Accueil🇫🇷Chercher

Gymnase vosgien

Le Gymnase vosgien (ou Gymnasium Vosagense) était une association culturelle et scientifique créée vers 1500 à Saint-Dié-des-Vosges.

Gymnase vosgien
Histoire
Fondation
vers 1500
Organisation
Fondateur

École ecclésiastique

En 1444, les chanoines de Saint-Dié passent contrat avec un maître d’œuvre pour « ériger trois voûtes au cloître, en la partie devers le mont et sur icelle faire une librairie[1]. » Située sur les routes reliant Paris aux villes de Strasbourg, Sélestat, Heidelberg et Fribourg, les fonds conservés s’enrichissent ensuite de legs de religieux ou d’amis.

Outre son « école latine » se situant dans la tradition de la « dévotion moderne », le Gymnase vosgien comportait une importante imprimerie pour la propagation des travaux scientifiques dans tous les domaines, allant de la géographie à la musique en passant par la géométrie.

Sa première publication, à Toul en 1505, fut un traité de perspective, De Artificiali Perspectiva par Jean Pèlerin dit (Le) Viator, en français et en latin. Ce traité, le premier à être imprimé en Europe sur ce sujet — les travaux précédents étaient manuscrits —, appliquait les principes nouveaux de la perspective à la construction de villes. L'artiste allemand Albrecht Dürer reprit la construction de Viator dans sa gravure du théologien Jérôme en 1514.

Cénacle des géographes

Au sein de ce foyer d'humanistes se distinguait aussi un groupe constitué par le chanoine Vautrin Lud lui-même, le cartographe allemand Martin Waldseemüller, l'helléniste et correcteur d'imprimerie Mathias Ringmann, le latiniste Jean Basin et Nicolas Lud, neveu du chanoine et secrétaire du duc René II.

En 1507, le duc de Lorraine, René II, leur confie le récit des expéditions du navigateur florentin Amerigo Vespucci, textes publiés sous le titre de Mundus Novus publiés fin 1502, début 1503. Ce recueil contient notamment la Lettera di Amerigo Vespucci delle isole nuovamente trovate in quattro suoi viaggi (Lettre d'Amerigo Vespucci concernant les isles nouvellement découvertes de ses quatre voyages), récits chronologiques connus également sous le nom de Lettera al Soderini ou Lettre à Soderini, courrier envoyé à l'homme d'État italien Pier Soderini. Réimprimé en 1504 ou 1505, cette lettre décrit les quatre voyages vers le nouveau continent effectués par Amerigo Vespucci entre 1497 et 1504.

Ces textes, qui parlent de terres nouvelles dĂ©couvertes au-delĂ  de l'Atlantique, passionnent les savants dĂ©odatiens. Ils dĂ©cident de dresser une carte basĂ©e sur les travaux du grec Claude PtolĂ©mĂ©e en les complĂ©tant par les dĂ©couvertes qui viennent de leur parvenir (comme le planisphère Caverio, BNF, le planisphère Henricus Martellus, Yale). Le « Nouveau Monde Â» (Mundus Novus), dĂ©crit par Amerigo Vespucci, apparaĂ®t comme un continent bordĂ© d'ocĂ©ans, bien distinct de l'Asie. On y a mentionnĂ© « AMERICA Â» sur l'AmĂ©rique du Sud. Un livret explicatif, contenant un traitĂ© de gĂ©ographie (« SPHERAE MATE. RVDIMENTA Â») et la traduction latine des quatre rĂ©cits d'Amerigo Vespucci, (Quattuor Americi Vespuccii navigationes), accompagne la carte. C'est la Cosmographiae Introductio, dans laquelle le Gymnase vosgien explique pourquoi il souhaite baptiser le nouveau continent « America ». Il s'agit d'honorer la mĂ©moire d'AmĂ©rigo Vespucci, qui a naviguĂ© suffisamment au sud de l'hĂ©misphère sud (jusqu'au 40e parallèle sud), pour le compte du Portugal. Amerigo s'Ă©tait rendu compte que la terre sur laquelle Christophe Colomb avait mis les pieds, ne pouvait ĂŞtre l'Asie, globalement dans l'hĂ©misphère nord, mais bel et bien un Nouveau Monde, une quatrième partie du monde, après Europa, Asia, et Africa, toutes trois dĂ©nommĂ©es d'après des noms de femmes, issus de la mythologie. Probablement inspirĂ© par Matthias Ringmann, le plus jeune et la cheville ouvrière du groupe, aussi bien lettrĂ©, en langues française, latine et grecque, que typographe, le Gymnase Vosgien a proposĂ© cette dĂ©nomination d'AMERICA pour le Nouveau Monde, soit le fĂ©minin d'Americus, la traduction en latin du prĂ©nom italien d'Amerigo, probablement la traduction en italien d'Émeric, d'après le grand saint Émeric de Hongrie, ayant vĂ©cu au XIe siècle, dont le culte s'est propagĂ© en Italie sous les Angevins, rois de Sicile depuis Charles Ier au XIIIe siècle après FrĂ©dĂ©ric II Hohenstaufen, et devenus rois de Hongrie depuis Carobert (Charles-Robert) en 1308. Et bien qu'Ă©laborĂ©s aux dĂ©pens du vĂ©ritable dĂ©couvreur, Christophe Colomb, ces travaux ont fait autoritĂ© et se sont imposĂ©s dans le monde entier. C’est ainsi que Saint-DiĂ©-des-Vosges s’honore aujourd’hui du titre de « marraine de l’AmĂ©rique ».

Cette Cosmographiae Introductio fut imprimée in-quarto deux fois en 1507, le (le septième jour des calendes de mai) et le (le quatrième jour des calendes de septembre), avec deux éditions à chaque impression. D'où la réalisation de 13 grandes feuilles pour 52 feuillets ou 104 pages, totalement renouvelées pour la deuxième impression du . Seule une quatorzième feuille est commune pour les deux impressions, elle servait pour l'édition réservée à Martin Waldseemüller, le cartographe, et à Matthias Ringmann, le typographe, pour les récompenser de leurs travaux. Cette 14e feuille comportait les feuillets 1,2, 4 et 5, et remplaçait l'une des 13 feuilles de l'édition collective du Gymnase Vosgien (l'exemplaire de Colmar pour l'impression du , et l'exemplaire de Nancy pour l'impression du ), pour en faire une édition privée (l'exemplaire de Sélestat pour l'impression du , et les deux exemplaires actuellement à la bibliothèque de Saint-Dié-des-Vosges pour l'impression du ).

Le groupe imprima Ă©galement en 1507, dans l'atelier crĂ©Ă© par Vautrin Lud, une carte-globe (Globuskarte en allemand, globe-map en anglais), une planche de douze fuseaux horaires Ă  dĂ©couper, permettant de constituer un globe terrestre. On en connaĂ®t actuellement cinq exemplaires : trois exemplaires en Allemagne (deux Ă  Munich Ă  la Ludwig-Maximilian Universität et Ă  la Staatsbibliothek, et un Ă  Offenburg, Baden-WĂĽrtemberg), un exemplaire aux USA Ă  l'UniversitĂ© de Minnesota, Minneapolis, et un exemplaire au Royaume-Uni dans une collection privĂ©e Ă  Londres. On peut y lire la mention « AMERICA Â» sur l'AmĂ©rique du Sud. Elle est annoncĂ©e dans la page de titre de la Cosmographiae Introductio, comme Universalis Cosmographiae Descriptio in solido.

Le planisphère fut aussi annoncé dans la page de titre de la Cosmographiae Introductio, comme Universalis Cosmographiae Descriptio in plano. Il fut dessiné par Martin Waldseemüller, le cartographe allemand, invité à Saint-Dié-des-Vosges, comme chanoine de l'église de Saint-Dié, et qui mourut dans cette cité le . Le seul exemplaire d'origine est actuellement à la Bibliothèque du Congrès à Washington.

Le cénacle a repris vie à la fin du XXe siècle. Il organise chaque année depuis 1990 le Festival international de géographie, qui se tient la première semaine d'octobre. Le dernier jour est décerné le prix de géographie, prix Vautrin Lud.

Notes et références

  1. C'est-à-dire, en français moderne, une bibliothèque. Citation extr. du ms 51, tome 3, f° 218, cartulaire de François de Riguet (XVIIe). Marie-José Gasse-Grandjean, Le livre dans les abbayes vosgiennes du Moyen Âge, Nancy, Pr. Univ. de Nancy, , p. 43-44.

Annexes

Bibliographie

  • Albert Ronsin, DĂ©couverte et baptĂŞme de l’AmĂ©rique, Jarville-La Malgrande, Éditions de l’Est, 1992 (2e Ă©dition revue et augmentĂ©e), 226 p. (ISBN 2-86955-127-4)
  • Gaston Save, "Vautrin Lud et le Gymnase Vosgien", Bulletin de la SociĂ©tĂ© Philomatique Vosgienne, tome XV, 1889-1890, Saint-DiĂ©, impr. de L. Humbert, 50 p.

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.