plusieurs poutres porteuses sont cassées (6 sont étayées pour éviter l’effondrement)… Des travaux de rénovation permettent de reprendre la frappe monétaire à Nantes.

Les commandes ne cessent d’augmenter, jusqu’à 22 tonnes de pièces d’argent demandĂ©es par le roi en 1718. Il faut rĂ©duire les logements de fonction… Ă€ la grande colère du personnel de direction… Le bâtiment reste cependant toujours trop petit. Comment l’agrandir alors qu’il est coincĂ© entre les remparts et des Ă©difices publics, notamment les halles du Bouffay ?

1718 : le feu prend chez un perruquier de la place du Bouffay (Ă  l'Ă©poque nommĂ© Halles du Bouffay[2]), toutes les halles en bois s’embrasent et la place est dĂ©gagĂ©e en quelques heures… On dĂ©cide alors de crĂ©er une extension Ă  la Monnaie de Nantes venant clore la partie sud de la place. En 1720, l’HĂ´tel des Monnaies fait dĂ©sormais près de 90 m de long, c’est l’un des plus grands de France. L’activitĂ© de frappe s’intensifie Ă  nouveau, mais seulement pour un temps. L’annĂ©e 1786 marque le « chant du cygne » de l’atelier nantais avec la transformation de 12 tonnes d’or en pièces. La production est progressivement rĂ©duite.

Pour remédier au manque de pièces de cuivre, l’État révolutionnaire ordonne la fonte des cloches en 1791. La tâche est immense, d’autant que la Monnaie de Nantes a pour mission de fournir seule tout le quart nord ouest de la France. Deux annexes sont alors créées : une fonderie dans l’église Saint-Léonard (aujourd'hui disparue) réquisitionnée et qui se trouvait dans la rue homonyme, ainsi qu'un atelier de frappe à Saumur[3].

Le nouvel HĂ´tel des Monnaies, rue Voltaire

L'Hôtel des Monnaies rue Voltaire, devenu l'actuel Muséum d'histoire naturelle.

Depuis la fin du XVIIIe siècle, la MunicipalitĂ© projetait d’agrandir les quais sur la Loire, mais l’HĂ´tel des Monnaies, relevant directement de la Couronne posait problème. Aussi, la venue de NapolĂ©on en 1808, permit de faire connaitre cette difficultĂ© et l’importance du projet directement au souverain. Mais la dĂ©cision dĂ©finitive se fera encore attendre, car ce n’est qu’en 1817 que Louis XVIII autorise dĂ©finitivement la Ville Ă  raser le bâtiment et transfĂ©rer la Monnaie ailleurs. En , la Ville de rachète l’HĂ´tel des Monnaies de la place du Bouffay et le revend pour dĂ©molition, qui prendra 2 ans (une rue porte le souvenir de ce premier bâtiment : la rue de l'Ancienne-Monnaie). La construction d’un nouvel HĂ´tel des Monnaies est alors dĂ©cidĂ©e « rue de Penthièvre Â» (actuelle « rue Voltaire Â»).

Ce choix ne doit rien au hasard. La rue de Penthièvre est située tout près d'un nouveau quartier bâti autour de la Place Graslin devenu à l'époque le nouveau centre de gravité de la ville. En outre, c’est un secteur comprenant des jardins, et surtout une vaste friche industrielle composée des restes de la corderie royale Brée et Bodichon incendiée en 1800. Il était donc aisé d’y implanter un important bâtiment, constituant le premier acte d’urbanisation de ce quartier périphérique (en fait, tout ce quartier a été créé « autour » de la Monnaie, d’ailleurs ses habitants l’appelaient alors « le quartier de la Monnaie »).

Les travaux de construction, que la mairie souhaitait les plus brefs possibles (un an ou deux car l’arrĂŞt de la frappe de monnaies occasionnait un handicap pour l’économie locale), sont confiĂ©s Ă  Colomb Gengembre (1790-1863)[4], jeune architecte peu expĂ©rimentĂ©, fils de Philippe Gengembre, ancien Inspecteur GĂ©nĂ©ral de la Monnaie de Paris et directeur de l’usine d’Indret. Le chantier de construction connaissant de nombreux dĂ©boires : les travaux n’ont pas durĂ© deux ans comme prĂ©vu, mais six annĂ©es consĂ©cutives entre 1821 et 1826 ; les coĂ»ts de construction ont atteint 160 000 francs, au lieu des 120 000 qui avait prĂ©alablement Ă©tĂ© annoncĂ©s ; mais surtout, dès les premières pluies, il fallut changer toute la toiture. Sans compter que la fonderie, de seulement 16 m2, se rĂ©vĂ©la trop petite pour le service et qu’il fallut louer un bâtiment annexe, les matières d’or et d’argent devaient donc traverser la rue.

Et pourtant, après une dĂ©cennie Ă  peine de service, l’État dĂ©cidant de se dĂ©sengager des « Monnaies des DĂ©partements », cesse la frappe de pièces Ă  Nantes en 1835 et ordonne la fermeture dĂ©finitive de cet atelier monĂ©taire en 1837. Après deux expertises et une longue procĂ©dure, la Ville rachète le bâtiment et le terrain pour 94 000 francs, mais avec l’obligation de conserver un usage public Ă  cet Ă©difice. Il abritera tout d’abord le Palais de Justice, puis l'École des Sciences et Lettres de 1854 Ă  1871, l'École supĂ©rieure de commerce de Nantes de 1900 Ă  1970, enfin MusĂ©um d'histoire naturelle depuis cette date. La dĂ©nomination de place de la Monnaie situĂ©e Ă  l'arrière du MusĂ©um porte encore le souvenir de cette ancienne activitĂ©.

Pour reconnaître les monnaies de Nantes

Dès le Moyen Âge, les ateliers monétaires étaient responsables de la qualité de leurs productions et devaient les signer. À l’époque des ducs de Bretagne, les monnaies nantaises étaient reconnaissables à l’initiale N, pour Nantes, placée soit dans les légendes, soit au milieu du dessin, notamment au revers. Après le rattachement de la Bretagne au royaume, Nantes adoptera en 1551 la marque T, comme lettre d’atelier. La lettre T signera toutes les monnaies nantaises jusqu’à la fin des frappes en 1835.

Bibliographie

  • Paul Manceron, « L'atelier monĂ©taire de Nantes, notes contributives Ă  son histoire », Bulletin de la SociĂ©tĂ© ArchĂ©ologique de Nantes et de Loire-InfĂ©rieure, no 91,‎ , p. 1 Ă  26
  • Gildas SalaĂĽn, L’atelier monĂ©taire de Nantes sous l’Ancien RĂ©gime, Nantes, Association Numismatique Armoricaine, , 94 p.
  • Gildas SalaĂĽn, La Nouvelle Monnaie de Nantes, lorsqu’on battait monnaie au musĂ©um, Nantes, Association Numismatique Armoricaine, , 84 p.

Références

  1. Gildas Salaün, « La Monnaie royale de Nantes (1491-1792) », Monnaie magazine,‎ , p. 52-57 (ISSN 1626-6145)
  2. Pierre Chotard, Dictionnaire de Nantes, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 1118 p. (ISBN 978-2-7535-2821-5), Pompiers (page 791)
  3. Gildas Salaün, « L'atelier de fonderie des cloches », sur Grand Patrimoine de Loire-Atlantique (consulté le )
  4. Biographie d'Antoine Gengembre

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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