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Guerre en Écosse au Moyen Âge

En Écosse, comme dans tous les pays occidentaux au Moyen Âge, la société reposait en grande partie sur une organisation militaire. Après « la conquête normande » de David Ier, on distingue deux catégories de guerriers écossais. La première, l’exercitus Scoticanus (« armée écossaise » aussi appelée « armée ordinaire ») était composée d'écossais de souche tandis que la seconde l’exercitus militaris (« armée féodale ») comprenait de nombreux chevaliers français et anglais.

Cet article traite des hommes d'armes et des systèmes militaires ayant existé en Écosse entre la mort de Domnall II en 900 et celle du roi Alexandre III en 1286
Guerrier gaélique médiéval figurant sur un gisant à Finlaggan. Il est originaire des Hébrides, mais en tant que tel est très proche de ceux de l'Exercitus Scoticanus

L'exercitus Scoticanus

L'armée ordinaire constituait la majeure partie des forces armées en Écosse durant la période antérieure aux Stuarts. Cependant, dans une Europe ou la chevalerie dominait, elle était beaucoup moins prestigieuse que celle féodale. Jusqu'au milieu du XIIe siècle, les Scots, comme beaucoup d'Européens du Haut Moyen Âge, menaient en effet couramment des raids afin de se fournir en esclaves. Ils le faisaient vraisemblablement entre clans adverses, mais le principal témoignage d'une telle pratique ne relate que les expéditions menées contre leurs voisins Normands et Anglo-saxons. Pour John Gillingham cet usage, entre autres, explique pourquoi les Scots (et les autres Celtes) étaient considérés comme particulièrement barbares par leurs voisins « francs », les Français ayant en grande partie abandonné ce type de guerre[1]. Siméon de Durham écrit que

« les jeunes gens et les jeunes filles, ainsi que tous ceux qui semblaient capable de travailler dur, furent attachés et emmenés en tête des ennemis pour devenir esclaves et servantes dans un exil perpétuel. Quand certaines jeunes filles furent épuisées...et tombèrent soudainement à terre, le lieu de leur chute fut aussi celui de leur mort. [Le roi] Máel Coluim observa ces choses, et fut pris de pitié par l'absence de larmes et de gémissements de la part de ces malheureuses ; mais à la place il leur commanda de se hâter encore plus. Ainsi l'Écosse fut remplie d'esclaves et de servante de la race anglaise... et pas un hameau, ni même une cabane, ne peut être trouvé sans un des leurs »[2]


Le Máel Coluim évoqué ici est le roi Malcolm III, qui épousa en 1070, l'année même de ce raid, une princesse Anglo-Hongroise appelée Marguerite et qui fut canonisée par la suite. Malgré ses efforts, celle-ci ne parvint pas à empêcher la plupart de ces raids, en particulier ceux contre les Anglais. Symeon ainsi que les Chroniques anglo-saxonnes rapportent en effet des raids postérieurs, en particulier en 1079. Ceux-ci ne stoppèrent finalement qu'au milieu du XIIe siècle.

L'exercitus militaris

Les ruines de la tour principale d'Urquhart Castle. Après la conquête de Moray vers 1130, ce château fut un parmi les dizaines construits dans la région pour les Francs fidèles au roi.

Comme beaucoup de changements de cette période, la constitution de l'armée féodale remonte principalement au règne de David I, bien que des chevaliers français et anglais aient été employés ponctuellement par ses frères plus âgés. La tension créée par ces chevaliers est bien perceptible dans des sources de l'époque. À la bataille de l'Étendard, les Gaëls s'opposèrent au placement des soldats français dans la caravane de l'armée royale. Ailred de Rievaulx attribue cette opposition au Galwégiens, mais il s'agissait en réalité des Gaëls écossais en général puisque le porte-parole ayant formulé cette opposition était Máel Ísu, le Mormaer de Strathearn et noble de plus haut rang de l'armée. Ailred rapporte un long discours de Robert de Brus, ancien vassal de David, qui reproche au roi d'avoir trahi son peuple en envahissant l'Angleterre normande avec une armée de barbares gaéliques. David est néanmoins forcé de satisfaire les Gaëls, ce qui sera la raison principale de la défaite écossaise selon Ailred de Rielvaux[3].

Malgré cela, au cours du siècle et demi qui suivit, le système guerrier féodal français s'imposa en Écosse. David confia à des guerriers français le contrôle de la frontière entre ses terres du vieux royaume de Strathclyde et l'ouest Norse-Gaélique, établissant ce qui sont essentiellement des seigneuries frontalières dans les comtés du Renfrew (la seigneurie de Stewart de Strathgryfe), d'Annandale (accordé à Robert de Brus) et de Cunninghame. Au XIIIe siècle, les familles nobles de langue française, en particulier celle des Comyns, s'élevèrent au sommet de la noblesse écossaise en devenant Mormaer, notamment à Buchan, Menteith ou Angus. À la fin de ce siècle, certains devinrent même rois.

La joute était le principal divertissement des aristocrates francs du Moyen Âge. Beaucoup de rois écossais prirent part à des tournois comme le rappelle Wolfram von Eschenbach dans Parzifal, où l'exotique roi écossais est un célèbre jouteur.

Les avantages de la culture militaire française étaient multiples. Les chevaliers français possédaient de coûteuses armures, tandis que les Scots étaient « nus » (d'armure, plutôt que de vêtements). Ils avaient une cavalerie lourde, des armes efficaces telles que l'arbalète, des machines de siège et des techniques de fortification bien plus efficaces et avancées que ce que possédaient les Scots. De plus, leur culture, en particulier leur idéologie féodale, faisait d'eux des vassaux fiables, et parce qu'ils étaient étrangers, bien plus dépendants du roi. Avec le temps, les Scots, comme les Anglais, prirent les habitudes des Français, qui adoptèrent aussi certaines pratiques militaires gaéliques, de sorte que vers la fin de la période, une culture militaire mixte existait dans le royaume.

L'armée féodale passe pour avoir été détruite à la bataille de Dunbar en 1296, les Scots dépendant alors de nouveau de l'armée gaélique. Cependant, Dunbar semble avoir été essentiellement une échauffourée entre les Écossais et les Anglais. Il y a peu de preuves d'un engagement général des troupes. Grâce à deux siècles d'adaptation et à la domination du Scoto-Normand Robert Bruce, qui parle le gaélique, cette armée parvient à résister aux tentatives de mainmise de la couronne d'Angleterre.

Annexes

Articles connexes

Notes et références

  1. Gillingham, The English, (2000).
  2. "the youths and girls, and all who seemed fit for work and toil, were bound and driven in front of the enemy, to be maid slaves and handmaids in perpetual exile. When some of the girls among these wearied ... and fell of a sudden to the ground, the place of their fall was their death also. [King] Máel Coluim regarded these things, and was turned to pity by no tears, no groans of the wretched; but instead commanded them to be further hastened on their way. So Scotland was filled with slaves and handmaidens of the English race ... and not a hamlet, not even a hut, can be found without them", A.O. Anderson, Scottish Annals, pp. 92-3.
  3. ibid. , pp. 192-200.

Bibliographie

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  • Anderson, Alan Orr, Scottish Annals from English Chroniclers: AD 500-1286, (London, 1908), republished, Marjorie Anderson (ed.) (Stamford, 1991)
  • Barrow, G.W.S., The Anglo-Norman Era in Scottish History, (Oxford, 1980)
  • Barrow, G.W.S., Feudal Britain, (London, 1956)
  • Barrow, G.W.S., The Kingdom of the Scots, (Edinburgh, 2003)
  • Barrow, G.W.S., Kingship and Unity: Scotland, 1000-1306, (Edinburgh. 1981)
  • Barrow, G.W.S., Robert Bruce and the Community of the Realm of Scotland, (Edinburgh, 1988)
  • Bartlett, Robert, The Making of Europe, Conquest, Colonization and Cultural Change: 950-1350, (London, 1993).
  • Gillingham, John, The Angevin Empire, (London, 1984)
  • Gillingham, John, The English in the Twelfth Century: Imperialism, National Identity and Political Values, (Woodbridge, 2000)
  • Hudson, Benjamin T., Kings of Celtic Scotland, (Westport, 1994)
  • Kelly, Fergus, Early Irish Law, (Dublin, 1998)
  • Lynch, Michael, Scotland: A New History, (Edinburgh, 1992)
  • Snyder, Edward D., “The Wild Irish: A study of Some English Satires Against the Irish, Scots and Welsh”, in Modern Philology, Vol. 17, No. 12, (Apr., 1920), p. 687-725
  • Stringer, Keith J., "The Emergence of a Nation-State, 1100-1300", in Jenny Wormald (ed.), Scotland: A History, (Oxford, 2005), pp. 38-76
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