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Guillaume du Bellay

Guillaume du Bellay, seigneur de Langey, né en 1491 au château de Glatigny près de Souday, dans le Perche, mort le , Saint-Symphorien-de-Lay, est un historiographe français ayant joint les talents de la littérature à ceux de la guerre et de la diplomatie.

Guillaume du Bellay
Fonction
Ambassadeur
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Grade militaire

Biographie

Il était fils aîné de Louis du Bellay et de Marguerite de La Tour-Landry, et le frère du cardinal Jean du Bellay et de Martin du Bellay. Il signala son courage en diverses occasions, et se fit admirer par sa conduite et sa valeur. Il fut fait chevalier de l'ordre de Saint-Michel. Marguerite, duchesse d'Alençon et sœur du roi, l'envoya en 1525 auprès de François Ier prisonnier à Madrid.

Guillaume du Bellay fut marié en 1531 à Anne de Créquy, dame de Pontdormi. Elle était fille d'Antoine de Créquy, sire de Pont-Remy, près d'Abbeville, capitaine de François Ier mort au siège d'Hesdin en 1521. Sa mère était Jeanne de Saveuse. Elle n'eut aucune descendance connue.

Gouverneur de Turin en 1537, Guillaume fut ensuite lieutenant général par intérim du Piémont. Il y reprit diverses places sur les impériaux. Le marquis del Vasto avouait que le seigneur de Langey était le plus excellent capitaine qu'il eut connu.

« Entre grands points de capitaine, qu'avoit M. de Langey, dit Brantôme, c'est qu'il dépensoit fort en espions.... En quoi j'ay ouï conter, qu'estant en Piémont, il mandoit et envoyoit au roy avertissement de ce qui se fesoit ou devoit faire vers la Picardie ou la Flandre ; si que le roy qui en estoit voisin et plus près n'en savoit rien ; et puis après en venant savoir le vray s'ébahissoit, comment il pouvoit découvrir ces secrets. »

« Il ne sçait, dit un auteur, ni quand le roy se lève, ni quand il se couche ; mais il sçait bien où sont les ennemis : il se couvre et s'assied devant François Ier ; quand il a chaud, il oste sa fraise et se met en veste. »

Mort précoce et hommages

Langey avait le corps tout cassé, et les membres perclus, par suite de ses fatigues à l'armée.

Il avait été aussi utile à son souverain dans des ambassades en Italie auprès de Clément VII, puis en Angleterre et en Allemagne. L'an 1542, il partit du Piémont, en litière, pour venir donner quelques avis importants au roi ; mais entre Lyon et Roanne, il se trouva si mal qu'il fut obligé de s'arrêter au bourg de Saint-Saphorin (aujourd'hui Saint-Symphorien-de-Lay), et y mourut, le [1].

Guillaume du Bellay ne s'est pas moins illustré dans la république des lettres que dans les armes. Il fut avec son frère Jean du Bellay l'un des plus grands protecteurs des lettrés sous François Ier, et continua lui-même d'écrire tout au long de sa carrière.

Rabelais, son médecin personnel et son homme de confiance, fut le témoin des derniers instants de Langey, qu'il commente dans le Tiers Livre et le Quart Livre :

« Nous en avons vu naguère l'expérience, au décès du preux et docte chevalier Guillaume du Bellay, du vivant duquel la France était dans une telle félicité que tout le monde l'enviait, tout le monde s'y ralliait, tout le monde la redoutait. Soudain, après son trépas, elle a été bien longtemps méprisée de tout le monde. »

— Rabelais, Quart Livre, chapitre 26, Ed. Marabout, 1963. Adapté au français moderne, Maurice Rat.


On lui fit cette épitaphe :

Ci gît Langey, dont la plume et l'épée
Ont surmonté Cicéron et Pompée.

La suivante est de Joachim du Bellay :

Hic situs est Langœus ! ultra nii qusere, viator
Nil majus dici, nil potuit brevius.
Tombeau, dans la cathédrale du Mans.

Jean, Martin et René du Bellay, ses frères, lui firent élever un mausolée dans l'église cathédrale du Mans.

Publications

La liste des ouvrages qui lui furent attribués se trouve chez La Croix du Maine et Antoine du Verdier, ainsi que dans la Bibliothèque chartraine de Dom Liron ; les principaux sont :

  1. Guillelmi Du Bellay Peregrinatio humana. Item de beatissimae virginis Mariae nativitate elegia. De dominica annunciatione sapphicum carmen. De sancto Bertrando sapphicum carmen. De capessenda virtute sapphicum carmen. De venere et avaricia asclepiadȩum carmen. Ad sanctam Genovefam ode dicolos distrophos, Paris, Nicolas Des Prez, Gilles de Gourmont, 1509[2].
  2. Instructions sur le fait de la guerre, Paris, 1548, in-fol. Cet ouvrage est publié sans nom d'auteur, mais l'éditeur l'attribue à Guillaume Du Bellay. Il fut ensuite attribué à Raymond de Fourquevaux avant d'être considéré, par certains critiques des XXe et XXIe siècles, comme une Å“uvre collective[3]. L'ouvrage reprend les principes exposés par Machiavel dans L'Art de la guerre (1521) – sans toutefois mentionner sa source. L'élaboration de cet ouvrage est sans doute contemporaine de celle de l'ouvrage perdu de Rabelais, les Stratagemata qu'il aurait écrits en latin, chantant les louanges des "ruses de guerre" de Langey ; Claude Massuau aurait traduit en français ce texte qui fut, selon de très rares témoignages, publié à Lyon chez Sébastien Gryphe, vers 1542[3].
  3. Epitome de l'antiquité des Gaules et de France, suivi de quelques opuscules du même auteur, 1556, in-4°[4], réimprimé en 1587[5]. L'ouvrage est divisé en 4 livres. II fait descendre les Gaulois de Samothès, fils aîné de Japhet ; et les Français, du mélange des Troyens échappés de la ruine de Troie, et des Gaulois qui avaient été au secours de cette ville. Dans cette édition, l'Epitome est précédé d'un colossal Prologue qui devait introduire au chef-d'œuvre historique de Langey, les Ogdoades. Ces textes sont suivis de textes pamphlétaires composés par Langey pour les besoins de la défense de la politique de François Ier contre Charles Quint.
  4. Langey avait intitulé son ouvrage les Ogdoades (Huitaines) ; il l'avait d'abord composé en latin, puis le traduisit en français, par ordre du roi. Il avait fait ses divisions de huit en huit livres (précédés d'une ogdoade préliminaire dont il ne reste que l'Epitome) ; d'où ce titre d'Ogdoades. Une très petite partie de cet ouvrage a été publiée, en raison du vol d'une partie des papiers de Langey peu de temps après sa mort. Après la publication en 1556 de l'Epitome (abrégé) de l'ogdoade préliminaire ainsi que du Prologue des Ogdoades, le reste des fragments français furent repris par le cadet de Langey, Martin du Bellay, pour être insérés dans ses propres Mémoires. Ceux-ci ne furent publiés qu'après la mort de Martin, sur l'ordre de son gendre et Héritier René du Bellay, baron de la Lande, dans une édition très soignée établie par des érudits qui possédaient des manuscrits originaux de Langey, tels Henri de Mesmes et peut-être Guillaume Cappel[6] : Les Mémoires de Mess. Martin Du Bellay [...] contenans le discours de plusieurs choses advenues au royaume de France depuis l’an 1513 jusques au trespas du roy François Ier, ausquels l’autheur a inséré trois livres et quelques fragmens des Ogdoades de Mess. Guillaume Du Bellay [...]. Œuvre mis nouvellement en lumière [...] par Mess. René Du Bellay, Paris, Pierre L'Huillier, 1569. Ces Mémoires connurent un vif succès : ils furent imprimés plusieurs fois à la fin du XVIe siècle, en 1569, 1572, 1582, 1585, 1588, in-fol. ; 1570, 1573, 1586, in-8°, etc[7]. Oubliés à l'âge classique, ils furent réimprimés ensuite dans les grandes collections de Mémoires pour servir à l'histoire de France, avec ceux du maréchal de Florange (Fleuranges), et le Journal de Louise de Savoie (Paris, 1735, 7 vol. in-12, éd. par l'abbé Lambert qui a fait des notes historiques et critiques, des corrections dans le style et quelques altérations). Ils furent encore réimprimés au XIXe siècle dans la coll. Petitot et la coll. Michaud, avant de faire l'objet d'une édition scientifique établie par Victor-Louis Bourrilly et F. Vindry. Enfin, le Prologue des Ogdoades fait l'objet d'une nouvelle édition scientifique dans la thèse de Lionel Piettre (2017, publiée en 2022)[6].
  5. Les fragments les plus anciens des Ogdoades, en latin, sont restés à l'état manuscrit et n'ont pas été publiés avant le XIXe siècle. Ils ont fait l'objet d'une édition partielle par Victor-Louis Bourrilly : Fragments de la première Ogdoade, Paris, Société nouvelle de librairie et d’édition, 1905[8].

Dans ces Mémoires, Langey, comme son continuateur Martin, prend le parti de son maître François Ier contre Charles Quint ; au sujet de cette partialité, Montaigne écrit :

« Je ne veux pas croire qu'il ayt changé quant au gros du fait ; mais de contourner le jugement des événements, souvent contre raison à notre avantage, et d'omettre tout ce qu'il y a de chatouilleux en la vie de son maistre, il en fait métier : témoins les disgrâces de Montmorenci et de Biron, qui y sont oubliées : voire le seul nom de madame d'Etampes ne s'y trouve point. On peut couvrir les actions secrètes ; mais de taire ce que tout le monde sçait, et les choses qui ont eu des effets publics et de telles conséquences, c'est un défaut inexcusable. »

Sources

  • Victor-Louis Bourrilly, Guillaume du Bellay, seigneur de Langey, 1491-1543, Paris, Société nouvelle de librairie et d’édition, 1905 .
  • Richard Cooper, Litteræ in tempore belli : études sur les relations littéraires italo-françaises pendant les guerres d’Italie, Genève, Droz, 1997.
  • Carine Roudière-Sébastien, « Transmission patrimoniale des écrits historiques de Guillaume Du Bellay, des premiers manuscrits aux éditions du xxie siècle », Line@editoriale, no 12, 2020 .
  • Lionel Piettre, « Guillaume du Bellay polumètis ». L’Année rabelaisienne, no 6, 2022, p. 373-392.
  • Lionel Piettre, L'Ombre de Guillaume Du Bellay sur la pensée historique de la Renaissance, Genève, Droz, 2022 .

Liens externes

Notes et références

  1. Ainsi que le porte l'épitaphe de ce personnage qu'on lit sur son mausolée placé dans l'église du Mans. Consulter, sur la famille du Bellay (Guillaume-Jean-Martin-René et Eustache) les Recherches sur Saumur par Jean-François Bodin, t. 2.
  2. (la) Guillaume Du Bellay, Guillelmi Du Bellay Peregrinatio Humana. Item de beatissime virginis marie natiuitate elegia, de dominica annunciatione Sapphicum Carmen..., Venale inuenitur apud Egidium Gourmontium [exaratum vigilantia Nicolai de pratis], (lire en ligne)
  3. Lionel Piettre, « Guillaume du Bellay polumètis », L'Année rabelaisienne, no 6,‎ , p. 373–392 (DOI 10.48611/ISBN.978-2-406-12943-1.P.0373, lire en ligne, consulté le )
  4. Guillaume Du Bellay, Épitomé de l'antiquité des Gaules et de France , par feu messire Guillaume Du Bellay, seigneur de Langey,... Avec ce, un prologue ou préface sur toute son histoire & le catalogue des livres alléguez en ses livres de l'antiquité des Gaules, & de France. Plus sont adjoustées une oraison, & deux épistres, faites en latin par ledit autheur, & par luy mesmes traduites de latin en françoys, Paris, Vincent Sertenas, (lire en ligne)
  5. Guillaume Du Bellay, De l'Antiquité des Gaules et de France, par feu messire Guillaume Du Bellay,... avec une oraison dudict autheur en faveur du roy Jehan de Hongrie de la guerre contre le Turc, et deux épistres du différent d'entre l'empereur Charles V et le roy très chrestien François Ier, Paris, H. de Marnef, , In-4° (lire en ligne)
  6. Lionel Piettre, L'ombre de Guillaume du Bellay sur la pensée historique de la Renaissance, (ISBN 978-2-600-06358-6 et 2-600-06358-7, OCLC 1347073061, lire en ligne)
  7. Carine Roudière-Sébastien, « Transmission patrimoniale des écrits historiques de Guillaume Du Bellay, des premiers manuscrits aux éditions du XXIe siècle », sur https://revues.univ-tlse2.fr:443/pum/lineaeditoriale (consulté le )
  8. Fragments de la première Ogdoade; publiés avec une introd. et des notes par V.-L. Bourrilly, Paris Société nouvelle de librairie et d'édition, (lire en ligne)
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