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Guyart des Moulins

Guyart des Moulins (né en juin 1251 à Aire-sur-la-Lys, mort vers 1322) est l'auteur de la première Bible en prose rédigée en français et traduite du latin de la Vulgate de saint Jérôme : la Bible historiale.

Guyart des Moulins
Biographie
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Folio 1 du Ms Ars. 5057 : Guyart des Moulins Ă  l'Ĺ“uvre. On reconnaĂ®t le texte du prologue que l'on retrouve sur la miniature du manuscrit Ars 5057 dans l'article Bible historiale: « pour ce que le Deable qui chascun jour detourbe et en ordut les cĹ“urs des hommes par oyseuse et par mille lacs qu'il a tendus... ». Bible Historiale Ms Fr 155 folio 14 "

Selon Paulin Paris (Le RĂ©pertoire des manuscrits de la Bibliothèque du roi), son nom s'Ă©crit « Guyart des Moulins » ou « Guyart-des-Moulins ». On le trouve parfois retranscrit Ă  l'anglaise « Guiard Desmoulins » ou plus Ă©tonnant « Guiart Desmoulins », parfois « Guiard des Moulins » ou « Guiart des Moulins », voire « Guyar des Moulins ». Toutes ces orthographes dĂ©signent bien l'auteur de la Bible historiale.

Vie

Guyart des Moulins est un des premiers historiens érudits du royaume de France. Sa date de naissance, 1251, est portée dans le prologue de sa Bible historiale, qu'il achève en 1294. Il est chanoine de Saint Pierre d’Aire le puis en devient le doyen[1].

Ĺ’uvre

1297 : date de la première traduction française de la Bible

Son travail n’est pas une simple traduction du texte latin de Pierre le Mangeur Historia scholastica super Novum Testamentum très diffusé et appelé couramment Biblia[2], mais au contraire, en plusieurs endroits il a changé « l’économie du travail », comme il le dit lui-même dans sa préface. La Bible historiale dont il est l’unique auteur est non seulement une traduction du texte du Maître écolâtre, mais en plus une juxtaposition interpolée de sa traduction de la Vulgate, la Bible traduite en latin à partir de l'hébreu, entre la fin du IVe et le début du Ve siècle, par saint Jérôme. Il s’agit donc là véritablement d’une Bible glosée en langue vulgaire proposée aux laïcs que rédige Guyart des Moulins. Le témoignage de Paulin Paris, familier de cette Bible par la position qu’il occupait en 1836, est, de ce point de vue, précieux : « Ce fut pour les gens du monde que notre Guyart des Moulins traduisit la Bible en françois, plus d’un siècle après la mort de petrus Comestor (Pierre le Mangeur) ». L’histoire de la Bible historiale constitue donc le versant officiel de l’histoire de la Bible traduite en français.

Avant l'édition de son ouvrage en 1297, on connaissait une bible en français destinée aux étudiants de l'Université, la Bible dite du treizième siècle ou Bible de saint Louis. Il s'agit d'un texte dont on ne possède plus que le livre de la Genèse conservé dans quelques rares manuscrits et insérés en introduction des Bibles historiales avec qui les lecteurs semblaient la confondre.

Originalité de la composition de son œuvre

La Bible historiale se présente comme une bible glosée, c'est-à-dire une bible où figurent les traductions des paragraphes de la Vulgate en caractères nobles, et intercalée entre chaque chapitre, une série de commentaires. En belles lettres figurent donc les traductions de la Vulgate immédiatement suivies de la traduction du même passage extrait de Comestor. Des titres de chapitres, extraits de Comestor, sont insérés en rouge dans la page. Son texte est donc avant tout une traduction originale de la Vulgate accompagnée de la traduction des histoires de la Bible. Comme la traduction de la Vulgate dans la Bible de 1250 était accompagnée de la traduction de la Glossa ordinaria.

Ĺ’uvre secondaire

Guyart des Moulins est également l'auteur en latin d'une relation de l'enlèvement de la relique constituée par la tête de Jacques le Majeur, enlevée par le comte de Flandre Philippe d'Alsace, de l'abbaye Saint-Vaast d'Arras pour doter le chapitre d'Aire-sur-la-Lys d'une relique marquante. Les archives de la ville d'Aire en conservent une copie datant du XVIIe siècle[1].

Notes et références

  1. Jules Rouyer, « Recherches historiques sur le chapitre et l'église collégiale de Saint-Pierre d'Aire », dans Mémoire de la Société des antiquaires de la Morinie, 1858, Saint-Omer, p. 93-94, vues 577-578, lire en ligne.
  2. Pierre Riché & Guy Lobrichon (Dir.), Le Moyen Âge et la Bible, Beauchesne, 1984, p. 18.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • S. Berger :
    • La Bible romane au Moyen Ă‚ge : Bibles provençales, vaudoises, catalanes, italiennes, castillanes et portugaises, Genève, Slatkine Reprints (rĂ©impression des articles extraits de Romania XVIII-XXVIII, 1889-1899), 1977.
    • Histoire de la Vulgate pendant les premiers siècles du Moyen Ă‚ge, Paris, Hachette, 1893.
    • De l’histoire de la Vulgate en France. Leçon d’ouverture faite le , Paris, Fischbacher, 1887.
    • Des Essais qui ont Ă©tĂ© faits Ă  Paris au treizième siècle pour corriger le texte de la Vulgate, Paris, Fischbacher, 1887.
    • La Bible française au Moyen Ă‚ge : Ă©tude sur les plus anciennes versions de la Bible Ă©crites en prose de langue d’oil, Genève, Slatkine Reprints (Fac SimilĂ© de l’édition originale Paris, 1884), 1967.
  • Guyart des Moulins
    • Bible historiale ou Bible française, Ă©dition de Jean de Rely, volume I, 1543.
    • et pour un aperçu de l'Ă©dition du texte de la genèse:

La Genèse (édition de la Bible Historiale)

  • J. J. Rive (un Ă©lève de), La Chasse aux antiquaires et bibliographes mal avisĂ©s, Londres, N. Aphobe, 1787.
  • P. Paris, Les Manuscrits français de la bibliothèque du roi, Paris, Techener, place du Louvre, 1836, I-VII.
  • M. Quereuil [dir.], La Bible française du XIIIe siècle Ă©dition critique de la Genèse, Genève, Droz, « Publications Romanes et Françaises », 1988.
  • xavier-laurent salvador
    • VĂ©ritĂ© et Ă©criture(s), Paris, Champion, 2005 (avec une Ă©dition critique du Livre de la Genèse de la Bible Historiale mentionnant les emprunts Ă  Comestor et les citations de la Glossa)
    • « L’utilisation du pont dans la thĂ©ologie chrĂ©tienne mĂ©diĂ©vale », Les Ponts au Moyen Ă‚ge, Paris, Presses universitaires de France, 2005.
    • « La RĂ©Ă©criture argumentative impliquĂ©e par la traduction du livre de la Genèse : l'exemple des Ă©noncĂ©s car q dans The Medieval translator, the Theory and practice of translation in the middle ages, R. Ellis [ed.], Paris, Brepols, 2005.
    • « L’Enceinte sacrĂ©e des traductions vulgaires de la Bible au Moyen Ă‚ge », La ClĂ´ture – Actes du colloque qui s’est dĂ©roulĂ© Ă  Bologne et Ă  Florence les 8, 9 et , PrĂ©face de Claude Thomasset, textes rĂ©unis par Xavier-Laurent Salvador, Bologna, Clueb, 2005.
    • « L’exemple de « derechief » dans la traduction de la Bible historiale », Actes des XIe journĂ©e d’ancien et de moyen français (Anvers 2005), en cours de publication.
    • « Une Autre dĂ©finition de l’étymologie : dire le Vrai dans la Bible au Moyen Ă‚ge », MĂ©langes en l’honneur de Claude Thomasset, Paris, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2003.
    • « Les « Biblismes », un système de dĂ©finition original du lexique dans le discours pĂ©dagogique de la Bible Historiale », dans Lessicologia e lessicografia nella storia degli insegnamenti linguistici, Quaderni del Cirsil - 2 (2003), 14-, Bologna, http://amsacta.cib.unibo.it/archive/00000931/.
    • « Des Coffres hĂ©braĂŻques aux bougettes françaises, La translation du sacrĂ© Ă  travers les traductions mĂ©diĂ©vales de la Bible », Coffres et contenants au Moyen Ă‚ge, Paris, Presses universitaires de France, en cours de parution.
  • F. Vieillard, « Compte rendu de l’édition de la Bible du XIIIe », Romania, n°109, p. 131-137.
  • ÉlĂ©onore FourniĂ©, Les manuscrits de la Bible historiale. PrĂ©sentation et catalogue raisonnĂ© d’une Ĺ“uvre mĂ©diĂ©vale, L'Atelier du Centre de recherches historiques, 03.2, 2009 (lire en ligne)

Liens externes

  • La Bible historiale de Guyart des Moulins sur Gallica : tome 1, tome II.
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